H HESSE. B. BOISSON . K.WHITE. M. CAPMAL INVITATION A CHEMINER VERS SOI (EXTRAITS) BRAN DU 2016 27 11 NOV
Dans le chaos du Toul Goulic (22) Photos Bran du
Etre – Nature – Cheminement – Initiation – Poésie...
Herman Hesse / Bernard Boisson : Kenneth White et Michel Capmal... (extraits de lectures et commentaires Bran du)...
Quatre Hommes, oeuvriers en Poésie, nous interpellent, nous invitent, respectueusement, à la rencontre avec l'intimité et la profondeur de nous-mêmes.
Ils convient nos sens, notre intelligence, nos perceptions les plus fines, afin de mener une réflexion sincère et authentique à partir du partage authentique de leurs propres cheminements et explorations....
Bonne lecture....
Hermann HESSE Siddharta (extraits)
« L'homme qui tente de se réaliser lui-même. »
« Il n'est pas de chose au monde que je connaisse si peu que moi-même. »
« ...Il regarda autour de lui, comme s'il voyait le monde pour la première fois. Il était beau ce monde !
Il était varié, étrange, énigmatique... Des nuages glissaient dans le ciel, et le fleuve sur la terre, la forêt se hérissait et les montagnes...
Tout était beau, plein de mystères et d'enchantements, et au milieu de tout cela, Siddharta, réveillé, en route vers lui-même...
Le sens et l'être n'étaient point quelque part derrière les choses, mais en elles, en tout. Qu'il était beau ce monde pour qui le contemplait ainsi, naïvement, simplement, sans aucune pensée que d'en jouir ! Que la lune et le firmament étaient beaux, qu'ils étaient beaux aussi les ruisseaux et leurs bords ! Et la forêt, et les chèvres et les scarabées d'or, et les fleurs et les papillons !
Comme il faisait bon de marcher ainsi, libre, dispos, sans souci, l'âme confiante et ouverte à tous les impressions. Le soleil qui lui brûlait la tête était tout autre, tout autre aussi la fraîcheur de l'ombre des sous-bois
Rien de tout cela n'était nouveau ; mais il ne l'avait jamais vu ; sa pensée l'en avait toujours éloigné. Maintenant il était auprès des choses, il en faisait partie, la lumière et les ombres avaient trouvé le chemin de ses yeux, la lune et les étoiles celui de son âme... »
Herman Hesse disait qu'écrire et peindre sont des jeux destinés à distraire les hommes de leur détresse. Il disait aussi qu'il faut préférer l'évolution à la stagnation et que chacun ne peut trouver que seul sa voie...
Il disait encore que la musique avait pour vocation, par sa puissance magique, de réconcilier l'âme et l'esprit...
« Chercher dit avoir un but, mais trouver, c'est être libre, c'est être ouvert à tout, c'est n'avoir aucun but déterminé... »
« Voilà longtemps que nous avons perdu le paradis et le paradis nouveau dont nous rêvons, ou que nous voulons édifier, ne se trouvera pas sur l'Equateur ni au bord des mers chaudes d'Orient ; il est en nous et dans notre avenir d'hommes du Nord... »
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En compagnie de l'ami Bernard Boisson
L'APPEL DE LA TERRE
S'annonce un temps
où se discute la mesure
entre le monde sauvage, et sa dénaturation.
Et le poète en chacun
demande que cette mesure
ne s'enferme pas dans le froid calcul
entre l'économie et l'écologie.
Où réside en l'Homme
le souffle né de l'Originel ?
La culture urbaine n'est-elle pas devenue
le liber évidé de cette Sève primordiale ?
Nos esprits n'ont-ils point estimé
de quel éveil sommes-nous orphelins ?
Puisse l’enracinement
nous incliner vers le bonheur,
autant d'espaces cédés
au Minéral, au végétal, à l'Animal...
L'humanité
ne peut évoluer
dans la totalité de sa conscience
sans restituer des landes gratuites
à tous les règnes.
Que la senteur des fougères nous enivre
dans le mystère immuable des sylves inviolées.
Que l'humus profond nous pénètre
comme la mémoire sauvage
d'où s'érigent nos puissances juvéniles
celles sans pouvoir, sans savoir,
de nos souffles reliés...
Là, où nous demeurons déshérités dans la maturité humaine,
la Nature s'offre à nous,
comme l'océan organique et minéral des multiples confidences.
Qu'une puissance inspiratrice
advienne en l'Homme
pour donner l'espace nécessaire
à son enracinement
dans le miracle terrien.
Plus grand sera l'Espace
plus grand sera l'Humain !
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Les Forêts Sauvage d'Europe B Boisson (Extraits)
« Les forêts naturelles, il en subsiste très peu sur notre continent, et la plupart d'entre nous les ignore. Pourtant, les explorer au hasard, hors du chemin, revient à visiter la nature comme si nous la découvrions pour la première fois.
Nos sens se réveillent à un état du Vivant que nous avions oublié depuis des siècles.
L'imaginaire contemporain n'en porte plus de trace, comme nos anciennes légendes.
De même, les naturalistes, écologistes et forestiers n'abordent guère le monde végétal sous l'aspect sensitif.
Cependant, des recherches artistiques encore mal connues, étudient, finement l'éveil sensoriel que l'homme revit dans les bois sauvages.
Ce ressourcement entrevu permet de mesurer l'ampleur initiale de notre déracinement et d'apprécier tout l'élan vital retrouvé dans le paysage organique. »
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Les Dessins de l'Humanité devant la Nature...
De la « Mère-Nature », nous sommes issus, déclarent les Anciens...
Probablement, plus jamais notre humanité ne retrouvera cette « Mère ».
Sans doute la communion actuelle avec la Terre appelle à transcender cette ascendance filiale.
Notre civilisation s'inscrit dans un cycle avec toute la Nature terrestre. Nous sommes à l'ultime terme de l'émancipation, et au seuil du recentrement. Nous quittons la quête de l'idéal ; nous rentrons dans la quête du primordial. Si nous ne retournons pas d'abord dans le sein du primordial, alors nos ambitions ne ferons que caricaturer ce qui est déjà caricaturé. Le « progrès » actuel est une extrapolation linéaire sans mutation. Ainsi demeure-t-il en divorce intégral avec l'évolution de tous les règnes.
Du primordial à l'idéal, de l'idéal au primordial, l'élan civilisateur est une sève qui va de ses racines à sa ramure, de sa ramure à ses racines. Puissions-nous, nous enraciner dans l'origine du monde pour nous « enramurer » dans le déploiement créateur.
Avec la Nature, peut s'épanouir une nouvelle conjugalité silencieuse, source de recentrement incessant pour le génie humain.
Dorénavant, conquérir le monde sauvage ne sera point le dominer, mais le restituer, et sentir conjointement grandir l'espace de nos sens. Sans la vastitude de cette sensibilité, nul rayonnement civilisateur n'adviendra.
Un écosystème est un concert du Vivant dans lequel chaque espèce joue sa partition.
A l'homme de percevoir la sienne, pour élever la musique du Monde sans dissonance.
Son art de vivre sera bien plus nécessaire que sa technique.
Dans les contrées les plus sauvages, le solitaire retrouve sa vie reliée entre l'intime et l'universel. Passe en lui l'essence du Vivant. Passe en lui le sens du Monde. Eclosion plus vaste que toutes nos ambitions temporelles !
Infinitude qui renverse toutes nos opinions arrêtées.
Que ce bonheur ne soit plus en exil dans notre culture, mais qu'au contraire, celle-ci soit ambassadrice des expériences les plus profondes dans la vie de chacun.
En la Nature, le diapason de l'art de vivre en l'Homme.
L'harmonie revient dans la société, lorsqu'il synchronise sa vibration.
Dans la torpeur humaine, s'accroît la vulnérabilité du Vivant. Se libère l'Amour dès lors que nous offrons notre gratitude à cette vulnérabilité ! Là, s'ouvre pour l'humanité, la renaissance sensible.
Sauvegarder ou restituer la Nature sauvage dans nos contrées, n'est pas seulement préserver les espèces rares, la biodiversité, des cycles , ou les écosystèmes.
C'est aussi développer la richesse du vocabulaire sensoriel dans chaque langue, et entretenir sa respiration poétique. C'est permettre des compositions musicales en résonance avec le monde du Vivant. C'est favoriser des sculptures animées par les forces de la Nature. C'est induire des peintures habitées par l'âme des lieux...
Ainsi l'art peut témoigner de l'homme relié, et libérer nos sociétés de la « désensorialisation » par l'artificiel, par la désincarnation par le virtuel, ou du déracinement psychologique.
C'est de l'équilibre mental des peuples qu'il est question ! Ainsi les enjeux de la Nature demeurent pour l'avenir de l'humanité une perspective majeur.
La dégradation de la Nature correspond au bonheur que les êtres humains oublient en eux mêmes. Plus l'humanité se recentrera dans la quête consensuelle d'un bonheur en définissant de nouveaux fondements civilisateurs appropriés, plus la nature sera aimée au-delà du respect. Sachons nous hâter dans cette ouverture, pour donner une véritable inspiration à nos transformations. »
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En compagnie de Kenneth White : En toute candeur / Poème du Monde Blanc... extraits
« Salut au blanc matin descendu comme une flamme sur la terre. » La chanson de Cellach irlandais XIIè siècle
Les Celtes avaient cette même nature que les Vikings et possédaient cette même poésie existentielle.
Les Vikings et les Celtes, gens impersonnels, élémentaires, voilà mes ancêtres...
Mes conceptions, je crois sont celtiques.
Nous ne savons plus guère, en dehors de la poésie, ce que cela signifie. Si nous parvenions vraiment à savoir ce qu'était la civilisation celtique, et ce qu'était la civilisation hyperboréenne, dont la civilisation celtique faisait partie, nous aurions sans doute cette « patrie de l'esprit » qui nous fait tant défaut...
Nous autres, Ecossais, Gaëls, nous n'avons pas besoin d'une religion, d'un système de croyance organisé... nous voyons directement l'esprit dans la matière et nous voyons la nature nimbée de gloire...
Les Celtes, à moins que ce ne soient les pré-Celtes, sont toujours en quête d'un monde de la femme. »
En Toute Candeur K White
« ..Et il s'assit à l'épaule de la jeune fille et on leur apporta un échiquier doré et ils se mirent à jouer. Et Dub-Lacha (Cane noire) dénuda ses seins pour Mongan, et comme il les regardait, il contempla les grandes mamelles, qui étaient douces et blanches, et les pointes petites et d'un blanc brillant. Et le désir de la jeune fille vint sur lui. »
Vieux texte irlandais
La poésie celtique disait Sieper ne saurait mieux être caractérisée que par un simple mot : Elle est infiniment primitive.
« Pour le poète, le monde est toujours un territoire vierge... La poésie est primordiale... Aujourd'hui, l'homme qui désire être poète doit d'abord batailler pour se frayer passage vers sa conscience profonde et primordiale. Il lui faut se débarrasser de tout ce qui vient se placer entre lui et la réalité. » Emerson
Monde Blanc
Ce monde d'arbres blancs
Il est là devant moi
Bouleaux dans le gel, nus
Présents, vivants, patents
Seul le feu peut écrire
Sur pareil fait ultime
Je réclame du feu
Du feu pour détruire et créer
Du feu pour brûler l'illusoire
Du feu pour écrire sur le blanc.
« Laissez le saint esprit respirer l'air de la montagne
et se nourrir des fruits sauvages de la terre. ».. K White
« ...Je dis que le monde est un champ de possibles, l'envol de sauvages poèmes... » K White
« Et puis écris dans ta propre blancheur. Trace ton propre parcours... » K White
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De Herman Hesse en passant par Bernard Boisson pour retrouver la compagnie de K White et de Michel Capmal, nous faisons un même parcours, une même ronde circulaire... Ce sont autant d'invitations aux périples et aux cheminements intérieurs et profonds qui autorisent la révélation de l'Etre que nous sommes quand l'éveil suit le somme dans lequel, le plus souvent, nous nous enfonçons.... Bran du Nov 2016
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Michel Capmal (Les Interstices sont innombrables.)
Les Cahiers de Garlaban extraits
« Je songe à toutes les forêts englouties, à toutes les grandes forêts disparues, à toutes les profondes et très anciennes et immémoriales forêts
La vieille âme Celte tantôt murmurante, tantôt impérieuse, c'est l'esprit de fluidité, l'infini des entrelacs et leur soudaine cristallisation dans la fraîcheur des sous-bois
L'air nous manque souvent, mais la vieille forêt resurgit en notre âme, se fortifie en nos veines et artères, se démultiplie par nos nerfs, s'enracine dans notre cœur, s'illumine dans nos yeux ; nos yeux tournés vers le ciel du dedans
Passer la ligne d'horizon et sortir du labyrinthe pour rejoindre les hautes demeures d'Hypérborée »
De la Poésie :
« Dans la vieille Europe du très proche troisième millénaire, le grand art poétique est assurément, et surtout, une manière d'être au monde.
D'être ouvert au monde, reliés et solidaires avec tous les habitants de la planète, avec leurs espoirs, leurs souffrances et leur volonté de vivre en préservant le sens de l'humain partout menacé.
Notre ciel intérieur entrera en résonance avec les étoiles et le cœur de la Terre. La Terre qui a tant à nous dire et dont nous sommes l'un des fragments aussi bien que poussières d'étoiles.
L'action devenant la sœur du rêve, selon le vœu des anciens romantiques, la Poésie s'affirmera encore et toujours, comme le langage le plus singulier et le plus commun ; une parole vivante sur le point de retrouver la beauté, le rythme et la magie du monde !
En attendant, écoutons le grand vent salubre descendu des plus hautes montagnes pour ranimer et bouleverser le cœur de chacun.
Ecoutons-le tant qu'il souffle et nous parle...»
Parlant de Michel Capmal, Sygmunt Blazynsky nous disait ceci :
« En dépit des variations de forme et de ton, c'est le même flux, le même murmure, la mêmes scansion, qui se poursuit malgré et à cause de ce cri impossible, mais affleurant de poème en poème.
Dramaturgie disloquée de l'unité perdue ou à venir.
Présence du visible-invisible ; de ce qui est d'autant plus vécu de l'intérieur qu'ils s'ouvre sur le monde, sur tous les mondes. » 27 05 1998
« La poésie est la seule voie d'accès à l'autre monde qui est de l'autre côté du miroir. Juste à côté de nous. Au centre de nous-mêmes.
La poésie est le seul langage véritablement humain parce qu'il parle de ce qui est vivant et incarné. Une parole aimante, impérieuse, inachevée... » Zygmunt Blazynsky
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