Les dits du corbeau noir

Haiku - le corps de la danse - d'où viens-tu ? bran du nov2013

 

Haiku Bran du Nov 2013

 

 

Soleil Couchant 

Il avait trempé le suc de ses yeux

dans le fondant du soir...

 

La mer écrit sans cesse des poèmes

d'algues, d'écume et de galets

qu'elle n'achève jamais !...

 

En vol, les mouettes

ne sont pas disciplinées...

Elles ne font presque jamais de “V” !...

  

Le “péché” originel

est en fait un pommier

destiné à de bonnes poires !...

 

Le casier à homards

existe parce qu'il y a des homards a attraper...

L'homme aussi a créer pour lui de nombreux casiers !...

 

Parmi les hurlements du monde

la nature ose

des bruissements de vie...

 

 Arpenteur,

 Glaneur...

 De nouveaux métiers !...

 

En marge, en frange

en des rivages et en des berges rares

les vies "bordurières"...

 

L'été est cet orpailleur

qui filtre les rayons du soleil...

Ainsi notre joie en pépites parsème le tamis...

 

Sont des pierres de plusieurs tonnes

que l'on ébranle du bout des doigts...

Que nous faudra-t-il pour faire bouger les consciences ?...

 

De la nuit naît le jour

Et du jour la Parole de Lumière

Le Chant de pure Clarté...

 

le plus beau cadeau que j'ai reçu de toi,

C'est quand j'ai tiré sur ton ruban de soie

Et que ta robe est tombée à mes pieds !...

  

La pluie est un chant d'amour

Qui ruisselle

Sur l'aridité des coeurs...

 

Cochons de chasseurs !

Un sanglier repêché en mer

Au large de Lézardieux... (Côtes d'Armor)

 

Ciel en fureur cette nuit...

Une rage de vent...

Encore un mal d'amour !

 

Le chemin forestier, les laies forestières

sont encore les moins embroussaillés

des chemins qui mènent au coeur !... 

 

Les lèvres offertes pour dire l'acceptation...

Lors les mousses ploient et la fougère du corps...

L'ombre enfin dit sa lumière... 

 

Sur le visage se lit le trouble...

L'échancrure s'élargit sur le corsage...

La barrière s'entrouvre qui mène au verger !...

 

Le silence est une cascade

qui chute depuis ta nuque

pour se marier aux froissés de mes doigts...

 

Deux, trois notes de blues

Emmènent ma pensée sur une piste

Où seule, la lune, est à danser...

 

Il y a un moment

Où le poème prend chair

Déshabillé de mots...

 

J'aime ton visage

Sans lune ni soleil,

juste sous son étoile...

 

L'amour s'use dés le premier baiser

mais comment faire

Pour ne pas s'embrasser ?...

 

Nous frissonnerons

D'avoir brûlé d'amour

Au plus froid de l'hiver...

 

Au triangle de tes cuisses

Chante un grillon

que le soleil visite...

 

La neige recouvre absolument tout...

Quand je viendrai à toi,

j'enfilerai mon manteau de neige...

 

Les tempes, la nuque, le cou,

Tout cela qui plonge

Dans une mer démontée...

 

J'ai promis à une rivière

Qu'un jour

Je lui montrerai ton visage...

 

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Le Grand Corps de la Danse... Bran du Nov 2013 à Patricia et Fabienne

 

 

Ce sera à l’aube, au moment du grand passage,
Lorsque s’ouvrira, pétale après pétale, la fleur du jour…
Je serais là, avec l’écorce de ma chair, la branche de mes bras…

Je serais là, avec le Souffle caressant… mon Arbre de Vie.
Souple se fera mon tronc…
Un rythme lent et presque sourd montera dans l’aubier de mes sens…

Il frappera régulièrement, obstinément, à la porte de mon coeur,
Appellera au seuil de ma conscience,
M’invitera à ceindre l’air, à épouser les flux et les ondes…

Alors j’avancerai sur le tertre, dans le cercle d’ajoncs et de genêts et, devant mes yeux,
Un long serpent déroulera ses sept anneaux formant comme une majuscule en mouvement,
Celle-là même qui est l’initiale de tout son et de tout langage, celle-là même qui est la partition de toute partition…

Au large, devant l’horizon renaissant de la Mère,
Mouettes et goélands reprendront la spirale première et, l‘élargissant sans cesse,
L’emmèneront sous leurs ailes couronner toute chose en attente du Mouvement des Origines…

Et je serais là parmi ces choses,
Faisant venir en mes muscles un sang de désir, un sang volontaire,
Un sang de force et d’effort pour ébranler l’attelage de mon corps et de mes pensées…

De mes talons, je ferais sonner la terre de bruyère sans bouger de place
Je rependrais mesure du sol, du terreau, de l’humus
Liant mes fibres à celles tissées dessous cette terre de mémoire…

Progressivement, j’imprimerai le rythme afin qu’il fasse écho
Et que soit la résonance entre le plus bas et le plus haut…
Je trouverai ainsi peu à peu ma place dans la Ronde, ma place dans le Cercle…

Je réglerais ainsi ma fréquence
Afin de pouvoir transmettre et relayer les magiques substances naissant de cette mise en contact
En vibration de mes moindres atomes avec toutes les cellules animées par le coeur de Mère…

Le son, quand il est porteur d’intention et que cette intention s’ajuste dans les flots et les énergies de l’échange,
Porte loin, si loin que vous ne sauriez en imaginer le parcours et la distance…
C’est un incroyable ambassadeur qui part de l’intérieur le plus profond vers un extérieur des plus élevés…

Ce qui vous entraîne dans le tourbillon,
C’est tout ce qui, après réception, vous revient en retour…
Alors sur vous-mêmes vous faites un premier tour, puis un second, puis…

…Vous dansez aux bras de l’Amour !
Alors le soleil tourne autour de la terre
Entraînant avec lui la roue des saisons…

Je serais tour à tour, de neige et de feu, de glace et de miel…
J’aurai en moi tout le ciel, tous les vents, toutes les flammes, toutes les étincelles
Et tous les voeux que des lèvres aimantes et ferventes font jaillir de leur généreuse corbeille…

Goûtez lors, le dense et l’intense,
La sensation, l’émotion, l’instant d’éternité tout cela qui vous projette dans l’immense,
Dans l’infini, dans l’absolu, dans l’inconnu connu et dans l’immortalité !…

Vous n’êtes plus que le Grand Corps de la Danse…
Ce Grand Corps, et il n’est rien de plus !

 

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D'où viens-tu ? Bran du 10 11 2013

 

 

Je viens de très très loin

D'où exactement, je n'en ai plus souvenance,

mais c'était bien au-delà de ma naissance...

Je me souviens avoir traversé les territoires du noir,

Les immensités obscures de l'espace,

quand le temps n'avait encore aucune existence....

 

Une lumière, oui une lueur amie se tenait déjà là prenant soin de moi...

Je dansais alors parmi les souffles,

Je m'écoulais parmi des fluides,

Je tourbillonnais parmi les ondes,

Je n'étais en fait qu'écoulement et rondes,

qu'une cellule, qu'un atome, qu'une forme souple et limpide... 

 

Je n'avais lors aucun nom ;

Je ne ressemblais à rien qui ne soit apparenté à l'humain...

Je glissais dans l'univers, je survolais la terre ;

Je n'avais aucune attache, aucun lien...

Je filais dans l'air comme une pierre émanée d'une gigantesque et fabuleuse fronde dont je ne savais rien...

J'étais propulsé vers une vie à venir, vers un corps en formation, vers un état, vers une forme, vers un devenir.... Je devenais “autre”, c'est certain...

 

C'est à ce stade qu'une conscience me vînt et qu'un embryon de vagues souvenirs constitua en moi une source de mémoire...

Je me souviens, après être passé par une étape minérale, de mon séjour dans l'océan... J'avais quitté le monde des étoiles pour une contrée abyssale...

Longtemps je suis resté accroché à un rocher, tantôt algue, tantôt corail...

Puis, lentement je suis remonté à la surface accompagné de cette lueur qui ne m'avait jamais quitté et qui battait en moi comme un coeur ; un coeur lumineusement greffé....

Je devins parmélie, lichen fixé à la roche immergée...

 

Bien du temps a passé avant que je ne sois devenu une fougère géante dans un sol inconnu.... Ce n'est que bien plus tard que le mouvement libre m'est venu et que je pu de nouveau me déplacer à grande foulée dans une savane aux herbes drues...

J'avais passé un temps indéterminé à sauter d'arbre en arbre avant de me redresser et d'améliorer ma vue...

 

Ce qui allait être le jour, un jour m'apparut et je vis d'autre moi-même aussi velus et poilus que je pouvais l'être.... Avec eux se forma un langage, ce qui deviendra la femme, lors, me fut connu...

 

Ce fut encore un long chemin que ce chemin de l'être... 

 

Il y aurait encore bien des choses à naître : la peur, l'angoisse, la magie, la mort qui interpelle, les enfantements de la vie... mais aussi les rivalités, les heurts, les querelles et à la suite les guerres et les hostilités.... Un étrange sang bouillonnait dans la tête des hommes qui se voulaient de plus en plus accaparer ce que leurs semblables pouvaient avoir qu'ils n'avaient pas et qu'ils désiraient s'approprier...

Alors ce sang en fit couler bien d'autres... rouge fut le berceau de l'humanité !...

 

Quant à moi... ha ! C'est une bien longue histoire...

Par un poète je fus créé, un poète amoureux il est vrai et c'est en ses pensées que je fus une nuit conçu ayant, du poète, épousé tous les traits...

 

C'est moi que vous lisez posant sur mon corps de consonnes et de voyelles, de mots assemblés, votre regard attentionné..

 

Me lisant, de moi, vous vous imprégnez et devenez en partie ce poème...

 

Ce poème qui vous a pénétré, c'est le même qui me forma il y a quatre milliards d'années... C'est ce qui restera quand devenu poussière, il flottera de nouveau dans le grand univers !

 

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20/11/2013
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