Les dits du corbeau noir

HAUTES TERRES D'ECOSSE PHOTOS MICHAEL RUETZ TEXTE KENNETH WHITE NOTES BRAN DU 2024 22 06 JUIN

 

 

 

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 Ecosse (Photos Bran Du)

 

 

 

Lecture : Hautes Terres d'Ecosse Edition Hologramme extraits

Photographie de Michael RUETZ Textes de Kenneth White....

 

Note Bran Du Juin 2024

 

La Nature dans ses expressions premières dans son dépouillement extrême (un dialogue ou plus exactement un « trilogue » entre le vent, la pierre et l'herbe rase) soit le lieu par excellence pour se mettre à nu et revêtir un manteau de silence, de brume et d'essentialité...

 

Ce sont là les espaces voués à la contemplation du primordial et de l'élémentaire, une bouffée d’oxygène couplée avec le Grand Respir de l'Univers...

 

Nous n'aurons jamais aussi bonne et juste place à occuper que celle-ci et ce, sans y laisser aucune empreinte mais en repartant empreint de la substance qui nourrit l'âme des êtres et des choses...

 

Ici furent former les premières lettres, les premières syllabes, les premières voyelles et consommes des mots poésie et homme...

 

D'ici s'écoule une source ignée qui irrigue la pensée et la fait flamboyer parmi les parousies et les apothéoses du beau et du vrai....

 

Ici, vivre densément, intensément, pleinement à ses assises et ses promontoires, c'est une terre pour l'envol qui conjoint ses ailes à celle du « Grand Esprit »...

 

La mer y bat de ses tambours et les mouettes y clament le Chant de Vie alors que fracassent sur les roches plus que millénaires le factice et l'illusoire...

 

Kenneth White, Ecossais lui-même, à traîné ses semelles de vent sur les rivages de son pays et ceux-ci ont bordé sont enfance et son adolescence au point d'imprégner de leur sel les contours d'un poète en formation...

 

Il rassemble ici d'autres arpenteurs des landes et des estrans, des affouilleurs de l'invisible, des vagabonds cosmopoètique, qui tous ont eu cette faculté perceptive et visionnaire de vibrer et de pervibrer dans un champ d'ondes, de flux et de fluides à l'origine des Origines...

 

De tels lieux propices aux révélations et « illuminations » existent de part chez nous également (je pense aux Monts d'Arrée, au Roc Trevezel, au Yeun Elez par exemple et à bien d'autres encore)... Il ne tient qu'à nous de faire cœur, corps et esprit avec eux, de nous « ensilencer » dans leurs nids, gouffres et berceaux, d'entrer en « cosmunion » avec ce qui Fût, Est et Sera, élémentairement et primordialement...

 

 

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Présentation de l'Editeur :

 

« L'Ecosse est ce pays dont les habitants, dit-on, ont inventé Dieu pour avoir un interlocuteur (métaphysique) vraiment solide avec qui discuter (valable et à leur taille.)...

 

L'Ecosse de la pierre et du vent, de la tourbe et de la bruyère, l'écosse déserte et nue, comme à son premier jour . Élémentaire et cosmique.

C'est cette Ecosse là, nue, dure et pierreuse que nous découvrons avec cet ouvrage. 

Une terre qui dépasse l'espace géographique pour s'apparenter à un temps poétique, ) une île intérieure, où l'on arrive par un parcours de l'âme.

Ici, un œil embusqué derrière un objectif dévoile un pan de l'invisible.»

 

 

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SCOTIA DESERTA Kenneth White :

 

« Tout, ici, est minéral, élémentaire, météorologique et voilà que l'occasion nous est offerte de nous retrouver face à l 'Univers nu...

 

Nous sommes devenus assez ombreux, je pense, malgré la pléthore de discours interhumains, à désirer que l'homme se fasse un peu plus discret dans l'univers.

Que chacun, sans excès d'humanité,avance d'un pas silencieux dans les territoires pour y redécouvrir le monde...

 

Concernant les Écossais, on peut reconnaître là un trait fondamental du caractère Celte.

Il y a dans le tempérament Scoto-Celte non adultéré quelque chose de surpersonnel, voire de non humain, disons de transhumain.

C'est un fond qui donne lieu à de très fortes personnalités amoureuses d'ordres complexes, de paysages mentaux inédits, de terrain « anonymes ». j'entends par là trop investis et inscrits par l'humanité, pour rejoindre le transcendantal ou l'élémentaire ou les deux ensemble...

 

S'il reste quelque part une pierre brute, un névé vierge, une touffe de fleurs sauvages, un ruisseau indompté, la vie vaudra encore, malgré tout, la peine d'être vécue...

 

 

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La Face Nord du Liathach

 

La Face Nord du Liathach

vit dans l'esprit, telle une vision...

 

L’Écosse foisonne de tels lieux

mais peu de gens

peu d’Écossais même les connaissent

 

Gardez toute votre phraséologie humanitaire

Vos petits bonheurs minables

vos stations balnéaires

 

Rien ici n'est aménagé

On est face à une beauté sévère et rude

qui comble les sensibilité

Tout Écossais devrait venir

ici en pèlerinage

au moins une fois dans sa vie, et seul. »

 

Hugh MAC DIARMID

 

« Il y a quelque chose ici, parmi les îles et les lacs silencieux ; quelque chose comme l'aube d'un monde naissant, avec des hérons qui pêchent tranquillement au bord de l'eau, et la mer qui pénètre loin, très loin, entre les collines ruisselantes... »

 

D.H. Lawrence (A propos de l’Écosse.)

 

« L'homme n'est complètement humain que lorsqu'il dépasse l'humanité. »

Il est en nous « de vastes domaines de conscience encore insoupçonnés, de vastes chaînes d'expériences, comme le murmure de harpes invisibles, que nous ignorons. »

D.H. Lawrence

 

 

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Nombreux sont les voyageurs qui, en Écosse, ont tenté de saisir la « grande musique » de ce paysage.

Il arrive parfois, mais peu réussissent aussi bien, que les ballades archaïques du cycle de Finn qui remontent à l'aube du temps et qui parlent de la lande et du rivage, de la montagne... avec des accents qui nous font sentir que des siècles de civilisation nous on fait perdre quelque chose d'essentiel...

 

«... Finn aimait prendre son repos en écoutant chanter le merle ou bramer le cerf. Il aimait aussi le chant des coqs de bruyère, le bruit que fait la loutre en se glissant dans l'eau ou le cri de l'aigle... Il se délectait du bruit des vagues sur les plages de galets blancs.

Quand vivaient Finn et les Fianna, lande et rivage leur étaient plus chers que l’Église. »

 

Il nous faut absolument conserver et respecter nos lieux déserts, nos espaces premiers, nos paysages du vide, afin d'y réapprendre une esthétique de vie liée, avec tout ce que nous avons pu accumuler de connaissance, (en géologie, en géographie et ailleurs) à une cosmogonie, ou à ce qui me plaît d'appeler une « géopoésie »...

 

 

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John MUIR (parlant de la Sierra Nevada ) :

 

« … On a l'impression de se dissoudre, de se fondre dans le tout, d'être projeté, vibrant,dans l'inconnu.

La vie ne semble ni longue ni courte, et pas plus que les arbres ou les étoiles, on ne se soucie de se hâter et de gagner du temps.

Voilà la vraie liberté, une forme d'immortalité simple et concrètement vécue. »

 

Voilà, en Écosse, l'alliance du métaphysique, du spirituel et de l'élémentaire qui nous font tant défaut, et qu'il faudrait réinventer...

 

L’Écosse, ce pays qui aurait pu devenir une île, offre un terrain de recherches et de méditations de premier ordre. Son sol est parmi les plus anciens du monde.

Tout ce qu'il faut, c'est du silence, une connivence, une intelligence ouverte...

 

« … Cette terre n'a pas de maître, elle reste tout à fait réfractaire à l'ordre humain. Elle n'obéit qu'au temps et à ses lieutenants infatigables : le vent, l'eau, le gel...  (...)

Et moi (je passe) entre les nuages et les buissons

Je suis un œil en ballade. »

Norman MacCaig

 

 

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22/06/2024