Les dits du corbeau noir

Photos Bran Du

TALIESIN « Chef Barde du Monde Continental »

Source :

PREDER HENOAL Les Dieux Bretons (Britonniques)

Guy Tredaniel éditeur (Le Retour à l'Esprit) Extraits

A propos de Taliésin :

L'histoire galloise de Taliésin est issue d'un mythe pan-brittonique de la Parole vivante et originelle...

Avant que d'être « Taliésin », il est appelé Gwion Bach (Fluide virulent) en référence au verbe poétique et satirique qui est l'apanage des bardes.

Quand on libère Gwion Bach de la nacelle d'un coracle en cuir flottant sur les eaux, nacelle où Keridwen la déposé, jaillit de la tête du « navigateur » un Front d'argent (Tal-iesin) et celui-ci entame aussitôt un poème de louange (l'âme de Gwion Bach était demeurée plusieurs années sur les flots et se révélait aux hommes.)...

Taliésin chante un poème récapitulatif de l'histoire du monde dont il avait été le témoin lors de son voyage en l'Autre-Monde...

Il fit à cette occasion la louange du savoir bardique et fustigea les méfaits des clercs médiocres....

C'est l'image du verbe prédestiné par son nom même au contact avec le fluide des sciences (le Feu de la Parole »).

Ce mythe résume un parcours initiatique qui passe par la maîtrise des formes et la traversée périlleuse du monde ténébreux. Ses métamorphoses le mènent à l'état embryonnaire, prélude à une nouvelle naissance...

Le chaudron représente la source de toute connaissance...

Le poète est celui qui maîtrise les forces obscures de la fin du cycle et aide au maintien du bon ordre de la justice...

Pour ce faire, il doit « mourir », fréquenter la nuit et s'identifier à la Nature, au-delà de toute humanité et renaître au péril des flots...

A l'origine, eau, nuit et silence gardent la Parole vivante qui brille dans le ciel nocturne avant de s'imposer à tous de façon éclatante...

Talésin est une incarnation de la Parole traditionnelle comme l'irlandais Fintan Mac Bôchra. Telle est l'origine de la Parole et du bardisme. Là réside le constructeur de mythe et le gardien de la Tradition celtique des Brittons.

« Des sages (Math et Gwydion) m'enchanteraient, sages d'avant le monde, quand j'allais être, quand le monde serait grandit... »

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Un autre trésor de la Tradition bardique traditionnellement attribué à Taliésin est le Kat Goddeu (Combat des Arbrisseaux ou de la Foret)...

Il est analogue au poème inaugural d'Amorgen dans le Lebor Gabala Irlandais... Il proclame à la première personne les pouvoirs de la Parole (enveloppe de toute chose et conjonction exacte) :

« Je fus multiforme avant que d'être libre. Je fus goutte d'eau dans les airs. Je fus la plus ardente des étoiles. Je fus pont habité sur soixante estuaire. Je fus chemin. Je fus aigle. …. Je fus bulles dans la bière. Je fus goutte dans l'averse. Je fus épée au poing. Je fus écu dans le combat. Je fus corde dans la harpe, transformé neuf ans en eau, en écume. Je fus lave dans le feu, je fus bois dans le rempart...»

Le « Je » dont il s'agit n'est évidemment pas un individu ; c'est le pouvoir, naturel lui-me^me, qui résonne dans les mots....

Le thème de la « guerre végétale » est abondamment développé. Il repose sur une ancienne cosmogonie ; celle des hommes nés des plantes et des arbres...

Végétale est aussi l'étoffe du Poète et/ou de la Parole qui sont de plus antérieur à toute naissance...(nés d'eux-mêmes comme le feu.)

« Il n'y eut ni père ni mère quand on me fit. On me créa mon sang de neuf forme d'éléments, du fruit de fruit, du fruit du jour du commencement, des primevères et des fleurs de colline, de la floraison des arbres et des arbrisseaux, de la floraison des orties, de l'eau de la neuvième vague...

Le Seigneur n'est pas encensé, il n'y eut ni père, ni mère quand on me fit... » (Tout ceci est antérieur à la création...)

Il est dit que Taliésin aurait été l'instructeur de Myrddin. Il aurait été le chef barde du monde occidental...

Un autre personnage incarne la Parole sacrée : Myrddin (Merlinus) « Forteresse de la Mer »....

Merlin, Maeldin, Talésin finirent leur vie dans la forêt. Les Gallois, qu'ils confondent ou non Myrddin et Taliésin les font résider à Caer Sidi(a), la Forteresse de l'Autre-Monde (ou encore la Forteresse du Festin de Miel) d'où ils devraient revenir un jour....

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Taliésin (Bardi en hommage) Bran Du 13 mars 2023

Enfant, je fredonnais déjà au sein de l'essaim des êtres et des choses et mes lèvres furent nourries par un festin de miel composés du nectar de fleurs...

J'ai roulé pendant des milliers de lune et de soleil dans le flux et le reflux des eaux...

De là sont nés les mots que tissent mon poème...                         De là sont les mots qui sont les étincelles des feux à venir...    De là sont les mots qui irrigueront les rives asséchées de l'homme...                                                                                   De là sont les mots fécondés de Ciel et de Terre...
De là sont les mots qui dansent parmi les étoiles...

De cuir fut mon berceau lâché dans le courant des mondes...

Ainsi, j'ai navigué de rives en rives, de berges en berges et de saison en saison fendant les vagues, fendant les flots..

Onde parmi les ondes et en tout lieu menant ma ronde....

Le bois jadis me fut chair

Couverte d'écailles fut ma peau

Je sus planer dedans les airs

Et chanter comme un oiseau....

J'ai goût et saveurs de Vie

Sèves et sel sur ma langue

Sans cesse lors je tangue

Entre l'ici et l'infini...

J'ai mot à vous dire

Qui jaillissent de ma forge

Le feu en ma gorge

Façonne votre devenir...

Je marche, nage et vole

Nageoires et ailes sont mes paroles

De trois mots, je fais chemin

Et j'ai Chaudron dedans le sein...

Par deux fois, je suis né

Dans l’œuf, je fus éclos

Voguant de flots en flots

Au temps qu'on dit premier...

J'ai assise de chênes

Et sang dans mon aubier

Les sons qui vous entraînent

Vous guident sans enchaîner...

Je suis né d'une étoile lointaine

Mais d'elle je n'ai eu de nom

On me dit fils de Math, de Gwydion

Mais la chose est-elle certaine ?

J'ai sève dans le sang

Et écume dans mes rêves

Je vais de par les grèves

Chercher l'Oeuf de serpent...

De tous, je suis l'instructeur

J'enseigne le Ciel et la Terre

Les chants de l'Univers

Et les danses que j'ai au cœur....

J'ai traversé la longue nuit

L'ombre s'accrochait à moi

Seul, j'ai tracé ma voie

Faisant Etoile de ma Vie...

Fils de Science je suis

Et fils aussi de Poésie

Sur mes lèvres flambe le feu

Qu'attise le souffle des Dieux...

Je suis homme des Origines

Et témoin de toute la Création

J'ai assisté la Mère divine

Et fais éclater le Chaudron...

Talésin, ainsi on me nomme

Trois rayons sortent de mon front

Et à vous tous je fais don

De tout ce qui, à vous, se donne...

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Notes Bran Du :

La « médiocrité » est sévèrement jugée par Taliésin qui remet à leur juste place des clercs prétentieux qui s'auréolent de titres et de compétences usurpés....

Le barde en effet ne saurait composer d'aucune façon avec toute falsification de fonction et avec les faussaires qui se prêtent à celle-ci....

La fonction en tant que telle se doit d'être portée vers « l'excellence » et donc de disposer des facultés, capacités, compétences, connaissances et maîtrises adéquates pour bien la servir et la représenter....

La « paraître » n'a pas sa place au sein de la dimension bardique pas plus que la dissimulation...

Les bardes ne se privent pas dans les récits qui les concernent de dénoncer avec virulence ceux qui usent volontairement de duperie et de tromperie leurs semblables en se faisant passer pour ce qu'ils ne sont pas et en usant frauduleusement d'une apparence usurpant la vérité et la réalité...

Leurs méfaits altèrent grandement la fonction bardique et les valeurs qui la fondent...

C'est une entreprise de dénaturation qui jette le discrédit sur la fonction bardique. Et cela est intolérable pour un barde digne de ce nom...

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