Les dits du corbeau noir

HISTORICITE et AWEN ! REFLEXION BRAN DU 2016 29 10 OCT

HISTORICITE et AWEN !   Réflexion Bran du             2016   29 10 OCT

 

 

L'institution druidique, pour autant que les druides aient été constitués en « institution » (On affirme de plus en plus qu'un clergé druidique n'aurait jamais existé) n'a pas jugé nécessaire, dans sa grande sagesse et sa vision du devenir, de consigner par écrit le corpus de ses doctrines bien qu'elle avait la capacité matérielle et les connaissances requises pour le faire...

 

Pourquoi ce refus qui vingt siècles plus tard lui voudra d'attendre encore pour voir le monde Celte enfin considéré comme une civilisation à part entière et ce malgré l'absence d'une « écriture » (absence qui caractérise un monde dit « barbare » ) ?...

 

Se voulant résolument « adogmatique », croyant fermement à une loi d'évolution qui ne saurait rien figer ni fixer de ses éléments constitutifs initiaux et fondamentaux, elle a choisi délibérément de confier aux bons soins de l'Awen et de ce qui le manifeste en tant que Force, Energie et Lumière, la perpétuation, l'adaptation le renouvellement, les mutations, transformations à venir de ses lignes de force et axes majeurs d'entendement...

 

Connaissant la « puissance » des mythes et archétypes à se jouer de l'Histoire (et de l'historicité qui ne saurait la retenir en ses rets), les Druides ne se sont pas souciés de leur propre devenir « matériel » et « historique »....


Ils pressentaient déjà au sein de la société humaine qu'ils tendaient à maintenir en cohérence, équilibre et harmonie, les vives turbulences à venir et notamment celles en provenance de la deuxième et troisième fonction (Rois/Guerriers – Producteurs/Reproducteurs...) lesquels aspiraient peu à peu à lever le joug trop pesant à leur goût de la première fonction...

 

La romanisation puis la christianisation ne ferait qu'élargir les failles, fissures et déchirures d'une muraille et d'une étoffe en cours de « ruiniformation» et de «déchirement »...

 

Ces « Très-savants » sont aussi, ne l'oublions pas, des « voyants », des « visionnaires », et rien ne leur échappe des mouvements sociaux et des perturbations qui agitent l'ensemble de la société celtique en voie de « mutation » comme il en va pour tout organisme vivant...

(Ils connaissent par ailleurs la loi dite des cycles et savent parfaitement que tout organisme "vivant" y est inéluctablement soumis)... (Naissance -mort- renaissance...) ...

 

Ils savent pertinemment que viendra un temps où il ne seront plus ni suivis, ni entendus, ni respectés et même pourchassés et mis à mort....

 

Il est possible qu'ils aient souhaité accompagner, guider, conseiller, les populations qui leur étaient confiées (et qui leur faisaient encore confiance) dans une nouvelle aventure humaine, mais les événements se précipitant, ils n'ont pas pu le faire...

 

Sans doute, ont-ils participé avec un succès certain (même si toutes les tribus sollicitées n'ont pas répondue à l'appel) à mettre en place une coalition temporaire afin de constituer l'armée de secours demandée par Vercingétorix...

 

Mais après la défaite d'Alésia (on estime à un nombre considérable les guerriers rendus captifs après cette rude bataille), et les édits romains leur interdisant le culte puis les condamnant à mort, les « Très-Savants » vont « disparaître » de la scène du monde d'alors...

Et ce, a priori, sans souci pour eux-mêmes et ayant, depuis longtemps, réglé leurs affaires terrestres au bénéfice de leur croyance et espérance au-delà et par-delà le monde tumultueux, conflictuel et incohérent des humains !...

 

Ils sont bel et bien devenus, infiniment, des bienheureux et immortels !...

 

Toutefois et cependant, reste le cas des Bardes, détenteurs du Feu de la Parole, héritiers des Trois Rais Incréés et des « hommes primordiaux », porteurs du Verbe et du Souffle, veillés par la bienfaisance et la bienveillance de Brig, dépositaires de la Mémoire ancestrale et de la Loi de Nature ; ceux là ont encore l'écoute du cœur des hommes qui font appel à eux pour rester digne et debout face aux vagues et aux flots impétueux de l'Histoire...


Qu'est- ce que l'Histoire si ce n'est hélas et le plus souvent un fleuve de boue et de sang qui charrie l'orgueil, le mensonge et la cruauté d'une espèce humaine qui tourne le dos non seulement à ses propres valeurs, mais les inverse et les bafoue, au nom d'une Matière déspiritualisée qui entend étendre son dictat à toute forme de vie tout en grevant l'avenir même de la planète ?

 

C'est au nom pourtant de cette « Histoire » elle-même manipulée, instrumentalisée, idéologiquement depuis des siècles, falsifiée en grande partie, récemment « révisée » par nombre d'historiens, que l'on condamne sèchement, sans appel, sans nuance, sans distinction, nos pratiques philosophiques, culturelles, sociales, religieuses et spirituelles actuelles en leur déniant le droit à la libre existence, le droit d'assumer en toute responsabilité et conscience une fonction mise bénévolement et généreusement au service de tous et de toutes afin que de nouveaux ponts, de nouvelles passerelles soient lancés au-dessus de l'abysse qui se creuse sous le devenir, périlleux o combien, d'un destin communautaire et planétaire !...

 

Certains chercheurs trouvent déplacé, grotesque, dangereux, incongru, ridicule, de vouloir faire référence à ce dépôt sapiential, à cette sagesse élaborée pendant des siècles, en prise direct avec la vie et l'univers, mettant en avant des principes d'équilibre, d'harmonie, de bonté, d'amour, de cohérence, de vérité, d'équité, de courage, d'audace, de dignité et d'honneur, de noblesse de cœur et d'esprit...

 

Ceux et celles à qui on fait reproche ne sont pour la plupart que des servantes , des serviteurs, modestes mais légitimement fiers, d'un Awen qui les anime, qui induit, conseille, enseigne, fortifie, conforte, leurs pensées et leurs actes mis en adéquation avec celles-ci afin de « Transmettre » (sens du mot Tradition lui-même) cette part d'héritage, ce dépôt de mémoire, de pratique, d'expérience, qu'ils ont reçu des Anciens et Anciennes qui eux-mêmes ont porté le flambeau traditionnel à travers le cheminement des générations afin que d'autres, plus tard, puissent eux aussi verser dans la corbeille du Don l'offrande même de leur vie...

 

Et il n'y a pas nécessairement besoin en effet pour cela d'un clergé organisé, d'une institution à la romaine, pour véhiculer et faire circuler, pour incarner et transmettre, les influx et les vibrations émanés de cet Awen ; quelques poignées d'hommes et de femmes ont suffit et suffiront encore demain pour dispenser et répandre avec enthousiasme, généreusement, bénévolement, auprès de ceux et celles qui le souhaiteront, la bienveillance et la bienfaisance du dit Awen lequel d'ailleurs s'étend de plus en plus sur le monde et fait réponse à de nombreux appels...

 

Nous ne faisons pas autre chose, n'avons pas d'autre but, aujourd'hui, que de chercher, d'observer, d'interpeller, d'étudier, d'analyser, toute la nature visible et invisible, humaine et non humaine, tous les mystères de la vie, tout les corpus de sagesse mis à disposition, y compris ceux avec lesquels nous sommes plus directement, naturellement, en affinité et résonance intime et profonde, et ceci d'une façon libre, responsable, consciente et cohérente autant que possible, afin d'apporter un concours à un changement de paradigme sociétal qui s'impose au cœur et à l'esprit des hommes et des femmes qui refusent de cautionner et de valider par peur, ignorance, impuissance, indifférence, désolidarité, le « meurtre orchestré du vivant »...

 

Cette pensée, nourrie et abreuvée par l'Awen, est une pensée héritée, une pensée source et souche qui irrigue et donne racine à l'Arbre de vie individuel et communautaire que nous sommes et qui fait croître celui-ci vers toujours plus de Lumière...

 

C'est une pensée écologique avant l'heure, symbiotique de surcroît, lucide et cohérente, qui n'enferme rien, n'impose rien, libère tout, s'ouvre et s'offre à tout, invite et propose seulement tant elle est respectueuse des libres choix, des libres arbitres, critiques entreprises, sans lesquels l'homme deviendrait esclave de lui-même et de ceux qui entendent l'asservir et le soumettre pour satisfaire l'emprise exacerbée, outrancière, manipulée, déplorable et dramatique, de l'orgueil, de la cruauté et du mensonge...

 

Vouloir perpétuer cette « chaîne d'or », ajouter, librement, consciemment, lucidement, à celle-ci le maillon de notre propre existence, parfaire tout ce qu'il y a parfaire de ce chaînon humain en terme de connaissance, de maîtrise, de fidélité, d’honnêteté, d'exemplarité, de sincérité et d'authenticité, de compétence et de capacité, de noblesse, d'honneur, de dignité, d'audace et de courage, de vérité, ne saurait être mit en procès de légitimité...

 

L'Awen ne saurait être jugé et, qui plus est, par ceux chez lequel il fait hélas défaut dans leur discernement « moralisateur »  et généralisé !...

 

Depuis bientôt 300 ans, et la résurgence au grand jour de cette pensée lors ré-initiée, revisitée, revitalisée (justement par des « libres-penseurs »), nombre d'hommes et de femmes, de communautés humaines se sont « reconnus » en elle et ont animé leur existence en puisant en sa fontaine et en se nourrissant de sa fabuleuse et extraordinaire corbeille...

 

Ce sont des milliers de vies, humbles et modestes le plus souvent, qui ont été ainsi consacrées au service de cette Tradition et qui ont reçue de Celle-ci de quoi donner sens et Essence à leur existence et à l'au-delà de celle-ci...

 

Cette Tradition a fait d'eux, en effet, des acteurs, des artisans, des artistes, des créateurs du vivant, des puisatiers, des pontonniers, des passeurs d'eau et de feu, des colporteurs de graines et de semences de vie...

 

Nourris, ils ont nourris ; irrigués, ils ont irrigués à leur tour les terres gastes, sèches et arides des territoires de l'homme...

 

Nous leur rendrons hommage, nous exprimerons notre gratitude pour cela en 2017 !....

 

 

Alors ! L'Histoire peut balayer devant sa porte, nous n'y avons pas séjour !



29/10/2016
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