Les dits du corbeau noir

Imbolc 2012 : réflexions

L’Œuvre druidisante repose sur la conjonction de deux plans : celui de l’individu et celui de son appartenance, libre, lucide et volontaire à une communauté de cœur et d’esprit, à une entreprise philosophique, culturelle et spirituelle tendant à restaurer dans la conscience humaine la primauté des lois d’équilibre et d’harmonie.


Nul individu ne saurait prétendre apporter sa « pierre » à l’édifice communautaire sans avoir préalablement œuvré sur cette dite « pierre » afin de vérifier son adéquation et son bon ajustement au regard des lois qu’elle souhaite servir dans un désir d’assemblage adéquat et de conjonction heureuse…


Nul élévation de l’ensemble des aspirations assemblées n’est possible si chaque individualité pressentie pour l’édifice commun se trouve elle-même chargée de toutes les pesanteurs et de tous les encombrements existentiels pouvant compromettre sérieusement l’édification sur des fondements stables et solides et sur la bonne cohésion des éléments constructifs qui y participent…


C’est dire la nécessité pour chacun et chacune de poursuivre le long apprentissage de perfectionnement permettant par une pensée juste et ajustée de façonner les matériaux dont la réunion aimante et savante permettra d’appréhender le seuil, les profondeurs et le ciel de l’Esprit…

Notre fonction sacerdotale pour certains et certaines, notre acheminement spirituel pour d’autres, les engagements et investissements qui en découlent, n’ont pour objectif que de témoigner et d’incarner, ici et maintenant, une Tradition de sagesse éminemment vivante dont l’énorme potentiel de créativité et de mise au monde représente une source intarissable de renouveau et de métamorphose salutaire…


Nous nous efforçons d’être dans l’authenticité et l’exemplarité de nos démarches, dans l’adéquation entre nos pensées et nos actes, des « passeurs » d’espérance, des « argonautes » de l’Esprit… Nous avons à transmettre le « bâton de la connaissance » et à assurer ses relais de cœur en cœur et de main en main…


Nous sommes, avec les oiseaux de l’aube et les prémices des recommencements, parmi les « éveilleurs », avec les saumons obstinés, dans les courants agités, paradoxaux, turbulents et ténébreux de ce fleuve humain et assurons le passage entre estuaire et source, mémoire et devenir, résignation et espérance…


Soucieux des fruits et des moissons de la femme et de l’homme nous le sommes tout autant si ce n’est davantage des graines et semences que nous serons à même de confier à la Terre notre Mère pour permettre aux générations avenir de mettre en œuvre à leur tour les emblaves du Cœur et de l’Esprit…


L’Hiver verra fondre peu à peu son emprise car il ne pourra retenir le libre écoulement de la vie dans la plaine des possibles… Ses gants de gel et de glace se dilueront et desserreront le rigoureux étaux redonnant libre cours aux écoulements du printemps de l’amour…

Viendra le couronnement des eaux, leur sacre printanier, la grande irrigation de tout ce qui espérait le long des rives de l’attente et des berges du haut désir…


Imbolc est la vasque, le bassin, la fontaine, le lieu par excellence des « épurations » nécessaires afin de se présenter aux noces printanières parés des plus beaux atours de l’amour….


Ces hauts lieux des ondes et des flux les plus purs sont l’immuable séjour des Dames Blanches, des Déesses des Origines, des Fées de Lumière, de ces « Sourcières » qui veillent depuis des temps immémoriaux sur les vertus des eaux et leurs libres et généreux épanchements…


C’est pour toute amante et amant le lieu propice de leur « enfantement », de leur remise au monde au sein d’une lumière, d’une flamme vive, nouvellement épousée…

Brigit préside aux margelles de ce devenir. Elle tracera sur les fronts élus les Trois Traits Incréés de la Lumière revenue…


En ce lieu, en cet instant, le féminin convoque le masculin et l’invite à recouvrir sa profonde identité dans la compréhension et l’entendement d’une polarité redevenue féconde car pénétrée du sens aigüe de la complémentarité…


Ce « recouvrement » d’une forme d’essentialité implique une notion de « dépouillement » préalable car on ne saurait revêtir sans s’être dévêtu…. Cette nudité autant symbolique qu’analogique que réelle est le vecteur de la recouvrance fondamentale et primordiale recherchée et espérée…


La Grande Déesse est régente des lois d’équilibre et d’harmonies ; lois qui trouvent une application appuyée dans les domaines de l‘art poétique, de l’art de la forge et de celui qui consiste à rétablir la santé… Trois activités et applications humaines considérées comme majeures…

C’est en son nom et sous sa haute protection et en sa généreuse inspiration que nous pourrons conjuguer les plus hauts verbes de la vie, forger notre corps, notre cœur et notre esprit et restaurer en cela et par cela les précieux équilibres et les salutaires harmonies dont nous avons tous et toutes grand besoin pour nous-mêmes et pour les retransmettre au monde qui ne saurait s’en passer sans se détruire irrémédiablement…

 

Bran du



23/12/2011
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