IMBOLC 2014 Eléments de préparation Bran du
IMBOLC : Janvier 2014 Bran du Eléments de préparation et de sensibilisation...
« Brighid (était) la poétesse, fille du Daghdha (Eochaid Ollathair). C'est cette Brighid (qui était) la détentrice du savoir, autrement dit la déesse que les poètes adoraient. On l'appelait (ainsi) la déesse des poètes parce que sa protection (sur eux) était grande et fameuse. Ses sœurs étaient Brighid le médecin et Brighid la forgeronne, (elles aussi) filles du Daghdha.
C'est d'après leur nom que les irlandais appelaient toutes les déesses Brighid. »
Glossaire de Cormac
« Très excellente Brigide, flamme d'or étincelante, conduis-nous au royaume éternel, au Soleil resplendissant... »
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Aux calendes d'Imbolc Bran du 10 01 2014 :
Les vagues au jusant, j'entends leurs paroles
Et les mots fusent de leur spirale de nacre...
Des grèves insoupçonnées apparaissent après leur reflux...
Le jeune buisson incante la face tournée vers les rapides nuages...
Le rameau d'or ou d'argent se prosterne lui au-dessus de la poitrine de la Mère...
Cependant, une identique sève irrigue l'aubier de leur vie....
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Elle brille parmi les filles de l'aube ;
Elle ; la Branche en fleur, l'Esprit de vie ;
La Flamme d'or étincelante, le Soleil resplendissant....
Ses flèches de feu chassent la barrière des averses...
C'est Elle, la Mère des Trois Dieux
Que vénèrent la tribu de Dana...
Vous tous, implorez sa bonté afin qu'Elle veille sur vos foyers...
Par elle s'en viennent les flux de lait, les gerbes de blé...
Féconde est sa mamelle et fertile, son sein, pour les nouveaux-nés...
En son Chaudron flotte l'Embryon d'or...
En lui, purifiez vos pensées, lavez votre corps
Et lors, la mort, vous pourrez traverser et triompher des âpres sorts...
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J'ai brasillé dans le cuveau de feu et d'eau...
Comme la lance ou l'épée, dans ce cuveau je fus trempé...
De fer sont les os de mes mots enflammés...
J'ai plongé dans les eaux noires parmi la glace en feu...
J'ai moulé mon corps aux tourbillons de la sombre fureur...
J'ai bravé la brûlure et le coupant des eaux...
Mes lèvres sont un torrent qui charrie les boues de l'année,
Qui dépose sur les berges le limon fertile du printemps...
J'ai miel qui fermente dans le rucher du cœur...
La rosée est venue portée par les filles de l'Aurore ;
La rosée est venue sur la feuille large de mon front...
Immense et généreuse est la prairie du ciel où se tient la fontaine de rosée...
Je suis allé à la Source des sources...
Là, j'ai bu avec les cerfs et les sangliers,
Avec la vache aux oreilles rouges...
De bière blanche, je fus abreuvé
Et aussi du « lait d'abondance »...
L'eau de vie coula en mes cinq ruisseaux...
Elle se tenait là, la Femme au manteau de lumière
Avec son tablier de cuir et le marteau à la main....
L'eau et le feu dansaient en ses yeux...
Une rouge vapeur enveloppait mon corps ;
Terre et ciel modelaient ma pensée ;
C'est alors que la Connaissance se déposa sur mon pouce....
Fut un temps où je portais des ailes
Fut un temps où mon pelage était roux
Dans la traversée des gués qui séparent les mondes et les hommes...
Trois gouttes écarlates
Et la nuit se donne à lire
Et le jour perce les ténèbres...
J'ai nagé dans les eaux noires du solstice,
J'ai serpenté dans les marais putrides,
J'ai échappé à la bouche des sables...
La force était en moi
et la braise et la flamme...
Et la brillance de la Femme...
Je me suis assis sur la ronde pierre
Et j'ai levé mes paumes de gratitude
Vers cette lueur couronnée d'étoiles...
Mes bras enserrent le Chaudron ;
C'est la bonne position pour offrir et recevoir...
C'est la pratique qui sied pour l'autel des offrandes...
Mon sang bouillonne dans la source chaude...
L'épine sort de sa noire blessure...
Lisse et neuve est la peau sous le baume liquide...
Ne sont plus les trois souillures ;
L'opaque est vaincu et tout en mon âme s'éclaire...
La glace a fondu qui emprisonnait le lac de ma chair...
Les flux vitaux m'entourent et me ceignent...
Je suis comme la graine sous le pressoir...
Ne reste qu'un cailloux blanc que caressent les fluides...
De science est la Fontaine
Dont l'oeil voit au-delà du visible...
Le vif renaît de la torpeur quand j'y plonge la branche de gui...
Je monte la colline, je m'achemine vers la Reine des hauteurs...
Là est sa forteresse de roches et de bruyères...
Au carrefour des vents est sa noble demeure...
Annonce, O Mère, la sortie de l'hiver...
Que prenne fin la si longue traversée...
Que par Toi soit allaité l'Enfant de Lumière...
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Pourquoi « ritualiser » ? Réflexion Bran du Janvier 2014
Les Celtes sont particulièrement adonnés aux rites nous disent leurs observateurs...
La lecture des textes anciens nous fournit un ensemble d'éléments qui abondent en ce sens et confirment de nombreuses pratiques individuelles ou collectives...
Quelques éléments notés à ce sujet dans l'ouvrage de Philippe JOUET dans le Dictionnaire de la Religion et la Mythologie celtique :
« Des rites et des fêtes : la ritualisation atteint plus ou moins toutes les activités sociales ; les mœurs, la guerre, les arts, le droit etc... »
« Inséparables des conceptions de l'espace et du temps sacré, les rituels du paganisme étaient incompatibles avec ceux du christianisme... »
« Rites d'année : Les récits insulaires font soupçonner des rituels de conjuration de l'eschatologie annuelle et d'inauguration du nouveau cycle. »...
« Les rites observés et relatés ne sont pas que des rites agraires. La fécondité, la fertilité, la vie y sont encouragées, provoquées, par des procédures où interviennent tous les groupes fonctionnels...
Une fête comme Samain organise la refondation de la société dans ses rapports avec l'ordre universel... »« La cohésion sociale concourt au maintien du monde... »
« Les récits parvenus jusqu'à nous conservent le souvenir de scénarios, d'épreuves ou de cérémonies... »
« On peut restituer l'idéologie des rites et même retrouver des procédés... »
« Un cérémonial d'expulsion de la « Vieille »/mauvaise année et d'accueil de la nouvelle est vraisemblable, le roi faisant la médiation, entre les deux...
La fête d'hiver comportait des libations dont le but premier était de permettre la traversée de la ténèbre hivernale... »
« La traversée de l'eau de la Ténèbre hivernale suggère des rituels d'héroïsation correspondants... »
« Dans le monde indo-européen il y a un rituel indien de la « traversée de la nuit » où le soma et les chants permettent la survie du groupe... (RigVeda)
« Les joutes de paroles participaient des techniques de régénération du temps et de l'année...
(existence de jeux rituels accompagnés de dialogues)
(Existence aussi de Circumambulation purificatrice)
« On identifie aussi dans le Mabinogi et Culhwch des traces de rituels associés aux trois espaces ( ciel, espace intermédiaire, terre.)...
Sont attestées : les procédures de rénovation cyclique... »
« Dans un récit de voyage d'un héros vers l'Autre-Monde il y a des phases de sommeil onirique, d'extase, de combat contre un ennemi des dieux et de réintégration de la société humaine... »
« Rituels de la connaissance-vision : les positions occupées dans l'organisme par les chaudrons symboliques dits de « nourriture », de « mouvement », et de « connaissance » semblent refléter une terminologie des postures rituelles.. »
« Purification : il y a de rites quotidien de purification... Une période de réclusion se présente souvent dans la carrière des grands héros... »
« Des procédures du droit semblent aussi être ordonnées selon un rituel... »
« Rites de passages : un bain ou une immersion rituelle (voir les trois bains de Cuchulainn à l'issu de son premier combat.)... »
« Au plan mythique les initiations se déroulent dans des formes rituelles... »
« Rites de protection :
attribution de protections ( peut-être des marques corporelles apposées au nouveau-né par un forgeron pour garantir contre la mort ou la maladie... contre tout mal...)
Le « Cercle des valeurs » est un rite de conservation... »
« Le déclin du rituel accompagne celui des autres formes de religion... »
« Quand aux rituels du folklore, il faut déterminer leur degré de cohérence selon qu'on les étudie pour eu-mêmes ou qu'on s'efforce d'y retrouver des éléments issus de systèmes (religieux) antérieurs.
Une périodisation des rituels indo-européens et celtiques compléterait celle de la tradition et des formes sociales... »
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« IMBOLC : Imolk... Autour des notions de laver, baigner, nettoyer...
Imbolc est très exactement le nom de l'ablution purificatoire...
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Commentaires : Bran du
Il y a, dans le monde Celte, de très sérieux et très conséquents arguments pour ritualiser car de ces pratiques dépend très précisément la bonne ordonnance des êtres et des choses, le maintien des alliances et des amitiés, la garantie d'une fécondité et d'une fertilité marquées du sceau de l'abondance, une qualité de « reliance » avec les Forces, Energies et Lumières vecteur d'évolutions et l'instauration ou la restauration permanente des équilibres et des harmonies sans lesquels le monde et tout ce qui le peuple de visible et d'invisible retournerait au chaos, à « l'informe », à « l'indifférencié », au « magma de la confusion permanente »...
Préserver l'être et le monde et tout le vivant est au cœur et au centre de la préoccupation celtique d'où cette nécessité fondamentale, salvatrice, élémentaire de ritualiser et d'officier tant individuellement que communautairement dans l'accord, la juste mesure, la sérénité, au sein du divin et du sacré...
L'idée est là bien ancrée dans les origines de la pensée celtique qui lie l'homme, sa pensée et ses actes à tout l'univers considérant qu'il existe des interactions, positives ; neutres ou négatives entre tout ce qui constitue « les mondes »...
Selon ce qu'exprime et formule l'homme, selon ses actes et ses comportements (nuisibles ou bénéfiques), selon que sa parole résonne juste, selon que ses actes soient accordés ou non à cette « justesse », les mondes sont ou apaisés ou troublés et avec eux tout ce qui les constitue...
L'homme, en terme d'agissements, assume donc une très forte responsabilité envers lui-même, envers les siens, envers sa communauté d'appartenance, envers le bon déroulement des cycles et des saisons...
Il sait où réside son devoir et croit dans les interférences fastes ou néfastes liées à ses attitudes envers la vie présente et à venir...
Cela demeure plus que jamais d'actualité !
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Deiz Ar Goulou (Jour de Lumière) Bran du Janvier 2014
Le cormoran plonge dans les eaux noires
A la recherche des écailles argentées, ainsi je fais
De mes pensées au labyrinthe des mémoires...
Sur la nappe bleue du jour l'autel est dressé...
- Bon, ce matin ; belle cette matinée... -
Ni fleur, ni fruit, aux calendes de l'hiver...
Je n'ai à offrir que des mots nouveaux-nés ;
Qu'un silence attentionné cheminant parmi le long sommeil des heures...
Je n'ai que mon corps gratifié d'une douce présence, que mes songes de poète ;
Celui-ci et ceux là, afin de remercier la Mère pour ce ciel accordé à mon bonheur....
Des ailes parcourent l'espace et chevauchent les vents...
J'entends au loin les vagues qui répètent leurs chants...
Un faucon survole les territoires du sang...
Mon bonheur perdure au sein de toutes ces choses qui passent...
Qui peut savoir, qui peut connaître, s'il n'a vécu dans sa chair
La si cruelle absence... Seul le sevrage connaît la force de la recouvrance !...
Qui n'a embrassé la mort ne saurait étreindre la vie au cercle de ses bras !...
Qui n'a marcher dans les ténèbres ne peut clamer les aubes de la joie !...
Je suis cet Arbre dressé entre la terre et la voûte céleste...
Entre Mémoire et Avenir se tient le lieu de ma croissance...
Je suis au carrefour des échanges, dans l'entrecroisement des flux et des ondes,
Dans l'enchevêtrement savant des rondes d'importance...
L'homme ne sait plus faire souvenance, aussi s'assombrit son devenir...
Tout arbre au moins se souvient avoir été une forêt !...
Mais l'homme se complaît à étaler son arrogance
Et fait déni de ses racines de feu et d'eau !...
J'ai veillé sous le couvert sombre des nuages ;
Assit sur la mousse, mon dos appuyé à l'écorce d'un chêne...
La nuit m'a enveloppé dans son étrange suaire...
Mes yeux sont demeurés ouverts sous l'immense paupière endeuillée...
La peur, la pire des peurs née toujours de l'intérieur ;
Mais j'avais en mon antre les feux d'une forge allumés...
J'avais il est vrai, un champ d'étoiles au cœur...
Quand vînt le bleuté du ciel
Sur la robe d'aube et d'aurore
Il n'y eu dans l'air plus aucun souffle
Plus le moindre murmure...
C'est alors que montèrent les clameurs du sang rénové
Parmi les becs décousus...
Lors je criais moi aussi de tout mon feu intérieure
Pour la Lumière revenue.
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Trois Bardis d'Ombres et de Lumière Bran du Janvier 2014
I :
Mon ombre dansait à mes pieds (l'onde noire envoûtée par un cerceau de lune.)
Les montagnes à l'horizon ceinturaient le lac de leurs bras d'obsidienne....
Je me tenais droit enveloppé dans le cerceau des fluides enténébrés...
Une lueur bleutée se répandait à la surface des ondes calmes ; mes yeux épousaient cette Couleur, se teintaient de leur étrange spectre...
Un monde commençait là, se répandait lentement sur le margelle d'une fontaine aux eaux Ténébreuses et jaillissait d'une alcôve liquide façonnée dans les entrailles de la terre...
L'instant s'enfantait là dans la Matrice éternelle ; simple goutte parmi un océan d'averses...
Et j'étais cet instant condensant tout l'univers dans le reflet de ses songes.
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II :
«L'aube est encore à se lever dans le ciel nocturne de notre existence...
Notre corps méconnaît les vertus de l'Aurore car notre mental recouvre l'horizon, le Masque de ses brumes et brouillards...
La feuille sèche de notre être appelle pourtant la venue de la rosée...
L'Amour est en nous comme un jour à se lever...
Soyons demandeur de sa lumière et implorons sa vive clarté...
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III :
« Souviens-toi de tes frayeurs, de tes terreurs
Quand tu te tenais dans l'antre béante de la terre
Entouré de forces que te ne savais contraindre...
Souviens-toi des cris, souviens-toi de cette fureur,
Souviens-toi du tremblement de tes chairs...
Souviens-toi encore de ces morsures que t'infligeait le grand froid,
De ces glaces qui en fondant emportaient le corps raidi des nouveaux-nés et des vieillards...
Souviens-toi, fais souvenance, de ces heures, de ces jours, à traquer le sang dans les forêts, Sur les rivières où dans les turbulences dangereuses de la mer...
Une peau de loup entourait tes muscles et une caverne te servait de demeure...
Puis Celui-là s'en vînt qui mit l'oiseau de feu dans une cage
Et cet autre aussi qui fit flamber des mots dans l'âtre de sa bouche...
Alors la nuit ne fut plus totalement la nuit
Percée qu'elle fut par mille lances de lumière...
Une étrange lueur lors jaillit en l'homme
Dont les pensées furent zébrées d'éclairs...
L'homme vînt au jour, véritablement au jour...
Et en lui, avec lui, naquit le premier soleil de l'Amour...
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