IMBOLC ET CERNUNNOS (SUITE) 2018 BRAN DU 11 01 JANVIER
Photos Bran du
Si Imbolc est bien « une irruption du sauvage dans la société humaine en vue de sa régénération impérative pour l'arrivée du printemps et le bon déroulement à venir de la saison chaude », si les traditions dites populaires ont maintenu sous divers aspects cet acte communautaire de revitalisation sociétale et de « remise en cohérence » après le désordre collectivement exprimé (par exemple : fêtes de l'Ours ou de l'Homme sauvage en divers pays et régions d'Europe en cette période des carnavals), tout cela faisant réminiscence de la présence mythologique voire archétypale de Cernunnos censé être le « patron » de toutes ces festivités débordantes, comment pouvons-nous « intégrer » cela en nos festivités et rituels d'aujourd'hui ?
Imbolc ferait donc Hommage à Cernunnos, « Celui qui vient », sous-entendu assurer le passage, le renversement, le « basculement » du sombre vers le lumineux proche...
Selon les travaux de D Gricourt et Dominique Hollard sur les Jumeaux divins dans le bestiaire celtique : « Cernunnos est le souverain de la période sombre hivernale et ce, jusqu'au retour de Lugus à Beltaine. »...
Cernunnos, maître du semestre sombre, froid et hivernal, prend sa fonction et son « tour » à Samhain, mais disparaît (ou est enlevé!) alors. Il ne revient, en majesté qu'aux jours d'Imbolc, (aux troisième jour des cérémonies liées à la lactation des brebis et à Brigidh.)
C'est sur lui que reposerait le franchissement de la morte saison ; il assure le passage de la morne saison hivernale à la prometteuse saison vernale dite aussi Belle-Saison...
Les auteurs précités considèrent que CH J Guyonvarc'h et F le Roux se sont trompés en minorant cette solennité considérée par eux comme d'importance secondaire et en réduisant celle-ci à « une célébration d'un rituel de purification. » (Une manifestation festive purement féminine.)...
Il est admis que certains signes manifestés dans la Nature annoncent le prochain réveil de celle-ci et parmi eux la sortie de l'ours de sa caverne hivernale généralement vers le 2 février et les premiers accouplements d'oiseaux par exemple...
(Par ailleurs, la sève ne pas pas tarder à remonter dans l'aubier.)...
(La montée aussi du lait chez les femelles mammifères fécondées.)
Tout ceci annonçant la croissance et les « gonflements » à venir...
Les liesses populaires et traditionnelles du Carnaval expriment à leurs façons le renouveau à venir, un nouvel ordre qui ne peut naître ou renaître plus exactement que du chaos qui le précède et qui favorise sa venue. (Pas de renaissance véritable sans une mort préalable !)...
Ces liesses ont été comparées à celle des fêtes dionysiaques à justes titre, Dyonisos à une très forte parentèle avec Cernunnos... (Avec aussi des aspects du Sylvain et de Pan...)
Il n'est pas difficile d'imaginer des rites dits de fécondité (réels ou simulés) associés à ces manifestations !...
Carnaval pourrait s'identifier à Cernvalos ou Carnvalos (au sens de prince des cornes)(ou de roi cornu)...
Et Cernunnos n'en manque pas avec sa ramure irradiante !...
Le « Souffle » jouerait un rôle important lors de ces célébrations.
(Le souffle émanant par exemple de l'Awen, du Verbe (Logos ou Lugos) soit du Principe, de l'Anima et de l'Essence innommables et indicibles, mais dispensateurs et animateurs de toute Vie...
Un Souffle qui est Vie et Mouvement et sans lequel plus rien ne peut se manifester ou continuer de se manifester !..
C'est par ce « Souffle » aussi que se transmet notre Tradition !...
Les auteurs font état en leurs recherches et études du fait que ce serait à Imbolc que Cernunnos revenu dans toute sa « majesté » entraînerait et conduirait les âmes des défunts de l'année sur la Voie des âmes, ou Voie lactée soit sur le « Chemin céleste » selon son assimilation traditionnelle... Ce serait le chemin vers l'Autre monde, mais un chemin à deux voies, l'une ascendante et l'autre descendante... (Les âmes des trépassés emprunteraient donc ces deux voies.)
Ceci introduisant à l'idée d'une réincarnation de ces âmes dans les matrices fécondées lors à Imbolc !?
Je laisse ces propos aux auteurs que je ne suivrais pas dans ce postulat assez « gratuit » et audacieux en l'état de l'ensemble des recherches actuelles et des conceptions opposées à la réincarnation formulées par nombre de chercheurs et d'études à ce sujet complexe et délicat....
Le lien entre Carnaval et Cernunnos me paraît assez plausible et reproduit des concepts et liens bien antérieurs au monde Celte...
Un monde Celte fondé et forgé dans une extrême logique d'équilibre et d'harmonie ; ceci fortement et sagement appuyé par un sens aigu de la « cohérence », avec l'idée soutenue d'une transcendance symbiotique et d'une mise en complémentarité fructueuse et féconde des « opposés » ou « contraires »...
Reste donc la question posée de savoir comment intégrer au rituel traditionnel d'Imbolc ces nouvelles et pertinentes données dans le respect de celles-ci et de ce qu'elles évoquent de significatif et de recevable ?
…..........................................
PS : F Le Roux et CH J Guyonvarc'h, à leur décharge, avaient fait part qu'il faudrait davantage investir le « folklore traditionnel » dans les recherches en cours dans ce domaine fastidieux, mais sans aucun doute apporteurs d'éléments de compréhension non négligeables tout en mesurant les grandes difficultés à effectuer cela dont le temps à y consacrer...
A propos des jumeaux divins, très présents dans le domaine indo-européen, les auteurs de l'étude précitée nous disent que les mythologies amérindiennes offrent de singulières correspondances avec certains des éléments soulignés par leur enquêtes sur les jumeaux divins qui sont corrélés de façon récurrente au Soleil et à la Lune...