INITIATION partie 7 Le Dialogue des Deux Sages Bran du sept 2012
INITIATION : Le Dialogue des Deux Sages ( Bran du) 30 09 2012
Suivre ce dialogue c’est pénétrer de plein pied, de plein, cœur et de pleine pensée dans le processus même de l’Initiation car c’est en effet passer pas à pas sous les arcanes de la Connaissance… La Connaissance, mais aussi son meilleur emploi, sa parfaite maîtrise… Car celle-ci ne peut cohabiter avec ce qui ne lui est pas accordé, ne peut se conjoindre aux dissonances, aux démesures, au discordant…
Tout postulant à l’initiation et à quelques degré que soit celle-ci se devrait de revisiter ce « dialogue » et de le faire sien dans les interrogations qu’il soulève , car celles-ci reflètent la réalité de la juste place que souhaite occuper celui ou celle qui prétendent y faire séjour d’amour et demeure d’authenticité…
Huit questions se succèdent et s’enchaînent l’une à l’autre afin de vérifier, étape après étape, jalon après jalon, la véracité et le bien fondé des données acquises, et de leur bon usage… A cette série succède la question neuvième qui regroupe toutes les autres, mais qui n’est pas écrite pour la simple raison que la réponse ultime et finale se vit et s’incarne en symbiose avec les huit premières !…
Nous avons vu au cours des explorations antérieures du thème combien ce « commencement » était en fait sans fin… Une fois la conscience alliée à la connaissance, l’être revit à travers des niveaux et plans qui transcendent questions et réponses… Tout ce qui meurt de peurs et d’ignorances donne vie proportionnellement à une nouvelle vue, à une nouvelle perception, à un nouvel entendement qui font progresser vers plus de Lumière alors que recule l‘obscurité tremblante…
« De la mort il ne reste rien que la vie ! »
Nous avons vu également que l’Initiation se traduit en terme de cheminement ou de navigation. (Et pas seulement « symboliquement » !..) Elle n’est pas statique, elle met ou remet en mouvement ce qui ponctuellement, provisoirement faisait halte ou se trouvait arrêter en sa marche… Elle est semblable à l’eau qui cherchera par tous les moyens à s’écouler et à se répandre… quitte à s’évaporer !…
Elle est semblable aux ailes qui se déploient dans l’embrassé du ciel… Sans limites, ouverte à tous les horizons, à toutes les saisons du temps et de l’être…
En ce périple, en cette équipée et épopée humaine, l’émoi, aimant et aimanté, sincère, ardant et fervent, mène à soi-même, opère un glissement du Moi au Soi donnant à l’assise du premier son envol pour l’immensité, sa capacité à serpenter entre les dualités opposées et à féconder les contraires…
De quoi s’agit-il au sein de ce Dialogue des Deux Sages ? De quoi Ferchertne ( Olham en titre ; c’est à dire « Docteur en poésie » , celui qui avant sa première initiation n’avait pour barbe qu’une touffe d’herbe et qui, de transformation en transformation, est devenu un chêne au bel houppier) s’entretient-il avec Néde l’écossais postulant au « trône de poésie » ?...
Essentiellement, ils revisitent le monde et ce qui le constitue, le maintient, le fait devenir et perdurer… Ils confrontent leurs capacités d’observation, d’analyse, de conceptualisation ajustée, de clairs entendements puissamment argumentés… Ils en font l’état, le diagnostic depuis l’origine jusqu’aux destinées encloses et décloses… Ils recourent pour cela à toutes leurs expériences, à tous leurs apprentissages, à toutes les sciences acquises et pratiquées, à tous les enseignements reçus tant des autres sages que de la nature elle-même… Ils mesurent formulation après formulation, explication après explication, leur aptitude à « bien penser », à « sonner juste », à agir en conséquence de causes connues et d’effets adéquats…
C’est un exercice de « haute volée » qui a souche, source, sève et racine et dont le développement arbustif embrasse tout l’univers visible ou non…
L’éloquence fait arme égale avec la pertinence…C’est une joute verbale sans verbiage dont la lance effilée ébranle le bouclier de l’ignorance et fait chuter celui qui la chevauche…
Ceci, sous couvert de métaphores permanentes, car la « Connaissance » est femme que l’on ne saurait dénuder sans faire preuve d’amour et de maîtrise de tous ses sens !…. Elle appartient ici au domaine du sacré et ne saurait être profanement déflorée !…
L’étude que l’on en fera révélera combien il s’agit d’un outil extraordinaire et d’une actualité troublante quant à son application « ici et maintenant » pour tous ceux et toutes celles qui souhaitent se confronter sincèrement, sans censure, sans visions ou éléments occultés, aux questions les plus essentielles et fondamentales en terme d’existence…
Ce document nous est précieux, car il nous permet de découvrir, d’entrouvrir, une part importante de la pensée du Monde Celte ; une part lièe aux enseignements et à leurs modes de transmissions… Il y a là une méthode et des étapes à travers lesquelles elle se déploie en toute logique… On pourra apprécier la subtilité de toute cela et la grande cohérence de son déroulé…. (En ce corpus ponctué d’intérrogations nous pouvons appréhender la pensée et « l’anima » des anciens Sages de la « Celtie »…)
Quel enjeu ? Trouver en toute situation les points d’équilibre et d’harmonie, les valeurs fondamentales sur lesquelles reposent le sens de l’élévation et de la construction de toute chose pour les« filid »…
Il s’agit rien de moins que de garder, de préserver, de maintenir, d’assurer et d’assumer l’ordre naturel des choses… Ce sont là les fonctions majeures, la vocation essentielle de tout sacerdote et serviteur et servantes de la Tradition… L’Homme et la Femme du Chêne se veulent être les garants, les dépositaires, les héritiers, les veilleurs, les gardiens vigilants des lois génératrices de paix, de fertilité, de concorde, d’abondance…
Qualités, compétences, maîtrises, valeurs… doivent contribuer à maintenir les équilibres fondamentaux !…
Tout être ayant effectué un pas sage se doit de veiller sur les passages (seuil, guè, lisière, estran, frontière…) car ceux-ci sont lieux de rencontres et d’échanges, de conjonctions ou d’oppositions, de constructions ou de destructions entre des éléments antagonistes… Ce peut être un espace d’affrontements où se joue « l’Equilibre », où il est remit en cause…
L’Initié quelque soit son grade et son titre se doit d’agir en connaissance face à ces périls et pour cela établir déjà en lui-même les passerelles d’entendement en assurant, en premier lieu, sa propre paix intérieure, son propre équilibre interne…
Tous les rituels, de façon plus ou moins accentuée, sont des « ponts » lancés sur le fleuve de l’année… Certains passages paraissent plus "aisés" que d’autres ; celui de la Samain demeure sans aucun doute le plus « périlleux » d’entre tous !…
Les « Gaulois » (et donc les Celtes) étaient à juste titre réputés en tant qu’excellents charpentiers pour construire des ouvrages d’art permettant le « passage »… (Ils étaient pontonniers !) Cette compétence particulière nous l’avons aussi philosophiquement et spirituellement héritée ; elle demeure d’actualité car nous avons-nous aussi et qui plus est en tant qu’initiés, à ouvrir, à frayer des « passages » au sein de notre société contemporaine afin de l’aider à sortir de sa jungle d’incohérences notoires et de contradictions dangeureuse (et même suicidaire pour le devenir de tous et de chacun et de la planète toute entière !…)
A chaque question du « Dialogue » la sagesse se « mesure » et l’on appréciera sa « mise en oeuvre »… On ne peut prétendre à la fonction suprême sans faire preuve en toute épreuve de sagesse, de conscience, de clairvoyance, de maîtrise, de connaissance, d’équilibre et d’harmonie !…
Ce n’est pas pour rien que neuf est le chiffre de la preuve et donc du Druide, maître des neuf questions primordiales, serviteur d’une forme de « Tao » adaptée à l’Occident… Neuf, ne l’oublions pas, est la porte du Gwenved ; le Monde de la Lumière Blanche en laquelle toutes les couleurs concélèbrent la noce infinie de la Vie…
L’étude sensible et intelligente de ce dialogue magistral nous permettra d’isoler l’architecture et ses articulations sur lesquels se fondent la pensée druidisante…
La parole ne s’impose dans « l’état de silence » (qui se veut lors respect et prudence) que si elle relève de l’expérience, du vécu, de l’observé, du savamment déduit… Si les lèvres autorisent le « dit », elles se doivent de signifier clairement et hautement le parcours, la provenance, les origines, les jalons, les obstacles, les « victoires » et les « buts » qui font qu’il se présente au monde en assonance et concordance avec celui-ci…
C’est une Parole « juste » véritablement incarnée !…
Le bâton de houx comme le chemin qu’il arpente ont leurs mots aussi à dire… Marcher est un soutien et penser, un appui !…. La démarche accompagne la pensée qui fait route vers l’arpenteur de vie et de songe qui se teint encore dans le labyrinthe de ses « tripes » !…
Que d’embûches, d’impasses, d’obstacles de tout genre et de toute nature sur ce chemin !… Chaque avancé implique de lutter contre les peurs, l’ignorance, l’orgueil, le mensonge, la cruauté, l’arrogance, l’inéquité, l’irrespect, la « petitesse », l’abus de pouvoir, l’illusion, l’artificiel…en fait toutes les inversions de valeurs qui nuisent à la Loi Universelle d’Evolution… C’est ramener la fertilité dans les champs stérils des antagonismes affrontés… C’est redonner de l’infini à ce qui semblait fini… C’est faire accoucher un long hiver afin qu’il donne naissance au printemps !…
On notera que la scène, le décor qui environnent cette joute est située au NORD ( lieu des Origines et de la Tradition)… Les Druides primordiaux s’y tiennent et les Servantes, les Femmes consacrées, de la Déesse de même…
Le déroulé des propos et des échanges ne doivent rien au hasard…
C’est un processus mental parfaitement maîtrisé qui correspond aux modes opératoires spécifiques au Filid….
"QUI ES-TU ?
QUEL EST TON NOM ?
QUEL ART PRATIQUES-TU ?
QUEL OUVRAGE AS-TU FAIT ?
QUELLE ŒUVRE AS-TU COMMENCE ?
PAR QUELLE ROUTE ES-TU ALLE ?
DE QUI ES-TU LE FILS ?
AS-TU DES NOUVELLES (DU MONDE) ?"
Ainsi est listé l’état des connaissances et vérifié l’exactitude des réponses…
C’est s’assurer que chacun est bien là où il doit être, là où son être véritablement se tient !… La hauteur des propos tenus justifie la « position », le niveau d’élévation du cœur et de l’esprit…
(Nède, le postulant au titre d’Olham, sera amené par la suite à trahir ses propres valeurs, à « inverser » celle-ci, il en recevra en retour l’implacable châtiment !)
Il s’agit dans ces exercices de « défaire la pelote faites de fils entremêlés », c’est-à-dire de clarifier les complexités mises en présence et de « dénouer les noeuds » qui gênent la comprehension ou l’interdisent…
C’est également rendre « fluide » ce qui était retenu dans les imbrications des causes et des effets… Accompagner le « fluide » soucieux de rompre les barrages qui s’opposent à un écoulement des plus limpides et transparents !…
La Leçon parmi les leçons, c’est que l’on ne saurait revêtir que ce qui est à notre juste « mesure », que ce qui nous est réellement ajusté…. Il n’est pas de place en nos entournures trop « lâches » pour l’usurpation, pour ce qui n’est pas à la hauteur de notre véritable « étoffe » !…
Bricciu qui est dans le récit conté à l’origine de certaines « confusions » est un « fouteur de merde ! » ben oui cela s’appelle déjà comme cela ! Mais, indispensable et nécessaire sur la scène du monde et pour les enjeux encourus… Il est semeur de discordes et de désordres car il teste nos capacités réactives à maintenir notre « maîtrise » face à toute situation délicate ou périlleuse… Il ébranle nos convictions, séme le doute, aiguillonne nos penchants négatifs et destructeurs, suscite la jalousie, flatte les bas instincts…. Il se tient lui aussi dans la forge ténébreuse, dans l’antichambre de notre être et de notre âme !…
Il nous faut pour être à l’abri d’un « renversement négatif » de nous-mêmes veiller sur notre propre Chaudron !
N’avoir sur la langue que miel d’entendement et parole de paix, lèvres offertes au beau, au vrai, au juste…
Le barde lance sa barque sur l’océan du devenir ; il sait qu’il devra naviguer entre flux et reflux, se concilier avec tous les éléments, accrocher ses songes à une étoile, éviter les écueils et les récifs, tracer sa propre carte de navigation dans la recherche de l’Ile des Promesses tenus, des défis réalisés !…
On ne peut ici sauter les paliers pas plus que le saumon, aussi ardent soit-il, ne peut sauter plusieurs cascades ou écluses à la fois !… Il progresse en tenant compte de ses forces et de ses aptitudes, de ses exigences aussi !…
La parole se doit d’être féconde, porteuse de germes, de graines, de semences… Elle accompagne chaque croissance vers la maturité !… Elle est ce pollen qui fertilise chaque fleur qui s’ouvre à elle…
Ce dialogue est en fait, comme toujours dans la pensée celtique, un « trilogue » ; une pensée qui fait juste part en toute chose et qui obéit à une dynamique et une conception « ternaires », tous deux renvoyant à l’unité de leurs étreintes fécondantes…
C’est un dialogue « transcendant » pour mordre dans la Pomme à pleine Vie !
A chacun, à chacune la "baguette" qu'il mérite, qu'elle soit d'or, d'argen t ou de bronze, qu'elle soit couverte ou non par les fleurs du Pommier !...