Les dits du corbeau noir

JUGEMENTS UNIVERSITAIRES... HARO SUR LE NEO-DRUIDISME ! REFLEXION BRAN DU 2016 14 10 OCT

JUGEMENTS UNIVERSITAIRES...

Réflexions Bran du 13 10 2016

 

Une condamnation sans appel :

 

«Les Celtes bénéficient, ici et là, du privilège douteux d'être à la mode. Il se crée autour du patrimoine celtique, tout aussi méconnu dans sa substance qu'il l'était jadis, une pseudo-culture, pire peut-être que l'oubli.
On fabrique une celtitude bien plus nocive que la celtomanie de naguère. »

 

En quoi réside cette « nocivité », si ce n'est dans les projections faites par l'auteur de ses lignes qui se garde bien d'ailleurs de les énoncer et dénoncer clairement ?

 

En quoi, et comment, s'agirait-il d'un privilège douteux ?


En quoi, pourquoi et comment s'agirait-il également d'une pseudo-culture ?... Si ce n'est pour les mêmes raisons qui motivent les affirmations de l'auteur ; raisons qu'il évite de formuler explicitement...

 

Il est de bon ton chez certains universitaires, chercheurs, historiens de sortir du cadre même de leurs recherches pour interpeller la diaspora druidique en l'invitant à mettre ses conceptions et ses pratiques au clou....

 

On se demande au titre de quelle « autorité » légale, habilitée, compétente et directement concernée, ils s'autorisent à lancer des interdits et à porter des jugements globaux et sans nuance sur l'activité druidisante contemporaine ?...


Est-ce bien la leur fonction et l'aboutissement logique de leurs travaux bien utiles par ailleurs ?

Nous sommes, il me semble, assez grands, matures, lucides, responsables et conscients, pour admettre et reconnaître nos « failles », nos manquements, nos dérives « celtomaniaques » héritées en grande partie de nos prédécesseurs des siècles derniers, et pour, objectivement, en établir le constat et tenter de remédier, grâce en effet aux apports de la recherche contemporaine d'ailleurs, à ces états de situation sans qu'il nous faille recevoir sans cesse leçon d'un univers extérieur au nôtre et non impliqué intrinsèquement dans une Tradition qui demeure quoi qu l'on en dise, vivante et pérenne à travers ceux et celles qui l'a font revivre, l'adapte, l'actualise, la font évoluer, le plus authentiquement et sincèrement possible, en leur cœur, en leur pensée, en leurs tripes et en leurs actes et créations !......

(Conception aussi « dumézilienne » de la Tradition.)

 

Voyons cela à partir de la récente publication de Philippe JOUET aux Editions LABEL LN :

 

Triades, bardes et Druidisme dans l'histoire et l'imaginaire.
Etudes sur le renouveau celtique du XVè au XVIIIè siècle .

 

 

Premier point :

Selon un dernier ouvrage traitant des Triades bardiques, un bardisme contemporain et « planétaire » n'aurait aucun droit d'exister et de se manifester dès lors que les bardes qui en formulent le Verbe et ses multiples conjugaisons n'aient pas pleine maîtrise des langues de leurs lointains et illustres prédécesseurs...

 

Hors la maîtrise des dites langues le Verbe bardique est censé se taire et disparaître le plus discrètement possible...

 

« Un bardisme planétaire pour lequel l'usage des langues celtiques deviendrait facultatif perdrait toute raison d'être. »

 

«Pourtant nous lisons et notons au passage que :

 

« ...Voir refleurir l'antique poésie (un souhait ardent et patriotique o combien génialement manifesté par Iolo Morganwg, cité pour exemple), n'est-ce pas là un besoin fondamental des sociétés que celui de rester en sympathie avec ses ancêtres, fut-ce dans les formes oniriques et reconstituées ?... »

 

On comprendra ici que ceci ne vaut pourtant que si les tenants de ce refleurissement manient aisément et avec sens et intelligence la langue même des dits ancêtres...

 

Second point :

« ...Le néo-druidisme et pour une grande partie de ceux qui s'en réclament un courant éclectique universel qui n'a aucun rapport avec la Tradition et la culture celtique si ce n'est le terme générique qui le recouvre malencontreusement.

Il en résulte un effet de brouillage durable. La situation n'est pas nécessairement meilleure dans les pays celtiques. »

 

Traduction :

Comprendre que nous sommes seulement quelques milliers de « druidisants et de druidisantes » enveloppés dans la Maya (l'illusion), les brumes et les brouillards de nos égarements quasi pathologiques à vouloir réincarner des valeurs, des croyances, des espérances, des rites et pratiques , que nous sommes de plus des orphelins des mythes et des archétypes originaux et fondateurs qui se sont trompés d'Essence, d'Anima et de Principe au point de prendre une vessie pour une lanterne...

Que nous sommes de surplus les égarés de l'Histoire laquelle ne saurait nous reconnaître en effet pour ses enfants du fait du caractère affirmé de notre conception anhistorique, mais fondamentalement mythique et archétypale, philosophique et spirituelle en terme d'espace et de temps...

 

Un avertissement fait office de préambule à la lecture de l'ouvrage :

« ...Si chaque époque à ses modes, le besoin de rêver, face complémentaire d'un besoin rationnel de connaître, la fragile renaissance celtique avait-elle à remonter une pente trop forte pour éviter des errements qui aujourd'hui font sourire ou irritent et se prolongent ?...

Il faut se défier des jugements rétrospectifs qu'ignorent les évolutions sur le long terme et les nécessites de tout ressourcement... » (Et compter aussi sur la force de la mémoire collective ajouterait Y Guehennec)...

 

Cette dernière phrase a elle seule fait immerger une certaine contradiction entre la condamnation de certaines adaptations, mutations ou projection opérées et le constat de nécessites évolutives  évidentes tant elles correspondent aux « Lois » qui régentent la Tradition elle-même !...

 

« ...Un imaginaire celtique d'ordinaire fort maltraité, si l'on accepte cette notion d'imaginaire ; faculté de création et réservoir d'images et de discours, on en reconnaîtra aussi toute l'instabilité, entre le désir et l'objectivité rationnelle, il y a place pour toutes sortes de représentations et d'illusions.

Tel est l'imaginaire des modernes, qui est à certains égards le vestige des mentalités anciennes et des traditions qui les expriment, et témoigne d'un manque autant que d'un besoin de création. »

 

La rationalité et ses exigences inhérentes au métier de chercheur font qu'en effet le rapport à l'imaginaire ne fasse pas partie, ordinairement et généralement, des outils et matériaux de recherche.. . Dans ce domaine « non rationnel », ce qui est reconnu d'un côté et suspecté de l'autre...

Je ne suis pas certain que l'imaginaire celtique soit aussi maltraité qu'il est affirmé ici ; si c'était véritablement le cas il n'y aurait pas eu au cours des siècles autant de talents dans tous les domaines de l'expression littéraire et artistique à s'inspirer pleinement de la Tradition et de ce qu'elle génère de génie créateur !...

 

Des Traditions celtiques :

« Un ensemble de conceptions et de savoirs, issus de situations vécues, puis pensées et formulées, et qui a pris une valeur référentielle. Fidèlement retransmis depuis des siècles, l'ensemble reflète les conceptions du monde celtique, spécialement antéchrétien. »...

« ...Le mot tradition ne s'applique pas seulement au contenu, au fond, mais aux formes poétiques, narratives, juridiques, dans lesquelles s'opèrent la transmission de ces données, notamment dans le cadre d'une culture orale...

Si l'expression varie au fil du temps, s'adapte organiquement aux conditions historiques, les schèmes narratifs et notionnels traversent les siècles sous des vêtements renouvelés...

 

Nous avons compris depuis fort longtemps que si le fond demeure ce qu'il est depuis toujours, depuis sa conception première, il ne cesse de faire évoluer les formes de son expression et de sa manifestation... (Loi d'Evolution oblige!)...

 

« ...Pour le peuple qui s'y réfère, la Tradition est donc un ensemble à la fois conservateur et dynamique...

(La notion de tradition universelle confuse et sans point d'attache, est vide de sens.)

La notion de Tradition ne se conçoit pas hors la réalité sociale et de l'expérience historique d'un peuple réel. »

 

Nous retrouvons là une des affirmations de CH J Guyonvarc'h qui veut que sans société celtique réelle il ne saurait y avoir d'expressions et de pratiques s'y référant....

 

Il nous faut ici comprendre que si notre monde contemporain ne se « converti » pas à une celticité trifonctionnelle selon le modèle indo-européen dumézillien (reconstitution d'une société celtique selon le dit modèle et tant qu'à faire avec les langues jadis employées), les druides bardes et ovates « modernes » n'ont plus eux aussi qu'à se reconvertir et mettre leur existence, leurs fonctions et leurs attributs au placard de l'Histoire, des errements fantaisites et des utopies avortées !...

 

Il serait particulièrement utile et pertinent de s’arrêter sur cette affirmation qu'une Tradition universelle est vide de sens faute de se rattacher à une Essence qui la justifie en tant que telle...

 

Il y a des sources et des souches communes au monde indo-européen qui constituent un singulier pluriel il est vrai, mais qui se peut être conjugué par un même Verbe ou Logos de nature universelle et c'est là et en cela que jaillira peut-être au cours du millénaire actuel une nouvelle spiritualité issue des mondes traditionnels, de leur cohérence et concordance, de leur souffle et inspiration, de leurs sagesses et enseignements, de leur faculté à s'adapter et à s'actualiser en toute période de l'histoire humaine, de leur capacité à dialoguer avec tout l'univers, avec tout le visible et invisible, avec tout le vivant !...

 

« Les sociétés néo-druidiques ont pris leur essor dans la Grande-Bretagne du XVIIè siècle, à la suite de l'intérêt manifeste en Europe Occidentale dès le XVè siècle pour les Celtes de l'Antiquité.

La référence aux druides recouvrait une diversité croissante de choix philosophiques qui ne fit que s'affirmer dans les milieux gallois où il fut d'abord question de bardisme ; c'est-à-dire la tradition des poètes et érudits nationaux.

 

Les poètes n'ayant pas plus disparu que la langue qui faisait l'objet de tous leurs soins...

On est pleinement fondé à parler de « nouveau bardisme » ou de « bardisme rénové » que de néo-bardisme. »..

 

« Les générations de celtomanes qui se réclament de Iolo depuis deux siècles l'ont-ils même lu ?

Il leur suffit de renvoyer au barddas cité de deuxième ou troisième main pour se couvrir...

Faire d'Edward Williams le chantre de la celtomanie (au sens péjoratif pris par ce mot) est une facilité partagée qui laisse dans l'ombre la très lourde responsabilité du néo-druidisme universel qui ne s'est jamais préoccupé de poésie, et de musique ancienne, de patriotisme ni de défense de la langue. » P Le Meu

 

Il y a un imaginaire bardique, mais aussi un engagement bardique ; entreprise de redécouverte culturelle, religieuse, rituelle, menée dans un esprit de reconquête...

 

Nous savons ô combien ce que nous devons de gratitude envers le bardisme sans lequel la Tradition serait devenue particulièrement orpheline de lèvres et de cœurs, d'esprit et de pensée, pour la faire vibrer et pervibrer au cours des siècles et des générations...

 

La transmission orale puis portée par écrit s'est opérée par le canal des bardes et continue de se transmettre ainsi et souvent d'une très belle façon...

 

Il arrive, et cela n'est pas rare, que le barde se double de la fonction druidique et inversement     (Il peut aussi cumuler des fonctions liées à l'ovate) et cela est fort heureux pour la Tradition elle-même....

 

Pour ce qui est des auteurs enclins à la « dénonciation », se vouloir défenseur d'une Tradition que la très grande majorité d'entre eux ne pratique pas, dont elle ignore, ou refuse, en elle même, l'Anima, le Principe et l'Essence est des plus étranges...

 

Nous ne faisons pas reproche bien au contraire aux chercheurs investis dans le domaine celtique d''exceller dans leurs études, mais ne comprenons pas cet acharnement et ce débordement de leur profession qui consiste à s'ingérer dans la diaspora druidique au nom d'une orthodoxie historique celtique qui condamnerait la dite diaspora druidique à disparaître si elle ne correspond pas exactement aux critères énoncés comme étant la seule validation et justification de sa « possible » existence...

 

Nous ne sommes pas loin ici d'une forme de diktat ou de dogmatisation « matérielle » (universitaire, élitiste...) faisant fi de la préséance spirituelle amplement accordée à la Tradition druidique et seule véritable animatrice de Celle-ci...

 

L'Awen cité dans l'ouvrage précité et entendu comme Souffle et Inspiration ou Verbe ou Logos est l'Essence et le Principe de la Tradition...

Il est le grand Régent du domaine celtique et le point d'unité, d'équilibre, d'harmonie et de cohérence qui le fonde et le fait évoluer de génération en génération hors les contraintes de l'Histoire et des spéculations qui s'y rapportent avec plus ou moins de bonheur et de débordements...

 

Nous sommes, en conscience, en confiance, en espérance, en joie , en nos quelques « celtitudes » aussi, les « Enfants de cet « Awen » qui se manifeste comme il l'entend auprès de ceux et de celles qui veulent bien, en toute liberté et responsabilité, l'entendre et le comprendre, être guidé et inspiré en leurs actes et pensées par Lui...

 

C'est cette dimension o combien « subtile », alchimique, ésotérique, symbolique, analogique, mythique, légendaire, vibratoire, éthérique, cosmique, « quantique »... qui semble échapper a ceux qui portent « jugement » global et sans distinction sur des formes, certes qui peuvent le mériter en certains cas et en certaines situations, (la perfection n'étant pas de notre monde), mais qui font une totale impasse sur la faculté de l'Awen d'animer aujourd'hui, comme hier et comme demain des coeurs et des esprits qui l'accueillent et le reçoivent en leur sein afin qu'il soit le « sens » premier donné à leur existence et à l'au-delà, de celle-ci...



14/10/2016
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