JUMEAUX DIVINS ET CALENDRIER 2018 BRAN DU 11 01 JANVIER
Les Jumeaux Divins dans le Festiaire Celtique
Daniel Gricourt et Dominique Hollard
Terre de Promesse éditeur « au cœur des mythes »
Présentation :
Des travaux récents montrent 'importance des jumeaux divins celtiques qui s'inscrivent dans le vaste cadre du dioscurisme des peuples indo-européens.
Chacun d'eux, au-delà de leur gémellité, est un dieu majeur dans son domaine d'élection. Le premier frère est lié à l'eau, aux espaces et créatures sylvestres, protagoniste de morts et renaissances successives, s'incarne dans le cervin Cernunnos.
Le comparatisme montre en ce disocure « sauvage » l'homologue du Grec Duonysos et de l'indien Siva.
De son côté, le frère lumineux et multifonctionnel Lug(us) s'avère l'équivalent d'Apollon. Le dieu de Delphes dans son sanctuaire phocidien est d'ailleurs complémentaire de Dionysos sur les plans calendaires et fonctionnels...
Ce sont les liens entre les jumeaux celtiques et le calendrier qu'explore cet ouvrage. Chacun patronne une moitié de l'année : le semestre chaud et lumineux pour Lugus ; le semestre froid et sombre pour Cernunnos.
Le basculement cyclique entre ces périodes s'effectue aux 01 mai (Beltaine) et 01 novembre (Samhain). Mais l'année celtique apparaît plus complexe.
Outre quatre fêtes saisonnières préservées jusqu'à nos jours en Irlande (Imbolc, Beltaine, Lugnasad, Samhain), liées aux phases lunaires, aux constellations, voire aux mouvements de Vénus, les quatre stations de l'année solaire que constituent solstices et équinoxes se révèlent au cœur du festiaire celtique...
Textes et images montrent les dieux frères présents, isolément ou de concert, à toutes les étapes du cycle annuel. Ils jouent un rôle majeur dans la dynamique cosmique et l'alternance saisonnière.
Se manifestant tour à tour en majesté au milieu de l'été (Lugus à Lugnasad) ou de l'hiver (Cernunnos à Imbolc), ancêtre de notre « carnaval », ils coopèrent à force égale lors des basculements équinoxiaux et sont en interaction différenciées lors des solstices, dramatique « retournements » de la course solaire.
Un grand nombre de documents pont pour thème essentiel le mouvement cosmique dans son cycle complet ou lors d'un mouvement significatif de son parcours.
Ils figurent les jumeaux divins sous forme humaine ou celle d'animaux variés.
La mythologie gémellaire est ainsi attestée depuis le début du second Âge de Fer jusqu'à l'époque gallo-romaine.
Maîtres des passages du temps et /ou de l'espace qu'ils parcourent, les frères géminés concourent à l'équilibre dynamique du monde entre les pôles opposés des ténèbres et de la lumière, des vivants et des morts, du sauvage et de l'ordonné...
Extraits
...Au plus profondes des archaïques spéculations qui se firent jour (lorsque les hommes se mirent à penser), l'idée d'opposition au sein de la circularité du temps saisonnier que leur prodiguait la nature est apparue...
Dans une telle vision la succession des périodes claires et sombres, chaudes et froides, sèches et humides, peut avoir été perçu comme une résultante de deux personnages associés, fils de la Déesse-Mère.
...Le parcours dynamique du cercle annuel en huit stations se fonde sur la mise en scène de jumeaux divins patron chacun d'un semestre et liés de deux façons – isolément ou en collaboration – aux diverses étapes du parcours astronomiques.
Nous pouvons constater qu'autant des traditions textuelles que de nombreuses figurations mettent en scène les conceptions que les anciens celtes se font de l'organisation semestrielle du cycle annuel et des fêtes principales découpant l'année calendaire.
Lugus et Cernunnos y jouent un rôle central.
L'action des jumeaux se décline sur les quatre temps forts proprement solaires, potentiellement commun à toutes les sociétés Indo-Européenne et qui s'étendent même au-delà de cette aire culturelle, comme sur les quatre fêtes traditionnellement appelées celtiques intervenant à peu près à égale distance des solstices et des équinoxes.
(Des commémorations au caractère lunaire qui peuvent aussi avoir été déterminées par d'autres régularités cosmiques, telle » que l'apparition saisonnière d'étoiles majeures des cieux printaniers et automnaux, lever et coucher des Pléiades ou encore des déplacements extrêmes de la planète Vénus en particulier pour Beltaine et Samhain.)...
(L'idée d'une partition de l'année entre l'astre diurne et le luminaire nocturne trouve également un écho médiéval.)...
Temps forts :
Il y aurait eu une période particulièrement sacrée, d'une dizaine de jours, qui se serait étalée sur le cœur de l'été et celui de l'hiver...
Identifier les frères divins au Soleil et à la Lune ne conduit pas seulement à leur attribuer les variations du flux lumineux céleste qui rythme les jours et les nuits. Une pareille projection leur donne une fonction de mise en ordre du temps cosmique ainsi que de celui des Hommes et la direction des cycles enchaînés.
Essai de tableau récapitulatif entre Cernunnos et Lugus...
(Les Jumeaux Divins ou Dioscures Celtiques) :
Cernunnos Lugus
Equivalences :
Dyonisos (et Siva) Apollon / Mercure...
Dieu majeur Dieu majeur
Frère « sombre » Frère « lumineux »
Semestre sombre et froid Semestre clair et chaud
De Samhain à Beltaine De Beltaine à Samhain
Temps fort Imbolc Temps fort Lugnasad
La ramure végétalisée Casque à cornes bouletées
Règne sur l'eau et l'espace Multi fonctionnel
Annonce la Belle-Saison Inaugure la Belle-Saison
Bestiaire associé :
Maître des Animaux, Le cheval (solaire) et
des créatures sylvestres, dont : psychopompe (ailé)
Cerf (ailé ou non) Le corbeau, l'aigle, le roitelet
Cerf a tête humaine Le coucou / Les rapaces
Chien / mammifère chthonien Le sanglier
Serpent cornu ou non Le griffon
Hippocampe ailé Protège les bovidés
Poisson épineux
Roi des poissons
Phoque / dauphin
Oiseaux aquatiques
Loup (Bleiz/Blaise) /Ours
Autres attributs :
La Roue à 8 rayons Le triscèle
Dieu psychopompe Lug juché sur une roue à 8 rais
entraîne ou conduit les âmes Agent du crépuscule matinal
à renaître de l'année...
Le monde sauvage Le monde « ordonné »
Nature forestière, aquatique Lié au ciel, l’atmosphère
et tchtonienne et la lumière...
Les jumeaux ne sont pas un « multiple de Lug »...
Leurs deux visages parfois associés ou en revers exprimeraient l'unité indissociable des principes opposés...
Ils sont tous deux liés aux « soins », par l'eau entre autres éléments.
Ce sont deux frères différenciés et, au-delà d'une intime solidarité naturelle, clairement opposés par leur nature et leur complémentarité fonctionnelle...
Ils tiennent, ensemble, l'orbe à huit rayons et semblent bien gardiens et animateurs de son mouvement...
A SUIVRE