KENNETH WHITE (SUITE) PASSEURS EN "GEOPOESIE", CHANTRE DE LA CELTIE et NOTES BRAN DU 2016 10 03 MARS
La côte bretonne vers Plougrescant et Sillon de Talbert (Trégor)
Photos Bran du
Kenneth White Passeur en « géopoésie »
Sources : Bretagne Hors Série Spécial Celte Mars Avril mai 2016
Voilà un auteur, poète, essayiste, conférencier qui arpente depuis sa prime jeunesse écossaise tous les territoires d'une pensée sustentée particulièrement par les mondes « Celtes », mais aussi par bien d'autres sagesses et sapiences traditionnelles...
C'est un écrivain dont je suit fidèlement les cheminements, explorations, découvertes, parcours, jalons et étapes et qui m'apporte beaucoup par la qualité de ses réflexions et de sa vision novatrice et régénératrice sur l'écriture poétique qui avec lui reprend couleur, senteur, écume et résine et renoue avec les règnes élémentaires, primordiaux et fondamentaux...
Il a revisité avec talent la compagnie et les itinéraires de Victor Segalen, d'Arthur Rimbaud, d'André Breton.... mais aussi du poète japonais Basho, et possède une très bonne connaissance de la littérature, des mythes, des légendes celtiques....
J'ai fait la connaissance de Kenneth White à partir de ses premiers ouvrages. Les Lettres de Gourgoumel publiées après son séjour dans les Pyrénées puis la Route Bleue (Prix Médicis du roman étranger) et année après année avec plus d'une centaine de publications...
Il a reçu également, de 'Académie française, le grand prix du rayonnement français pour l'ensemble de son œuvre...
Et a enseigné à la Sorbonne des cours de géopoétique...
J'ai eu le bonheur d'échanger avec lui et de le rencontrer à plusieurs reprises....
Il a créé l'Institut Internationale de Géopoétique...
Je conseille fortement la lecture de ses ouvrages qui revigorent le cœur comme l'esprit en replaçant l'acte et la pensée poétique aux premiers rangs de l'activité et de l'oeuvre humaine...
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Kenneth se dit, se pense, s'exprime, se veut « Celte », mais avec cette précaution préalable et constante qui consiste à « ne pas s'enfermer ni se réduire, avec ce terme dans « un repli identitaire ou des réflexes passéistes »...
Et je conçois cela de même car on confond encore très souvent « la quête d'une éthique et l'étiquette » ; la seconde étant projetée au détriment de la première !
Il se qualifie lui même comme un « homme du vent, de la mer et de l'esprit »....
Il précise cette précaution prise au regard des projections ambiantes par rapport au monde Celte :
« Je précise que je n'entends rien en ce nom qui soit porteur d'idéologie identitaire. » (Tout un fatras inutile) « Je parle d'une culture dynamique, d'un esprit qui a irrigué l'Europe à diverses époques.»
Il nous fait part du fait que : « Ce que l'on peut constater, c'est que la notion d'un « monde celte » est ressentie par beaucoup d'autorités et d'institutions comme un corps étranger dont il serait bon de se défaire, en l'effaçant de la carte historique et culturelle. Cela fait tellement longtemps que l'on est confortablement installé dans le contexte de l'empire romain et du christianisme. »
« Quand je dis Celte je vois (au-delà d'une notion de fraternité) un monde autrement plus grand que les régions où la Celtie s'est réfugiée, parfois en perdant de vue ses grandes lignes...
Ouvrons ce monde.
Quelles que soient les origines lointaines des Celtes (je pense à des remuements embryonnaires sur les steppes asiatiques) on peut dire que le premier « monde Celte » se situait au début du premier millénaire a.J.C. Dans les hauts bassins du Rhin, du Rhône et du Danube, entre les Alpes et le Hartz, entre la Suisse et l'Autriche, et qu'il a rayonné à partir de là, finissant par couvrir un territoire qui allait, nord-sud, de l'Ecosse à l'Espagne, et ouest-est, de l'Irlande à la Turquie (la Galatie). En tant que tels ce sont les premiers européens...
On peut spéculer quant à l'étymologie du nom Celte.
Une hypothèse récente situe la source de ce mot dans la racine indo-européenne « Kel » qui signifie « caché »...
Pourquoi « ceux qui se cachent » ?
Parce que Nomades de nature et anarchistes dans l'âme ; ils préféraient éviter les grands centres. Parce qu'ils se vantaient de posséder un savoir qu'ils préféraient ne pas mettre par écrit, mais préserver, caché, dans leur mémoire ?
Je laisse la question ouverte »....
« L'idée que le Celte est un rêveur, vautré dans l'imaginaire, est un cliché romantique, qui prend sa source dans la perte progressive d'un champ d'énergie réel. Je préfère parler en terme d'étude, de pensée et de poétique, de connaissance du territoire, de mouvement et de monde...
J'ai passé des années à explorer de long en large la côte Ouest de l'Ecosse ; rivages, forêts, landes, montagnes. Ce faisant, j'étais en plein dans la culture Celte première...
Dans l'un des plus vieux textes Celtes, le Cycle de Finn, il est dit que Finn (« le Blanc » en gaélique), le dernier païen, qui avait rassemblé autour de lui un groupe de résistants au christianisme, les Fianna, aimait marcher « dans la montagne merveilleuse et le long des rivages nus. »
Aujourd'hui tout est commercialisé et souvent au détriment de la qualité....
Aux temps de la grande culture celte, le peuple était d'une exigence culturelle et esthétique radicale. Si un harpiste était pas bon, on l'invitait simplement et gentiment à aller se couper les ongles !...
Je suis pour que l'Ecosse retrouve et rejoigne le grand courant profond celto-européen...
J'ai toujours recherché des lieux denses où vivre (Kenneth réside sur la côte dans le Trégor depuis plus de trente trois ans maintenant.).).....(Il a donné à son lieu d'habitat le nom de Gwenved (la Terre Blanche) le lieu de la plus grande concentration. Là, il travaille douze heures par jour.)...
Comme les anciens moines Celtes, je voyage afin d'essayer d'ouvrir un monde au-delà des systèmes étriqués(un monde de plus en plus marqué par une désorientation profonde et une violence absurde.)
Ma devise est « Malgré Tout » non « contre vents et marées », mais avec « vents et marées »....
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Notes Bran du :
Je vous invite donc, et chaleureusement, à aller à la rencontre de l'Homme et de ses écrits nombreux et variés et de grande qualité de sens, de perception, de vision....
Je conçois de mon côté que le « Celte », qui peut qualifier sa pensée et ses actes, mais non les définir ni les fixer à demeure dans le temps et l'espace, est « l'être poétique » par excellence, et ce, par mise en relation, consciente, désirée, volontaire, lucide et cohérente et en connexion constante avec les vibrations essentielles, originelles et éternelles qui sont l'Anima et l'Essence même d'un Monde, d'une Création, d'un Univers, en perpétuelle évolution...
Cet « état poétique permanent » constitue la « nature » même de celui ou de celle qui ont en leur âme, en leur coeur, en leur corps, en leur esprit, cette dimension qualifiée de « celtique » mais qui ne peut se réduire en aucun cas à une étiquette tant elle est « mouvances, courbes et spirales » de Vie....
Nous sommes la Nature et la Nature œuvre en nous (de même pour nos rapports avec l'invisible, l'innomé et l'inconnu du monde et de l'univers...)
Nous sommes cela qui « Fût, Est et Sera » au sein d'une chorégraphie vibratoire époustouflante et émouvante, enchanteresse et merveilleuse qui transcende notre horizontalité souffrante, violente, égoïste et tourmentée...
Nous sommes « Celtes » à partir du moment, de l'instant, lumineux et claire o combien, où surgit, jaillit, comme une source fraîche limpide et abondante, en l'homme ou la femme, la notion même et incarnée de l'Etre enfin débarrassée du cocon, de la chrysalide du paraître....
L'Etre est le nom donné à ceux qui épousent, qui se fiancent et concélèbrent les noces de la Vie avec eux-mêmes et, en ces noces, celles de tous les Règnes et de toute la Création en Mouvement, (associés, solidaires et coopératifs) vers plus de Forces, d'Energies, de Lumières mis au service du Vivant et de la pérennité de Celui-ci...
L'Etre immergé dans un territoire de mémoire, étant à l'écoute respectueuse et attentive des mouvements, des souffles et respirations qui animent et sustentent celui-ci fait lors partie aimante et intégrante du lieu...
Son souffle se conjoint au Souffle, à l'Essence, à l'Anima et il peut pervibrer de concert et faire battre son cœur d'un même cœur que celui qui fait enfler et se soulever la poitrine du monde !...
Le « Celte » est une Chair de mémoire qui a conservé en son tissu le terreau et l'humus des origines et qui font de lui un arbre qui pense, crée et marche sur la terre et sous le ciel afin de faire croître en ses branches les fruits mêmes de son existence ; des fruits portant semence d'avenir et de devenir pour les générations prochaines....
En cela et par cela, le Celte est éminemment , charnellement, sensuellement, émotionnellement, culturellement, socialement, artistiquement, philosophiquement et spirituellement « poète » et c'est là sa vocation première, naturelle, fondamentale.