L'AMELANDE de BRANWENN et BRAN DU 32 TEXTES ET POEMES 1980 2016 27 06 JUIN
L'Amelande... Juin 1980 Co-Ecriture Branwenn et Bran du
Edition de l'île (Gilbert Aubert Editeur)
Ce sont écrits de jeunesse que les textes et poèmes qui suivent. Ils ont 36 ans d'existence ! Peut-être n'ont-ils pas perdu de leur fraîcheur, de leur « innocence » et de leur juvénile exaltation....
Ils relatent une rencontre entre une femme et un homme par l'intermédiaire d'un harpiste en tournée dans le Nord de la France ; une rencontre déterminante avec une mémoire fabuleuse, un héritage extraordinaire, une Tradition merveilleuse, qui orienteront définitivement le destin de l'un, à suivre avec les autres, une Sente de Lumière...
Sont proposés dans l'ordre à votre lecture :
Il était une source en Brocéliande
Contes de fées
Revivre
Druides
Yeux
Les sonneurs
Sphères
Clameur païenne
Gaéa
Samain
Aremorica
Il est une terre
le bateau
Ici
Kerbois
Aux bretons emprisonnés
Une île en septembre
Rêve-Breizh
Initiation
Brocéliande-Coëtquidan
Harpe-en-ciel
Communion
Le chant de Viviane
Vie
Je vous ai tant aimé
Remembrement
O Ghel an eu (le Blè Lève)
Femme-Source
Le roch Trevezel
Eaux des sources
…..........................................................................................................
« Celtie, nous avons taillé, pour toi, trois encoches en nos cœurs.»...
Préliminaires...
...Un jour que, là-bas, au loin, la mer battait son plein, un homme solitaire sondait la démesure de son vide. Ses mots, comme une envolée d'oiseaux superbes, aux ailes noires et blanches, s'en retournaient au ponant de leur histoire ne trouvant plus entre ciment et bitume, la douce nourriture de leur âme...
Et l'homme confiait au silence la tempête de ses lèvres...
C'est alors, qu'au front du ciel, l'oiseau d'albâtre apparut...
Il tînt à l'homme ce langage :
" - Des chevaux bais piaffent dans l'enclos de l'exil, se préparent des ivresses d'écume dans la morte-eau de tes songes. Un matin, le soleil posera la coupe de groseilles sur la nappe de tes deuils...
De même que la fleur d'ajonc naît à travers l'épine, le bonheur fera son chemin entre les barbelés de ton coeur.
Aujourd'hui encore le printemps revient. Ecoute ton corps comme il veut refleurir !"....
Et l'oiseau d'Is de poursuivre :
"- Mes portes s'ouvriront pour t'accueillir comme l'orée d'une forêt magique qui n'apparaît qu'à ceux qui portent au front l'Etoile d'or de l'Amour. Alors tu connaîtras la joie merveilleuse de celui qui voit naître l'arc-en-ciel après l'orage, le sourire après les larmes, la vie renaissant des eaux souterraines au solstice d'hiver...
De ces bonheurs là, on ne se lasse jamais, de ces ivresses, on ne redescend pas.
Au coeur de ton coeur est l'Amour. Il te rendra invulnérable su tu sais garder l'espoir aussi. Tu apprendras la vie vraie à travers les étoiles neuves de tes yeux. Tu feras le lent et merveilleux voyage à la recherche de toi-même. Tu élanceras ton amour vers les mondes cosmiques. Tu laveras ton corps et ton a^me à la source ensoleillée du temps pour exister enfin au plus profond des soleils secrets de ton âme. Tu boiras l'eau de la vie et tu vibreras avec les pierres. Tu t'extirperas du chaos de ce monde pour retrouver les sources de vérité."
L'homme, debout, répondit :
"Corbeau blanc de l'accessible et merveilleux séjour, puissent tes ailes d'amour, en mon ciel, se répandre ; puisse l'irradiant soleil de ton coeur illuminer l'ombre de ma vie...
Va ma soeur de rêve, ma source vivante... Va et précède ma flamme en abysse de lumière."
…///...
Il était une source en Brocéliande....
Une enchanteresse veillait sur l'eau claire,
Et, sur la harpe du vent, brodait tendres complaintes...
Un harpeur qui passait but en la coupe de ses mains l'eau secrète des vies de lumière, et, chargé d'un passé magique, s'en fût sur les chemins de Celtie...
D'un accord de perles d'eau, il fit naître un oiseau blanc de ses cordes
- corbeau paraît-il - et le nourrit des miettes du pain des fées.
- Celui dit-on, qu'à la table d'Arthur, avec respect, l'on partageait.-
L'oiseau prit son envol et se laissa griser par les vents de liberté jusqu'à brûler ses ailes au soleil, toujours plus haut vers la lumière.
Dans un nuage, il rencontra l'âme d'un oiseau, prisonnier des villes de fumées. Libre, il se voulait, mais des grilles le retenaient.
Ils échangèrent leurs plus belles plumes et de leurs sangs mêlés sur un dolmen, les deux oiseaux-frères unirent leurs chants d'amour inscrits sur la table du temps pour en faire, à l'équinoxe du prochain printemps, message d'espoir à cueillir dans les vents.
…///...
« Pouvoir donner, créer, vivre...
Mon frère que je voudrais que cette énergie soit tienne ; toi qui ronges ton cœur à l'acide de la ville et du temps.
Toi qui t'enfermes en prison de solitude et de désespérance.
Ne laisse pas intoxiquer ton âme à l'odeur âcre de la mort. Viens revivre la fête...
Prend cette douce sérénité pour ensilencer ton âme... Je te l'offre. »
…///...
Contes de fées...
Ton conte de fées est passé, évaporé, envolé... Il te reste à l'enluminer, le rêver, le chanter et surtout à ne pas l'oublier dans le silence des forêts.
Tu marchais en ténèbres dans le soir, funambule sur la corde du désespoir. Tu errais dans la nuit et ton lit était tombe creusée dans le noir ; tourbe de cauchemar...
Sur un chemin de rêve, une nuit, tu partis sans un bruit vers une étrange grève. Devant toi, la mer s’entrouvrait, les vagues s'écartaient vers tu ne savais quelle Ys de présage. Une voie pavée te menait vers vers le large et les algues nues. Ta main tenait la main d'un inconnu dont tu ne voyais le visage.
Passa un goéland-lumière sur l'écran brisé de ton cœur et une douce et claire lueur embruma ton âme d'odeur de bruyère et, de la lande, une rumeur s'amplifia en battement lourd comme l'arrivée d'un soleil-loi ; tempête prochaine de ta mort ou de ta vie peut-être ?
Ivre d'espoir tu t'endors une dernière fois en la tombe. Tu bois la caresse d'une ombre et le froid plus jamais en toi ne pénètre.
Tu laisses ton corps d'amertume aux crocs des chiens qui t'ont tuée et vers d'étincelantes nuées ton âme s'élance à travers brume à la recherche d'un corps de plume pour te réincarner...
Un compagnon passa sur la sente envoûtée des matins de ciel pur traversant la roche dure du temps. Enchanteur à l'âme de lyre, créateur de printemps, une plume de corbeau dans une main et, dans l'autre, ton destin... Un moment il suivra ton chemin au cœur des mers de ton délire...
Un compagnon, écartant pour toi les vagues de l'irréel. Refermant le flot sur tes souvenirs et les noyant dans l'aquarelle du rêve des sources nouvelles à jaillir...
Ce ne furent que quelques instants du chemin et peut-être n'ont ils existé. Tu ne sais plus, tu te souviens que la neige était rose, que froid était le vent qui réchauffait ton cœur, bleus les étangs de rosée, grise l'ardoise de la forêt et blanc éclatant ton bonheur, séchés, tes pleurs, à jamais...
Lorsque au matin tu t'éveillas, seule tu marchais sur la route, inondée des flammes de ton rêve ? En toi, plus de doute, comme un immense soleil qui se lève et un grand feu t'illumina, d'extase, te brûla toute.
Tu repris la voie des bruyères, douce-amère mais nul regret dans ta solitude, mais la claire certitude que plus jamais ne reviendra l'éblouissement de premier rayon.
Lors, en quête, tu partiras et jamais ne t'arrêteras, si ne peux vivre ton illusion.
Ton conte de fées est passé, évaporé, envolé. Il te reste à l'enluminer, le rêver, le chanter et vivre de le resonger dans le doux secret des forêts...
…///...
Là-bas, dans les forêts d'Ouest où ma mémoire s'enspirale, il est une forêt où passent, comme en un rêve, les oiseaux d'outre-monde....
« Pour atteindre l'absolu d'amour et l'esprit de la source, il est, entre les chênes, des chemins tracés au compas des étoiles... »
…///...
Lettre
Je voudrais t'envoyer le givre sur l'ajonc...
Je voudrais t'envoyer le cristal glacé du vent...
Je voudrais t'envoyer le silence argenté de l'aube
Je voudrais t'envoyer la cascade du ruisseau.
Je voudrais t'envoyer le miroir étoilé de l'étang
je voudrais t'envoyer le premier frisson de la vie qui renaît au jour neuf.
Je voudrais t'envoyer la solitude vibrante des infinis de lumière.
Je voudrais t'envoyer l'or de ce soleil naissant parmi les arbres.
Je voudrais t'envoyer cette forêt qui m'a refait immortelle.
Je voudrai t'offrir ce bonheur intense qui se nomme vie.
Que ma plume en courant t'en envoie le reflet !
…///...
Revivre...
Revivre...
Pour marcher le long des haies dans le soleil,
Pour cueillir la mûre sur la ronce,
Pour sentir le caramel de l'ajonc sur le bord du chemin,
Pour le chêne qui croît sur la pierre...
Revivre...
Pour la caresse du vent d'été,
Pour la lumière rose du soir,
Pour l'envol d'un pigeon-ramier,
Pour la fraîche tendresse des sources....
Revivre...
Pour inonder de rêves un cœur blessé,
Pour délaver les nuits d'incertitudes,
Pour les doigts qui courent sur des cordes,
Pour une terre nouvelle à chanter...
Revivre...
Pour un sourire au détour d'un chemin,
Pour un amour neuf qui se donne,
Pour l'espoir au fond de tes yeux,
Pour des communions d'éternel.
Revivre et s'éveiller au jour...
…///...
Druides
Robes blanches, pas lents allant dans la clairière,
Robes bleues, robes vertes en écho à vos voix,
Ronde silencieuse au pied de la pierre,
Trois rayons d'or au front éclairant une croix.
Et moi je vous suivais,
Et moi je vous suivais...
Vous marchiez sur la sente immortelle des âges
Où point n'avaient murs clos Eglise de Belen.
Aux hôtels de nature hantés de vents sauvages,
Croassait les corbeaux sous la voûte des chênes.
Et moi, je vous aimais,
Et moi, je vous aimais...
Levant vos mains d'amour aux éclats de lumière,
Des forces de la terre nourris en un halo,
Vous confondiez vos corps aux vibrations des pierres
Et vers les blancs rayons s'évaporaient vos mots...
Avec vous, je priais,
Avec vous, je priais...
Je portais en ces temps robe blanche de harpeuse,
Mais la nuit est passée, m'éclipsant la lumière.
Renaissant en ce jour d'une vallée ombreuse,
Je marche sur vos pas comme le fis hier,
De toute éternité, pour toute éternité...
…///...
Yeux.
Pour tes yeux pers,
Pour tes yeux gris de mer, Celtie, je serais goéland,
Pour caresser ton corps d'argent,
Pour ton baiser d'algues entrelacées,
La harpe en proue, je partirai
Par tes chemins de rêve...
J'irai, par l'amour délivrée.
Ta liberté est mienne, mais, si on veut t'emprisonner,
Révolte sera pleine
Mon combat sera liberté,
Je briserai tes chaînes !
…///...
Les Sonneurs.
Mon enfant, écoute bien ce que je m'en vais te dire,
Ecoute celui qui parle en moi et fait remuer mes lèvres :
« -Dans chaque pommier, chaque prunelle,
chaque baiser, chaque dentelle...
Dans chaque lumière, chaque épine,
chaque chaumière, chaque résine...
Dans chaque offrande, chaque clameur,
chaque légende, chaque douleur...
Dans chaque cri, chaque éclair,
chaque lutte, chaque fougère, chaque parfum, chaque senteur,
chaque étoile, chaque chaleur...
Dans chaque geste, chaque parole, chaque saison,
chaque promesse, chaque cendre, chaque moisson,
chaque ivresse, chaque flamme, chaque envol,
chaque ombre, chaque soleil, chaque symbole...
Dans chaque braise, chaque mot, chaque aurore...
Dans chaque auberge, chaque oiseau, chaque corps...
Il y a un « sonneur » qui joue pour toi et que tu n'entends pas !
En vérité, il y a un « sonneur » dans chaque anneau d'écume et dans chaque grain de blé, dans chaque haie où frisonne l'attente,
dans chaque lampe faite de nos mains pour éclairer ce monde...
Il y a un « sonneur » dans chaque gland qui se fend en deux naissant ainsi passage à la vie qui fuit l'obscurité de l'homme...
Il y a un « sonneur » dans chaque feuille qui rivalise de couleurs pour offrir à la mort, (voilà le bel orgueil), ses parures d'automne...
Il y a un « sonneur » dans chaque ronce qui protège de ses épines les nids chauds et fragiles des amours de plume...
Il y a un « sonneur » dans chaque vague qui creuse de la,pointe de ses lames des serments d'amour et de fidélité dans la tendre écorce de la terre...
Sous chaque ardoise, mon enfant, il y a un « sonneur » qui nous fait lever le cœur vers le ciel...
Il y a un « sonneur » qui caresse notre tristesse avec les doux gestes d'une mère nous livrant, confiante, à la vie dont nous serons maîtres ou esclaves...
Il y a un « sonneur » qui pose, pour nous, ses lèvres sur la anche d'un jour nouveau tout gorgé d'un bel avenir...
Il y a un « sonneur » qui dépose des baisers sur la nuque de chaque brin d'herbe de ce pays...
Il y a un « sonneur », mon enfant, qui habille nos ombres d'un manteau de lumière...
Il y a un « sonneur » qui allume des feux de joie sur la montagne de nos cœurs...
Il y a un « sonneur » qui noue, à notre cou, l'écharpe blanche et herminée des hommes d'amour et de liberté...
Il y a un « sonneur », mon enfant, qui rassemble auprès de lui tous les oiseaux exilés aux confins de la nuit...
Il y a un « sonneur » qui, pour chasser nos doutes, compose, goutte après goutte, des notes de sang et de silence ; des notes qui ensemencent ce temps d'un chant d'éternité...
Sur chaque pierre de ce pays, chaque grève, chaque lande, chaque bois, chaque clairière, chaque vallée, chaque rivière, chaque forêt, chaque fontaine, chaque menhir, chaque dolmen... Il y a un « sonneur » qui sonne d'un monde à l'autre sans jamais faiblir un instant...
Il y a un « sonneur » en chaque chose, en chaque cœur.
Ecoute-les, mon enfant, écoute tous ces « sonneurs » ;
ce sont nos Dieux ; écoute, ils se répondent, ils nous répondent !...
…///...
L'homme :
- J'ai cardé la laine des mots qui reposent dans la corbeille de l'hiver...
L'oiseau :
- Il te faut encore la teindre aux couleurs de la Celtie et attendre le jour où, tendus sur ton métier, les fils d'or chanteront comme une harpe sur la montagne...
…///...
Hisse ta voile au mât de celtitude, que claque le vent en route de découvrance, que ta proue d'airain fende les nuits de brouillard et d'encre et que jaillisse, de ta lame nue, l'arc-en-ciel de lumière, la flamme d'or qui aspergera la coque de ton âme de mille étincelles d'amour...
…///...
Sphères
Sphères blanches au ciel marbré.
Rayons de lune au fond des flots
Attendant le retour sous goémon
De Graadlon en son royaume.
Union de feu et d'eau saline
- Belen en mer de Groix -
Visitation du Corbeau
Et toi, comme miroir de mes envols secrets
vers les sphères de hautes lumières ;
tourbillon qui s'abat en la vague,
envol du sommet de la roche au vent fou,
oiseau délivré, pesanteur dépassée.
Corbeau m'a faite le barde pour que le noir de mes ailes
brille à la flamme de l'espoir immense.
Ajoncs, lande ! Eau ! Lumière ! Espoir-Feu !
Je peux t'apporter le feu, la Vie vraie, de force inestimée.
je peux être chêne dans le bûcher du solstice de nos étés farouches...
je peux t'offrir le cristal de la fontaine frémissant au seuil des bruyères, la branche de houx pour appuyer ta main, l'accord arc-en-ciel du premier jour des temps, le sang de la pierre, le cœur battant de la pierre.
Je peux t'inventer le chant de l'oiseau, la pluie de la harpe sur l'étang du val, la paix en ton âme et tendresse au cœur et m'endormir, main dans ta main, auprès de toi en la clairière de Belenton.
Corbeau, je vis ; je t'apprendrai à t'élancer vers la lumière dans l'absolu d'un rai de soleil..
Fusion d'amour-vie-liberté... Vivre, crier, bonheur intense !
Et sourire enfin, apaisés en la brume tiède d'un matin...
- Viens, prends ma main et allons communier au soleil...
…///...
Clameur païenne
Corbeaux noirs et corneilles rousses
Vent, orgue brisé, larmes rouges et lèvres de glace
Enfant de cire et jument de pierre
Bouches figées sur la lune froide
Mouettes aveugles dans la main de l'homme-loup
Cris, cris et rêves
Bêtes folles sous le soleil violé
Mains cruelles dans les cheveux de l'enfant
Mort silence et voix clouées
Epines et lierres sur les visages du monde
Malédiction du poète sur les mondes sans joies
Moi qui ai vu la mer belle ramper à mes pieds
Qui ai vu son écume frissonner sur mes chairs
Moi qui ai vu la terre de sel et ses lèvres me baiser
Moi qui ai vu le ciel crier par la bouche des éclairs
Moi qui au vu l'enfer et le feu danser dans mes deux mains
et la mort braiser dans le bleu de mes yeux
Moi qui ai vu Diables et dieux rompre un même pain
et senti tout mon corps brûler de divin, aussi, j'ai vu
le soleil seul maudire les nuages et les mouettes en silence prier du bout des ailes...
Aussi, j'ai vu les étincelles sur l'enclume des âges et l'âme qui s'enflamme au passage des vents...
…///...
Gaéa
Gaéa ! Gaéa !
Moi qui traînais, craintive et seule, ma détresse dans le berceau de tes bras, j'ai couché mon cœur en ta tendresse...
Gaéa ! Gaéa !
Au lait de tes fontaines, j'ai bu le bonheur et dans la clarté solaire, sur ta peau, ma Terre-Mère, j'ai éclos comme fleur...
Gaéa ! Gaéa !
Ceux qui ont oublié quel était leur destin, de la chaleur de tes bras, ne connaissent plus les doux parfums.
Ils te blessent, ils te tuent...
Chaque jour un peu plus profond dedans ton cœur
ils enfoncent lentement le métal glacé brillant des lances de fureur...
Gaéa ! Gaéa !
Toi dont le sein blanc a voulu tout leur donner
par le feu ou par le froid quand ils t'auront tuée à jamais,
ma Mère Gaéa !
Vers des mondes lointains , je devrais m'envoler, chercher un peu de douceur, regrettant tendre chaleur que ton corps me donnait...
Atlant-ys
Portsall
Plogoff
Premières plaies....
…///...
Samain
Pluie de novembre au ciel changeant
Samain
Eclats solaires dans le vent
La pluie
Délave les larmes d'automne
En rires de cristal
Dans les sous-bois résonne...
Samain
Un pigeon vers son nid volant
Samain
Des poissons morts sur un étang
La terre
Où viennent se poser les feuilles
Quand la nature tisse son deuil...
Samain
Un champignon né de la mousse
Samain
Châtaignes sur les herbes rousses
Matins
frileux encotonnés de brume
Senteur des feux de bois
et de tendre amertume...
Samain
aux forêts de mélancolie
Samain
Le tronc d'un chêne où tu t'appuies
Les yeux fermés sur un songe sans nom
Un rayon de soleil
Venant te frapper au front...
…///...
La vie complémentaire de la mort. Dualité alchimique du blanc et du noir
Arc-en-ciel. Tous les possibles sont - Samain ! -
Remonte les fleuves jusqu'à leurs sources...
Suis l'oiseau jusqu'en son nid...
Efface le couchant pour l'aube...
Pressens le chêne jusqu'en son gland...
…///...
Aremorica
La flamme à jaillit, là-bas
Par delà mes ténèbres et j'ai compris qu'elle s'adressait à moi, inscrivant sur mes lèvres, les mots lumineux du silence...
Alors, j'ai rassemblé le bois mort de mes jours et j'ai allumé un feu en regard de celui-là...
Puis, l'invisible présence me serra en ses bras...
En ma couche de lande, l'âme des celtes me visita et par trois fois au ciel je prononçai ce nom qui naissait en moi comme l'enfant de sa mère :
Aremorica, Aremorica, Aremorica...
Et, de colline en colline, du Menez-Hom au Menez-Meur, répondant à l'écho de ma voix, s'élevaient des brasiers de fêtes et de joies ; de ceux, qui jamais, en ma mémoire, ne déclinent...
Aremorica, Aremorica, Aremorica...
Dieux qu'ils étaient nombreux les hommes-frères à tant brûler d'amour...
Et l'espoir, vif et rouge, celte et bleu, blanc et noir, jaillissait de la cendre en fontaine de feu et en source d'azur, en mes noces d'Armor...
L'arc-en-ciel de lumière passé au doigt de cette nuit ; c'est l'étincelle que les dieux font jaillir de la terre pour purifier ce monde de leurs flammes d'amour....
…///...
Brandons et tisons sont dans le cœur des bardes...
Semences et moissons sont dans les pas des bardes...
Force et union sont dans les chants des bardes...
Le feu a jailli du silex de leur cœur...
Le feu a jailli du silex de leur paume
Le feu a jailli du silex de leur harpe
et Braise me fût donnée de leur foyer d'amour...
…/...
Il est une terre...
Il est une terre
A la frontière du blanc et du noir
Du jour et du soir
Nostalgie-espoir...
Il est une terre
A l'heure où le soleil se noie en la mer
Royaume-chimère
Vibrant la lumière...
Il est une dune
Où coule la lune
En claires lagunes
Quand la nuit s'étend...
Nôtre est cette terre
Aux échos de nuit...
Brûle d'infinis.
Viens te fondre ici !
…///...
Le bateau
Et le bateau partit...
Voiles gonflées de neuve espérance,
Vers le couchant, il s'est éloigné,
Glissant sur les eaux roses du lac
Il fendit le soir d'un jour argenté...
Et le bateau partit...
Escorté d'hirondelles caressées de vent
Vers les clairs espaces illimités
Au premier jour d'un âge nouveau ;
Il partit en horizons inconnus...
Et le bateau partit...
Vers quels océans, nul ne le savait
Où roulent les vagues dessus l'étrave...
Vers les seuls continents aux cieux d'or
Où se fond le songe aux spires d'algues...
…///...
Ici...
A toi qui ne sais pas encore et à vous qui ne savez plus...
Regarde poindre le jour...
Regarde et comprend...
Ici, c'est comme le grenier où se marient les enfants ;
C'est comme le mot que tu cherchais pour dire que tu étais...Heureux
C'est comme ce trouble naissant où tu balbutiais... Amour
C'est comme la promesse d'amitié
Tenue par cet homme
Chantée par cette femme
Que tu rencontras
Pour toujours sur ,le chemin de tes ans...
C'est comme l'adolescent qui s'endort, comblé, sur un lit de fougère, dans la moiteur de la terre alors que celle-ci vient de lui faire l'amour...
C'est comme ce poème qu'elle grava dans ta mémoire d'une tendresse indélébile...
Ici,
C'est comme la lampe qui s'éteint par respect pour l'étoile ;
C'est comme le berger qui te mène aux verts pâturages de la vie...
C'est comme la chaîne des danseurs qui t'entraînent dans les sillons des dieux...
C'est comme le biniou-coz et la bombarde qui se poursuivent en riant dans la chaude allée de tes veines...
Ici,
C'est comme la douce morsure du jour sur l'épaule nue de la nuit ;
C'est comme le lait de la plante qui nourrit la beauté ;
C'est comme l'arc-en-ciel de joie qui fait la paix en tes larmes ;
C'est comme l'oiseau qui n'a de cesse de baiser plus haut le front du ciel...
C'est comme l'homme de douleur et de bonté qui extrait de ses mains et de ses peines l'ardoise de la mine ; celle qui protégeras tes rêves de la pluie ;
C'est comme la ronde des saisons qui invite les enfants à agrandir le Cercle ;
C'est comme la fête qui macère des mois et des mois dans le fût de ton cœur pour enivrer des heures inoubliables de partages et de bonheur ;
C'est comme la fontaine du temps qui filtre l'eau de ce jour pour tes soifs futures ;
C'est comme la pierre qui roule sous tes mains comme le sein tiède de la Femme...
Ami, prends ici cette pierre
En fragment d'éternité
Et bois à ce poème au cristyal de mes mains...
Ami, c'est ici le domaine, l'unique, le fécond ;
Celui où, l'amour, en sa force primitive, fera de toi l'homme des fraternels combats...
Ami, voici au creux de la roche, la réponse limpide à tes noires interrogations...
Voici ta terre, ta promise, ta fiancée ; celle qui te fera étreindre le rêve en couche d'immortalité...
Pousse, ami, les portes de ce poème ;
franchis, libre et fier, le seuil de ces mots ;
pose ta main sur la poitrine de ce pays ;
, écoute ce bruit qui percute ta peau ;
C'est l'eau de la vie ; c'est le sang de la vie ;
Et ce sang, et cette eau fopnt battre ton cœur en un rythme analogue à celui de l'infini...
Regarde ami
Et retire-toi
Et, comme la marée, jure toi-bien, de revenir plus fort, plus juste, plus vrai, aux équinoxes de septembre...
…///...
Terre cambrée en flanelle de brume ; j'ai, pour toi, la douce fièvre de l'homme....
…///...
Kerbois
Une maison...
Une grande maison de pierre et de bois
En un petit village au nom forestier
Une maison pleine de notes et d'oiseaux
Qui se laisse aimer saison après saison,
Heure après heure ;
Une maison d'harmonie où les murs chantent...
Ami, si en pays d'Armor tu passes,
Viens inscrire ici ton sourire
Et laisse lui un peu de ta mémoire, un peu de toi.
Tu repartiras plus léger...
Une femme en cette maison
Elle y vit seule, elle est heureuse.
Elle y chante au son de la harpe.
Elle s'y fond d'ombre et de lumières, au fil des pluies ou des soleils...
Pour l'amour d'un seul, elle n'a pas voulu sacrifier
La claire amitié de tous et le baiser de quelques rêves.
Elle ne s'est pas résignée...
Ami, si en pays d'Armor tu passes,
Viens ici inscrire ton sourire
Et laisse lui un peu de ta mémoire ; un peu de toi.
Tu repartiras plus léger...
…///...
Si, en cette forêt de mots, tu trouves clairières pour tes songes.
Si, tes rêves, un instant, s'attardent sous l'ombrage de ses feuillages blancs,
Nous serons, Branwenn et moi-même, vraiment très heureux, de partager tes silences, tes rêves, tes musiques... Ecris-nous ; au chêne de nos rencontres, il n'est pas de branches mortes...
…///...
Aux bretons emprisonnés
En Brocéliande la douce
Nous irons demain baigner nos cœurs meurtris
Endormis sur la mousse...
Nous épurerons nos plumages salis...
Au rythme des vieilles légendes,
Nous sécherons le sang de nos blessures...
Le feu étouffé sous la cendre jaillira de nos cœurs en un murmure...
Ne tremblez pas, oiseau des brumes
Dans les prisons existe aussi la rouille
Et les grilles closes sur vos plumes
S'effondreront car pluie Celte les mouille...
Les années tourneront sans vous
Mais reviendront les temps de liberté
Alors vous vous joindrez à nous
Entendant un nouveau barde chanter...
Vous rêvez de brise et d'écume.
Un jour les portes s'ouvriront en grand.
Ne vous mourrez point d'amertume
Car Bretagne a besoin de ses enfants...
La route est longue vers le jour.
Devant l'Eternel nous sommes plus forts.
…///...
« Je prédis des solstices retentissants de lumière et le baume parfumé du gui sacré pour guérir les plaies de nos cœurs... »
« Je vois des brumes dans nos cœurs et des soleils pour écarter ces brumes. »...
« Viens verser au creux de la lande ta transparence d'homme. »...
« Tu as, brûlant contre ta peau, ton bouclier d'amour. Tu as dompté le Verbe pour en faire cheval de batailles.
Ton bras levé, droit sous les étoiles, prolonge la colère de ton identité bafouée... Bien, mais te lèveras-tu au premier chant du barde ?
…///...
Une île en septembre
Au décours des soleils de chauds ors sombres
A la croisée vermeille de ciel et d'eau
Dans le dernier éclat des cœurs unis,
Souviens-t-en, l'été mort nous a laissé une île en septembre...
De sables de grenat en abîmes d'eaux
Unissant nos cœurs à l'hymne des pierres
Il est venu nous parler, l'oiseau noire,
Nouant nos reflets dans l'eau des rochers d'une île en septembre...
Ecrasés d'automne, déchirés d'octobre
Deux cœurs ont sombré en onde de nuit.
Janvier m'a fait renaître en blanc soleil
Brodant espoir furtif aux souvenirs d'une île en septembre...
Coeur irisé d'avril, ai parcouru
Cent lieues de solitude en terre aimée
Buvant l'espoir des sources, cœur libéré,
Mais n'ai pas osé, devant Lorient,
Regarder vers l'île d'ambre...
…///...
Toi qui chassais tes sentiments de lumière pour t'en aller conquérir de vastes territoires d'ombre, qu'as-tu trouvé au fond de tes impasses ?
Regarde, la colombe est revenue se poser sur ta branche...
Au port de mes révoltes rentre le chalut du rêve ;treuil brisé et cales vides... est-il encore une âme sur le quai noyé de brume pour croire aux pêches miraculeuses de l'homme ?
Regarde, nous ne sommes plus seul dans la paume de la vague....
…///...
Rêve-Breizh
Terre éternelle
Terre meurtrie d'éclats de granit
Vieille terre de fidélité et d'espérance,
Refuge des âmes qui ont gardé foi et fierté...
Le vent du large balaie les collines
Fougères et genêts résistent aux assauts du temps qui passe...
Vie que l'on s'arrache !
De soleil levant en soleil couchant
Rochers qui dominent à l'infini, dressés à jamais dans l'espace, éternels, solitaires, altiers...
Bruissement d'océan
Terre sauvage endormie en cieux gris...
défi lancé au temps, scellant secrets et légendes
Sous la moindre pierre
En l'ombre de chaque arbre...
Terre du souvenir
Terre morte, répétant chaque jour chants d'éternité.
Beauté inépuisable de la mer. Vol d'un goéland.
Eclat d'un rayon de soleil filtrant au cœur des nuages.
Rivage d'ombre et de mort recréant chaque jour la vie
Espoir de ceux qui vivent leur rêve de fidélité jusqu'au bout
Terre d'éternité, landes vierges, grèves déchirées où le présent se fond au Passé...
Brûlance d'éternelle espérance au fond des larmes...
Volonté de vivre
Plus vive que jamais
Plus profonde
Liant pacte avec sa compagne la mort
Terre éternelle
Terre noire des vents et des soupirs
Berceau d'amour et de liberté
Liberté s'élevant par le temps et les chaînes...
Sévère splendeur des vallées rocheuses...
…///...
Initiation
Ce jour-là
Ce jour-là, mon frère,
Nous nous éveillerons aux premiers feux du jour
Ma harpe lancera l'appel de sa jeunesse
Et tu t'évaderas de ta prison d'exil.
Ce jour-là
A notre rendez-vous en lisière du temps
Chantera le ruisseau éclaboussé d'or clair
L'oiseau s'élancera vers un ciel de cristal
Et lorsque tu viendras, je déploierai mes ailes.
Ce jour-là
(Il nous faudra l'inscrire en marge de nos vies)
Tu oublieras le soir, tu oublieras la ville,
oubliera le devoir pour ne penser qu'à vivre.
(Non, je ne voudrais pas te voler à toi-même ; je ne veux que t'offrir ce que j'ai de soleil.)
Ce jour-là
Tu me suivras, confiant, sur le chemin des houx, pas à pas, hésitant, puis brûlant d'espoir fou
J'écarterai pour toi la bruyère du vent et tu apercevras la source où je suis née.
Je t'offrirai mes mains pour t'y désaltérer.
Ce jour là, mon frère
J'aurai sur moi robe de mousseline blanche et habit de soleil tout tremblant de rosée
Et tu te vêtiras d'un esprit de clarté pour graver sur la pierre nos noms en trois rayons...
Ce jour-là
Nous marcherons encore vers d'autres clairières, et lorsque, de marcher, nous aura fatigués, nous nous adosserons au tronc d'un très vieux chênes
et ta main dans ma main, nous prierons au soleil, nos deux mains restées libres s'uniront aux branches...
Nous lierons nos âmes au solstice du temps puis tu retourneras, mon frère, vers ta vie avec un cœur pur à dédier aux tiens...
Ce jour-là restera notre secret magique à sceller en nous-mêmes, et nous le tairons bien...
Notre vie gardera l'empreinte de ce jour ;
Je ne sais ni où, ni quand, mais je sais qu'il viendra, mon frère, ce jour-là !
…///...
Broceliande-Coëtquidan
Un soir de solstice en forêt profonde
En la clairière laissant ton alezane
D'un sourire d'or tu éclairas l'onde
D'une source pure, ô belle Viviane....
Tu attendis là Merlin ; ô ma douce
Couchée sous les étoiles, chantant encore
Tes cheveux d'automne errant sur la mousse
C'était dans le camp de Coëtquidan-Nord...
Brocéliande ! Brocéliande ! Coëtquidan...
La lande et le sang
La branle et l'argent
La légende et le carcan !
Un jour de solstice en forêt de songe
- Les siècles ont passé, tu es restée reine -
Laissant derrière elle les bruits du mensonge
Une harpeuse rêvait près de la fontaine.
De ses plumes blanches caressant la corde
Elle te chantait Viviane, en ta terre
Pour qu'à ton amour ses rêves s'accordent...
Alors arrivèrent trois militaires...
Brocéliande ! Brocéliande ! Coëtquidan...
Le rêve et la guerre
La trêve et le fer
Détresse, militaire !
Le soir de solstice en forêt soumise
Les trois dragons ont dit à la harpeuse
« -Qu'est-ce que tu fous là ? Pourquoi t'es-tu mise
En robe blanche pour chanter tes berceuses ?
Tu nous reverras si tu restes là. - »
Et le cheveu en brosse, ils repartirent.
Mais la fontaine sanglotait tout bas...
Brocéliande ! Brocéliande ! Coëtquidan...
Que ceux qui dans la forêt dorment
S'éveillent et que leurs rêves reprennent forme
Dans cette terre rendue informe, difforme, uniforme...
Brocéliande, Coëtquidan....
En la forêt un camp et les soldats dedans sont les hommes du Franc...
Que les soldats d'Arthur hors de leurs sépultures
Se lèvent en la nature et que leur guerre perdure
Par la harpe guidée jusqu'à la liberté !
…///...
Harpe-en-ciel
Quand tu auras changé tes courbes de bois
En chevaux écumants de lumière
Quand tes cordes seront crins d'or
Où s'engouffrera le vent
Quand tes notes feront galop sonore
Sur les chemins diaprés de nuages incandescents
Quand le creux de ton corps
Sera poitrail au cœur battant...
Quand l'horizon s'élargira
Vers les océans de saphir des espaces célestes
Quand trop intense sera ma vie
Pour se restreindre aux limites de mon corps de plomb
Quand mon âme s'étirera
Pour suspendre des rayons d'étincelles
Quand, chaudes, autour de moi, s'épandront les vapeurs du Monde Blanc
Alors, j'enfourcherai tes chevaux écumants de lumière
Je serais amazone d'infini pour chevaucher le temps
Entre tes cordes d'or, je saisirai les rênes
Et nous sauterons l'arc-en-ciel, porte du Tir na n'Og...
…///...
«Je sais où est la source, je sais qu'elle résonne en moi et quand l'heure de lumière sonnera, je viendrai, avidement, m'y abreuver... »
Harpes des sources et des fontaines
Esprit-cristal d'un matin de janvier
Lunes claires vibrant les ténèbres
Soleils blancs nés d'un baiser de bruyère
Cordes d'argent tissées du cœur d'un chêne
Souffles de tempête en mon sang
Esprit de source et de clairière
Elfenn Loar
Kevre Hud
Spered an Eienenn
« Un jour... le retour, à Dieu dont nous sommes étincelles. »
…///...
Communion
Il y avait la mer et il y eut mon corps
Il y avait la lune et il y eut mon âme
Il y eut une nuit de septembre...
Il y avait la caresse de l'eau
Mon corps entrant nu dans la vague
L'écume se brisant à l'assaut de mes seins
Comme proue de vaisseau de nuit...
Il y avait le vent dans mes cheveux
Vent d'océan aux voiles de la barque des âmes
Il y eut mon corps qui s'offrit à la vague pour la première fois en un halo de lune
Il s'offrit en amour aux rites de la lune
Seul dans l'infini d'une nuit de septembre...
Il y eut ton image de soleil et d'eau
Pour se conjuguer à mes reflets
Dans le mystère d'un halo bleu...
Il y eut sur mes lèvres le souffle chaud d'un amour infini
Sérénité de la nuit,
Univers se mirant en mon âme
Baignée de lune et d'eau
Imprégnant mon corps de nuit...
Création recommencée....
Alors, je reconnus, en moi,la Femme
Et je naquis...
Cap Fréhel Septembre 1979
…///...
Le Chant de Viviane
- Je suis océane et forestière
Je suis l'âme de tous les mystères
Fille d'une source et d'un rayon de soleil fou
Celle qu'en secret aime chacun de vous
Je porte les secrets de la terre
Je suis Viviane, la solitaire
Je peux être lune noire ou grand feu d'acajou
Quand sur ma harpe celui que j'aime, joue...
- Depuis plus de mille ans dans cette forêt je vis
Etranger qui passe, je t'offre l'eau de la Vie...
- Je suis la dame de la fontaine
De ces bois, je suis la souveraine
Maîtresse des êtres et des arbres et des landes
Je suis reine des nymphes de Brocéliande
En moi vibrent les forces anciennes
de la race des fils de Belen
Aux jours des solstices d'été
Quand descend le soir
Près de notre source je vibre d'espoir...
- Depuis plus de mille ans dans cette forêt je vis
Etranger qui passe, je t'offre l'eau de la Vie...
Toi dont ja'i conquis le cœur, ô barde
En mes sortilèges, je te garde
Prisonnier à tout jamais des lianes de l'amour
Car tu as voulu être mien, nuit et jour
En notre clairière tu reposes
En une prison de brume rose
Tendrement je veille sur ton sommeil de velours
Je suis devenue maîtresse de tes jours...
Depuis plus de mille ans en cette forêt je vis
Etranger, connais-tu le mystère de nos vies ?
…///...
Abred (le monde des migrations et mutations)
Je viens du fond des nuits d'un royaume d'oubli où point même n'avait de nom, mais, un jour s'ouvrira la porte sublime
Nul secret ne m'interdira plus le magnifique monde de lumière...
…///...
Vie
Lorsque l'incertitude en toi plonge ses vrilles
Quand le plus sombre ennui s'échappe en un sanglot
L'étreinte de l'angoisse assassine l'oiseau.
Regarde le soleil ; par toi un rayon brille.
Lorsqu'au plus loin s'envolent les pensées amies
Quand l'horizon ferme la rive à toute joie
Tu n'as droit de faiblir si tu gardes ta foi ;
Quand passent les nuages, il faut croire en la Vie.
Pour un soleil couchant qui t'offre ses velours
Pour l'espoir qui te fit croire encore à l'amour
Pour le don de ton cœur en éclats de lumière
Pour l'éternel miracle des matins nouveaux
La clarté triomphante au sortir des tombeaux
Laisse éclater ta joie en divine poussière !
…///...
Je veux être moi-même source en Brocéliande
Où viendront s'abreuver en mon Graal les quêteurs d'absolu.
Que nos poèmes conjugués soient les ruisseaux naissant de la source pour former fleuve immense qui communieront à la mer...
…///...
Je vous ai tant aimé
Je vous ai tant aimé, vous qui m'avez souri
Je vous ai tant aimé que je vous ai suivi
Quand la nuit de l'hiver avait flétri mon cœur...
Je vous ai tant aimé que j'ai tari mes pleurs.
Je vous ai tant aimé que mon cœur s'est épris
De folles libertés et de vents et de pluies
Etreignant de mon corps toute force hors la nuit...
Je vous ai tant aimé que j'ai chéri la Vie.
Je vous ai tant aimé que vers de grands soleils
Mon âme prit essor en un sublime éveil
Vous qui m'avez offert cette éternelle aurore...
Je vous ai tant aimé que je vous aime encore...
…///...
Remembrement
Le cœur éparpillé entre folie et raison
Tu remâches l'acide sève du renoncement
Exclu de la vie, garrotté d'illusion
Amour fossilisé de souvenance
Les pandores de la Taylorisation aiguisent leurs banderilles pour mieux jouir de ta mise à mort.
Tu végètes dans les latrines de l'inhumanité avec, sur tes lèvres, le fiel de l'impuissance
Le mors de la raison meurtri tes chevauchées de rêve
Tu lapes l'écuelle fangeuse des concessions à perpétuité
Tu titubes dans le marécage du devenir avançant avec peine sur tes béquilles d'utopie...
Ton rêve est un pigeon d'argile....Fais gaffe ! La société à le doigt tendu sur la gâchette !
Pourquoi te faut-il, perdre ta vie à la gagner ?
Tu voudrais fuir l'avenir poisseux englué que tu es sur l'attrayant ruban d'un papier tue-mouche...
Tu as mal et le poème coule comme sang de tes perpétuelles blessures
Tu souffres de vouloir garder tes yeux grands ouverts
alors que tant d'autres se complaisent dans l'aveuglement.
L'amour n'est plus que farine de Sanders offert aux groins des cochons
Les sexes mécanisés, informatisés, programmés, formatés fouillent et violent l'intimité profonde de ton être, emplissant tes jardins secrets d'une lave d'inexistence...
Larve rampante de la condition humaine ne crois pas que le fric te feras sortir de ta chrysalide.
La mort, sais-tu, est un puissant « hunanicide » qui ne se soucie pas de ton compte en banque !
Alors....
Alors, que la lumière éclate en gerbe d'étoiles.
Recrée la Vie, réinvente l'Amour, rebaptise-le, marche en certitude au chemin des ténèbres. Ne trébuche plus Homme-Rêve, aux sentes du compromis...
L'horizon t'appartient, fait en ta poitrine comme une entaille dans le temps.
Va dans la pérennité de ta foi aux visages, aux images, aux rivages de découvrance...
L'Amour t'accueille, il n'y a point de judas à sa porte...
Aux routes de tendresse, l'amitié tient auberge et t'invite à sa table...
N'est plus l'alternance entre rêve mort et songe naissant.
Flux et reflux n'effaceront plus ta grève de détermination...
Avant que l'écorce puis l'arbre ne soit mort, il te faut tailler ton âme dans l'aubier du vivre : une âme, une, solitaire, solidaire et indivisible...
Voilà quel sera ton remembrement...
Reprendre pleine possession de soi-même...
Et ce jour-là, tout gonflé de bonheur, comme la pluie chaude sur le Ménez, tu t'en iras doucement pleurer entre deux seins de pierre...
….///...
Brehelo
Dans la lande sauvage
Brehelo
Plus haut que les nuages, Brehelo, Brehelo
Au tertre du matin
Venu du fond des âges
Brehelo
Comme en pèlerinage, Brehelo Brehelo
Un druide a pris ma main...
Quand le jour envahit de brume la forêt
Lorsque la nostalgie vient étreindre tes pensées
Tourné vers le couchant, tu attends que la nuit se love en ton sang
comme lave d'oubli.
L'orient est endeuillé par l'encre de la mort
Une sombre langueur se glisse en ton corps
Le soleil s'est couché en emportant tes joies
Mais tu sais que, demain, à l'aube, il renaîtra.
Quand le soleil décline, Brehelo
Sur la lande carmine, Brehelo, Brehelo
Ne songeons qu'au matin
Mort et nuit te lancinent, Brehelo
Mais dans la paix divine Brehelo, Brehelo
Nous renaîtrons demain.
Au dernier soir d'octobre
Si tristesse te mène à la fête des morts
En la nuit de Samain où le soleil tari s'est immergé en toi
A la fête du gui, tu sais qu'il reviendra...
Plus haut que les nuages, Brehelo
Il est une âme sage, Brehelo, Brehelo
Lumière du matin
M'invitant au voyage Brehelo
En fabuleux rivages Brehelo, Brehelo
Là où
Un druide me prendra par la main...
…///...
O Ghel an eu (le Blé se lève)
Derrière moi sont les lambeaux dispersés de mes mésalliances
le givre de mes silences fait éclater la glace de mes cris.
Squelette dans un monde d'oubli, aujourd'hui, j'habille mes os de poèmes fraternels...
mes lèvres se tendent pour le baiser des étoiles.
Au tronc jadis stérile de mon inexistence, j'ai greffé le neuf rameau de la Celtie. En moi bourgeonne l'espérance nouvelle. Lors, j'ai sève d'espoir et j'ai sève de Vie...
Moi qui ne savais plus prier, j'apprends une à une les Triades...
Mon attente s'élance dans les foulées de l'aube.
Trente ans j'ai jeté le tramail et remonté le vide.
Aujourd'hui, dans le filet des jours et des nuits, frétille l'anguille d'or dont j'épouse les secrets méandres...
Eparses sur les grèves du passé gisent les empreintes de mes mille souillures...
Sur l'enclume des joies à venir se forge l'épieu qui brisera l'assaut de mes désespérances...
Je m'avance, dépouillé du superflu, en landes de partage.
Un corbeau blanc vole au-dessus de moi.
Un sanglier, symbole des libres errances, éventre la meute de mes gestes serviles...
Je puis attendre maintenant la relève de l'homme.
La tendresse tisse le jonc qui cerclera mon doigt d'accordailles premières.
Je suis l'inachevé que comblera la densité de ces moments de harpe...
Entre roc et bruyère, la nativité de mon âme...
L'eau vive emplit ma peau comme une outre...
Je sais la bourgade d'amour à la fourche des branches
Le sureau qui secrète les saison noires et rouges
Le silence qui ruisselle en pierre de plénitude
La sente d'aubépine que courtisent les vents
La main qui s'attarde sur la toison des mousses...
Merles et grives fraternisent pour les noces du lierre.
Le cortège des ombres marche à l'encontre de la lumière...
Le blason de la nuit se frappe d'une étoile ; celle qui enfanta notre pure rencontre...
je couche le miel de tes mots dans la rouge alvéole de ma poitrine.
Mon souffle haletant s'accroche à la crinière des roches.
Montent de la terre les senteurs divines comme une montée de lait en une gorge féconde...
Les sucs de bonté me donne la douce ivresse de l'homme...
Sonne l'heure claire dans la conque du temps...
C'est dans un lac aveugle, mais clairvoyant, que se baignent les étoiles...
Je cueille la goutte de feu dans tes paumes lustrales
En vivante offrande s'unissent nos pas
A ton front l'Etoile d'or de l'Amour
Et le large bandeau d'une ceinture d'écorce...
La rosée sur nos lèvres est hydromel des Dieux...
De nos rires silencieux jaillissent des fontaines...
Le bonheur repose dans le calice des feuilles...
Sur la clef invisible d'un si présent royaume s'agenouille le baiser ardent de nos cœurs...
La grande est simple beauté des lieux nous insuffle le pur désir d'une communion ailée...
Dans la tourbe généreuse de ce jour, nous plantons, ensemble, le gland d'éternité...
Notre sang mêlé repose dans la mémoire du temps et dans les rêves des cieux irradiant le granit de notre Celte alliance....
(Solstice d'hiver an 4353 de l'ère celtique)
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Laisse ton âme pleine bondir par les chemins...
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Femme-Source
Merlin ne savait plus si ces mots, il les adressait à Viviane où à la fontaine ou à la source. Qu'importe !
L'une était née de l'autre, l'autre se faisait l'une et toutes deux se faisaient lune...
Femme-Source
Ma vie prise à ta course
S'enroule à ta voix douce
Comme lierre au bouleau
Femme-Sève
Ton sang coule en mes veines
Et c'est le sang des chênes
Qui à tes nuits m'enchaîne
Femme-Rêve
Tu jaillis sur la grève
Comme grain nouveau lève
Au solstice de l'eau
Source vive
Ta danse me délivre
A tes jeux je me livre
Aux caprices des vents
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Le Roch Trevezel (La marche du ciel et l'espoir incanté...)
Landes rases affouillées, pétries en cavale des vents
Vieille échine orgueilleuse aux tendresses acérées de mille lames de schiste
Tu portes l'estafilade aux visages du temps
Tu arbores les fières cicatrices de tes amours millénaires...
C'est ici que les âmes rompent leur pain de brume
Que chaque étoile réenfante la lumière
Que chaque mousse féconde douceur nouvelle
Que chaque pore du granit enlace le silence
Que chaque herbe sauvage distille le filtre d'Amour...
C'est au sommet de tes légendes que l'homme-rêve prend son envol
Qu'il trempe le fer de son corps dans la coulée brasillante du ciel.
C'est ici que la pierre se fait mémoire, que le lézard se fait témoin quand, du ventre de la terre, éclos l'homme nouveau...
La lande peut brûler, soit sûr qu'elle fera peau neuve
Il en est de même de l'homme qui fait sa mue solitaire, qui se consume jusqu'à la cendre au foyer des justes connaissances...
Au sillon de sa vie germera l'espérance nouvelle...
Ici, un peuple est en marche depuis la nuit des temps.
Ecoute ses invisibles mouvances et le sourd chant de sa « parole ailée ».
Près d'ici, la mer se fait harpeuse.
Marchant à l'encontre des fêtes du ciel, elle joue la mélodie incantée en son âme de jade.
Elle va, la poitrine haute, le torque d'écume à son cou, au banquet du Ponant, son amoureux et serpentiforme séjour...
Elle te convie, heureux élu, à ses « noces océâmes »...
Viendras-tu cette fois sans renier ta Celtie ?
Laisseras-tu traîner tes oreilles à l'écoute de l'immortalité ?
Laisseras-tu tes yeux embrasser les lèvres du poème ?
Donneras-tu à ton cœur l'ivresse du sacré ?
Homme enfin révélé, ici est la litière de ton âme.
Ne sois plus incrédule, homme assis sur l'autel des mondes.
Ici la mort et la vie mangent à la même table.
Ne crains pas de rajouter ton couvert.
Ne te soucie pas de savoir qui, de l'une ou de l'autre, fait le plus de bruit ; chacune à son heure réclamera son dû. C'est à pacte tacite qui se marchande à grande paume de silence...
Tope là ! Qu'il en soit fait selon ton contentement !...
Si Dieu fit un premier jour, Armor fut sa première caresse.
En foulant de nouveau ce sol avec tout le respect de tes pieds nus, tu ne fais que renouer avec l'argile de ta naissance.
C'est ici, tu le sais maintenant, que prend forme le rêve immaculé de l'hermine...
De chaque empreinte de tes pas jaillira la source vive de tes entendements...
Homme ailé, tu es assis au Centre d'un Cercle qui a pour périmètre l'infini des étoiles...
Pen ar bed, le Bout du Monde...
C'est sur ce promontoire de la Connaissance que l'homme, de libre consentement, immole le dérisoire et épouse l'essentialité...
Au front de ce royaume une couronne d'épines noires.
Ne crains plus de payer à l'ajonc, la goutte de sang pour ton passage...
C'est ici le milieu de ta très longue vie. Ici, l'harmonie ne connaît point de rupture si ce n'est celle que génèrent les hommes...
Laisse tes incertitudes à jamais enfouies en galgal de sable.
Tu es particule vivante de l'univers en marche.
Ta propre gestation participe de celle du cosmos...
Homme-Serpent
Homme-Granit
Homme-Fougère
Homme-Goéland
Homme-Chêne
Homme-Amour
Tu n'es qu'une commune et complémentaire vibration...
Tu es l'heureuse symbiose de l'Homme accompli...
Homme d'aujourd'hui retrouve en terre de tes pères.
Ta vie ne saurait être un galet uniformément rond, tôt ou tard, la lame des mortels te brisera en deux...
N'attends pas d'extraire ton cœur de sa gangue.
N'attends pas de veiller le cadavre d'un monde illusoire, vérolé par la folie des hommes aveuglés de profits...
Ton combat :
La reconquête de ton identité légendaire pour qu'un jour on dise de toi :
- Regardez, celui-ci c'est Aremorica ; celui qui regarde la mer.
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Regarde, ceci est la pierre que l'on nomme granit et cela la fleur que l'on nomme bruyère. Entre les deux, il y a toi, cet homme qui ne sait pas encore son nom !
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Eaux des sources
Je vous chante eau des sources
Et ne peux plus parler
Je vous rêve, eaux des mousses
Et ne peut plus chanter
Je vous vis, rêves-sources
Et ne sais plus qu'aimer
Je ferme les yeux et tout est verdure
vert-bleu comme les algues
Vertes comme les larmes d'espoir au fond des yeux en une fin de nuit
Vert comme l'éclat d'un ruisseau de sourires...
Je vous offre mes mains et les doigts dessinent dans la douceur de l'aube, la promesse des soleils levants sur vos miroirs de tendresse.
La fraîcheur de vos rêves d'émeraude éclabousse mes rires de clairs feux oubliés.
Vole le vent des sources de mon âme vers les feuillages illuminés d'argent.
En la coupe de Vie coulent les jades de mes rêves aux transparences sereines du grand silence d'Amour...
Je vous chante, eau des sources
Et ne peut plus parler.
Je vous rêve, eaux des mousses
Et ne peut plus chanter
Je vous vis, rêves-sources
Et ne sais plus qu'aimer...
…///...
Et l'onde t'apprendra le nom de celui, de cela, en qui ton corps se répandra...
Dans nos paumes, une goutte d'eau... Y vient boire le soleil....
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