L'ARDOISE GRISE POEME 2017 BRAN DU 09 03 MARS
l'Ardoise grise... Bran du 08 03 2017
Forcément, s'efforce le vent
avant que le printemps
ne fasse bise aux joues des enfants...
Sous l'ardoise grise,
le silence brise
ses orgues de cristal...
Le temps fait triste mine ;
le gris s'achemine
puis le noir s'étend...
Le ciel déverses ses seaux...
La terre se gorge d'eau...
Les champs se font miroir...
L'arbre nu se couvre de brumes...
A son chevet un soleil s'allume...
N'est plus le parapluie des feuilles...
Entre Yffendic et St Perran
s'écoulent rus et ruisseaux,
naviguent les oiseaux...
Le merle chante à la pointe du jour
Chanson frivole qui se veut d'amour
Et qui frissonne dans l’œil des buses...
Un poème fume au coin de soi,
de la vie, le parfumé tabac,
qui danse en spirale...
Mars déborde et submerge,
dépose limon au creux des berges
pour que nature fasse moisson...
Les ajoncs du pays d'Armor
font rire même la mort
et sa charrette de turpitudes...
Viendrons mésanges à ta fenêtre
et oiseau en rouge gorge
pour t'apprendre enfin à être !...
Tu donnes au jour prénom de fille
et cueille pour elle la jonquille
qui fait collier au cou du bois...
Sera-t-elle de toi éprise
la fille en peine de tes joies
pleurant dessous l'ardoise grise...
L'arbre ne rêve au fruit
ni l'oiseau à son nid...
Les songes hibernent en hiver...
Senteur de feux dans l'air...
Il n'est de crosses nouvelles
au lit de mort des fougères...
Le vieux pommier
a fait son temps, gisant,
tout allongé, dans le verger...
Les vanneaux sont déjà loin...
En pâture quelques bovins
mâchent, tranquilles, l'herbe juvénile...
Je pense à celle qui, éprise,
mena jadis mon cœur à sa guise,
Sous un pentu d'ardoises grises...
Les morts encore sont fleuris ;
bien étrange est cet oubli
de fleurir aussi la vie !...
Les chatons pendulent aux branches...
Aujourd'hui, c'est dimanche...
On fait la queue au bar-tabac...
Les taupes déjà s'affairent
faisant leurs mottes de terre,
qui sont colères du paysan...
Le bourgeon vient au rameau
et l'arbre, lors, se fait nouveau...
Mais point, au coeur, de floraison...
Un froid hiver s'éternise...
Le paysan et sans payse
En son veuvage d'ardoises grises...