L'ART CELTE un accès majeur pour la compréhension
ART CELTIQUE ET SYMBOLES Article de Nathalie Ginoux, jacques Lacroix… Dans l’Archéologue N° 119 (extraits et commentaires Bran du)
L’ART : UN ACCES MAJEUR A LA COMPREHENSION DE LA PENSEE CELTIQUE
« Leur parole est brève, énigmatique, procédant par allusions et sous-entendus. » Diodore
Plan de réflexion :
Nous évoquerons ici l’art celtique et plus précisément l’iconographie laténienne avec pour introduction des fragments des études pertinentes et argumentées des auteurs précités…
Si les druides ont refusé de confier à l’écriture leur doctrine, à fixer à demeure leurs concepts philosophiques et spirituels, les artisans Celtes, sous leur conduite sage et éclairée, nous livrent des clefs pour en approcher les fondements….
Les arguments développés et retenus :
- La volonté de représenter une personne réelle, dans sa vérité anatomique, n’existe pas…. - Il y a une unité de sens chez les Celtes continentaux et insulaires… - Il y a une pérennité de l’art laténien dont certains éléments et le sens de la composition sont encore à l’œuvre dans le premier art chétien irlandais…
- Il y a une unité structurale du monde celtique…
- Il n’existe pas dans l’iconographie des Celtes de l’Age du Fer d’association entre un texte et l’image qui en serait l’illustration.
- Il y a un rapport différencié au réel ; une volonté délibérée de se dégager de la représentation vivante, naturelle, qui efface toute référence explicite à l’individu dans sa singularité humaine…
- Les Celtes anciens ont choisi, assimilé et transformé, quelques motifs des répertoires méditerranéens en fonction de leur propre système conceptuel…
- C’est une attitude mentale particulière vis-à-vis de la figuration comme pour les représentations des espèces humaines, animales, végétales…
- L’art laténien va rendre visible ce qui rend la forme insaissisable : la fluidité et la discontinuité, c’est-à-dire l’essence même de la transformation…
-L’iconographie laténienne comme la pensée mythique des Celtes insulaires ne fait pas de séparation entre les différentes espèces (humaines, animales, végétales)…
- Pour parler de cette fluidité de l’art celtique les professeurs PM Duval et V. Kruta parlent de « métamorphose plastique »…
- Le nombre 3 à une connotation sacralisante. Il exprime une idée de totalité, de perfection, d’accomplissement. Il est l’expression d’une force supérieure et d’une production divine…
- Beaucoup de noms contiennent une virtualité sacralisante et protectrice…
-L’Arbre chez les Celtes n’est pas adoré pour lui-même mais en tant que support de la divinité qu’il représente. Il y a un aspect symbolique particulièrement important. Les essences forestières ont un rôle emblématique…
-Il s’agit de représenter la divinité sans la figurer directement (lecture double ou triple de l’image)… Il y a plusieurs niveaux de lecture…
-Le symbole chez les Celtes oscille entre virtualité et ambiguïté mais relie au sacré. Il y a une valeur sacralisante des noms…
-La couleur noire évoque le monde souterrain, celui de la vie en gestation, des connaissances non révélées. C’est le monde inférieur nocturne qui s’oppose dans les conceptions cosmologiques au monde supérieur lumineux…
- L’emploi de la double ou triple spirale est en lien avec des données astronomiques (Les monuments gravés du mégalithique ont inspiré les artisans Celtes)… (Référence également à des constellations stellaires.)…
- Plus qu’un art à finalité décorative qui organise ses motifs c’est un art symbolique qui signifie…
- Rappelons ici l’interdiction, dans le monde Celte, de fixer par écrit tout contenu religieux…
- Il y a une interface entre le caché et l’apparent… »
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Commentaires Bran du :
Dévoilement :
Le sacré, dans le monde Celte, ne se livre pas en « direct », ne se donne pas à voir dans sa « nudité première », il s’habille de différentes façons qui s’entrecroisent, s’interpénètrent et s’entrelacent donnant sa nervure de vie et de force à la feuille « iconographique » poussée sur l’arbre de la représentation…
Il est l’énergie en mouvement, le ru qui coule sous la rivière des formes, la marée qui sans cesse modèle et remodèle la grève des perceptions graphiques… L’Esprit est le motif de tout motif mais son vrai visage se dissimule sous le couvert entremêlé de diverses figurations… Sous l’entrelacement des traits serpentiformes se tien l’œuf d’or, l’oursin de toute compréhension, de toute quintessence !…
Au-delà de ce qui se donne à voir émerge une autre vision et celle-ci se traduit et s’exprime dans le mouvement qui sinue sous l’image…
Faire preuve de discernement :
La vision implique ici une faculté perceptive alliée à une « connaissance » conceptuelle de la pensée celtique soit une capacité de discernement qui permet d’emprunter le chemin mental, intellectuel, doctrinal, cosmogonique tracé par l’artiste hautement inspiré et « connaissant »…
La surface ne livre pas immédiatement toute sa profondeur, sa « racine », ses fondements. Il est nécessaire pour opérer un dévoilement de se frayer passage au-delà du manifesté en parcourant le labyrinthe sinueux, en imaginant, en visualisant le parcours spirituel qui anime la figuration et l’expression subtilement extériorisée… Foisonnement d’un écrin qui laisse entrevoir quelques rayonnements du diamant qu’il enserre…
Les "Gens d'Art" :
Il est indéniable que les artistes et artisans celtes qui jouissaient d’un énorme prestige et respect de la part de toute la société celtique ; que ces « gens d’art », ont su très tôt déchiffré le « message » contenu dans les sculptures des monuments mégalithiques alors en place… Un message centrée dur l’idée que « la Vie est courbe, mouvance, danse, spirale… »…
Voyage, navigation, circulation...
Au-delà de la forme, le discernement fait que la lecture devient voyage et navigation, circulation dense et intense des énergies premières, initiales, élémentaires, fondamentales, originelles…
C’est ici la source d’où s’écoule un sang qui alimente toutes les artères du monde et des mondes…
C’est une partition universelle, le premier chemin, la première sente, qui acheminent l’être humain vers la compréhension sacrale de sa présence au monde…
Toute gravure invite le corps à se mouler dans la danse, à retrouver l’équilibre et l’harmonie, à incarner les flux, les fluides et les ondes qui parcourent et sillonnent la création toute entière…
Le "recouvrement" :
Le sacré ne se représente pas sinon peu à peu dénudé de ce qui le travestit en le protégeant du regard profane et profanateur…
« L’habit » suggère ce que contient le corps qu’il recouvre, mais seul l’esprit met véritablement à « découvert »… Cela implique pour aboutir à cette recouvrance en profondeur, à cette reconnexion vivifiante et régénératrice, le dépouillement mental le plus total…
Le Fond présie à toute Forme, c’est lui le Géniteur, le Fécondant… C’est lui qui façonne, pétrit, modèle, cisèle, entaille, agence toute potentialité parturiente…
Renaissance et cosmogénèse personnelle :
L’art Celte nous donne d’accoucher de nos agencements les plus intimes, d’exhumer du terreau infini, de l’humus absolu les filaments de lumière par lesquels se tissent la Trame Mère de toute existence…
L’art Celte est éminemment conceptuel. Il se conçoit dans l’union des contraires, dans la transcendance des dualités opposées, réconciliées et génitrices d’évolution…
Le sacré est partout à l‘ouvrage, ses dimensions sont omni-présentes. Il est sous-jaccent à toute lecture visuelle et émotionnelle de ce qui se donne à lire et s’offre au « déchiffrement »…
Ceci sous réserve d’un dépassement des frontières et limites imposées par notre modernité au libre échange entre inconscience et conscience, mémoire et devenir, mythe et réalité…. Nous sommes invités à dévoiler les drapés plus ou moins épais et nombreux qui nous recouvrent de leur chape d’obscurité…
Si nottre Anima privilégie des ambassades féminines c’est que le dévoilement n’en sera que plus époustoufflant et que la « cosmunion » est proche !…
L’individu n’a de densité et de consistance que dans son appartenance à l’énigme et au mystère… Tout être singulier réside en fait dans une dimension plurielle et ses diversités d’expressions laquelle est un miroir qui renvoie à l’Unité reconstituée en ses fragments…
Ne pas faire de "fixations" !:
Rien, absolument rien ne saurait être fixé, codifié, formaté à demeure… Opérer une fixation c’est vouloir arrêter l’écoulement calme ou tumultueux de la vie et c’est porter atteinte à celle-ci ; une atteinte grave envers la Loi d’Evolution qui ne saurait connaître le moindre obsctacle, le moindre enfermement, la moindre suspension…
Le monde Celte a pleinement conscience de cela et l’intègre à tous les niveaux de sa pensée et de ses actes, des plus simples, immédiats, ordinaires aux plus « ritualisés »…
Rien ne saurait interrompre ou casser le fil enchanteur de la vie ! Cela tout Celte le sait, le respecte et le vit de toutes ses propres fibres !…
Entre flux et reflux :
La pensée Celte apparaît donc bien comme une rivière à l’extrême fluidité qui épouse chaque berge du temps, chaque rivage de l’espace, chaque bordure humaine selon son impétueux désir, modelant toute forme sur son passage et n’ayant de cesse que d’aller embrasser l’océan infini… Faire barrage à cela, détourner le cours naturel d’un tel élan, d’une telle aspiration ne se peut ou alors c’est s’exposer à être submergé par un flot impétueux, celui de l’orgueil, de la cruauté et du mensonge et à périr sous les vagues écumantes et rageuses des vives marées de l’Esprit…
Invitation :
L’Art Celte nous amène à circuler, à dérouler notre crosse d’entendement, à rejoindre à partir d’un point « d’observation » les milles ondulations qui brassent tout l’univers…
Par lui nous sommes lors appelés « Voyageurs » !…
Si nous acceptons de nous laisser glisser en son lit de mémoire, en ses flots du devenir nous serons, alors, salutairement fouéttés par tous les vifs courants du monde…
Nous serons frères ou sœurs de ce Serpent d’eau, d’air et de feu qui nous offrira la subtile et ingénieuse articulation d’un nouveau jeu d’écailles !…
Etre en résonnance :
L’Art Celte associe, conjoint, connecte, marie, conjugue, assemble, regroupe et met en résonnance et correspondance tout ce qui est de nature à coparticiper aux Noces de la Vie…
Il prédispose à l’affinement, à la flexibilité, à la consolidation et fortification de toute nervure, ossature afin que toute structure épouse les partitions chorégraphiques d’une danse qui est celle de la Création elle-même…
Du fil sacré de la Vie :
Le Sacré est l’Opérateur, le Régisseur, le Régent suprême, le « Lieur », le « Bon Conducteur »… De sa main surgit le tracé ! Si la chaîne est immense, chaque fil est d’importance et il est d’importance de vouloir le nouer et le renouer sur l’écheveau du possible…
Tisser est ici un sacrement quand chaque être est tisserand de corps, de cœur et d’esprit…
A nous de ne pas perdre ni rompre le Fil ténu mais résistant et obstiné de la Vie !…
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Exercice : Lorsque que nous sommes en « perdition », ballotés par les flots d’une difficulté existentielle, que nous avons besoin de reprendre fermement et efficacement la barre de notre gouvernail quelque peu à l’abandon, épuisé ou tourmenté il est possible de retrouver ou d’acquérir les Forces, Energies et Lumières véhiculées par notre Tradition…
Pour retrouver nos bases, notre socle, notre assise de « puissance » (en tant que pleine capacité à être et à faire) je vous propose de vous mettre face à face avec l’image gravée sur le Chaudron de Gundestrup représentant le Dieu Cernunnos, le Maître de la Mort et de la Vie, de tous les règnes passés et à venir… (Image abondament reproduite sur bien des livres traitant du monde Celte.)
Plongeons notre regard dans les paupières fermés du Sage des Sages et recouvrons lors en une visée pertinente et profonde ce qui en nous attend son heure et son œuvre…
En effet, le Dieu s’impose à nous dans sa Force, son Energie et sa Lumière et nous donne à percevoir, à réceptionner, à transmuter « alchimiquement » et « amoureusement » en nous tout ce qui émane d’un tel rayonnement… Sérénité et paisibilité, maîtrise et contrôle s’expriment ici dans leur plénitude… Le Centre est là sur son siège au Point médian et régulateur de toute chose, dispensateur de l’équilibre et de l’harmonie auxquelles nous aspirons…
Dans une posture transcendentale qui est axe et pilier au sein de l’univers l’Entité majeure se tient dans la confluence de tous les flux. En assise au sein de la Création et sur son socle de sagesse il est comme un arbre humain, cosmique et tellurique à la fois… Il est le primordial, l’essentiel, l’Alpha et l’Oméga de toute parturition présnte, passée et à venir…
Il incarne un soc inébranlable défiant le temps, l’espace et l’oubli et les égarements des hommes à son égard… Sa posture émouvante de beauté, de splendeur, de vérité est au carrefour de toutes les mouvances qui cherchent forme pour devenir…
Soyez cette posture, soyez cet arbre qui se dresse en vous et qu’il ancre ses racines dans de tels fondements et assises… Retrouvez, en l’horizon paisible de l’instant, la droiture digne de votre verrticalité et laissez, au point de conjonction, connection et de conjugaison, monter la spirale dansante de la Vie ; celle qui enfantera en vous les Volutions et l’Elévation de tous vos plans et niveaux de conscience… Alors l’absolu rejoindra l’infini, toute mort enfantera sa renaissance… la permanence naîtra de l’impermanence, le mouvement fusera de l’inertie, l’informe trouvera sa forme, l’indicible s’exposera et se rassemblera dans tout ce que le silence a à nous dire de nos paroles et de nos actes à venir…
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