Les dits du corbeau noir

L'artiste et son modèle un film primé (13 nominations) de Fernando Trueba (Un portrait du sculpteur Marc Cros)

L'affiche du film

« Les premières œuvres taillées représentent uniquement des figures féminines.... »

« La plus ancienne sculpture attestée découlant d'une volonté humaine est la Vénus de Hohle Fels âgée de 40 000 ans. »

« La sculpture donne un sens à la matière, elle l'humanise puisque depuis la préhistoire le corps humain a été son modèle privilégié et presque exclusif. »... Luc Benoist

 
Au creuset de tes mains se façonne la matière
Elle joue des épaules et se fraye un espace
Sous les doigts caressants vierge de toute histoire
La voici qui se donne au mordant de la pierre
Entends ses jets de cris éclater au carreau
Alors qu'elle s'accouche et naît de tes efforts
La lumière qui se pose sur son corps meurtri
Lisse une peau de nacre
Et me voici

                                   Bayard

De la sculpture :

La sculpture est une activité artistique qui consiste à concevoir et réaliser des formes en volume, en relief, soit en ronde-bosse, en haut-relief, en bas-relief, par modelage, par taille directe, par soudure ou assemblage. Le terme de sculpture désigne également l'objet résultant de cette activité. Wikipédia

Synopsis du film :

Durant l'été 1943, dans la France occupée par les Allemands. Marc Cros, un célèbre sculpteur, habite non loin de la frontière espagnole avec sa femme Léa, qui fut naguère son modèle. Fatigué de la vie et de la folie des hommes, Cros a perdu l'envie de créer et se laisse happer chaque jour un peu plus par la morosité et la monotonie ambiantes. C'est alors que débarque chez lui Mercè, une jeune Espagnole, échappée d'un camp de réfugiés. Léa l'héberge. Cros tombe sous son charme. Mercè accepte de poser pour lui et faisant d'elle sa muse, Cros retrouve l'inspiration. Il s'attelle à une nouvelle oeuvre, peut-être son ultime sculpture...

(Télérama)

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Le film, inspiré d'une histoire vraie, raconte l'histoire d''un artiste qui renaît à l'art autant qu'à la vie, sous l'influence d'une jeune muse libre et sauvage...

Par la grâce de sa présence incandescente, le personnage de Mercé tranche avec la morbidité ambiante du film. Marc Cros est au crépuscule de sa vie, la guerre au loin charrie son cortège de morts, la beauté semble avoir disparu de la surface de la terre. Le sculpteur s'abîme dans la mélancolie, son art s'est tari. Mercé lui permet de renouer avec la grâce et la jeunesse, dans un moment de dévastation tant personnelle qu'historique.

Dernière offrande de la vie et d'une épouse qui renoue par procuration avec ses jeunes années de modèle, Mercé est, pour le vieil artiste, un matériau brut à façonner. L'apprentie modèle se soumet, avec défiance au début, aux longues séances de pose qui ritualisent ses rendez-vous avec le sculpteur, dans son atelier perché dans les hauteurs du village.

(Le Monde)

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« Je voudrais une femme comme un rocher, comme une plante sortie de la terre, comme un arbre, comme la terre, une émanation directe de la nature... J'ai poursuivit cela toute ma vie sans jamais l'atteindre... Jamais, jamais... »

« - On parle d'équilibre, de plénitude de forme, d'évidence....

• C'est ça, C'est ça... Tout est là... »

« La première preuve de l'existence de dieu,

c'est le corps de la femme... La genèse, c'est de la foutaise...

Dieu créa Eve, l'épousa et eut un fils Adam.... »

Propos du sculpteur Marc Cros interprété par Jean Rochefort

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Impressions Bran du :

...Debout dans l'auge de granit, elle pétrissait avec ses pieds nus la terre argileuse, la malaxait avec jubilation, avec volupté et du rire plein les dents...

Elle ne le savait pas encore mais, en dehors de la joie quasi enfantine qu'elle exprimait alors, naîtrait, s'en viendrait au monde, son âme de femme pleine de vie, de chant et de danse...animée d'eau et de feu...

(Le sculpteur figeant dans le marbre la beauté de ce rayonnement resplendissant et éternel. L’œuvre achevée et parée de lumières, il pouvait, lors, moucher sa propre chandelle !)...

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Tout se tient dans le regard ; le reste suit ou non, ignore ou étreint...

Tout se tient dans le regard, le singulier et le pluriel, la mort et la vie, l'animé et l'inerte, la forme et l'informe, le lisse et le rugueux, le mouvant et le figé, le sombre et le lumineux, la chose et son contraire, l'accordé et le dissonant, l'équilibre et la disharmonie...

Tout se tient dans le regard éclos dans l’œuf primordial après une longue couvaison d'étoiles...

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La pudeur dénudée, il n'est point besoin, il n'est plus d'heure pour bien aimer....

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Quand le trait épouse les lignes et les courbes dieu lui-même revisite sa création...

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Il fallait noircir et ombrer, ombrer encore pour que puisse resplendir la pure blancheur de ce corps...

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La statue de la déesse avait les deux bras cassés mais la beauté s'y blottissait comme une eau sacrée et transparente épouse le bassin de la source ancienne...

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C'était une « fille des chemins », pérégrinant par les traverses de l'exil, avec les chevilles et les mollets couverts d'estafilades de ronces et de genêts-scorpions ; c'était comme si toute la garrigue réclamait ce sang sacrificiel pour célébrer son culte lunaire et solaire sur le torride autel du temps et de l'espace...

Midi dans sa pleine force, midi « éblouissant »...

Elle lavait ses pieds meurtris sous le jet clair et vif d'une fontaine et la vie elle-même eu soif comme tous ceux attablés sous la véranda de verre, comme la place toute entière, comme les lézards et les grillons, comme les cigales hautement perchées...

Comme un rêve qui creuse un puits pour désaltérer ses songes...

Au zénith de cet été certains cœurs connurent une douce ivresse...

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L'artiste sait plus que tout autre l'amande de lumière enclose en la bogue d'ombre...

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Le Féminin : une fontaine d'eau vive et de jouvence... L'art, la sculpture, sont les vasques et bassins qui tente de la recueillir...

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Quand le modèle pose, l'esprit marche lentement à sa rencontre...

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Qu'elle soit d'argile, de bois, de pierre, d'os, d'ivoire, ou de bronze, le nu féminin est une constellation de lumières...

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A l'origine était le Désir et celui-ci modela l'argile et de l'argile naquit la Femme....

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Le buste féminin est une ambassade de la beauté. Puissiez-vous en visiter le Palais !...

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L'artiste recherche la perfection ; heureux si, l’œuvre « achevée », il en est déjà le tremplin, le promontoire....

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L'alliage (comme l'alliance) préside aux enfantements du beau...

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Du fusain fuse l'ébauche, les lignes de force, « l'architexture »... puis le vide prend corps...

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Le polissage est une douce fièvre propice à la maladie d'amour...

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Aimer, c'est modeler et polir le silence et en faire jaillir le chant...

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Esquisse et ébauche sont les premiers mots d'une lettre d'amour....

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L'artiste certes fige dans le bois ou le marbre les contours d'un continent féminin dont les ombres projettent la lumière...

Le modèle se trouve ainsi fixé à jamais, mais les mouvances qui s'en dégagent font danser l'âme et le cœur.

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Au sein de milliers d’huîtres il est parfois une perle, heureux l'artiste qui la trouve et la polit de ses mains...

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Froid est le marbre de la statue qui fait chaud au cœur...

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Pour faire mémoire certains commandes une sculpture d'autres se contente du souvenir...

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Blanc est l'habit que revêt la beauté... Noir est le trait initial qui la met au monde...

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C'est par le "Féminin" que l'art s'en est venu au monde !...

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