L'ENIGME DES STATUES-MENHIRS DU ROUERGUE 2022 LECTURE ET EXTRAITS BRAN DU 17 08 AOUT
L'Enigme des statues -menhirs du Rouergue
(Aveyron)
Source :
Statues-Menhirs
Des énigmes de pierre venues du fond de âges...
Edition du Rouergue
Il est fort recommandé pour être « mis en présence » de visiter le musée Pierre Soulage de Rodez...
Pour rappel : La fin du Néolithique est aussi la fin d'un monde et l'amorce d'un autre monde !
Texte d'André D'ANNA :
Cet art Néolithique comporte les plus anciennes représentations humaines de grande taille dressées il y a plus de 5000 ans...
Ces représentations peuvent être des divinités, des héros, des personnages du commun ou des chefs de clans... Bien des hypothèses sont permises....
Qui les a érigées et dans quels buts ?
On en a trouvé par groupes entiers sur le pourtour Nord du bassin méditerranéen dont, sans doute, le plus important ensemble dans le Rouergue ( point de départ d'une dissémination alentour ?)
(On en trouve dans les Alpes, en Italie du Nord, en Corse, en Sardaigne, à Guernesey, en Espagne, en Armorique, en Crimée et en Ukraine...)
On peut distinguer ou imaginer sur ces statues des tatouages, des changements de sexe, la présence d'un objet inconnu, des significations aussi multiples que les lieux et les cultures qui les ont vu naître....
L'esthétique des statues menhirs est intacte ; ce sont des formes à la beauté singulière. Leurs rythmes jouent avec la lumière...
Ces mégalithes stylisés sont touchants par leurs traits, leurs membres, leurs visages...
Ce que nous en dit le peintre Pierre Soulage :
« C'est la densité, la frontalité, l'impression d'une puissance permanente... On sait qu'elles sont Préhistoriques mais leur présence, leur force surgie du passé les font aussi y échapper et nous oublions leur origine...
Elles sont là, devant nous, énigmatiques et fascinantes. »...
« Ces statues-menhirs sont à voir comme une œuvre d'art ; c'est-à-dire créant à partir de l'émotion originelle une dynamique de l'imaginaire et de la pensée...
Ce sont des œuvres hors d'un temps, d'une consistance indéfectible.. ; »
Elles n'expriment pas, elles sont... »
…///...
Les questions qu'elles suscitent sont fastidieuses...
Est-ce là l'expression de l'identité d'un clan signifiant sa cohésion, son existence même et sa survie de ce fait ?...
Ces statues sont-elles des « intermédiaires » entre le ciel et la terre, la terre et le ciel ?
Ont-elles pour objet de servir de repères et de jalons dans l'espace, de signifier les limites d'un territoire, la présence d'un enclos sacré, d'un « sanctuaire » … (Un lieu cérémoniel qui ne concerne peut-être que les hommes et non les dieux, qui serve aussi d'initiations diverses ? Un espace où l'on rend la justice, où l'on prend des décisions importantes pour la tribu ?)
Elles ont été dressées entre le 4iè et le 3iè millénaire avant notre ère...
Qui sont-elles, que signifient-elles ?...
Une œuvre d'art ? Des hommes et des femmes du commun ? Des dieux et des déesses...Des objets utilitaires ?....
Il est probable qu'elles aient été peintes (une hypothèse qui vaut aussi pour des menhirs...)
Toutes compréhensions et interprétations de cet art Préhistorique sont impossibles....
Les concepts qui présidaient à l'existence de ces représentations anthropomorphiques sont perdus...
Il n'y a pas de réponses valables et argumentées archéologiquement aux questions posées....
La sculpture anthropomorphique a pu être assimilée au support symbolique et aux expressions multiples d'une même religion Néolithique...
Les statues découvertes dans des sépultures ont été interprétées comme des déesses des morts...
Celles découvertes sur les habitats témoigneraient de l'existence de divinités tutélaires des activités quotidiennes...
Celles des espaces éloignés des habitats évoqueraient les esprits de la forêt jalonnant les parcours...
La similitude des effigies permettrait de constater qu'un même personnage aux multiples facettes protectrices garde des sépultures, veille sur les vivants et guide dans les forêts...
Pendant tout le néolithique, les quelques indices de religion ou interprétés comme tels donnent la place principale aux représentations féminines : la Déesse-Mère ; soit le fondement de cette société matriarcale et matrilinéaire...
Nous avons là, à priori, dans cette représentation du féminin notre première Déesse des Morts...
A la fin du néolithique, l'apparition des représentations armées seraient le signe d'une évolution vers les sociétés Protohistoriques... Le guerrier dont le pouvoir réside dans la force est lors magnifié...
Quel sens, signification donner à ces statues-menhirs ?
Un dieu unique et polymorphe ou des divinités multiples et spécialisées ?
A cette période tout ce qui était à l'image de l'Homme est une image « muette » puisque les dieux ne s'adressent pas aux hommes par le langage ordinaire...
Les tailles de ces statues figurent un personnage semi-humain, humain ou supra-humain ceci apprécié selon la dite taille...
Peut-être faut-il voir en cela une modification importante donnée à l'Homme au sein de l'Univers où il prend de plus en plus de place ?
Il est « périlleux » de répondre aux questions et interpellations que suscitent ces statues-menhirs...
Ainsi l'archéologue à tendance à exprimer une idéologie personnelle qui explique et repense le passé en fonction de ce qu'il est et de ce qu'il croit...
Et si les statues menhirs n'avaient rien à voir avec une quelconque religion ?
Des croyances, oui, certes, et surtout des peurs, des espoirs, des envies et des besoins éminemment matériels...
Produire et consommer n'est-ce pas là le fondement du fonctionnement des sociétés ?...
Aux explications religieuses sont venues, ces dernières années, se greffer et se succéder les hypothèses sociologiques...
Les arcs, flèches, poignards, crosses , haches, et les objets ostentatoires et emblématique, les perles et colliers, ne seraient peut-être pas les signes d'un pouvoir divin mais ceux d'un pouvoir temporel, présent ou passé ; l'expression d'une richesse ou de compétences ?...
Ne seraient pas aussi des ancêtres « solides », vaillants, et fondateurs du clan ?... Des chefs puissants qui maintiennent le dit clan et qui l'inscrivent dans le temps et l'espace ?...
Quoi qu'il en soit, « C'est là une puissance d'évocation qui construit par delà le temps, le lien privilégié entre l’œuvre et celui qui la regarde. » Annie Philippon
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