L'EUROPE DES ORIGINES V. KRUTA EXTRAITS ET NOTES BRAN DU 2016 20 09 SEPT
L'Europe des Origines de Venceslas Kruta (extraits)
Notes et réflexions Bran du 20 09 2016
Extraits :
« L'art est intimement lié à la religion . »
« ...L'art préhistorique révèle une remarquable maîtrise des formes, des formes souvent étonnamment proches de l'art contemporain mais constitue aussi un témoignage unique de l'univers spirituel des habitants de l'Europe ancienne...
L'art reste indissociable des aspects essentiels de la pensée religieuse. Il reflète ainsi la découverte d'un ordre universel régi par les Dieux mais également l'émergence progressive d'une humanité qui construit par le mythe sa propre mémoire...
Du corps féminin :
Cette image du principe fondamental de toute vie aux yeux des anciennes sociétés agricoles fut pendant quatre millénaires représentée par l'art européen...
(Elle s'estompera par la suite, le masculin étant de plus en plus « représenté.»)...
L'Esse, la Spirale :
Elles pourraient être les représentations emblématiques du mouvement supposé du soleil ; l'astre donneur de vie dont les variations saisonnières directement liées au cycle végétal devaient constituer une référence essentielle...
(Les chevaux et les oiseaux sont symboliquement associés à l'astre solaire dont ils tirent le « char ».)...
La spirale décrit le mouvement du soleil entre deux solstices, elle est « orientée » (Est-Ouest par exemple)
…///...
La majeure partie des sociétés préhistoriques, de leur organisation, et de leur croyance, n'est connue en effet qu'à partir d'interprétations hypothétiques de la documentation archéologique...
L'art de l'Europe Protohistorique se révèle être une source de premier ordre qui permet d'appréhender les racines lointaines et profondes...
Le répertoire des populations des premiers millénaires d'une Europe en marche vers l'Histoire est relativement uniforme...
Notes B.D.
L'Art (en tant qu'expression « religieuse »), nous met en profonde relation (et dans un « recueillement » fervent et intime) avec une image dont la charge « magique » est un Hymne adressé à l'Essence, au Principe et à l'Anima de tout être et toute chose...
La Civilisation dite Mégalithique... (Au Néolithique)...
« Les mégalithes sont le lien essentiel de la communauté avec l'ordre cosmique. »...
Les images, signes, symboles, gravés sur ces pierres sont des éléments qui s'imprègnent des forces sacrées qui les visitent alors en un moment « favorable »...Cette force sacrée est une garantie de renouveau, de renouvellement...
Le Triskel qui est gravé au fond du couloir qui mène à la chambre dolménique (et matricielle où mort et renaissance se conjoignent) de Newgrange reçoit au solstice les rayons solaires qui viennent féconder le symbole et le rendre « actif » et « opératif »...
Les âges et périodes se suivent (le cuivre, le bronze, le fer, accompagnent les mutations sociétales...)
L'image très présente de la « Déesse-Mère » s'estompera au fur et à mesure de ces « mutations »... Le « monde masculin » sera de plus en plus représenté...
Peu de figuration humaine à l'origine des expressions puis apparition de celles-ci... Les anciens « dieux » sont sans visage humain (on exprime seulement les principes primordiaux) puis la figuration humaine apparaît...
Il s'agira aussi et peu à peu également de conserver la « mémoire du temps »...
Le soleil continuera (le monde des astres) à être représenté par exemple sous la forme d'un disque d'or attelé à des chevaux ou à des « oiseaux »... Mais aussi sous la forme d'une barque solaire...
L'art oriental introduira un répertoire imaginaire qui côtoie le quotidien (exemple les monstres inquiétants.)...
Cette influence sera manifeste dans le domaine de l'art Celte, mais celui-ci s'en émancipera pour traiter les nouveaux éléments à sa façon...
A l'Âge du Bronze, qui dure environ un millénaire, on affine et on unifie le langage symbolique et allusif dont le lien avec les divinités astrales plus particulièrement, et avec évidence, le grand dieu solaire...
On assiste à la naissance d'une élite mythique (guerrier héroïque) qui a accès au monde des dieux.
La distance entre le récit parlé et le langage des signes ne cesse de s'accroître...
Les gravures rupestres des vallées alpines et de la Scandinavie :
Le symbolisme solaire y joue un rôle de premier plan.
Stonehenge :
Ce sanctuaire et temple aurait demandé jusqu'à 30 000 heures de travail et une société parfaitement organisée et nombreuse...
Ce fut à la fois un centre cérémoniel, un observatoire astronomique et un complexe cultuel... Depuis peu on ajoute à ces multiples fonctions une fonction thérapeutique soit un « centre » de « soins »...)
Les Celtes : L'Art Celte :
Un ensemble de forces évocatrices très cohérent...
On ne peut avoir, par exemple, qu'une certaine idée du monde religieux des Celtes. A défaut de textes, c'est dans les images que l'on cherche à identifier les témoignages, qui permettraient de délimiter au moins les lignes générales, essentielles, de l'univers spirituel des différentes populations de l'Europe ancienne.
Les Celtes décèlent, sous les apparences des êtres, les signes des forces surnaturelles qui régissent l'univers...
Ils utilisent l'image pour représenter ce qui ne peut être vu (car se trouvant au-delà les apparences.)...
Ils refusent l'enseignement écrit et la narration imagée de leur mythologie (ils emploient le symbole et les formes allusives avec une virtuosité inégalée.)
Notes B.D. :
En absence de supports écrits émanant du Monde Celte lui-même, nous en sommes donc réduits à des conjonctures rassemblant divers faisceaux croisés d'informations de diverses provenances et plus ou moins fiables....
Les études en religion comparée et en organisation sociale au sein du monde indo-européen peuvent apporter des éléments correctifs aux supputations dégagées ; de même que les récits insulaires irlandais et gallois. Ce corpus de données peut par les rapprochements opérés éclairés des zones d'ombre, mais il en subsistera encore bien d'autres et non des moindres...
Aussi, la recherche a-t-elle ses limites même si les progrès réalisés apportent un précieux concours à l'extension des sources de compréhension, ceci augmenté, favorisé, par l’interdisciplinarité mise à l'honneur au sein des démarches universitaires et archéologiques....
Nous en savons davantage sur l'aspect formel des conceptions « spirituelles », sur le comment des actes opérés, mais le pourquoi comporte bien des vides qui ne sont pas comblés ; pour autant que l'on puisse, d'ailleurs, les combler un jour !...
Nous disposons d'une « Matière celtique » abondante, mais son « Anima », son « Principe » et son « Essence » demeurent encore pour partie inconnus...
D'autant plus inconnus que les sages de l'Ancienne Celtie n'avaient pas eu l'outrecuidance intellectuelle de concevoir une doctrine figée dans l'espace et le temps et dénouée de toute évolution, bien au contraire !...
Leurs conceptions ne valaient que pour un temps et dans un espace donné. Ils savaient, avec pertinence et sagesse, que l'Esprit ne pouvait être fixé à demeure, enfermé et cloisonné dans des concepts le limitant et le ramenant à la dimension des facultés humaines...
Pour exemple : L'étude des religions de l'Inde, avant et après l'arrivée des indo-européens confrontés aux population de l'Indus démontrent les évolutions notoires et notables survenues au cours de ces périodes et les variations conceptuelles conséquentes relatives au rapport au sacré, au divin, à l'Âme, au Salut, à la Conscience, au « Soi » et au « Moi » etc...
On constate que sur d'aussi longues durées la pensée philosophique, spirituelle, religieuse se modifie même si certains schèmes originels de compréhension persistent, ils ne sont plus les seuls à proposer des explications « métaphysiques » applicables à l'individu et à sa société ; lesquels s'offrent de nouveaux choix jugés plus « satisfaisants » et/ou plus « accessibles »...
On estime la période celtique comme s'étendant pendant au moins un millénaire ( si ce n'est davantage avec les Proto-Celtes) sur une grande partie de ce que sera la « future Europe »...
En mille ans bien des concepts peuvent évoluer et ils ont en fait évolué ; une religion dite cosmique (Ciel diurne, nocturne, crépusculaire,aurore)... précédera une religion encadrant l'organisation de la société (sur une base trifonctionnelle du type indo-européen), des dieux anciens seront « remplacés » par des nouveaux ce qui implique une évolution des croyances et des pratiques...
Les druides concourent eux-mêmes à ces évolutions...
Ces évolutions grandiront en « complexité » d'où la difficulté de les appréhender réellement en absence de sources explicatives émanées directement du Monde Celte...
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Notes B.D. :
Pour en revenir à l'art Celte en tant que manifestation du rapport sacré, religieux et spirituel, conçu et pratiqué alors...
L'essentiel de l'expression ne réside pas dans la « forme » mais dans ce que celle-ci évoque allusivement et en ayant recours aussi au langage symbolique et à la force d'évocation qui réside en lui... La forme n'est qu'un trait d'union vers l'entendement de son Anima à laquelle elle est profondément et intimement reliée...
La forme, en apparence matérielle fixe, met, en fait, en mouvement le regard et l'intelligence qui se posent sur elle quand la connexion d'entendement, qui passe par la connaissance voire l'initiation, s'est ainsi opérée...
La forme est danse, circonvolution, courbe, volute, spirale, enlacement infini, évolution et involution, chorégraphie vibratoire et ondine pour autant qu'elle est « activée » par un branchement adéquat sur ses flux, influx et courants ; (Sa dynamique énergétique) et surtout sur son exacte « fréquence » (en terme d'émission, de réception, de transmission et retransmission.)...
La forme ainsi conçue et représentée est alors comme un tremplin, comme un promontoire « matériel » qui autorise et favorise les envolées de l'Esprit et les mises en correspondance, en écho et résonance spirituels...
L'oeuvre à sens par son « Essence »...
Identifier symboliquement...
Connaître analogiquement...
Maîtriser par entendement et cohérence...
Rendre un fervent hommage au sein d'une relation « exacte », équilibrée et harmonisée, qui recherche la conciliation et l'entendement suprême... (Dans le respect et la compréhension de la Loi des cycles alternatifs.)...
La pensée se fait action et l'action à but et objectif tel que la pensée dirigeante le met en œuvre à ces fins...
La connexion réussie suppose de se positionner, d'occuper, un « plan médian » , un état de fait et de situation qui soit, et qui fasse, équilibre et harmonie...
Toute « Force » présente ou mise en présence se doit d'être connue, respectée et « canalisée » au sein du « service attendu » tant par l'officiant que par la « Force » elle-même...
L'image est une ambassade, en quelque sorte un miroir dans lequel la déité peut y trouver quelques uns de ses reflets sans en prendre ombrage, car ils participent de sa « Lumière »......
L'art celte est une expression en recherche de conciliation et d'entendement. Il entend être totalement et pleinement participatif (en symbiose donc) avec ce qui meut la Roue de l'Univers, des Êtres et des Choses...
Parmi l'éventail des œuvres toutes remarquables à leur niveau d'expression, il ressort une figure constante et primordiale qui évoque la sage et sapientiale « maîtrise » qu'implique la fonction sacerdotale, la fonction de « médiateur » entre terre et ciel, ciel et terre... (Une fonction qui s'apparente à l'Arbre de vie, à l'Arbre cosmique etc)
La plus célèbre de ces figures se trouve sur le fameux Chaudron de Gundestrup en la figure de Cernunnos (le Dieu cornu) et sa posture exemplaire qui fait « équilibre » entre toute la Création et toutes les Créatures...
De nombreuses représentations reprennent ce même modèle qui évoque par excellence la relation primordiale et essentielle attendue et souhaitée, inspirée et enseignée, par une Tradition directement connectée sur les Forces, Energies et Lumières « Incréées »...
Tout l'enseignement druidique (et bien d'autres enseignements traditionnels fondamentaux ) se tient là en fondement et assise pour l'élévation de notre cœur, de notre esprit et de notre âme et leurs heureuses et efficientes envolées et connexions avec les ambassades vibratoires du « Un » !...
Ce qui ressort avec éclat et « transfiguration » de cette figuration, c'est la place que se doit d'occuper le « sage » le prêtre, le sacerdote...
C'est, ici représenté, l'être « transcendant » par excellence...
C'est l'Etre EQUITABLE qui est en mesure, en concorde, en « justesse » de faire une équitable « répartition » entre ce qui appartient aux Dieux et Déesses (aux Energies, Forces et Lumières) et ce à qui et à quoi elles sont destinées et ce qu'elles sont amenées à recevoir en juste retour d'une humanité qui fait alliance, confiance et espérance avec Elles......
Nous avons là un thème magnifique de réflexion pour concélébrer les « Equinoxes » !...
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Un fervent cortège porte en son cœur la Déesse-Mère et sa coupe d'offrandes ignées. Un cerf précède et conduit la troupe aimante, un autre cerf « ferme » la marche, mais cette « fermeture » est aussi une « ouverture ». Au centre se tient donc l'éternel présent lequel est aussi un présent puisqu'il est offert à ce qui relève de « l'immortalité »...
Ce qui est ainsi porté aux nues, au plus haut point possible d'élévation, c'est le feu des origines et des fins, c'est la flamme aimante qui danse pour les dieux et les déesses et qui porte jusqu'à eux le message humain fait de souhaits et d'espérances...
Et cela jaillit aussi du foyer de l'homme, de l'âtre de son propre cœur...
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