L'ILE (SUITE 2) DEPART POUR L'ILE RECIT BRAN DU 09 ET 10 04 AVRIL
Photo Bran du
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Départ pour L'Île Bran du Les 09 et 10 04 2019
« Avec joie ou avec angoisse, peu importe, c'est rêver qu'on se sépare ; qu'on est déjà séparé, loin des continents, qu'on est seul et perdu – ou bien c'est rêver qu'on repart à zéro, qu'on recrée, qu'on recommence. »
Gilles Deleuze L'île déserte et autres textes.
« Viens, je t’emmènerai sur ton île secrète, celle-là même qu'enveloppe ta chair frissonnante parcourues d'ondes claires, ta chair jadis meurtrie par les flots rageurs de la crainte et de la peur. »... Bran du
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Départ pour l'île
Bran du le 09 et 10 04 2019
Ce qui est devant est tellement plus important que ce qu'on laisse derrière soi dans le désert d'un quai où ne se déploie nul mouchoir... Nul regret pour vous retenir, mais que le désir, que le magnifique, le stimulant, le novateur et l'enthousiaste désir...
Si la prise de « recul » est nécessaire, rien ne saurait remplacer l'élan et l'avancée dans l'Inconnu, tant il est vrai que seul « l'inconnu peut nous remettre au monde », comme le disait, avec justesse, la poétesse et druidesse Angèle Vannier...
« L'Inconnu », n'est-ce pas ce qui nous permet enfin d'être « nu » avec le Un, avec ce qui restitue en nous l'Unité, qui rassemble ce qui était dispersé, fragmenté, séparé de la Source première, de la Matrice de toute « primordialité »?....
L'horizon, ce point éloigné à l'extrémité de notre vision, attend notre audacieuse, désirable et volontaire « traversée »... Il donne rendez-vous à ce qui en nous aspire à la découverte et à la rencontre, tout cela qui fera aimante lecture des lignes de notre main et du tracé de notre cœur...
Au fur et à mesure que le bateau du passeur se détache et s'éloigne du continent, des pans et lambeaux de quotidien s’effilochent et se diluent dans une brume vaporeuse qu'un vent de Nordé emporte se perdre dans cet horizon qui nous pénétrera autant que nous le pénétrerons...
L'image que l'on peut se faire de l'île (à la supposée virginité « convoitée »), c'est celle d'un utérus de landes et de grèves, d'une caverne matricielle qui soit l'un des plus sûrs abris contre l'extérieur insidieux des mondes et les relents ou clapotis des marées urbaines et citadines laissées au quai du départ...
Circonscrite dans son anneau d'écume et de vagues, l'île semble clore l'espace de résidence comme un cocon blanc, vert ou bleu enserrant la chrysalide de notre être appelé aux envols décisifs parmi les goélands et les embruns...
Certes, son horizontalité fait « Cercle » autour du « Point » que nous sommes conviés à devenir... Mais au Centre, au Sein de l'île, s'élèvera alors notre « Arbre de Vie » et la Verticalité de ce qui « Fût, Est et Sera » sera lors plantée, fichée, au Cœur du Cœur, faisant conjonction d'entendement entre les racines du ciel et celles de la terre...
L'île, ne faut-il pas n'y être que de passage, ni demeurer que dans la mémoire d'un lichen, d'une parmélie alors que la marée des songes brasse les souvenirs ?
Pourquoi s'exiler du continent pour y retourner une fois le séjour effectué sinon pour faire de l'exil une corbeille de noces offerte à une mariée qui ne viendra pas, qui ne viendra plus, si ce n'est dans la lueur entrevue d'une étoile ?
Si ce n'est pour faire du quotidien un tremplin pour l'envol d'une « présence accrue » en tout espace et en tout lieu ?
L'île est un temple à ciel ouvert, un sanctuaire pour futurs initiés, le lys des sables comme le pétrel ou le fou de Bassan y célèbrent aussi leurs offices et qu'importe l'heure, le vent, fidèle messager des souffles, le colporte aux déesses et aux dieux...
Comment ne pourrais-pas, moi aussi, concélébrer sous l'arche d'azur aux enluminures d'or ? La mer dresse chaque jour le mouvant et émouvant autel et en renouvelle la nappe d'écume et de sel... La belle saison en fleurit les ourlets dansants de silènes et d'arméries...
Oui , je veux être pleinement de cet office, j'ai offrande sur moi de chair et de vœux... Je n'ai que mains tendues, mais celles-ci sont larges et creusées des chemins où, jadis, je me suis perdu...
Levées vers le ciel, elles prennent forme d'ailes et ce sont ces ailes qui emportent vers les cieux la coupe sanguine, verte et bleue, de mes souhaits, de mes vœux...
L'offrande, elle réside là, dans le creux, entre tes doigts ; elle se tient dans le « profond », comme une pépite solaire brassée par le flux des rus qui s'écoulent entre mes paumes...
Ce sont, ces ruisseaux, les filets d'eau de mes ans qui ruissellent ici depuis la source des naissances jusqu'à l'estuaire du devenir...
Celui là qui est serti d'amour comme un printemps de fleurs, celui-là peut se porter à l'autel, nu et revêtu de cette blancheur qui dit de son cœur, toute l'infinie transparence... tout l'intime consentement, tout l'intime entendement...
Ainsi de l'offrant et de l'offert et des servants en « aube rouge »...
Pour cela, il me faut renouer avec ce centre, ce pivot cette conjonction axiale, avec cet essieu et ce noyau autour desquels parfois je chante et je danse mon équilibre et mon harmonie...
C'est lors que mon Verbe reprend Souffle et que le Souffle ranime les flammes de mon cœur de cendre et de braise, le foyer ardent et brûlant de mes plus justes et ignés désirs...
J'ai été ainsi à la rencontre de l’Angleterre, de l'Irlande, de l’Écosse, de la Corse, de la Sicile et de la Martinique... J'ai été en « terre inconnue » et en ces terres j'ai reconnu l'humus de toute naissance, le terreau d'espérance des peuples parfois disparus...
Mais, bien plus près des rives de mon enfance, en bordure d'une Armorique qui me révéla à moi-même par le Féminin d'adoubement et de reconnaissance, il y a ces trois là : Ouessant, Bath et Bréhat, chacune avec sa nudité singulière et ses vêtures propres...
Nu et vêtu, je l'ai été par elles ; j'ai reçu de chacune un initiation particulière, une forme de consécration opéré entre bruyères et ajoncs, avec, me fouettant le front, à chaque fois, un sel salutaire...
Chaque île est un monde en réduction qui rend plus larges, plus profondes, plus pertinentes, les pensées de l'esprit et du cœur...
Nous ne saurions y faire délicieux et voluptueux « séjour » sans qu'elle fassent en nous leur intime demeure !...
L'île, qu'on ne se méprenne, s'offre lors à nous comme une femme faussement alanguie entre le ciel et la terre, entre phare et clocher,
entre goéland et amer...
Elle est l'étendue toute entière, l'étendue que l'on recouvre d'un baiser d'algues et d'écume.... Heureux celui qui conquiert ses grèves et ses rivages !... Heureux qui en ses antres secrètes, se perd et s'égare... celui-là trouvera !... Il trouvera ce que l'on croit avoir, mais qui ne se possède pas !...
Tôt matin, réveillé par le chant du merle, quand les premières lueurs se frayent un doux chemin au travers des relents d'obscurités, aller, nu de pensées, confronter son front au front du ciel...
Humer lors l'air marin et les premiers parfums que libèrent les fleurs ouvertes jusqu'au cœur...
Se sentir lors aussi léger que ces parfums qui en vous s'évaporent après y avoir déposé leurs bienfaits...
Mettre pieds, et l'âme aussi, dans les prairies fleuries, sur l'humide d'une grève dont l'amour nocturne peu à peu se retire...
Alors oui, se dire, totalement, pleinement, ici, en cet instant à nul autre pareil, en Vie, animé de cette sève de Vie, de ce sang de Vie, ce cet influx, de cette onde de Vie, de ce haut et fort courant de Vie...
Etre, ici et maintenant, sur ce fragment de terre et d'univers, la Vie, pleine, contentée, entière dans le Vivant du monde, dans le troublant, l'émouvant et frémissant de ce Vivant même....
Puisse cela un jour, se partager, puisse cela ajouter un pétale à la fleur du bonheur lors d'un printemps, à deux, revisité !
L'île, une chance offerte et donnée d'être de « nouveau » présent au monde, aux vibrations du monde, aux ondes dansantes du monde... Présent et offert comme s'offre la terre, comme s'offre la mer, comme s'offre le « corps insulaire » à tout ce qui leur veut offrir, leur veut donner....