LA FONCTION GUERRIERE Ce que nous savons de la BRANCHE ROUGE Réflexion Bran du 10/OCTOBRE 2015
La fonction « guerrière » Ce que nous savons de la Branche Rouge
(Source PH Jouet CH J Guyonvarc'h...)
Les Textes anciens font état des trois Maisons du Roi Conchobar :
L'Irlandais Gràeb Rùad désigne l'une de ces trois demeures
situées à Emain Macha et, par extension, la noblesse d'Ulster....
Suivant la Scéla Conchobair Mac Nessa c'était la Branche Rouge où l'on gardait les têtes des rois (leur « chef »)
Dans Téite Brecc (la Maison Bariolée) étaient renfermées les lances et boucliers et les épées....
et la Branche Sanglante où étaient conservées les dépouilles...
Pour Guyonvarc'h ces dispositions ressemblent fortement à une triade guerrière et bien peu pacifique....
Il précise toutefois, que, au-delà de l'apparence, il s'agissait en fait de désarmer des guerriers prompts à se battre entre eux et le plus souvent pour des futilités ou des susceptibilités exacerbées....
Ainsi lors du grand banquet de la Samain tous les guerriers doivent déposer leurs armes et celles-ci sont entreposées dans une « maison » dédiée à cela... (les reflets de lumière sur leur cuirasse et lances teintent le lieu d'une coloration particulière)
Par ailleurs et pour rappel, les trophées et dépouilles sont offerts aux dieux de la guerre en tant que témoins sacrificiels...
Une branche « druidique » dite de la Branche Rouge existe qui semble bien une création « récente » et relever d'une interprétation et transposition néo-druidique parmi le druidisme breton du début ou du milieu du 20è siècle...
La Première fonction est là pour tempérer les excès de la deuxième voir de la troisième fonction et c'est bien parce que la deuxième et la troisième fonction se sont rebellées contre la sagesse de la première en refusant de respecter l'éthique et la doctrine sapientique en place et de se soumettre à des interdits de « régulation » que le monde Celte s'est écroulé !!!
Le vers était dans le fruit bien avant la conquête romaine ; l'attrait du gain pour les commerçants et l'orgueil pour la classe guerrière ont peu à peu saper la préséance spirituelle ouvrant la voie à la romanisation et à la décadence....
(L'armée de secours venue en renfort auprès de Vercingtorix était loin de regrouper, malgré un fort contingent, l'ensemble des tribus Celtes !)
Il y a un attrait certain chez des frères et des sœurs pour endosser et assumer une fonction guerrière assez idéalisée au demeurant comme si cette « dimension » au sein des activités humaines conférait un statut de noblesse et de dignité relevant de code d'honneur particulier et d'une appartenance élogieuse à une classe assez élitiste se démarquant du « commun ».....
Cela ne me choque pas pour autant que l'on ne se trompe ni de combat ni d'ennemi et que l'on reste au service d'une sagesse qui prédomine en toute circonstance sur les pulsions dites guerrières....
Bien des « cheminants » et des « cheminantes » rencontrés marquent un intérêt pour les disciplines et les pratiques relatives aux arts martiaux par exemple et ce que cela demande d'effort, de courage, d'endurance voir d'exploits en oubliant trop souvent que ces arts trouvent leur fondement dans une sage et constante recherche d'équilibre et d'harmonie en opposant une défense et une résistance aux agressions qui nuisent à celles-ci...
C'est l'acquisition progressive et exigeante de l'art de la maîtrise lequel implique autant le souffle et la respiration, le port et le geste, la main que le cœur, que la pensée, le silence et la parole !
La question qui vient est celle du bon emploi et du bon usage de ces longues et éprouvantes acquisitions ?
En dehors du rôle (important et nécessaire) défensif et protecteur parant aux agressions sur une personne ou un groupe...
En quoi celles-ci sont-elles de nature à parfaire l'acquisition des autres disciplines philosophiques et spirituelles ?
Quels sont leur territoires d'application ?
Où trouvent-elles leur plein exercice en apportant une contribution au changement de société auquel la plupart d'entre nous aspire légitimement sans avoir à faire recours pour autant à la force et à la violence !
Faut-il en arriver de nouveau à des guerres fratricides pour justifier de cet investissement ?
Le plus difficile de tous les combats n'est-il pas celui que chacun et chacune doivent livrer d'abord en eux mêmes pour neutraliser le dragon de la cruauté, de l'orgueil et du mensonge qui ne manque pas de se faire entendre et de manifester sa volonté et ses désirs ?
N'est-ce pas là le combat essentiel garant d 'une paix intérieure étendue à son environnement et témoignant d'une force plus grande encore que la force brutale et violente des armes et des mots ?
Toutes les guerres naissent dans le terreau de l'homme pour autant que celui-ci les ensemencent et les fait croître dans l'obscurité et la noirceur de son être !...
Là est le premier et le plus fondamental des combats et nulle part ailleurs !
Si les qualités requises au sein de disciplines dites martiales contribuent réellement et efficacement à résoudre "sagement" et par "transposition spirituelle" les problèmes antagonistes et destructeurs alors ces disciplines ont toute leur juste place au sein des cursus d'enseignements traditionnels...
Il ne s'agit pas en effet de condamner cette voie dite de la Branche Rouge ou l'attrait pour des enseignements de "combats", bien au contraire (et en disant cela je pense au rôle primordial que jouèrent les Enfants de Finn pour la défense de l'Irlande), mais de rappeler qu'ils impliquent une éthique, une déontologie, une sagesse, un art de vivre, de penser et d'acter qui soit axé sur l'équilibre et l'harmonie en ayant déjà appliqué vis-à-vis de soi et avec succès toutes les exigences de disciplines et de maîtrise que cela implique......
Et en se gardant de tomber dans une matérialité orgueilleuse qui confond le fond et la forme en desservant le premier par la seconde...
N'oublions pas non plus que si l'on peut faire preuve des plus grandes qualités physiques qui soient au sein d'une telle activité et entreprise, une incapacité ou une ignorance au regard d'une « Poétique du vivre », d'une conduite philosophique et spirituelle, demeure, dans le monde celtique, un cap infranchissable pour accéder à la fonction dite "guerrière" !...