LA NAVIGATION DE BRAN REVISITEE PAR BRAN DU 2019 13 04 AVRIL
Gravure de l'ami Christian TUAL
La Navigation de Bran
Bran du 13 04 Avril
Bran s'est embarqué avec ses 27 compagnons après avoir reçu la visitation d'une « fée » venue lui apporter une branche de pommier fleurie provenant de l'île merveilleuse, de la pommeraie de l'Autre-Monde et de l'éternelle jeunesse...
L'intense et bouleversante contemplation de cette féerie s'accompagne d'une musique extraordinaire, envoûtante, enveloppante qui enflamme le songe et fait sortir des étoiles du cœur....
La fée partie demeure l'enflammée du songe, la branche fleurie qui ne se fane et la musique qui continue de ruisseler dans le cœur...
Tout cela Bran l'accueille dans l'estuaire de son être, dans l’océan de ses pensées et le voici qui se transforme mentalement en « saumon » ; un saumon empreint lors d'un vif et irrépressible désir de retrouver la Source de toutes les sources, celle dont émane la blanche beauté du féminin et les sons les plus harmonieux qui soient au monde...
Les nefs sont apprêtées et c'est le départ tôt matin, alors que la brume se lève sur l'horizon et que les voiles repoussent celles-ci en franchissant sans effort le neuvième flot, la vague neuvième ; celle des limites que se donnent ceux qui renoncent soudain à poursuivre le téméraire voyage vers la compréhension intime et profonde d'eux mêmes et du sens de leur existence ici-bas !....
Ils sont en tout 28 et leur périple est comme un cycle lunaire avec des disparitions et des apparitions, une croissance et une décroissance en terme d'espérance et d'enthousiasme et selon les épreuves rencontrées....
Peu de temps après leur départ apparaît à la surface mouvante des eaux un char splendide tiré par des chevaux à la crinière d'écume...
C'est le char de Manannan, le « Fils de l'Océan », le Maître des abysses, le Frère du grand Dagda...
Le dieu leur chante alors l'épopée de ceux qui osent aller au-delà des craintes et des peurs et qui bravent celles-ci en poussant toujours plus loin leurs rêves dans l'inconnu des routes et d'eux-mêmes...
Fort de cet encouragement divin l'équipage souque ferme et leurs voiles se gonflent d'une volonté renforcée....
Ils rencontrent une première île d'où émane une bonne humeur exubérante qui se manifeste par des rires ininterrompus ; c'est en effet « l'île des rieurs ». L'un des compagnons de Bran demande à accoster sur le rivage et se trouve prit immédiatement d'un fou-rire qui ne le quitte plus et qui lui fait perdre tous ses sens et son entendement...
Pour ne pas être à leur tour « contaminés », ils sont obligés de le laisser à son sort et repartent fortement ébranlés par cette folie hilarante et communautaire des insulaires rencontrés...
Plusieurs jours passent ; une nouvelle île se présente à eux et des plus accueillantes. C'est l'île des Femmes dont la Reine les reçoit en leur lançant une pelote de fil leur permettant d'accoster au rivage. Ils s'en saisissent au vol et les voici entourés de magnifiques et avenantes créatures, chacune se choisissant un compagnon de voluptés et de délices ; la reine invitant bran à se conjoindre à elle...
Le temps lors s'estompe, ce ne sont que réjouissances de nuit comme de jour, la joie y est permanente, la nourriture abondante se renouvelle sans cesse flattant le goût de chacun, procurant mille bienfaits.... La « Plaine des plaisirs » porte bien son nom et les compagnons s'adonnent à tout ce qu'elle procure de ravissements multiples...
Le temps est comme définitivement dissout... Cependant l'un des membres de l'équipage se sent soudain envahi par la nostalgie, il fait souvenance des siens et ceux-ci lui manquent au point qu'il sollicite auprès de Bran le retour au pays...
Bran entend son compagnon et décide de lever l'ancre dès matin...
L'aube venu tous ont embarqué et comme à quitter le rivage, mais la reine avertie leur lance de la grève sa pelote de lin et de laine et l'un des marins s'en empare et les voici tirés sur la berge...
Ce sont de nouveau des temps éternellement alanguis de délices et de volupté....
Mais la nostalgie revient de nouveau et de nouveau s'éloignent silencieusement le bateau, mais l'une des servantes de la reine (qui était de veille) prévient aussitôt sa souveraine, c elle-ci accoure de nouveau au rivage et lance l'étrange filin dans leur direction. De nouveau un marin s'en empare de sa main, mais ses compagnons tranchent celle-ci et le vaisseau poursuit sa route de retour...
La reine d'un promontoire a eu le temps de leur lancer un avertissement.... O fiers marins ne mettez jamais le pied à terre !...
Ils arrivent enfin en vue des côtes de l'Irlande et accostent au rivage devant des pêcheurs rassemblés venus à leur rencontre.
Bran s'adresse à eux et décline son nom et fait référence de ses titres, mais nul le roi en question est mort depuis longtemps et son royaume lui-même n'existe plus.
L'un des pêcheurs se souvient cependant d'un récit que colporte encore les derniers bardes où il en effet question d'un certain Bran parti sur la mer et qui n'a plus donné de nouvelle depuis...
L'un des membres de l'équipage empressé de rejoindre ses parents se jette du haut de l'embarcation sur la rive mais au fur et à mesure que son corps touche la terre celui-ci se transforme en sable et il se dilue dans je jusant qui emporte sa poussière...
« Le temps des dieux n'est pas le temps des hommes », Bran et son équipage en font l'amer constat et l'avertissement de la souveraine trouve ici sa terrible application....
Ils ne peuvent lors que repartir sur la mer infinie et disparaître dans le dernier halo d'un soleil couchant...
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S'embarquer pour l'Autre-monde est très rarement payé de « retour » ; Arthur et quelques héros de très grand mérite ont pu, et eux seuls, ramener quelques objets merveilleux de ce périple et redonner espoir à ceux restés au pays en rapportant en plein hiver des fruits délicieux en provenance de l'Autre-monde, de cette île mystérieuse et enchantée où l'avenir est promesse...
Il est, cependant, un autre périple aventureux exceptionnel, c'est celui de Tuan Mac Cairel. Lui et les siens ont pu revenir sain et sauf de leur prodigieuse épopée ; au barde, une autre fois, de vous en conter les bien étranges et extraordinaires périples !...
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Nous pouvons comprendre diverse choses, divers enseignements, de ces récits fabuleux qui participent tous d'une forme d'initiation et où le voyage, l'aventure, le cheminement ou la navigation n'ont pour seul but que de transformer, de façon quasi « alchimique » l'itinérant, le navigateur, le pérégrin, au fur et à mesure des épreuves qu'ils rencontrent et qui toutes s'adressent à une partie constitutive de lui-même qu'il ignore ou dont il n'a pas la maîtrise et sans lesquels il ne peut être « accompli »...
Pour les Celtes, il n'est point de « nostalgie » (dite encore par eux : « maladie de langueur ») et celle-ci s'ancre en chacun dès que celui-ci est « prisonnier de ses appartenances diverses et variées »...
Il ne s'agit donc pas de « s'attacher » aux bienfaits de notre monde au point d'en être totalement dépendant, mais d'assumer « librement » son existence non sans responsabilité, solidarité ni conscience....
S'il n'était qu'une leçon à retenir, retenons au moins celle-là !
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A SUIVRE...