Le Bourgeon de la Belle Saison
Le Bourgeon de la Belle Saison… Bran du 27/28 avril 2013
(En remerciement de l’invitation et de l’accueil de mes frères et sœurs de l’ACDS « Assemblée du Chêne et du Sanglier » en cette Beltaine 2013 en Haute Vienne (la Charente Limousine)
Avec Elle, J’appelle la couronne du printemps sur le front verdoyant de la terre ;
J’appelle la ramée du chant sur la haute branche du jour…
Un ruisseau bleu et or sourd de la fontaine de l’océan du temps…
De la noble et plus haute des cours, un vif et doux flot se répand ;
Anime mes lèvres, tout à tour…
Dans l’enceinte de bronze, je fais chanter la tresse des joncs…
Sur mon épaule s’en vient lors, le merle au bec d’or…
L’Œuf bleu éclot au son des trois accords
Et s’ouvre le bourgeon de la Belle Saison…
Mon cœur n’est plus que floraison,
Sève et sang, en moi, sont d’un même essor…
Je suis toute la vie en tendre couvaison…
Cela me fût donné comme la braise sous la cendre ;
Comme Cela qui monte dans l’aubier vers la voûte aux trois clefs
Qui sont : équilibre, harmonie et juste résonance…
Je suis cette grève immense que parcourent les chevaux à la folle crinière…
Sur moi roulent et déferlent les vagues sonores dont le sel de naguère se dépose sur ma peau…
Je suis l’arc qui se veut tendre de toutes ses flèches étoilées…
Cela que l’on ne nomme pas et que seuls les doigts effleurent dans l’ivresse de l’Inspiration ; Cel a fut mon antre et mon berceau…
Dans la Chambre nuptiale de feu et d’eau, par trois notes je fus formé…
Je fus de chair, de songe et d’os, par les Trois Air, « incantés »….
Lors, je vins au monde parmi les Femmes-Oiseaux…
Boand, c’est Elle, la Mère des cinq ruisseaux ;
Elle, par qui tous les êtres et toutes les choses sont…
Trois airs, trois notes, trois modes, trois souffles, trois sons
Comme il en fût à la naissance de l’Univers !…
Par la voix, par le chant, par la neuve respiration,
Ma nuit se fit lumière dans mon être en fusion…
Entre la terre et le ciel, s’en vint, sur l’Arbre de la Vie, un neuf rameau
aux pommes de lune et de soleil…
Je suis né du don que dispensent les Messagères ; je reçu, sur ma langue, leur miel à profusion…
Le vrai des mots rempli ma coupe d’hydromel…
J’ai breuvage de vie ; cervoise rouge, ardente et fière…
Dans le banquet des frères, je concélèbre l’Union…
Je bois, et cela m’est merveille et ravissement, à mon perpétuel réenfantement…
J’ai auberge d’amitié à la taverne des saisons…
Je bois à la bienveillance de ce qui diffuse, dans la fluidité et l’incandescence, le plus pur des mystères…
Je bois, et sans cesse me désaltère, à la Source du « Dieu-Bon »…
L’oiseau du chant plane au-dessus de la forteresse des hommes…
Il ricoche parmi le chœur de cent femmes et leur douce fronde touche, du ciel, le front…
Il est, ce chant, comme la nuée de l’aurore,
Comme une flamme dans le foyer du corps…
Il est la rosée sur la feuille, l’écume sur le rocher,
La brume enveloppant la forêt, le brouillard épais qui fume sur le marais…
Il est averse et giboulée, neige, glace et vent enfiévré affouillant les destins et les sorts ; il est l’hiver qui effeuille l’orgueil de l’été…
Ma vie est une toile tendue entre la naissance et la mort…
Mon mat, sur l’horizon dressé, offre sa toile au vent du Nord…
J’ai souffle pour naviguer ;
J’ai souffle premier et dernier…
Je rendrai à la terre le cri qu’en elle j’ai poussé quand je suis né…
Et, lors, vers la Polaire, je virerais de bord ;
Mon celte et blanc étendard, vers le Gwenved hissé …