LE CHAUDRON DU DAGDA SELON VALERY RAYDON et COMMENTAIRES BRAN DU 2016 24 05 MAI
Valery Raydon le Chaudron du Dagda Ed Terre de Promesses
Voici un chercheur des plus prometteurs au sein de la nouvelle génération de ceux et celles qui arpentent, méticuleusement avec science, exigence et rationalité, l'énigmatique et très touffue forêt celtique...
Extraits de lectures, Notes, Commentaires, Réflexions Bran du
Mai 2016
« …/... Les Tùatha Dé Danann se voient considérés comme un peuple héroïque de l'Irlande préhistorique et leur souveraineté cosmique est transposée au niveau du microcosme insulaire... »
« C'est « une transposition des affaires divines dans le microcosme terrestre humain lequel était pensé et conçu comme un véritable miroir des dieux. »
« La loi obligeait le roi, lors des quatre grandes fêtes d'ouverture de saison, à offrir un grand banquet auquel tous les hommes et toutes les femmes d'Irlande étaient conviés. »...
(Ces quatre « grandes fêtes » correspondent à Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad...)
« C'est dans les « sidhe » ultramarins que les Tùatha Dé Danann ont appris les sciences druidiques où ils excellaient. »
Du Dagda et de son attribut divin le plus célèbre son Chaudron d'abondance symbole de sa puissance et de sa capacité à nourrir ceux qui viennent vers lui, mais aussi de la détention d'une souveraineté qui, sans lui, ne saurait être attribuée même à ceux qui en sont dignes...
De son rapport avec le gaulois Sucellus doté lui d'une marmite, mais aussi d'un maillet lequel est également un autre attribut du Dagda (maillet ou masse souvent remplacé par une massue ou gourdin à priori.)
« Cette homologie d'un côté et de l'autre de la Manche fait apparaître un Dagda « panceltique » bien antérieur à la migration des Gaëls en Irlande. »...
L'attribut, les attributs du Dieu, expliquent celui-ci, ses fonctions, son pouvoir, ses capacités...
Etudier les dits attributs, leurs représentations, leur symbolisme, leur analogie permet de mieux identifier et de mieux se représenter la divinité elle-même...
Le Chaudron du Dagda est tout à la fois un Chaudron de souveraineté, d'abondance, de juste répartition et de vérité...
(Ceci développé ci-après...)
Dans la mythologie irlandaise le monde des dieux est « le miroir de la société des hommes » ; les pratiques sociales, l'institution humaine, découlent de l'organisation divine qui est donc le modèle, le référent, à imiter et à reproduire...
On ne peut ne pas envisager que le chaudron dit d'abondance n'ait pas jouer un rôle majeur au sein de divers rituels dont ceux relatifs à la fonction royale et à la souveraineté...
« Le chaudron constituait une pièce mobilière dont la possession était indispensable aux membres de la noblesse irlandaise pour maintenir leur statut et dont l'usage était réservé au service des banquets publics donnés à l'occasion des quatre fêtes d'ouverture de saison. »(« Le chaudron devant satisfaire toute compagnie se présentant à lui. »)
« Eochaid Ollath(a)ir dit le Dagda est le dieu du druidisme (dia draidechta) et son attribut « majeur » est un chaudron d'abondance. »...
Le « druidisme » n'est-il pas en fait lui-même un tel Chaudron d'abondance ? N'a-t-il pas fonction de rassasier l'Âme c'est-à-dire l'Anima afin que Celle-ci puisse accomplir au mieux sa fonction ?
« ...Les Tùatha Dé Dànann étaient dans les îles du Nord du Monde, apprenant la science et la magie, le druidisme, la sagesse et l'art. Et ils surpassèrent tous les sages des arts du paganisme...
…///... C'est de Murias que fut apporté le chaudron du Dagda. Aucune troupe ne le quittait insatisfaite. »...
(Cat Maige Tured)
Quatre îles détentrices chacune d'un des éléments qui fondent un Panthéon divin, mais aussi une société humaine à l'image de Celui-ci...
Et quatre « servants » (sacerdotes) détenteurs d'un quart de la totalité de la connaissance requise pour qu'un Panthéon ou un royaume soit pleinement et régulièrement « constitué »...
Quatre « disciplines » indispensables et solidaires :
1 / La Science et la Magie (associée)
2 / La sagesse
3 / l'Art
4 / Le Druidisme
Voici donc les quatre éléments constitutif de la Connaissance « suprême »...
Tous sont opérationnels et fonctionnels et impliquent des techniques, des méthodes, des outils, des supports, mais aussi des concepts doctrinaux et théologiques (philosophiques et spirituels...) Tous relèvent aussi de la maîtrise et de l'exercice d'un « art », d'une « science », spécifique, mais complémentaire...
L'Instructeur, l'Enseignant, l'Initiateur, le « Maître » de tous les arts à pour attribut essentiel un Chaudron lequel contient tout ce qui précède en terme d'art (un art d'être et de vivre, d'aimer et de mourir...) et c'est là la nourriture la plus indispensable, la plus importante qui soit pour tout individu qui aspire à la Connaissance, à L'Equilibre, à l'Harmonie, à la Maîtrise de ses sens et de son intelligence et à la transcendance sapientiale et spirituelle de sa condition humaine...
Une transcendance qui fait surgir de la Matière noire cette Flamme lumineuse et spirituelle, mouvante et émouvante, bienveillante et bienfaisante, appelée Ame...
Le récit Irlandais qui nous conte l'histoire des Tùatha Dé Dànann nous conte en fait une « queste de souveraineté » et c'est celle de l'Âme sur le temporel, le charnel, le matériel ; une âme certes individuelle, mais surtout communautaire et ici, l'Âme d'un peuple, d'une civilisation...
Quatre talismans :
La souveraineté irlandaise s'est fondée, constituée à partir de quatre attributs divins soit la Pierre de Fàl (Pierre liée à l'attribution de la royauté et à la fonction de souveraineté magico-religieuse), l'Epée de Nuada et la Lance de Lug (incarnant la fonction guerrière) et le Chaudron du Dagda pourvoyeur d'abondance et relevant lui de la troisième fonction dumézilienne... (C'est là le schéma trifonctionnel type du monde indo-Européen étudié et démontré par Georges Dumézil.)...
Pour rappel, ces quatre attributs/symboles proviennent chacun de quatre îles du Nord du Monde, chacune de ses îles étant sous la régence d'un druide et des valeurs fonctionnelles et humaines qu'il incarne...
Pour ce qui est de la première fonction elle est pleinement représentée par le Dadga lui-même et les quatre druides détenteurs des attributs précités, quatre druides qui relèvent directement d'un lien divin avec le Dagda qui est le « Druide des Druides »....
Une « royauté » moderne transposable :
Si nous transposons les informations précitées, l'adepte moderne de la pensée « celto-druidique » qui prétend au sacerdoce et à l'incarnation de cette fonction se doit tout autant pour instaurer sa propre « royauté/souveraineté » et pourvoir « aux diverses nourritures » de ses frères et sœurs en humanité être détenteur lui aussi d'un Chaudron, et se référer au « Dieu bon » (Dagda ou Dagodevos) tout en cultivant la science, la « magie », la sagesse, l'art au sein de sa « druidité », de ce qu'elle « pense », actionne et met en oeuvre en concordance avec son anima....
Ce qui n'exclut pas le recours (symbolique/analogique est identiquement transposable) à la Lance de Lug, à l'Epée de Nuada, à la Pierre de Fàl et aux Forces, Energies et Lumières qu'ils véhiculent dans leur cohérence « partenariale »...
Quatre « talismans » qualifiant pour une « souveraineté » attribuée à celui ou à celle qui incarnent au mieux leur fonction à la fois singulière spécifique et plurielle...
Cette « souveraineté » s'exerce tout d'abord sur le « royaume intérieur » à chacun et à chacune chargés de rendre féconde et fertile leur propre « terre gaste ».... et, secondement, une fois cette « royauté » assumée et assurée, de pourvoir généreusement aux « attentes et faims » de leurs semblables...Soit de ceux et de celles qui portent leurs légitimes désirs et aspirations vers le prodigue et druidique Chaudron...
Quatre talismans donc et, peut-être, mais cela serait aussi logique, situés chacun à une emplacement cardinal marquant les Quatre grandes directions et imposant alors un Centre, un Moyeu à la Roue qui est l'expression du Cercle et lui-même de la totalité contenu en son enceinte...
On peut donc parfaitement supposer que ces quatre îles étaient ordonnancées autour d'un Centre régulateur et « harmonisateur » comme le sera Tara par rapport aux quatre royaumes d'Irlande....
D'où l'importance dans l'organisation de nos rituels de configurer le Cercle par rapport à ces correspondances majeures...
(Cela implique donc la présence de ce symboles/talismans primordiaux qui se doivent d'avoir préséance sur les symboles secondaires importés du « néo-druidisme » tels que le bestiaire mit en place récemment par certains collèges ou clairières aux Quatre directions du Cercle...)
L'auteur de cet ouvrage se demande avec pertinence si les quatre talismans ne faisaient pas l'objet d'une distribution entre les quatre éléments ; la Pierre de Fàl serait en rapport avec la Terre, le Chaudron du Dagda serait associé à l'Eau et la Lance de Lug au Feu. Reste à déterminer si l'Epée de Nuada peut avoir une relation avec l'Air...(Elle est certes forgée avec l'Eau et le Feu, mais peut-être aussi avec le « Souffle du Dragon » et sans le Souffle du soufflet comment l'Eau et le Feu seraient-ils en mesure d'agir ?)
Le Chaudron aurait pour provenance originelle l'île de Murias (nom apparenté au terme Muir soit Mer) et était veillé et gardé par le druide Semias qui a le sens de : subtil...
Le chaudron (sans omettre son cadre marin) apparaît perçu comme le réservoir des eaux porteuses de la potentialité de l'Etre et du Non-Etre, des eaux matricielles pourrait-on dire, à l'origine de son pouvoir d'abondance...
IL a pouvoir de médiation sur les états multiples de l'être et fait passer les individus du Créé au Non-Créé et inversement...
(Il est le flux et le reflux des marées de l'existence.)
L'Eau soit le passage obligé pour se rendre dans les « sidhe » ; l'eau et le feu associé dans tout passage « initiatique » ; l'eau (et le feu) sans lesquels le Chaudron ne saurait bouillir....
Toute alchimie véritable passe par la Matéria prima, la Matière Noire puis par les actions purificatrices de l'Eau et le Feu...
Il ne saurait y avoir transmutation, ; transformation de la Matière (y compris corporelle) sans des phases « aquatiques et ignées »...
De telles opérations, des plus savantes, ne peuvent être que « subtiles » et requièrent une grande maîtrise et habileté (une ingéniosité raffinée et délicate.)...
A priori, le Chaudron serait la résultante d'un « Don » et non le fruit d'une razzia...
On a dit précédemment que l'attribution d'une massue au Dagda serait une erreur d'interprétation et qu'il est souhaitable de considérer qu'il s'agit plutôt d'une masse ou d'un marteau (autre attribut du « Forgeron » divin.)...
Cette masse ou ce marteau/maillet à le pouvoir de donner la mort aux vivants et de ressusciter les morts...
C'est donc en effet un instrument de « médiation » entre la vie et la mort comme le souligne l'auteur de l'ouvrage...
Mais, c'est aussi « une autorité conférée entre les deux pôles antagonistes de la fécondité/fertilité et la stérilité et plus largement sur le Créé et l'Incréé. »...
Lance, épée et marteau ou masse sont la résultante d'un travail de forge, mais sans que la pierre ne participe à première vue à cet ouvrage... Les premiers prêtres ou sacerdoces (les premiers alchimistes aussi) sont les Forgerons (Voir Mircéa Eliade Forgerons et Alchimistes)...
Le rôle quelque peu négligé peut-être du Forgeron :
Nous trouvons parmi les Tùatha Dé Danann un forgeron nommé Goibniu qui est un dieu/chef du métal qui forge les armes des guerriers, des « producteurs », mais aussi des instruments pour la classe sacerdotale. Il fournit ainsi les trois fonctions....
C'est lors d'un festin (banquet) qu'il organise que les dieux acquièrent leur immortalité et leur éternelle jeunesse...
(Cité par CH J Guyonv arc'h et F Le Roux dans les Druides...)
Ce rôle majeur du Forgeron semble quelque peu sous estimé car qui peut forger le dit Chaudron, si ce n'est le Forgeron lui-même et sa grande et subtile maîtrise, son grand art à régenter l'Eau, le Souffle et le Feu ?
C'est, en fait, grâce à lui et grâce au Chaudron qu'il façonne que « les dieux acquièrent leur éternelle jeunesse soit leur immortalité »... Ce qui n'est pas rien n'est-il pas ?
On peut se demander alors si son rôle déjà plus que déterminant s'arrête là où s'il se prolonge, alchimiquement, dans une connaissance « spagirique » des plantes nécessaires pour élaborer un breuvage de jouvence et d'immortalité ?
Ce « Dieu/chef » cache semble-t-il une entité bien plus importante que celle à laquelle on le résume et le réduit !...
On se souviendra que la fille du Dagda, c'est Brigit et que celle-ci est protectrice aussi des Forgerons... (Affaire à suivre!)...
La « masse » du Dagda est en fer avec sans doute un manche en bois d'if (symbole d'immortalité au demeurant) et c'est un forgeron qui peut seul la confectionner...
De même en ce qui concerne le « Féminin » peu évoquer encore jusqu'ici, si ce n'est dans le terme rapidement survolé de « Matrice »... Il y aura lieu d'y revenir !...
Il ne saurait y avoir de Dieux sans une Déesse pour les avoir conçus !...
Le(s) Chaudron(s) selon Philippe Jouet :
Philippe Jouet dans son ouvrage Dictionnaire de la Mythologie et de la Religion celtique fait l'inventaire de 8 Chaudrons :
soit :
- Le Chaudron d'abondance :
Le chaudron nourricier représente la puissance de la Belle Saison de l'année indo-européenne, devenue la partie claire de l'Autre Monde celtique.
- Le Chaudron d'avarice(ou du plaisir) :
(C'est celui utilisé par le Dagda afin que les
Fomoire (réputés comme Bress avaricieux!) lui servent un repas pantagruélique. Fait d'argent blanc...
Ce Chaudron avait neuf chaînes d'airain et neuf crochets d'or.
Chacun y apportait tout son or et son argent. On l'appelait aussi « chaudron du plaisir » parce qu'on y buvait une boisson agréable et que les neuf hommes les meilleurs jouaient de la musique autour de lui. Ce qui est l'écho d'un rituel... Le contenu de ce chaudron fut versé dans un grand trou dans la terre.
- Le Chaudron de poésie et de connaissance :
(Le réservoir de la puissance poétique et du don.)
(La puissance poétique est conçue comme un « feu liquide ».)
- Le Chaudron de vérité :
(Il sert d'instrument d'épreuve et d'ordalie.)
- Le Chaudron de résurrection. (voir le Chaudron de Gundestrup et une interprétation possible en ce sens. N.B.)
- Les Chaudrons de la Morrigan :
(En rapport avec la fête de Samain où le Chaudron de la Morrigan peut cuire jusqu'à trois nourritures en même temps.)
(La Morrigan aurait-elle pour attribution de veiller sur les activités liées aux feux domestiques et rituels ?)
- Le Chaudron des sorcières :
(Celles-ci y font cuire une nourriture aux effets pernicieux. C'est une antithèse du Chaudron d'abondance.)
- Les Chaudrons physiologiques :
(Il est question dans un texte irlandais de trois chaudrons de nourriture, de mouvement et de connaissance... Chaque homme possède en lui ses trois chaudrons mais ils ne rayonnent pas tous avec la même intensité. Le mouvement est provoqué par quatre sortes de « joie » résultant du « désir amoureux », de la sécurité, d'une nourriture abondante, de bons vêtements, des privilèges que donne un art poétique maîtrisé, de l'arrivée de « l'imbas » (Illumination diffusée par les noisettes (qui sont fruits de la connaissance et qui sont portées par l'eau de la Segais.) »
Le Chaudron symbolise l'hospitalité nourricière...
(C'est la générosité que l'on attend du roi.)...
Il y a un « emploi rituel » du Chaudron lors de sacrifices (avec rite initiatique) ainsi que cela figure sur le Chaudron de Gundestrup...
Le Chaudron est utilisé lors de l'intronisation royale irlandaise...
Notes Bran du :
Il y a une corrélation symbolique entre le chaudron et le monde marin et, entre autre, les marées.
Les trésors contenus dans le dit chaudron se dévoilent à la marée montante, mais disparaissent à la marée descendante...
Le flux apporte la vision des richesses, mais le reflux les remportent...
Les dites richesses sont comme la vie donnée et offerte, il faudra les « restituer » l'âge et les échéances existentielles venues !
Seul l'océan de toute les vies détient les vraies richesses et permet de les entrevoir sans que l'on ne puisse se les approprier pour toujours.... (Sauf à transcender les richesses matérielles en richesse spirituelles !...)
Retour à l'ouvrage de Valery Raydon :
Le Chaudron de juste répartition :
Cormac Mac Airt possède aussi un chaudron très proche fonctionnellement et symboliquement de celui du Dagda...
Un chaudron « à large bouche » qui produit la nourriture en abondance, mais qui ne délivre à chacun que la part qui lui revient selon son mérite et son art, selon son rang et ses valeurs...
Il s'agit de distribuer convenablement la part légitime qui revient au convive qui plonge sa fourchette dans le chaudron...
Cette précision apportée est importante. Elle démontre une juste et protocolaire répartition de la nourriture extrêmement élaborée selon la condition et le rang social de chacun dans la très ancienne Irlande...
Le chaudron est donc aussi un chaudron de juste répartition qui se veut parfaitement équitable...
Le Chaudron de Vérité :
Le chaudron peut aussi refuser la nourriture à celui qui ne la mérite pas (du fait de son impureté ou de son indignité et donc d'un manquement grave par rapport à la notion d'ordre, d'équilibre, d'harmonie et de « vérité »)...
De même, la Tradition ne saurait nourrir celui dont les lèvres ne sont pas digne de recevoir ses enseignements fondamentaux et « nourriciers »...
Le chaudron ne tolère pas le mensonge et peut se « briser » en entendant celui-ci. Il peut aussi se reconstituer si des paroles de vérité sont de nouveau prononcées...
Le mensonge est une catastrophe ; il fait tarir la source traditionnelle et le cours de la vie lors s'assèche !...
Le monde Celte bannit le mensonge et refuse la présence de celui-ci au banquet des convives....
Le druide ne peut-être un homme de mensonge ou alors son propre chaudron se brise et il n'est plus apte à aucune distribution vitale...
Les Fomoire vont menacer de mort le Dagda s'il n'ingurgite pas toute la nourriture qu'ils ont mis dans un chaudron se voulant semblable à celui du Dieu. Mais le dieu avalera le tout en récurant de ses doigts ce qui a pu subsister de miettes dans le fond du dit Chaudron ! Ils échoueront donc étant incapables de satisfaire la faim de leur convive et de procurer pour cela l'abondance nécessaire...
La véritable « bonté » est telle qu'elle peut rassasier toutes les faims humaines !...
« La vérité était le domaine de compétence par excellence des druides et donc celle du Dieu Druide le Dagda : le Rouge à la Science parfaite (Ruadh Rofesa). »
La parole druidique est un « feu de paroles » qui implique que celui qui les prononce ait la maîtrise de son propre foyer de vie...
Ce qui sonne faux, est discordant, dissonant, démesuré, inique, injuste, distordu, disproportionné, désaccordé dans le microcosme humain affecte le macrocosme cosmique selon la pensée traditionnelle et porte atteinte et nuisance aux équilibres et harmonies « naturelles, du monde, de l'univers...
ART, SCIENCE, MAGIE, SAGESSE sont là au sein de la pensée « druidique »pour faire l'économie de ce qui concoure à perturber les cycles et les saisons de la Roue du temps et pour veiller au bon déroulé de la Loi d'Evolution...
Les druides ont donc pour fonction essentielle d'être en accord, en équilibre, en harmonie, et de veiller, exemplairement, authentiquement, à l'équité, à la juste mesure et à la vérité afin de ne pas compromettre les Lois de la Nature et de l'Univers...
Sucellus et Dagda :
Un rapprochement également pertinent et argumenté est fait, analogiquement et symboliquement, entre le Dagda et son Chaudron et sa masse ou massue et le dieu gaulois Sucellus et son grand maillet … (Il y a chez l'un comme chez l'autre des allusions du type sexuel liées à la fonction génésique.)
Sucellus (le « bon frappeur » comme peut l'être aussi le Dagda) est aussi doté d'un tonneau ou tonnelet mais aussi d'une marmite (appelée conventionnellement olla) qui démontrent aussi l'opulence nourricière d'un généreux donateur... (Abondance de la boisson et de la nourriture offerte...)
(Entre les deux dieux se sont les mêmes attributs et les mêmes correspondances symboliques et fonctionnelles.)
Ce dieu au maillet a eu un grand succès en Gaule...
On compte à ce jour 217 représentations de ce dieu !...
La tunique du Dagda :
Revenons au Dagda et a sa tunique qui protège du chagrin et de la maladie...
Ce dont le dieu est revêtu est une force, une puissance, un pouvoir protecteur et guérisseur...
Lorsque nous avons mis notre corps, notre cœur, nos pensées, notre âme à « nu » nous sommes lors en capacité de revêtir ce manteau magique, d'être « recouvert » par lui......
Les Tùatha Dé Danann sont dits des « gens d'Art » ; c'est-à-dire qu'ils réunissent tous ensemble la totalité des arts, sciences, techniques et sagesses... Parmi eux se tient Lug le polytechnicien qui pratique et maîtrise l'ensemble des Connaissances...
Ils sont les uns et les autres dépositaires du Druidisme tels qu'ils le reçurent des hommes et druides primordiaux...
Ils sont un modèle, un exemple, une référence et ils incarnent tous ensemble, mais aussi séparément, toute la Tradition...
Il nous appartient en tant qu'héritiers lucides et conscients, libres et responsables, de nous inspirer de cet héritage, d'en respecter le fond et d'en faire, à son écoute, évoluer les formes sans discordance ni dissonance... D'être « accordé » à cette Vibration et de lui faire juste écho et résonance en notre pensée et en notre cœur...
La Vie est ce Chaudron d'abondance (un réservoir de nourriture inexhaustible) dispensé lors d'un « banquet » royal dont les Celtes nous disent que nous sommes les invités, les convives...
Le Chaudron est bien un « trésor royal » tout comme la Vie...
Et La Vie se conçoit comme étant aussi un « banquet »...
En résumé, nous pouvons considérer que la pensée conceptuelle celto-druidique est une invitation au banquet de la vie et à puiser dans la générosité prodigue bienveillante et bienfaisante du Chaudron qui la symbolise « royalement »....