LE FEU DE LA PAROLE AJUSTEE BARDI BRAN DU 2016 17 11 NOV
L'Eau de feu de la parole Bardi Bran du 17 11 2016
Sont venues les calendes d'hiver...
Le gel et le grand froid sont manteau pour la terre...
Des ailes noires dans le ciel ; des ailes noires couvrant le jour...
Se fait simple ru, le grand fleuve de lumière...
L'ombre s'étend tout alentour ; du soleil se ferme l'immense paupière...
Je vais au banquet, je vais au festin...
Dans l'eau pure j'ai lavé mon corps et mes mains...
J'ai blanche vêture et ceinture de rouges pierres...
J'ai bandeau d'azur qui ceinture ma chevelure...
Nobles et dignes, sont mes désirs en mon sein...
Belle est mon allure et limpide le flot de ma rivière...
Ceux-la sont venus jouter avec les lèvres...
Des quatre provinces, ils sont venus les bardes fières...
Ce sont orfèvres ; les mots sont leurs joyaux...
Ils cisèlent le bronze et gravent le cuir de leurs poèmes...
D'une branche morte, il font un flambeaux
Et du poème, une pluie de pourpres et blanches étincelles...
La bière rousse coule des tonneaux...
Les coupes et les cornes débordent d'hydromel...
Moites sont les tempes ; la sueur coule des fronts...
Dans les cuveaux bouillonnent le porc, les pommes et le miel...
- Tous relèveront l'affront quand viendra sur le seuil
le cavalier noir, dressé sur sa monture de glace et de gel -...
Neuf bardes, neuf saumons de connaissances...
Neuf anneaux sur le Chaudron de science et d 'immortalité..
Neuf à s'écouler de la Source originelle...
Neuf ruisseaux de sapience, neuf chênes et neuf pommiers...
Et le voici sur les tables montés,
brillant comme lumière, flambant des yeux et tisonnant l'obscurité...
Et les neuf de se présenter :
- Je ne suis ni arbuste ni broussaille, dit l'un...
- Ce n'est pas du petit lait que je tête, dit l'autre...
- Ma lance de sang est aiguisée, rajoute un troisième...
-
La force des flots, sur moi, neuf fois est revenue...
-
Ma bouche est un essaim d'abeilles ; je suis délice ou douleur...
-
De l'Autre Rive, j'ai rapporté les fruits de l'été...
-
Nulle question ne m'est difficile...
-
De l'Arbre, je suis la noisette et la noix...
-
De la pomme et de l'oursin, je sais la quintessence...
Et la noble assemblée de faire centre autour d'eux,
de lier les bras, les cœurs et les poitrines : et la clameur de monter
comme dans la Paroles des Sages, le feu trempé d'eau et d'acier...
Déluges et tempêtes contre torches et brasiers...
Et les tables mêmes de trembler...
Et le rythme régulier des coups frappés sur les boucliers monte des rouges foyers du cœur, s'enfle comme tonnerre et éclair dans le ciel noir des mots affrontés...
S'élèvent dans les hauteurs les flammes de l'ardeur, les flammes à tournoyer et à jouter dans la rouge demeure...
L'hiver à ce compte ne sera pas vainqueur ;
il devra lui aussi, à terme, se retirer, laisser là son manteau de noirceur
et laisser la neige peu à peu, de sa blancheur, l'envelopper !...
Les bardes ont chanté, les bardes ont clamé, la Parole Première plus forte, plus juste, plus vraie, que tous les cris et l'obscure fureur...
Aujourd'hui encore, je bois à leur santé !...