Les dits du corbeau noir

Photos Bran du

Le neuvième flot de la neuvième vague...

Bran du 21 01 2017

                          Le voyage infini...

(« ...Le bord de mer était un lieu de révélation et de science pour les poètes.») (In le Dialogue des Deux Sages)

«... La Tradition ne saurait disparaître ; ce sont les hommes qui l'ont perdue.» Ch J Guyonvarc'h F. Le Roux

(Extrait de L'aventure de Condla le Beau fils de Conn aux cent batailles)  :...

La Femme dit :

« ...Tu as un désir plus grand de t'éloigner de tes parents et amis et d'aller sur les vagues pour que nous allions dans ma barque de verre et que nous atteignons le Sid...

C'est un autre pays qui n'est pas plus difficile à atteindre (pour l'être accompli)...

J'y vois le coucher brillant du soleil...

Bien qu'il soit loin nous l'atteindrons avant la nuit...

C'est le pays qui rend plein de joie l'esprit de quinconque y va. »...

Ils s'éloignèrent alors sur la mer dans le coracle de cristal...

On ne les a plus vus depuis ce moment là et on ne sait pas où ils sont allés.... »

…///...

Bardi des Neuf flots Bran du Janvier 2017

«  - Où allons-nous mon père ?

- Nous allons vers le Monde Blanc ; là où les Trois Cercles se mêlent. » Hans Ryner la Vie Eternelle

1 / Pour cela qui Fut, qui Est et qui Sera, ils firent le fabuleux Voyage, ils lancèrent le coracle de leur Vie au-delà de la neuvième vague...
Nul d'entre eux ne revînt au rivage...

Sans cesse lors ils voyagent entre la terre et les cieux...

2 / Pour Cela qui Fût, qui Est et qui Sera, ils remontèrent à contre courant du flot de l'existence jusqu'à la source première , jusqu'au premier jaillissement du flux des Origines...

Saumons , c'est ainsi qu'ils furent rassasiés par les noisettes de la Connaissance....

3 / Pour Cela qui Fût Est et Sera, ils servirent de leur mieux la Loi

qui se veut rechercher en toute situation et en tout état le point qui fasse entendement, discernement, harmonie et équilibre...

4 / Pour Cela qui Est, qui Fut et qui Sera, ils vénérèrent, en sages qu'ils étaient, la Mère, le Chaudron, la Matrice et lui rendirent, fidèlement, sincèrement, humainement et divinement hommage....

5 / Pour cela qui Fût, qui Est et qui Sera, ils dressèrent le banquet d'amour, d'amitié et de joie ; ils élevèrent leur chant et leur voix dans la flamme d'un foyer immense faite de louanges et de remerciements...

6 / Pour Cela qui Fût qui Est et qui Sera, Ils firent mémoire de la longue traversée d'un hiver rude et froid et des périples et épreuves que l'on rencontre quand la peur et l'ignorance étendent leur obscurité jusqu'au jour où, enfin, la splendeur de la Belle Saison vous prend dans ses bras...

7 / Pour Cela qui Fût, Est et Sera ; à l'image des bardes anciens, en l'honneur de Taliésin, de Fintan, de Cuchulain ; hommes primordiaux et admirables, ils tracèrent leur chemin dans le doute, l'orgueil et l'errance, afin de mettre en lumière la noirceur dans laquelle le monde se tient...

8 / Pour cela qui Fût, qui est et Sera, ils interpellèrent les mystères de la création, posèrent en eux-mêmes les questions et y firent réponse par le geste, la pensée et la voix accordés à leurs sens et à leur raison, ajustés à leurs conceptions incarnées et vérifiées en Cela et par Cela...

9 / Huit flots séparent l'homme de sa compréhension, huit flots entre le rivage et le voyage, le neuvième emporte tout une fois franchit les huit étapes...

Nul retour, mais un océan d'amour au-delà du temps et des âges... Où l'âme, sans cesse, vogue et voyage...

                                                                                                                               Bran du    janv 2017

Les auteurs de l'ouvrage sur les Druides cités plus haut nous disent que  :

Les héros qui se lancent dans un voyage merveilleux vers les îles de l'Autre-Monde (comme le relate la Navigation de Bran) découvre que le retour vers le temps humain leur est interdit sous peine de folie, de décrépitude et de mort.

(Le temps de la navigation initiatique n'est pas le temps humain.)

Mais la « mort » n'est pas une terminaison mais un passage d'un état à un autre. La mort libère des contraintes du temps et de l'espace ; c'est une transition ; un changement d'état au sein d'une longue « Vie »...

L'Autre Monde (exempt du passé et du devenir) est le présent immuable de l'éternité...

L'important n'est-il pas que l'Essence, L'Esprit, se soit, au sein de l'expérience humaine, délivré de son enveloppe de matérialité, de ce support intime et profond, sombre et obscure, peureux et ignorant, orgueilleux et mensonger, qui, en conscience, éveillé et transformé et lors transcendé, se fait promontoire pour l'envol de l'âme portée par le Souffle et la Lumière Incréé ?...

La Tradition (qui est Sagesse) n'impose rien, n'oblige en rien, mais invite et propose un entendement qui repose sur des conceptions qui font alliance avec le juste, le vrai, l'accordé, l'équitable et le beau...

Il nous appartient de faire mémoire et souvenance de cette « Sagesse » primitive, ancestrale et de la transmettre fidèlement à ce monde en déshérence et en « perdition » et aux futures générations et ce, comme une corbeille d'offrandes, comme un merveilleux et sage dépôt, mit à disposition et relevant d' un libre choix, d'une libre et volontaire adhérence et, en aucun cas, d'une soumission, d'un diktat ou d'une obligation...

...///...

« ...Les Celtes conçoivent que « L'homme est un microcosme homologue du monde ordonné de l'Univers »...

« Sans croyance, l'ordre cosmique tourne au chaos. »

« C'est le culte qui a créé le monde d'après les idées religieuses celtiques... » « Le sacerdote est le moteur du culte. »

«...Ce qui est « néfaste », malveillant ; c'est le rejet de la Vie. »...

Sont aussi des calamités : « le dérèglement de l'existence », le non respect, l'inversion caractérisée des hiérarchies et surtout l'inversion ou le déplacement des champs d'application des fonctions attribuées.»

« La confusion des classes et des fonctions jointe aux calamités naturelles déchaînées par l'imprudence et imprévoyance humaine seront la cause de la fin de l'humanité vivante.»...

CH J Guyonvarc'h / F Le Roux Les Druides Ouest-France édition

Notes  :  Bran du

Si nous concevons que nous sommes des « passagers » ; cela implique que nous soyons amenés à franchir des pas sages et à nous affranchir de ce qui y fait obstacle...

Le pas sage conduit de l'ombre à la lumière , de la disharmonie à l'harmonie, du désaccordé à l'accordé, du dissonant au concordant, de la méconnaissance à la connaissance, de la peur au désir, du doute à quelques « celtitudes », de l'inconscient au conscient, de la fermeture à l'ouverture, du refus à l'acceptation, du Moi au Soi, de l’indifférencié à l'offert...

…///...

L'Etre est fait pour « ritualiser » ; c'est-à-dire pour « cosmunier » avec la Vie et tout le créé... Cela se fait nus-pieds, le corps offert, les paumes levées et l'esprit enflammé...

Et tout cela est porté, attisé et élevé par le Souffle et le Verbe de l'Awen...

…///...

S'ouvrir et s'offrir, sans le pesant du « souffrir », et « justement » s'alléger....

…///...

Le barde est homme de l'estran, des lisières, des clairières, des rivages ; il se tient « entre » et navigue du dedans au dehors, s'éloigne et revient au port, sauf en sa dernière étape, quand s'en vient l'infini rouleau qui le projette dans l'océan du ciel...

Lors ne sont plus de rivages au temps et à l'espace...

Huit sont les Barreaux de la roue de l'année, mais neuf ce qui les fait tournoyer, de cycle en cycle, de spirale en spirale...

Ce qui s'éprouve sagement fait preuve et ce qui est preuve est neuf...

Ainsi le renouveau dans la marée des flots...