Le paradoxe du rond point
La prolifération de cette infrastructure routière a eu pour effet positif de réduire le nombre des accidents de carrefour souvent mortels. On ne se percute plus ou plus rarement en contournant un rond-point et c’est heureux…
Toutefois, et par ailleurs, la chose transposée sur un plan sociologique et symbolique n’est pas sans enseignements utiles…
Ne sommes nous pas une société dont les membres tournent le plus souvent en rond autour d’un centre dont-ils n’ont plus (rare exception faite) la perception ?
En ce pourtour et contour nos semblables prennent soin de ne pas se heurter mais n’est-ce pas aussi passer à côté du bon heurt ?…
Il semble que nous ne cessions de circuler autour de l’essentiel, autour d’un moyeu qui donne sens et Essence à toute circulation et de toute nature, sans que cela ne nous interpelle de quelque façon que ce soit…
Le centre serait-il devenu un rendez-vous inaccessible ? Sommes-nous condamné à errer sans conscience sur une circonférence qui ne tolère pas la moindre halte et nous prive d’un accès à l’ordonnance des mondes et des galaxies ?…
Notre vie consiste-t-elle à faire des petits tours en n’ayant pour souci que de déplacer le centre de notre nombril ?… Tous égos face à cela qui nous invite à nous recentrer sur le don et le soi ?…
Nietzsche nous le rappellerait encore aujourd’hui en pointant cette distance qui nous sépare de plus en plus de notre axe, de notre pivot, de notre colonne, de notre arbre de vie !…
Tourner sans cesse en rond autour d’un point sans faire le point sur cette circumambulation épuisante et stérile !…
A force de s’affranchir de l’essentiel ne risquons nous pas de devenir complètement timbrés !…
C’est du point source que s’écoule toute vie et à partir du point souche que croît notre « arbre humain »…
Nous construisons certes de belles phrases que nous ponctuons par un point comme l’usage le veut… (Je fais il est vrai exception en donnant à mon point une continuation !)…
Nos ancêtres Celtes ne s’encombraient point, eux, de ponctuations et en fait bannissaient l’écrit, mais gravaient des spirales sans commencement ni fin, autant de volutes dansant autour de leur Esprit !
Point ne serait la pulpe appétissante du fruit sans le noyau qui lui donna substance et vie !….
Alors, si nous faisions enfin le point en nos circonférences ?…
Réflexion Août 2011