Les dits du corbeau noir

LE ROC TREVEZEL (SUITE) TEXTE BRAN DU PHOTOS BERNARD BOISSON 2022 LE 21 03 MARS

 

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Le Roc Trevezel Photo Bernard Boisson

 


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Bran du Mars 2022

 

Le Roc Trevezel (Suite)

 

 

 

Le Roc Trevezel, 384 m. Il n'est guère besoin de plus pour s'élever tant soit peu au-dessus de notre condition humaine !...

 

 

La pensée ici est à hauteur d'herbes et de dalles schisteuses...

 

L'accueil y est assuré par la fraternité des vents...

 

C'est une vaste mâchoire édentée à force de mordre le cuir épais des saisons...

 

La beauté là, la beauté nue et fleurie, nidifiée dans les interstices de mousse et de lichen...

 

 

La pierre brute, la pierre des origines, elle culmine ici au plus près du ciel dans un tutoiement permanent entre la fureur et le silence...

 

 

Depuis des millénaire s'érode ici le superflu afin de restituer au monde les sources et les racines épurées de l'essentialité...

 

 

La roche obstinée, têtue, armoricaine pour tout dire, résiste comme elle le peut aux assauts des éléments qui se déchaînent en ses sommets quand le ciel et la terre se livrent une géante bataille...

 

 

Ici, l'horizon porte au plus loin, porte jusqu'à l'écume et la vague, jusqu'à la brume et les embruns et, au-delà encore, par delà nos limites conceptuelles pour finalement nous ramener au berceau du cœur et de son intelligence... Ceci lors parrainé de feu, ondoyé d'eau et adoubé d'argile...

 

 

Les Monts d'Arrée ne sont pas, il est vrai une, « montagne » mais cette forte et haute colline n'en épouse pas moins le symbolisme et les analogies inhérentes à celle-ci...

 

 

Anatole Le Braz disait de ces monts : Des montagnes « qui ne sont plus mais se souviennent d'avoir été. »...

 

 

On y monte, on en fait l'ascension et même le pèlerinage sans doute parce qu'il n'est nul endroit plus privilégié que celui-là pour chuchoter aux dieux, aux déesses, le murmure de ses doutes et de ses espérances ou pour y faire cueillette de rayons de soleil, de lune ou d'étoiles...

 

 

Les tempêtes y sont grandioses, avec toutes les forces de la Nature lancées dans le combat qui n'a pour vainqueur que le grand silence qui suit les tumultes assourdissants...

 

 

L'escalier est de schiste est bien fait pour les chèvres, il semble être une amorce pour ascensionner jusqu'aux nuées laiteuses ou couvertes de bleuets et ce, en s'aidant du piolet de l'imagination !...

 

 

C'est lors un jardin suspendu qui s'offre à vous où le vert, le blanc, le rose, le pourpre, le mauve, le jaune... rivalisent de couleur dans l'entrelacs saisonnier d'une magnificence éclose...

 

 

Rien au-dessus qui ne soit de la terre si ce n'est les senteurs et leurs effluves qui auréolent et parfument les alentours du mont...

 

 

Tout cela est fort propice pour faire naître, avec humilité et gratitude, un sentiment de réelle élévation...

 

 

La pensée en effet s'y hausse au-dessus de ses propres limites...

 

 

De là on domine un océan de fougères, de bruyères cendrées, de callunes, d'herbes rases et folles, de buisson d'épines noires, de saules nains, de sapins comme décharnés et momifiés sans omettre la grande nappe des ajoncs d'or et de plus rares genêts...

 

 

Le grand navire fait de tourbe et de landes, le grand vaisseau d'humus et de terreau qui bourlingue dans le creux des siècles entre écueils et récifs d'une histoire bien tourmentée à pour mât et vigie ce monticule de schiste qui tangue entre hier et demain, entre l'obscurité et la lumière, entre le silence et le bruit, entre la fin et le recommencement, entre l'aube et le crépuscule, entre la vie et la mort, entre l'oublie et le souvenir, et enfin, entre ce qui fût, est et sera...

 

 

Et, c'est peut-être là et là seulement que votre être se donne enfin à voir, à percevoir, à comprendre et à s'incarner en ce monde !....

 

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21/03/2022
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