LE TOUR DE FRANCE DES ALTERNATIVES E DANIEL / ETAT DU BENEVOLAT L DAVOUST-LAMOUR BRAN DU 27 05 MAI
Dans le miroir du monde (Photos Bran Du)
DOSSIER ESPERANCE 2
1 / LE TOUR DE FRANCE DES ALTERNATIVES (SUITE 2)
Emmanuel DANIEL Edition Seuil /reporter (extraits)
Le Réveil :
« Il ne pourra y avoir d'issue que si les hommes et les femmes partout se réveillent et décident de prendre leur sort entre leurs mains, et c'est cela même qu'est le projet d'autonomie...
Rien ne garantit qu'ils le feront, mais rien ne garantit non plus qu'ils ne le feront pas et nous ne pouvons rien faire d'autre que d’œuvrer pour qu'ils se réveillent de l'apathie, de l'abrutissement des supermarchés et de la télévision. »
Cornelius Castoriadis Porto Allègre 1991
« le Socialisme du futur »
« ...Le nombre augmente de jour en jour de ceux qui produisent et consomment localement, s'organisent de manière horizontale, partagent biens, services et connaissances, se réapproprient leur vie et leurs compétences, en faisant eux-mêmes ce qu'ils déléguaient jusqu'alors au marché ou à l'Etat, inventent de nouvelles façons de vivre ensemble et d'organiser la société.
Nos façons d'être, de penser, d'agir et d'interagir sont en train de se modifier en profondeur et ces changements invisibles traversent l'ensemble de la société.
Ce mouvement est encore marginal mais il pourrait ne pas le rester. Nous sommes nombreux à rêver d'une société différente ; une « immense majorité »... des régiments entiers de révolutionnaires qui s'ignorent n'attendent qu'une chose : qu'on leur propose un cadre pour exprimer leur ras-le-bol, agir concrètement en engager leur transition vers un mode de vie soutenable et convivial...
Le caractère divers, concret, local, festif et inclusif des utopies concrètes examinées dans ce livre me laisse penser qu'elles sont en mesure d'attirer un nombre croissant de citoyens et de mobiliser au-delà des clivages habituels...
Parce qu'elles rendent heureux ceux qui y prennent part, ces initiatives sont contagieuses et capables de toucher ceux qui ne croyaient plus au changement et encore moins en être les acteurs...
Pour autant la bataille contre l'oligarchie, l'injustice et la destruction du vivant n'est pas encore gagnée. L'imaginaire collectif reste largement colonisé par l'idéologie de la croissance et de l'évolution...
Bien qu'ils soient plus nombreux chaque jour, le cadre dans lequel les projets alternatifs évoluent ne leur est pas favorable...
D'une part ces initiatives courent le risque d'être banalisées et récupérées par un capitalisme qui peut très bien s’accommoder de quelques entreprises autogérées, de jardins partagés et de circuits courts...
D'autre part, elles sont dépendantes du bon vouloir des pouvoirs publics phagocytés par des intérêts privés et qui peuvent décider de freiner l'expansion de ce mouvement (par le jeu des subventions, des aides sociales, des réglementations et de la répression.)...
Les puissants d'aujourd'hui ne se laisseront pas dépouiller de leurs privilèges sans livrer bataille...
Tout l'enjeu réside dans le rapport de force que les utopistes sauront créer pour démocratiser les institutions actuelles – ou s'en affranchir en créant leurs propres institutions – pour les plus radicaux d'entre eux... »
« C'est ce qu'on choisi de faire les révolutionnaires de l'ombre évoqués dans ce livre. Ils font au quotidien ce qui leur semble juste et nécessaire. Ils vivent aujourd'hui comme ils aimeraient que nous vivions tous demain...
Et ils le font avec plaisir...
Mon immersion dans cette France qui se réinvente par le bas m'a redonné foi en l'humanité et espoir dans le changement...
Même si le monde actuel donne la nausée, je ne désespère pas de le connaître autrement...
Même si notre capacité à banaliser inacceptable me répugne autant que le cynisme de ceux qui nous asservissent, je suis persuadé que nous sommes encore capables de désirer la liberté et d'en assumer la responsabilité...
C'est un pari que je fais là. Un pari qui repose sur une croyance retrouvée en l'humain, issue de mes observations de terrain. J'ai vu que l'homme n'était pas une machine à calculer, mais qu'il était capable d'altruisme et d'engagements désintéressés...
J'ai vu des groupes délibérer, décider et s'organiser sans chef...
J'ai vu les merveilles que pouvaient produire l'intelligence collective. J'ai vu que nous étions capables, ensemble, de faire de grandes choses. Ces utopistes m'ont donné le courage de rêver et l'envie de construire un futur radicalement différent. Il me tarde maintenant de mettre en pratique ce que j'ai pu observer pendant ce voyage et de répandre le virus de la liberté...
Il sera trop tard demain pour changer le présent !
Je ne veux plus attendre la révolution. Je veux l'incarner au quotidien...
L'idée que nous pouvons collectivement décider de notre destin en comptant sur nos propres forces m'emplit d'enthousiasme. Et j'ai l'impression que cet enthousiasme est de plus en plus partagé...
Le rideau de fer de la fatalité commence à se fissurer.
Des lueurs d'espoir percent notre horizon chargé de nuages, et les chemins vers une société conviviale, démocratique et soutenable
se multiplient. Il ne tient qu'à nous de les emprunter, l'avenir est peut être incertain, mais je l'attends avec impatience. »
E DANIEL
...................................................................
2 / Etat actuel du Bénévolat en Bretagne (et ailleurs)
par Laurence Davoust-Lamour sociologue
extrait du magazine Armor N° 186 :
« … Entre 20 et 25 ans, on remarque des éveils citoyens dans notre société un peu morose. Dans le même temps, les jeunes retraités s'engagent pour redonner un nouvel élan à leur propre vie....
Pour être bénévole, il faut d'abord avoir réglé des problèmes de l'ordre de sa survie...
On s'engage en fonction de sa trajectoire de vie, du temps dont on dispose, de ses convictions ou de ses valeurs...
Des collectifs de jeunes se constituent pour faire de la musique, pour mener une action de solidarité ponctuelle, tout ce qui participe à un certain pouvoir d'agir...
L'action sociale et médico-sociale sans bénévole n'existerait pas, ou serait plus désolidarisée encore...
C'est l'action bénévole ou informelle qui vient pallier cette dégringolade du lien social...
Aujourd'hui, les bénévoles revendiquent d'être libres de leur parole et de leurs choix non seulement leur engagement ne doit pas écraser leur vie personnelle, mais il doit aussi leur procurer un sentiment d'utilité sociale...
L'engagement citoyen remplace presque le mot bénévole.
Il y a moins de militantisme aujourd'hui, mais des solidarités émergentes...
Les jeunes veulent bien donner un coup de main mais pas dans des cadres figées par des décennies de pratiques. La loi de 1901 laisse plus de liberté dans les organisations qu'elles ne s'en saisissent notamment dans les modes de gouvernances...
L'écoute et la démocratie participative sont un peu confisquées, alors que l'action participative est toujours à privilégier. Le monde associatif est un pivot de notre cohésion sociale, une pépite qu'il faut préserver, parce qu'elle nourrit notre communauté humaine...
La coopération et l'engagement, cela rend heureux. Associations et bénévoles font vivre des petites bulles d'air qui font vraiment du bien. C'est ce qui donne – ou maintient - ce degré d'humanité qui fait la force de nos sociétés... »
…///...
(Le tissu armoricain est composé de 12 827 associations.)
« J'y rencontre des gens exceptionnels, dotés de très belles valeurs, dont le sens du bénévolat, le respect et le partage. »
Marjorie Chouaran.
....................................................................................