LE WABI-SABI QU'EST-CE ? LEONARD KOREN EXTRAITS BRAN DU 04 08 AOUT
PIERRES EAUX ET LUMIERES MONTAGE ET PHOTOS BRAN DU
Le WABI-SABI Qu'est-ce ?
Léonard Koren Wabi-Sabi édition Le Prunier SULLY (extraits)
« Ceux qui savent ne parlent pas, ceux qui parlent ne savent pas. »
Formule Zen
« Aux alentours, ni fleurs épanouies ni feuille d'érable brillant de mille feux mais une simple cabane de pêcheur qui s'élève seule sur le rivage dans la pénombre de ce soir d'automne. »
L Fujiwara No Teika
Il s'agit d'accorder un maximum d'attention à tout ce qui arrive dans le moment présent...
(Cela vaut également et totalement pour la pratique du Haiku étrangement non citée dans l'ouvrage ???. N.D.R.)
Soit : la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes...
La beauté des choses modestes et humbles...
La beauté des choses atypiques...
Une beauté profonde, pluridimensionnelle et insaisissable...
La poésie est un véhicule privilégié pour transmettre l'état d'esprit du WABI-SABI. (Dommage que l'ouvrage ni fasse pour ainsi dire presque aucun recours ! N.D.R)...
L'esthétique japonaise du Wabi-Sabi a longtemps été associée à la cérémonie du thé (voir le livre du thé de Kasuko Okakura dit aussi Tenshin)...(publié en 1906)
La voie du thé (Chado) soit une cérémonie du thé aussi appelée Sado ou Chanoyu (c'est aussi un exercice de méditation qui suit une thématique cohérente)...
Il s'agit de sauver un monde de beauté de son extinction... (Maintenir en vie une idéologie esthétique)...
Le Wabi-Sabi ne se réduit pas facilement à des formules ou expressions toutes faites sans qu'on n'en détruise l'essence fragile...
C'est l'antidote parfait au style de beauté lisse, édulcorée et consensuelle...
On peut affirmer en comprendre le sentiment, mais très peu sont capables de le formuler...
Il est associé de près ou de loin au bouddhisme zen (voir au taoïsme) (Il en illustre de nombreux principes spirituels et philosophiques.)...
Il prend place, s'il ne les « anime » pas, avec la calligraphie, l'art floral, le chant et la danse, au sein de la culture japonaise...
Dans son acceptation la plus large ; c'est un mode de vie et dans son sens le plus étroit ; c'est un type particulier de beauté... (simple, naturel, non sophistiqué avec une apparence rugueuse ou irrégulière.)...
Il n'use presque jamais de représentations figuratives ou symboliques...
Il dénote des forces primordiales...
SABI a le sens de froid, maigre, flétri...
WABI exprime dans un premier temps la misère de celui qui vit seul dans la nature, loin de la société et suggère un état émotionnel de découragement, d'abattement, de déprime... puis, la solitude et la pauvreté volontaire de l'ermite ou de l'ascète seront considérés à leur tour comme représentant des conditions favorables à l'enrichissement spirituel ainsi que pour les esprits enclins à la poésie...
Ce genre de vie stimulait l'attention portée aux détails de l'existence quotidienne ainsi qu'à la beauté d'objets discrets et souvent négligés du monde naturel...
En retour, la simplicité sans attrait fut prise comme base d'une beauté nouvelle, pure...
WABi fait référence à :
Un mode de vie, un chemin spirituel...
Au monde intérieur, au subjectif...
A une construction philosophique...
A des événements spatiaux...
SABI fait référence à l'art et à la littérature...
Aux objets matériels
A l'extérieur et à l'objectif...
A un idéal esthétique...
A des événements temporels...
Le WABI-SABI s'exprime surtout dans le domaine privé, implique une compréhension intuitive du monde. Il est « relatif »...
Il recherche des solutions personnelles ; Ce sont des pièces uniques, variables... Il n'y a pas de « progrès » ; il est tourné vers le présent... Il croit dans le caractère fondamentalement incontrôlable de la nature... et à une vision « romantique » de celle-ci...
Des matériaux naturels ostensiblement « grossiers » s’accommodent de la dégradation et de l'usure. La corrosion et la contamination rendent son expression plus riche...
Il sollicite l'expansion de l'information sensorielle. Il est à l'aise avec l’ambiguïté et la contradiction.
IL est « chaud » et généralement sombre et terne...
La fonction et l'utilité n'ont pas grade importance...
La parfaite immatérialité est un idéal...
Pour toute chose il y aune saison...
Le bol est une métaphore (une forme libre ouverte sur le dessus)...
Les premières sources d'inspiration des principes métaphysiques spirituels et moraux du WABI-SABI furent les idées de simplicité, de naturel et d'acceptation de la réalité qu'on trouve dans le Bouddhisme Zen chinois et le Taoïsme...
L'état d'esprit et le sens de la matérialité du WABI-SABI dérivent de l'atmosphère de désolation mélancolique et de minimalisme exprimés dans la poésie et dans la peinture de l'encre monochrome de la Chine au IX et XI iè siècle...
L'Univers du WABI-SABI :
Les fondements métaphysiques :...
Soit, les choses se détériorent jusqu'au non-être, soit elles se développent à partir du non-être...
Les valeurs spirituelles :...
La vérité découle de l'observation de la nature...
La « grandeur » réside dans les détails discrets et négligés...
La beauté peut être obtenue à partir de la laideur...
L'Etat d'esprit :...
L'acceptation de l'inévitable...
La perception de l'ordre cosmique...
Les préceptes moraux :...
Se défaire du superflu...
Se concentrer sur l'intrinsèque...
Ignorer toute hiérarchie entre les matériaux..
Des traces fragiles mais en affinité avec l'indécis, l'éphémère, le caché, le mineur...
Un non-être vivant de possibilités, un univers en mouvement constant...
Toutes choses sont impermanentes, imparfaites et incomplètes...
Une oscillation entre le devenir et la désintégration...
Notes Bran du : On aurait aimé disposer ici d'un certain nombre d'exemples pouvant illustrer ces propos et leur faire écho et résonance...
On retrouve ici une pensée, des dispositions d'esprit, propres à la culture chinoise ancienne et transposés bénéfiquement au Japon...
Comme le Haiku, il s'agit de développer l'écoute, le regard et l'attention sur ce qui, habituellement, ne requiert pas ces dispositions, attitudes et comportements...
Cela constitue ce que l'on appelle habituellement l'inexistant, le dérisoire, le négligé, l'inutile... (Surtout en Occident où l'on accorde une importance démesurée, fantasme, factice et illusoire à ce qui ne devrait pas être l'objet d'un tel culte et d'une telle exacerbération !)....
L'humilité retrouve ici toute sa grandeur....
Et la laideur rivalise de beauté...
C'est aussi ramener l'homme à sa juste place et à sa juste mesure...
Le WABI-SABI est donc une invitation spirituelle, métaphysique, morale, esthétisante, philosophique... qui consiste à revisiter les états singuliers, spécifiques et communautaires de l'être dans ses relations à lui-même et à tout ce qui l'entoure (visible ou non) sans déconsidération pour ce qui n'entre pas (collectivement) dans le cadre des « estimations » et des « valeurs arbitrairement accordées)...
Une simple pierre roulée dans les vagues a plus à nous apprendre qu'un traité de philosophie !...
Mettre la paume de sa main sur l'écorce d'un arbre, c'est prendre sève dans le printemps du devenir !...
Prendre regard avec l'offrande matinale d'une rose, c'est faire refleurir les prairies du cœur... etc...
Métaphysique, spiritualité et philosophie se conjoignent en une corbeille d'entendements majeurs et de mises en convergences essentielles.....
Ceci grâce à l'économie du « superflu », de l'intoxication intellectuelle, de la falsification des sens et de leur usage et destination, de l'éloignement considérable que l'orgueil, la cruauté et le mensonge ont étiré entre nous et la Vie dans ses dimensions les plus humbles, les plus simples, les plus vibrantes, les plus « émouvantes » et les plus lumineuses....
Il est venu le grand temps de la « restitution » ; le temps de désobstruer les vasques et fontaines empierrées par des siècles de conditionnement et de formatage idéologique et destructeur...
Le temps d'ensemencer la terre nouvelle dans les sillons du possible...
De redonner au mot Poésie, ses initiales et ses majuscules et de délivrer Celle-ci de toute ponctuation et définition arbitraire....
Le temps de renouer le dialogue interrompu entre l'herbe et notre main, l'eau et nos lèvres, le feu et nos brasiers d'amour, l'air et la migration printanière de nos songes et de nos rêves...
Les premiers et salutaires changements commencent ici, au pied de l'arbre et de la pierre, au bord des rivages et des rus, dans la bordure et la sinuosité des saisons, dans l'appel du cerf à l'automne, dans l'amplitude des marées d'équinoxe, dans l'éclosion des bourgeons, dans le chant des grives parmi les sorbiers sanguins, dans les marelles de l'enfance, dans l'étreinte enspiralée et flamboyante des corps aimantés...