Lecture. Björn Larsson L' Identité celtique ? commentaires Bran du
Lecture :
Revue AR MEN 200è numéro
Etre breton et Celte au XXIè siècle Quête et enquête de Björn Larsson
(écrivain ... Besoin de Liberté... et le Cercle celtique soit une tentative pour comprendre l'énigme de la survie de la culture celtique à travers l'histoire.)
Sculpture réalisée par un breton (voyageur de passage) il y a vingt ans sur une orme pluri-centenaire décimé par la maladie. Il est situé sur la place du Caylar en Larzac.
Photos Bran du
"Une attirance et une mise en question, accouplées d'une réflexion intellectuelle et émotionnelle pour une culture autre que la mienne."...(l'auteur est suédois)... (Etude débouchant sur la possibilité d'indépendance des anciens pays dits celtiques, reliés entre eux par une fédération à l'intérieur de l'Europe.)
L'auteur à rédigé des articles sur l'Histoire des Celtes pour le centenaire des loges druidiques en Suède, et ce, à leur demande.
Dans quelle mesure peut-on choisir d'être breton ou celte ?
(...L'énigme de l'identité et de la spécificité celtiques, s'il y en a une, n'est pas résolue.)
Réflexion menée par l'auteur au contact des milieux bretons...(mais aussi en Ecosse)...
Constat d'une histoire faite de discrimination et d'ostracisme envers ce milieu par l'état français... (Le nombre de bretons appelés sous les drapeaux pendant la Grande Guerre dépasse et de loin celle des Français !)
(Un état-nation qui prospère aux dépens des cultures anciennes et plus minoritaires... Sort déplorable réservé à la langue etc...)
"...Je n'étais pas bien certain d'avoir compris ni en quoi consistait la celtitude, ni ce qu'il y avait qui m'attirait et me fascinait dans cette culture fuyante et insaisissable. La culture celtique avait survécu des millénaires sans armée, sans nation, sans une langue et une littérature commune, sans religion aussi. Mais en raison de quoi, plus précisément ?
Une identité forte, même minoritaire, n'a pas besoin d'une seule et même langue, d'une armée, d'un état-nation, pour survivre...
Il y a une attitude de respect, de considération, à adopter envers ceux qui défendent avec légitimité, avec ténacité, et avec courage, la culture, la langue et l'identité celtiques. Une culture, n'importe laquelle, ne doit pas être seulement une recherche des origines, un retour sur le passé, mais également un projet tourné vers l'avenir, une ouverture aux autres, l'espoir d'un monde meilleur, plus tolérant, plus bienveillant, plus juste, plus équitable....
Car même, si on arrivait à identifier ce qui depuis toujours a été l'essence de la culture celtique et bretonne, il faudrait toujours se demander si cela vaut la peine de rester ce que l'on est devenu. Une tradition n'a pas de valeur -politique, culturelle, éthique... en soi. La question que je voudrais poser, à la fin, comme le déraciné que je suis, est la suivante : comment voudra-t-on être celte et breton à l'avenir ? Et dans cet avenir là, y aura-t-il de la place pour ceux qui voudront devenir Celtes ou Bretons, sans l'être par le sang ou par le sol, mais par le coeur ?"
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Notes et commentaires : Bran du 16 08 2014
La réponse est clairement, lucidement et sans aucun doute OUI...
Car cette réponse s'incarne déjà et depuis longtemps au sein même des mouvances bretonnes et celtiques qui ont le sens de l'accueil, du partage, de la rencontre, de l'échange, et ce, du fait d'une curiosité atavique pour tout ce qui compose le monde, l'univers ; et du fait de cette soif insatiable de connaissance de l'inconnu, du divers et du différent....
Les ambassades celtiques de la musique et de l'art montrent combien se mélangent les apports, se concilient les particularismes dans une expression à la fois singulière et plurielle... L'âme celte ne s'y perd mais s'y réjouit !
C'est d'une appartenance spirituelle, culturelle, philosophique qu'il s'agit ici ; une appartenance qui concilie une vision universelle avec les singularités et spécificités d'un sol et d'une mémoire qui s'y rattache, et ce, sans antinomie ni contradiction, bien au contraire...
L'appartenance en tant que telle dépasse les territoires et les frontières, survole l'horizontalité de la condition humaine pour la transcender en une Verticalité faite de Sagesse et d'Esprit qui est le Pilier du monde, l'Axu mundi qui le tient dressé et debout sous les Etroiles du passé, du présent et du devenir... Les vacillements et tristes penchants de l'Histoire ne sauraient, n'ont su, abattre cet axe majeur et ses lignes de force...
Sa constitution pérenne relève du mythe, d'une mythologie, d'une cosmogonie mouvante et émouvante et fait l'économie d'une Histoire toujours tronquée et manipulée par l'orgueil, la cruauté ou le mensonge !
Le Livre ouvert de la Nature nous conte chaque jour, chaque nuit, ce légendaire époustouflant, merveilleux et enchanteur qui embrase et enflamme l'exceptionnelle imagination, la créativité éperdue, des mondes Celtes...
Parmi les fondements qui forgent l'esprit des celtes ; la "celte attitude" dirons-nous aujourd'hui, il y a ce goût immodéré pour un irrationnel qui éclabousse de ses étincelles, qui fait même chanter, le marbre froid de la raison....
L'identité ici est une et multiple à la fois, une en conscience, une en connaissance, une en lucidité, une en exigence, une en audace, une en vision et perception, mais multiple en ses expressions, en ses "mises et remises aux mondes"...
Elle conjugue sans cesse Esprit et Matière, respecte et considère cette dernière, mais oeuvre en son corps, en sa chair, pour l'amener, alchimiquement, vers des transformations et transmutations qui la libèrent de ses pesanteurs et de ses obscurités...
Elle ne peut être l'objet ou le sujet d'aucune "définition" est c'est cela son "énigme", son "mystère" intrinsèque et subtil autant que volatil...
Elle est la Loi d'Evolution sans commencement ni fin, absolue, infinie, illimitée et aucune pensée ou parole humaines ne sauraient l'enfermer ou la mettre en demeure, la réduire en concept, en bocal, en conserve...
Elle ne connaît pas d'étiquette, mais une quête d'une éthique qui est un véritable art de vivre, un art de se relier à soi, aux autres, à tout le vivant visible ou non, à toute la mémoire porteuse de devenir...
Un art passagèrement appelé, à défaut, et pour simple commodité d'entendement et de relation, la "druidité", mais souple et flexible comme le Souffle et son Verbe qui en façonnent les pleins et les déliés...
Un art de la célébration, de la conciliation, de la cohérence et de la concordance, de la juste mesure, de l'accordé, de l'équitable, de l'ajusté, de l'adéquation, de la résonance et consonance...
Un art qui fait de l'être un ETRE, soit un instrument de musique apte aux mélodies singulières et aux symphonies plurielles...
Un art qui unit les contraires afin qu'ils fassent naître de cette union l'équilibre et l'harmonie au sein desquels le monde et l'être se pacifient en devenant co-créateur d'un instant d'immortalité et les bons et généreux semeurs du possible...
Ce ne sont là que quelques traits esquissant une spirale celtique qui danse en tout l'univers comme dans le sang et les songes des êtres qui le peuplent...
Ces traits effacent et gomment ceux que la peur et l'ignorance inscrivent de force sur le Livre tâché de sang d'une humanité soumise à toutes les ratures...