Les dits du corbeau noir

Les dits du Corbeau Noir Bran Du Le 14 03 2023

Certes, j'ai demeure sédentaire, mais la terre est mon habitat...

En un lieu de vie j'ai fait maison, ici est mon foyer où les flammes montent au ciel comme s'élève la ferveur des sons qui invoquent...

De ma fenêtre taillée dans l'argile, saison après saison, je guette la course de la lune, la course du soleil et la farandole des étoiles...

Etoile aussi je suis quand je guide les hommes dans l'obscurité de leur profonde caverne...

Comme l'arbre, j'ai pris racine parmi le terreau et l'humus d'une mémoire fort ancienne, les pierres me tiennent compagnie pour le policé de mes songes, pour l'autel et le promontoire de mes rêves...

Les secrets, car il y a des secrets sont gravés sur les parois intimes de mon cœur...

J'ai appris les signes et les symboles, les nombres et leur labyrinthe, l'axe dans lequel ils se déploient, leurs spirales, ce qu'ils mesurent et animent, leur respiration même...

De jadis, je sais l'eau et le feu et cela qui danse dans le regard des Femmes, de cela qui pleure sur le visage d'un enfant, de cela qui s'éteint sous la paupière du jour......

Je sais cela qui martèle la roche, qui ride les visages, qui purifie l'impur, qui ouvre les bras et les mains...

Cela qui fait silence parmi le tumulte, qui suture les plaies ; qui fait d'un mot ou d'un geste, un baume qui apaise...

« Venez venez... Accourez sous le pommier...
l'Arbre sacré va vous enseigner.... Venez, accourrez... Portez ses fruits à vos lèvres, leur suc à vos pensées...»

Que voyez-vous en vos regards que vos yeux ne savent voir ?...

La vision est chose ordinaire qui ne vous dispense pas de vos aveuglements...

Il y a ce qui est et ce qui n'est pas, ce qui ne saurait être et qui est cependant...

La véritable vision réside en celui ou en celle qui ferme ses yeux car une lumière est à jaillir derrière le rideau de ses paupières !

Soyez celui qui entre ses doigts fait naître des étincelles et dont la tendresse incendiera le monde...

Soyez celui qui façonnant la glaise bleue de ses rêves donnera forme ; forme de vie  à tout ce que son cœur lui inspire, à tout ce que son cœur aspire à animer de vrai, de beau, de juste...

Soyez vague parmi les vagues et que votre pensée se fasse océan et écume...

Soyez l'épitaphe d'un hiver qui ne connaîtra jamais le printemps...

Soyez l'églantine, soyez l'aubépine qui couronne le front de celle qui va danser dans la rosée du jour...

Soyez la pierre qui roule dans la mémoire des siècles...

Soyez l'inattendu de toutes salles d'attentes...

Soyez la pomme sur le pommier de l'Île de la félicité...

Soyez le Gardien de la Fontaine des eaux qui guérissent...

Soyez le vigile, soyez le veilleur, soyez l'attentionné...

Soyez les fiançailles, soyez la reliance et faites noces des échanges et partages au banquet de la joie...

Ayez confiance ou ne vous reliez pas, ne vous connectez pas à ce qui s'offre avec réticence...

Ne cherchez pas ailleurs le diamant qui brille en vos obscurités...

C'est par le vide que vous ferez place à la plénitude...

C'est par l'abstinence que vous serez nourrit...

C'est dans l'absence que la Présence s'en viendra à vous...

C'est par l'éclair que la foudre vous remettra debout...

Toute pluie est bienvenue dans la paume de vos mains, dans le puits asséchés de vos soifs...

La mort est l'ambassade de ce qui viendra après et que seule votre conscience pourra nommer...

La souffrance peut-être parfois l'annonce insoupçonnée d'un nouveau sens donné, offert, à votre vie douloureuse...

Le fait de ne pas croire et en soi une autre forme de croyance...

C'est dans le recul que l'on prépare nos futures avancées...

C'est dans la distance, dans la séparation qu'apparaît ce qui nous est essentiel...

Certaines nuits durent plus qu'elles ne devraient durer... Ce qui est certain c'est qu'il y aura, tôt ou tard, une aube, une aurore à se lever

Que vos rêves soient nomades si votre corps doit être, temporairement, sédentaire...

La grandeur d'un être ne se mesure pas en centimètres mais dans ce qu'il porte à élévation...

Le sanctuaire réside avant tout en vous-mêmes.              Il s'édifie avec les hautes pierres que façonnent le cœur...

Ce qui mène, guide et conduit, c'est aussi l'Etoile que vous avez en ce cœur...

L'oiseau noir s'élève et brasse la Farine de l'air...

Ses rémiges tracent un sillon qui s'efface aussitôt...

Il vole vers un horizon qui échappe  à notre regard...

Où vole-t-il ainsi prenant appui sur ce que l'on appelle aussi l'éther ?...

Ce n'est plus qu'un point noir qui s'estompe dans l'infini...

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