LES DITS DU CORBEAU RECITS BARDIQUES BRAN DU 2018 17 12 DECEMBRE
Avertissements : Ceci est un long récit directement inspiré par la mythologie et le légendaire celtique ; récit au sein duquel vous trouverez ou retrouverez maints rappels de personnages illustres (Barde, Druides, Hommes primordiaux, Déesses et Femmes consacrées, Devins et Prophétesses...
Il est recommandé de prendre une large respiration avant que d'en commencer la lecture !
LES DITS DE BRAN LE CORBEAU
BRAN DU OCT 2018
« - J'ai bien connu la chouette et le hibou, mieux encore le merle et le roitelet ; le cerf et le sanglier, ceux-là aussi ainsi que la laie, mais c'est le saumon surtout ; c'est lui qui m'a appris tout ce que je sais...
De l'ancien monde, je sais beaucoup, je sais qui inaugura la ronde ; qui ébranla la première roue puis les saisons secondes...
Ce fut en matrice d'étoiles et d'océan que l’œuf s'en vînt flottant sur les ondes ; d'or était l'oursin aux cinq gravures profondes...
L'eau alors recouvrait les terres, mais couvait déjà en son sein, l'enfant de la Lumière que l'Aurore ; sa mère , enfantait à dessein...
Chaque nuit de Samain ; l'antique récit me revient dont mes lèvres ont mémoire ; nul ne peut se dire barde s'il méconnaît l'histoire dont le cœur, lui, se souvient ; il n'est de mort absolue, infinie, que dans l'oubli !...
Malheur à celui qui a perdu la sente, le chemin, qui n'a d'étoiles en sa demeure ; sa barque au rivage se meurt comme en lui se meurt l'aventure, le voyage !...
…///...
Qui se cache derrière le visage des humains, qui derrière les faces et figures ? Quelle mystérieuse nature ; quelle image du sacré, quelle forme du divin ?...
Si tu ne le sais, mois je le sais et ce secret je le tiens
comme sur la branche de l'été le fruit se tient
qui donne connaissance !...
Tout cela est un bien grand mystère, celui du Ciel et celui de la Terre... Qui pour mouvoir le grand Univers ?
Qui, où, comment et pourquoi et selon quelles Lois ; qui, en l'Ombre, fait Lumière ?...
Ma bouche en appelle aux Dieux qui en tous lieux animent le vivant, font circuler le sang dans les temps périlleux...
Des Déesses, je connais les noms et la druidique façon, de donner aux mots des ailes qui vers elles s'élèvent en mes invocations...
De ces usages, de ces pratiques, le savoir en est mystérieux ;
il n'est pas donné à ceux qui n'ont ni honneur, ni éthique...
Devant eux, se fissure le chaudron et la coupe se brise ;
la vérité est éprise de ce qui ne lui porte pas d'affronts !...
Le pouvoir, la puissance ne sont, qu'épines, flux et poisons ;
qui rongent la forteresse assaillit de mensonges...
Indigne est le roi qui verra en ses songes, en ses visions,
venir trois morts et ce, d'horrible façon !...
…///...
Des règnes et des éléments, je suis l'héritier et je suis le fils...
J'ai gestes et j'ai voix, je sais le sacrifice...
Au déroulé des temps, je sais l'heure et l'instant, je sais le lieu propice ; l'eau et le feu, tous deux m'obéissent comme m'obéissent les vents !...
A chacun sa place et son contentement...
Les mots à mes lèvres s'enlacent comme amante et amant...
Le Nord à des choses à dire et l'Ouest également ;
Le Sud joue de ses instruments et l'Est chantonne avec grâce...
Le Cercle est formé qui enceint la clairière...
Au centre se tient, de la Roue, le moyeu...
Lors s'y retrouvent les chants, les vœux les prières ;
ce sont flammes ardentes qui montent vers les cieux !...
Universelle est la divine Présence qui redonne naissance
à tous, à chacun ; un lait sort de son sein et ruisselle d'abondance...
Si riche est la royale substance, la manne nourricière,
si généreux le banquet, si prodigue la bière...
Il n'est de plus merveilleux festin ni d'ivresse princière
que cela offert par le don souverain qui fait la coupe pleine et qui partage son pain...
Heureuse la souveraine que le bon roi étreint...
Fertiles seront les jardins et fleuries toutes les plaines...
…///...
La neige à recouvert les branches de mon corps :
J'étais nu alors sur la couche de l'hiver...
Le tonnerre et l'éclair ; avec eux, j'ai passé l'accord ;
sous eux, à me parfaire, je suis resté du crépuscule à l'aurore...
Nulle peur, nulle crainte, nul tremblement, malgré la morsure et la fureur des éléments... Nulle tourment, nulle terreur, mais le cœur toujours vaillant prenant force et vigueur du ciel et de la terre...
J'ai affronté les vagues ; leurs mains de géant ; j'ai remonté le cours des torrents et pris les courants à rebours, perçant les flots comme une dague ; de bravoure ; c'est certain, fut mon parcours...
J'ai commerce avec les flammes et braises dans les yeux...
Je connais les feux qu'allume la femme ; la femme quand elle le veut !...
Les Grandes Forces, je les connais ; j'y ai frotté le cuir de ma peau... Elles animent ma poitrine et font bomber mon torse...
Ma langue méconnaît le gel, sur elle les flammes étincellent...
Les mots ; j'en fais fagots et, de flamber, mon poème s'efforce...
L'eau, le feu, l'air ; voilà ma lance, voici mon épée...
Mon chant est une pierre de fronde qui comme tonnerre gronde
avant que de frapper...
…///...
De Mananann, je connais les festins... (L'immortalité est un plat sans cesse renouvelé)...
A la juste place chacun se tient... (Il n'est ici de morceaux du héros à se disputer.)...
Ils sont tous là, les Princes de l'Eloquence :
Myrddin, Amorgen, Liwarch Hen et Taliésin...
Ajustés, charpentés et de noble maintien, sont les mots qui joutent et ravissent l'assistance...
…///...
Il reviendra, le sage à l’œil bleu de faucon ;
Il reviendra bondissant par dessus l'écume de la vague,
par dessus la fureur des torrents ; il rejaillira de l'océan du temps, le saumon au bouclier d'écaille, le blanc saumon, rouge en ses entrailles !...
L'eau, depuis toujours, colporte sur les terres la mémoire de son nom ; la mer, en chaque marée, le brasse en ses flots, le ramène au rivage ; sans âge est celui qui amène sur nos lèvres les mots qui nous content le passage de l'Ombre à la Lumière !...
Celui là avait semence des Arbres de longue vie ;
Lors cinq semences suffirent pour cinq provinces unies...
Tara ainsi fondée donna Centre à l'Irlande ; ainsi le Centre anima la vie aux cinq contrées ; les cinq arbres plantés étaient de connaissance ancienne et éclairée...
Chaque baie, chaque feuille, chaque fleur, chaque bourgeon ont, de Fintan, fidèle souvenance !...
Nul n'a su qu'elle fut son dernier voyage, qu'elle fut l'île de son ultime destination...
Certains ont vu les ailes de l'aigle disparaître dans le soleil, d'autres disent qu'il est devenu le roi de tous les poissons...
Certains affirment encore que c'est lui le faucon, qui en ses serres, étreint toutes les couleurs du ciel !...
….........
Plus fort, plus long, plus redoutable le déluge qui aujourd'hui submerge nos tempes et notre front...
La mort se fait oubli quand se tait le récit, quand plus n'est prononcé le nom !...
Mais l'hirondelle reviendra sous le toit des maisons,
et le printemps reverra rebondir les saumons...
Rien ne saurait mourir qui a demeure au cœur
et souffle de souvenir sur l'éternel tison !...
…///...
J'ai connu la Blanche Femme qui tenait l'écheveau au déroulé des temps, j'ai vu les fils s'entrecroiser sur les destinées de la trame...
Je l'ai vue, de mes yeux vue, danser dans sa robe de flammes...
J'ai vu, jaillir de son sein blanc, le lait qui allaite les âmes...
De neige était la douceur de sa peau, de charbons les cils de ses yeux, de braise l'ardeur de ses feux ; ses cheveux ruisselaient comme l'eau...
….////....
Invitée au festin, la gaîté est de mise,
et la joie et le rire et tout deux vont bon train...
Ne franchit la porte, l'humeur cherchant querelle ;
Le portier y veille qui chasse ceux qui s'emportent...
Dans l'éloquence, le poète se tient,
tous et chacun se targue d'élégance....
Belle vêture pour les dames quand le banquet s'en vient...
Chacun à sa juste place (honneur et préséance)
et le monde ira bien...
Il n'est souhaitable, il n'est bon, que tonne la colère,
que s'empourprent les visages ridés par le tonnerre...
Demain est incertain ; c'est la paix qu'il requière ;
La fureur de guerre, elle s'éteint à Samain ! …
…///...
J'ai épée au flanc , mais de combats ne même guère,
si ce n'est ceux qui font lance des mots et boucliers, de la sagesse...
Le barde ; c'est lui qui impose silence quand s'agitent les umbos,
quand, pour des raisons futiles, s'affrontent les frères...
Sa clameur est plus forte que les trompes de guerre,
lors, dans le cœur, cesse la haine, privée de souffle pour ses brûlots..
…///...
La Parole, elle nous vient du plus loin que les lèvres...
La Langue, elle-même, n'en connaît point la source....
Si tu ne sais, demande à la Grande Ourse
ou suit, si tu le peux, la course vive du lièvre !...
Le ciel a mémoire de ce qui le transperça,
De ce qui fusa, émané des premières lueurs de l'aurore...
Un homme était là qui vit jaillir les trois rayons d'or
et il comprit alors, quand le Verbe se fit voix,
que la Vie serait un chant pour le cœur, l'esprit et le corps...
Vieux déjà était cet homme, muet jusque là...
Mais il avait le savoir, par la noix, la noisette et la pomme...
Les étoiles ont connu son chant et tout ce qu'il clama
pour annoncer, du Verbe, La Loi et le Royaume...
Mênw était son nom, gravé au cœur des pierres...
Les ruisseaux au printemps ont chant du souvenir...
Il n'est de fleur à fleurir, s'ouvrant à la lumière
qui n'exhalent de parfum pour embaumer la terre
où repose ce qui ne saurait périr...
…///...
Plus souvent nous voyons l'apparence,
mais du plus profond, peu nous savons ;
Bien peu, de l'Anima et de l'Essence...
En surface des choses et des êtres, nous demeurons !...
Composer ; c'est un métier de charpentier ;
le bon ajustement fait le récit et le chant...
Les mots s'évaporent sous le feu de l'orgueil,
bien trouble le propos qui n'a vu de son œil,
peu charpenté est ce qui n'écoute, ni n'entend !...
Digne est le poète sans défauts ;
dignes ses paroles et le flux de ses mots,
dignes leurs voiles, dignes leurs transparences...
Loué est l'artisan qui au souffle donne forme
Loué ses mains à son cœur conforme...
L’œuvre parlera à ceux qui eurent naissance
dans le bassin de feux et d'eaux...
…///....
La Tradition ne saurait être perdue,
elle va et vient ; circule parmi les nues...
Chaque jour, chaque nuit, elle revient au rivage
de ceux qui ont rêve et avec elle voyagent
vers les îles inconnues...
La Tradition ne saurait être perdue
Elle se tient toujours au cœur des coquillages ;
qui les porte à l'oreille entendra le langage
de ce qui Est, de ce qui Vient, de ce qui Fût !...
…///...
Si tu veux de cela avoir claire connaissance,
il te faut aller, en confiance, sous le couvert des bois...
L'écorce t'apprendra, et la feuille et la branche,
plus que n'en consignent les usages et les lois...
Un sanglier t'attend sous le pommier sauvage
Il macère, des saisons, la noisette et le gland...
Va, pénètre la forêt, que t'enveloppent ses feuillages,
Il n'est plus d'âge ici où reposent les ans...
…///...
Si tu sais en toi faire silence,
lors, tu entendras la voix
et la voix te dira le chemin, la formule et la danse ;
tout cela qui frémit d'impatience,
qui attend que ton vouloir soit roi,
que tu saisisses enfin ta chance
d'être vrai, d'être juste, d'être beau, d'être bon, d'être toi !...
…///...
De tout cela je connais les fontaines et les puits
et les vestales qui y veillent de jour comme de nuit...
Tant de vérité et de beauté de ces bassins ruissellent,
tant qui vous envoûte et qui vous ensorcelle,
qui vous font passer de raison à folie ;
car folie est raison, car folie est la vie
et bien sage, la Toute Belle !...
…///...
Celui-là a connu la femme aux cheveux d'or ;
Celui-là à survécu à l'oubli, à la mort.
Initié, il fut, dans le Nord du pays,
avec la rouge femme, il apprit à déjouer la magie et les sorts...
Grand est son renom, comme une étoile qui luit...
Le Chien avait des crocs et mordant il le fut,
terrassant dans le gué la fureur ennemie...
Seul, armé de force et d'esprit, il combattit
tous les guerriers, devant sa face, venus...
A cause de taureaux furieux, il engagea sa vie...
Ce n'était là l’enjeu que d'une reine envieuse,
peu soucieuse de ce qui, pour elle, se bat et périt...
Mais l'honneur, la fierté, méconnaissent le dédis
et la mort vaut bien mieux que ne vaut le mépris !...
Nuit et jour, il se tint aux limites, aux frontières
déjouant les traquenards et les ruses guerrières...
Le sang coulait à flot aux flux de la rivière ;
Sans recul il fut, sans un pas en arrière...
Braves étaient ceux qui se portaient à son devant...
C'étaient des héros, des hommes courageux
qui n'avait froid au corps, qui n'avaient froid aux yeux
et qui bravaient la mort qui s'abattait sur eux,
mais, jamais, ne les trouvait tremblants !...
L'épuisement s'en vînt et les forces faiblirent...
Cuchulainn ; c'est bien de lui qu'il s'agit,
sentit venir la fin... Lors en aide Lug lui advint
et de se remettre de ses durs combats lui permit...
Il fit usage de sa grande magie et le combat cessa au matin...
Quelques temps après il reprit, plus âpre et endurcit...
Rouge était le gué, les poitrines et les mains...
Le héros tenait bon payant du sang le prix...
Mais, blessé de partout, s'affaiblissait le Chien...
Dans la senteur de mort, il s'adossa à une pierre ;
se ceinturant à elle pour demeurer debout...
(Ne sont que des lâches ceux qui meurent à genoux!)...
De partout, le fer pénétrait la chair et meurtrissait le corps...
L'impitoyable sort avait était jeté auquel on ne peut déroger...
Contre sa volonté, il avait mangé du chien qu'on appelle ici loutre de mer ; c'était un interdit, il le savait, mais n'y pouvait rien, plus forte était cette autre magie...
En lui, lors, le grand feu s'est éteint...
Par ses paupières, la grande nuit, sur lui, s'abattit...
Il est mort le Grand Chien ! Gloire et honneur à Cuchulainn...
C'est ce que les souffles et les vents répandirent dans tout le pays...
Immortel est son nom, immortel son renom...
Immortel l'homme dont on se souvient à chaque génération...
De lui, se passera l'oubli...
…///...
Celui-là construit brindille par brindille...
Il « tourne et retourne », entrelace les bois...
Les feux adverses, eux, brûlent, mais point ne brillent ;
ce ne sont que fumées et fumées sont leurs voix...
Nul, mieux que lui, ne sait dresser le foyer,
appeler les vents, le Souffle de surcroît...
C'est un feu ardent qui incante les bois ;
rien ne peut éteindre la fureur de ce brasier...
La Roue est bien servie, par fidèle serviteur...
Sa Parole ; c'est l'essieu que la Puissance entraîne
et s'ébrouent les saisons par les monts et les plaines...
Il n'est meilleur charron, d'artisan le meilleur...
Mog Ruith, le bien nommé, l'aimé du Dagda...
Ramante est sa roue qui parcoure l'Univers...
C'est lui qui, face à la fausseté, au mensonge, à l'erreur,
transforme le mauvais dit ou l'indigne docteur,
en linceul de pierre !...
Toi qui ne sais ne porte ton regard...
A celui qui ne sait rend aveugle le mystère...
Si tu ne sais entendre ferme bien tes oreilles ;
si tu ne sais voir ferme de même tes paupières
où attend-toi à subir tout le courroux du ciel !...
...///...
Orgueilleux le roi qui ne voulait payer tribu,
ni livrer le bétail comme l'exigeait le droit...
Il livra donc bataille et de fait fut vaincu...
Contre lui et ses ruses, Mog Ruith se leva...
Sa Parole est fronde, éclair et tonnerre...
Il lie et délie et les feux et les ondes...
Tout le cosmos le suit et le sert en sa ronde...
C'est le druide des Druides et sa Force est première !
…///...
Elu est celui qui se porte aux fontaines ;
L'été et l'automne lui font corbeille de fruits ;
de magie sont ces fruits, les coupes toujours pleines ;
Belles offrandes que lui fait l'Arbre de toute Vie !...
Si tu ne sais n'arrose le perron...
Qui attends le soleil verra poindre la grêle ;
l'averse s'en viendra noyant toute illusion...
Malheur à qui dérange les lois venues du Ciel !...
Goutte à goutte s'écoule que que tu ignores.
Tes paumes ne peuvent, elles seules, le retenir...
Nu de pensée et de cœur, il te faudra venir ;
Lors, en l'instant même où tu viendras t'offrir,
une Epée de Lumière te transpercera le corps !...
…///...
Cent sont les herbes cueillies selon l'usage...
A chaque plante son remède et le remède est sage...
Si tu ne sais, vers la plante ne porte la main ;
tu ne ferais que mal pensant faire le bien !...
La médecine est un très long apprentissage ;
Il faut connaître et doser et savoir le pesage...
Chaque fleur à son secret et chaque feuille le sien ;
celui qui méconnaît, qu'il passe son chemin...
C'est dans le mai fleuri qu'on se lève tôt matin...
Du fer on se garde, seule, suffit la main...
On recueille la rosée qui sur la fleur se tient...
On enserre les senteurs, les effluves, les parfums...
Prélever tous ces baumes requièrent un attitude ;
celle-ci est de merci aussi de gratitude...
On ne sautait quérir autant de bien sans offrir en retour
notre bouquet d'amour...
La santé tournera au chaudron de la Mère
quand les dons de la terre en lui bouillonneront
Sains et guéris, par vertus, nous seront
quand sera pour nous le grand bain de Lumière !...
…///...
Horrible était l'aspect de la femme en haillons
mais, il déposa ses lèvres sur la joue de laideur ;
lors, de la boue a jaillit une irradiante splendeur
comme du soleil, les dix mille rayons...
Celui qui ne juge qu'aux vues des apparences ;
Celui-ci ne saura, jamais, n'aura connaissance
de la beauté cachée sous d'infâmes noirceures
Et nulle aurore, en lui, ne répandra ses lueurs....
Bien sombres ses visions, bien noire sa voyance !...
…///...
Claire et sombre, sont les deux faces de la Femme
qui, de tout pouvoir, est la Grande Souveraine.
Bien plus que les rois et bien plus que les reines ;
c'est elle qui régente la gaîté ou le drame...
Bien imprudent est celui qui murmure son nom ;
elle est la Puissance, la Puissante Vibration
qui anime les voix, les bruits, les clameurs et les sons ;
A toute vie, elle donne le timbre, la fréquence et le ton ;
il n'est point de musique qui ne montent ses gammes !...
…///...
L'année commence bien jeune et finie bien vieille...
Six mois bien obscurs avant la Belle saison...
L'amant attendra que vienne la floraison
si, d'ici là, le vent n'en éteint les fragiles chandelles !...
Garde tes esprits et garde bien ton cœur...
Bien connue est l'inconstance des femmes-fleurs
qui dans le remède infiltre le poison
et font, de l'amoureux, une plainte de langueur !...
…///...
Quelle aventure périlleuse mérite le baiser
que dépose la Dame sur le front du vainqueur ?...
De toute peur, certes, le voici délivré ;
Le Sid tout entier lui offre sa demeure...
Mais plus ne connaîtra ni parents, ni amis,
plus ne reverra les frères et les sœurs ;
l'immortalité, faut en payer le prix
Et c'est là, sans doute, la plus grande des valeurs !...
…///...
Je suis allée sur la vague du Nord,
un dragon flottait dans les plis de la voile...
Un faucon en passant me déroba un œil ;
j'en fis aisément mon profit et mon deuil
en gravant son portait au revers de ma lame...
Borgne je suis, plus puissant mon regard,
Dedans comme dehors ; plus puissante mon étoile
qui me mène à bon port...
C'est au Nord du monde que se tient la Druidesse ;
de la Déesse, elle-même, elle reçu le premier des enseignements...
On ne saurait prétendre à devenir très connaissant
sans recourir à la Femme aux neuf tresses...
Elle connaît tous les tours, les tours les plus savants...
Nombreuses sont les épreuves dont elle vous presse.
Vous ne savez plus ni la nuit, ni le jour ;
le temps et les heures vous délaissent ;
vous volez, vous flottez... bien étrange parcours
à se perdre sans cesse, tout autour, en dedans,
pour trouver la sagesse !...
Un saumon vous enseigne ; un cerf maintenant...
De votre bouche jaillit le plus noir des serpents
et vous voici dansant sur une faucille de lune
alors qu'en vous s'allume un foyer éclatant...
Ses yeux ne sont que trous, d'horribles orifices
qui vous avalent d'un trait si votre regard les fixe.
Ses bras sont des tentacules qui soudain vous saisissent
si par malheur vient le recul ou le retrait,
quand la peur mène l'office...
Etrange la boisson que l'on vous sert.
Etranges les plantes mises à brûler ;
votre corps s'allonge, se réduisent vos pensées ;
plus vous ne savez si vous êtes du ciel ou de la terre !...
Voici que votre corps se couvre de dures écailles ;
des ailes ont poussé dans votre dos ;
un feu dément sort de vos entrailles
et le vent s'engouffre sous votre peau !...
Ce ne sont là que moultes sortilèges.
Rien alors que l'on ne puisse distinguer nettement...
Tout cela vous assiège en manèges incessants...
C'est là tout son art et son art est malice ;
de toutes ces illusions, elle est l'instigatrice...
Oui, elle vous éprouve et combien elle vous piège !...
Qui ne saura ciller des yeux devant de telles horreurs
sortira héros, sortira vainqueur ; à lui, lors les privilèges ;
de novice, il deviendra docteur n'ayant plus crainte des maléfices... Il sera de ceux que les dieux agrègent...
Et, qui plus est...en prime de douceur, lui sera offert l'amitié de la cuisse !...
…///...
Ceux, là avaient de la mousse pour barbe ; mais, ceux-là couraient avec les loups...
Ceux là se faisait un manteau avec de la neige et comptaient les étoiles sous le pommier sans feuilles...
Ceux-là n'avait de griffons affrontés sur l'acier de leur épée.
Ils couraient dans la prairie de la jeunesse comme courent les chiens fous...
Il n'avait encore de torque à leur cou, mais déjà le fer avait mordu leurs jambes et leurs bras...
Ils piaffaient comme chevaux dans l'enclos de l'attente et nul, déjà, n'aurait pu les contraindre à porter un licou...
Ceux-là ne disputeraient pas le morceau du héros, ceux-là resteraient en retrait du Cercle de l'honneur...
Un jour viendra cependant où ils auront le droit de boire le sang frais du taureau, car viendra l'heure pour eux de changer de peau !...
En attendant, ils rêvent aux exploits qui seront les leurs...
Ils s'entraînent à tenir debout sur le fil de leur épée....
Ils s'élancent sur le rouge du brasier, sur le chemin de ronces et d'épines, rien ne leur fait peur ; la peur, ils l'a font trembler, la criblant de javelines !...
Ils ont encore beaucoup à apprendre, l'anguille du savoir transperce leurs filets !
Ils manient les armes et esquissent le jet quand la lance s'en vient au-devant de leur cœur...
Rouge est leur ardeur ; feu, tonnerre et éclair...
Bien juvéniles encore sont ces garçons pendus jadis aux seins de leur mère...
Force, bravoure, courage, agilité, habileté, souplesse, endurance, ferme volonté et impulsivité maîtrisée, ce sont là leurs qualités guerrières, mais ils leurs manquent le plus grand des atouts ; l'initiation plénière !
Même le druide ne peut répondre de tout et, en tout, les satisfaire... Toutefois, c'est lui qui décidera du jour et de l'heure où ils devront prendre le Chemin sinueux du Nord pour connaître leur devenir et vaincre les sorts... Lors des louveteaux naîtront les loups !...
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Sous la montagne d'où jaillissent les sources, elle se tient, elle et ses huit sœurs...
Elles sont de blanc vêtues et nues sous le lin de neige et de plumes...
L'eau ; celle qui brûle les lèvres qui s'y portent ; le feu qui danse au foyer de leurs paroles, la terre dont elles enduisent leur front et leurs joues, l'air qui enfle l'outre de leurs clameurs, tout cela leur fait couronne de terreur et de splendeur...
Elles sont de l'Initiation, le seuil, le passage et la porte !
Toutes aussi belles qu'une prairie en fleurs...
Noirs sont leurs cheveux qui couvrent la rose de leurs seins...
Leurs mouvements ont la grâce du saule, la légèreté du bouleau, qui joutent avec les vents...
De corail sont leurs lèvres charnues et parfaitement rondes...
Leur regard est pareille à une pierre de fronde ;
malheur à celui qui ne baisse les yeux !
Leurs dents est un collier de perles et leurs rires une averse d'été...
La rosée fait briller le diapré de leur visage...
Elles n'ont d'âge que celui de la beauté...
Elles sont l'âme vive du sanctuaire...
Les nuées enveloppent leurs souhaits et leurs vœux
et c'est auprès du feu qu'elles attisent leur langage...
Elles sont filles du soleil et filles de la Lumière...
Lunaire est le diadème qui brille en leurs cheveux...
Elles sont nées de l'écume et de la flamme ;
de la Vie, elles sont l'écheveau et la trame
et nul hiver ne peut refuser le printemps porté
dans les plis dansants de ces Dames !...
Imberbes sont les jeunes hommes qui viendront à leur devant...
Grandiront les buissons ; ils repartiront feuillus comme un arbre, la sève bouillonnant en leur chaudron !...
Le torque leur sera donné, s'ils ont, des épreuves, triomphé...
S'ils ont tenu bon face aux tempêtes déchaînées...
Ils auront pris la braise dans leurs mains
et fait de la glace leur litière...
Ils seront endurcis comme pierre,
forts et vaillants comme l'était le Grand Chien *
(*Cuchulain, le héros Irlandais "le Chien de Culan le forgeron.)
Lors, s'ouvrira pour eux le lit des délices, la couche de volupté...
lors, leur sera offert l'amitié de la cuisse et ils seront, d'amour, adoubés !.
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Celle-là voit le fruit qui tombe avant sa maturité,
la plante qui sèche et fléchit sous son pied...
Celle là voit plus que nous ne pouvons voir ;
elle voit le noir dans le noir, la blancheur enténébrée...
Elle voit le roi déchoir et la reine délaissée ;
elle voit le voile des deuils se déposer sur le royaume
que recouvre un linceul de froidure et de stérilité...
Elle voit le lait se tarir aux mamelles de la fécondité :
elle voit les fontaines qui cessent de s'écouler...
Elle voit l'hiver, porter du printemps, le cercueil ;
Elle voit les moissons pourrir sur les pluies de l'été...
Elle voit, de toute la clarté de son œil, un monde s'effondrer ;
l'orgueil et le mensonge sur les terres régner...
Elle voit la barque de vie se fracasser sur de sournois écueils...
Cela, parce que l'homme à inverser ses valeurs, ses valeurs héritées ; parce que du sacré, il s'est détourné franchissant le seuil des pires cruautés...
Ses rêves et ses songes ne sont que des leurres que nulle lueur ne vient éclairer...
C'est un monde factice qu'il s'est fabriqué pervertissant l'idée même du bonheur !
Il a voulu tout dominer, tout posséder et pour cela il à fait taire son cœur.
L'arbre, la sève, les bourgeons, les feuilles et les fleurs, les fruits, les graines, les semences, les vergers...
La terre, son esclave préférée, il la pille et l'épuise, l'oblige à tout donner sans jamais rien offrir de lui-même, sans jamais conjuguer le verbe aimer !... C'est pour cela que la terre et la vie se meurent !
L'homme, le voici enchaîné à ses erreurs, ne cessant, pour vivre, d'amasser, de détruire, de tuer...
Bien sombre ce temps d'où se retire la lumière...
Bien oubliées les sagesses du passé...
La voyante, celle-là à vu les corneilles de la guerre
et pour cela, un œil leur a donné !
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Etranges sont les nuées qui enveloppent la colline...
Aussi étranges que ces feux qui dansent au-dessus du marais de la nuit...
Leurs halos vous enserrent dans un filet de brume dont les mailles se referment sur vos songes...
Et vous voici tourbillonnant dans les eaux furieuses d'un torrent ou
pauvre roitelet pourchassé par l'aigle ou le faucon...
Sur vous se referme la gueule d'un dragon et vous voici devant une coupe à boire votre propre sang !
Etrange aussi la musique qui sourd de l'antre des vapeurs...
Ce que l'on entend et qui fait battre fortement le cœur, ce sont des cris qui soudain vous entourent et vous giflent de leurs ailes noires en plantant leurs serres dans votre chair moite de sueur !...
Les marécages sont, des esprits néfastes, une glauque demeure ;
c'est chemin de fièvres et de peurs que de pénétrer cette puanteur sauvage.... Mais celui qui ne pénètre pas ces terres de laideur ne connaîtra rien de la beauté qui réside au cœur de chaque fleur !
Il te faut, o obstiné marcheur, vaincre tes terreurs,
pénétrer et transpercer le rideau d'opacité qui agite tes frayeurs...
Enfoncer tes pas et ton poids dans le spongieux de la terre saturée d'eaux...
Oui, il te faut oser aller au-delà de tes effrois, par delà la noirceur des lieux et le nauséabond de leurs odeurs...
Il te faut, de la laideur, ôter les oripeaux !
Lors, bien grande sera ta stupeur une fois le marais traversé...
Tes yeux, sur l'autre rive, contempleront mille splendeurs...
Un chœur de femmes (toutes de blancheur) t'accueillera, chacune voulant te ceindre en ses bras et sur ton front déposer un baiser...
Mille prévenances, mille attentions sont offertes au vainqueur...
Et de joies et de rires, le voici couronné...
Pour lui, elles veulent chanter et danser et ouvrir l'écrin de leur chaste pudeur...
Derrière le gai buisson, elle le veulent mener,
cautériser, de leurs lèvres, les blessures et les plaies,
faire et refaire, en l'amour, tout ce qui lui plaît
afin qu'il soit, sur leurs seins, guérit et rené...
…///...
Quand tu monteras, sur la colline, une autre fois,
laisse tes rêves en leur barque t'emmener...
Elle accostera en l'île des blancheurs,
au verger fleuri qui entoure le sanctuaire
et l'arbre sec de ton être retrouvera sa verdeur...
Grande vigueur te viendra, sillonnant tes artères...
Plus de pleurs, plus de suaires à hanter tous tes songes ;
plus de becs ni de serres, plus de froideur qui vous ronge,
mais une clairière d'azur offerte à te complaire
et des fraîches jeunes filles aux biens tendres manières...
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La parole mensongère...
Celle-là fond comme neige au soleil...
Regardez l'oiseau, retirez-lui ses ailes ;
ainsi le poète qui ne dit la vérité ,
ainsi celui qui, dans la nuit, ne sait voir de lumières !...
Celui-là ne saurait boire au cristal de la coupe.
Qu'on le jette lui et sa troupe dans l'enclos aux pourceaux....
Il n'est de chaînes à sa langue qui disent l'éloquence
de cela qui ajuste le son et le sens
et fait jaillir le feu en fontaine des eaux....
…///...
Merveilleux est le chant des oiseaux de Clidna...
Trois ils sont sur la branche du matin ;
trois entre le crépuscule et l'aurore ;
trois à réjouir les cœurs et à soigner les corps ;
trois sur le pommier où le soleil s'en vient...
Si belle est la fille ; « lumière de beauté » est son nom ;
elle incante au-dessus de la fontaine
et celle-ci s'échauffe à gros bouillons...
Lors, ils viendront les rouges saumons
nager dans les eaux vives de Beltaine...
…///...
De l'eau et du feu est né le fer
qui perce les armures et s'abreuve de sang...
D'if est le cuveau ou brasille la matière
et sur l'enclume résonne le marteau des géants
qui les premiers marchèrent sur cette terre...
Des mots aussi sortent du soufflet de la forge
qui disent que l'enfant à fait, au chien, rendre gorge
et le voici maintenant revêtu du nom de son exploit
Culan le forgeron a fait valoir son droit ;
Cuchulainn sera le nom que le destin reforge...
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« - Insensé est celui qui, du moyeu, a retiré les chevilles » ;
ne tourne plus la roue, ne sont plus les saisons...
Le monde verse dans l'ornière
comme tanguent les ténèbres et la lumière
appuyées sur leurs courtes béquilles ;
béquilles du jour et béquilles de la nuit...
Fou et insensé, insensé et fou,
l'homme de folie qui se pare de raison !
Le temps dans le vide de l'espace s'enfuit
et disparaît dans le sombre horizon...
Voici les barreaux sans dessus-dessous,
il n'est plus rien qui assemble et relie...
Il n'est plus de centre, d'axe à la vie ;
la vie elle-même a perdue son nom ! »...
C'est ce qu'elle dit, ce qu'elle a vu
La femme toute de rouge vêtue ;
ce qu'elle a vu sur la crête noire des vagues ;
c'est un monde qui divague et des cœurs éperdus...
« - Ceux-là qui renversent les usages, les valeurs
déversent au néant les promesses de splendeur...
A trop semer les vents s'en viennent les tempêtes
Quand trop d'hommes ici bas marchent dessus leur tête ! »...
Qui, lors, pour remettre la Roue en état,
restituer au Grand Tout ce qui lui était parties ?...
Qui pour rassembler les fragments dispersés
Et conjoindre par le cœur ce qui se veut rester uni ?...
Il n'a pas mal aux pieds celui qui marche sur sa tête,
qui s'entête à penser qu'il est le « nombril du monde »,
qu'il peut arrêter la ronde par le pouvoir qu'il se prête
Et garder dans sa main tous les flux et les ondes !...
Ceux-là qui marchent sur le fil de l'orgueil
n'ont pour balancier que le factice et l'illusion...
Tôt ou tard, ils tomberont, ils chuteront
et nulle mémoire ne portera leur deuil....
Puisse demain ne pas se vérifier le songe ;
que plus ne soit le mensonge à dicter le chemin !...
Que l'aube en se levant efface ces prévisions...
Que le Poème, à tout jamais, en la vie, se prolonge...
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A l'assemblée des poètes je me suis rendu...
Des quatre horizons les bardes sont venus ;
Chacun avec son renom courant au devant de lui ;
Chacun faisant le plein jour en la pleine nuit...
Comme revient la lumière, dans l'hiver, disparue,
Comme reverdi l'été sous les dons de la pluie,
comme luit l'astre d'or, dans les nues, revenu ;
ceux là, par leurs lèvres, de la mort, refont surgir la vie...
Ceux-là ont parole de pleine lune et de vif soleil,
ceux là font jaillir du bois mort la rouge étincelle...
Ils ont marché à travers les landes et forêts,
ils ont traversé les grèves, les marais
et les voici ceux là dont ont dit
qu'ils parlent aux déesses et aux dieux ;
ceux là qui ont le Verbe radieux ;
venu de l'inconnu, venu de l'infini...
Leurs cordes ont chanté l'harmonie et l'accord,
l'air de la joie, de la peine et celui qui endort...
Par mes oreilles et mes yeux, cela est bien vrai ;
j'ai bien rit et pleuré et dormi en mes braies...
J'ai vu le printemps refleurir sur leurs branches
et des nids se construire en leurs cheveux...
J'ai vu rajeunir ce qui était ancien et fort vieux ;
cela avait vive mémoire qui dans le cœur s'épanche...
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Ces autres là, ceux là rament vers l'Ouest ;
Ils n'ont ni vêtement, ni chair, ni corps...
Demain, ils rameront et rameront encore
Jusqu'à une île enfin là devant leurs yeux...
Ce sera l'Île des Femmes, des plaisirs et des jeux ;
Là où ne sont plus ni la vieillesse, ni la mort ;
là, où se trouve le séjour des héros et des Dieux ;
là où tous et chacun concélèbrent l'accord,
là où, du crépuscule à la nouvelle aurore,
cent musiques résonnent aux accents mélodieux...
Cent femmes aussi et gracieuses en leur port,
mêlant en chœur leurs voix d'âmes-sœurs
et prenant sur leurs doux seins l'élu bienheureux,
lui donnant réconfort sur le bord de leur cœur...
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Penser ; cela signifie sonder et réfléchir ;
le ciel a ses reflets en l'océan mouvant...
Des femmes savent lire dans l'étendue de sang
que verse le soleil avant de s'engloutir...
Des bois flottants est le destin que l'on tire
et celles là peuvent dire le visage du temps
qui viendra dès demain prolonger ou finir
l’œuvre que s'efforce de mener le « Vivant »...
Sous le vent du Nord, celle-là s'en vient,
sur la haute colline et face au levant ;
ses cheveux sont défaits, elle montre ses seins
comme voulant allaiter tous les éléments...
Elle tient à main gauche la branche d'aubépine...
Le Sud derrière elle, immobile se tient...
Lors s'en viennent les brumes puis la bruine ;
un fort vent se lève et tombe le crachin...
Soudain, ce ne sont plus qu'éclairs et tonnerre
qui sortent de la bouche comme lave de volcan...
Tremblent les hommes comme tremble la terre ;
la Femme en courroux fait épée de son chant...
Et la voix terrasse et la voix pourfend
le mensonge désarmé qui rampe dans la boue
où un homme à genoux en prière se répand...
Ainsi il en advient de trahir ses serments !...
Sont d'autres voix, douces, généreuses et fécondes
dont les fontaines et les puits, d'amour surabondent
quand l'homme et la femme, de joie, sont enceints
et que corps et âmes, ensemble, ne font plus qu'Un...
…///...
Sont des mots de miel, des poèmes en essaim,
qui, comme abeilles, de nos cœurs en calice,
prennent le doux nectar qui prodigue le soin !...
La vie, lors, se fait ruche et bourdonne au soleil ...
Il n'est de plus grande merveille ni de plus grand délice
quand la Vie, sans pareille, et pleine Vie enfin !...
…///...
Epilogue....
Le Dit du Corbeau...
C'est le dit du corbeau
du corbeau, c'est le dit...
C'est le dit, mot à mot
qui jamais me médit...
C'est sa pensée, ma fois
et c'est ce qu'il conçoit,
je crois, je croa,
de la mort, de la vie
et de ceci et de cela,
selon son désir, selon ses envies...
Le corbeau est intelligent,
sensible de surcroît
c'est ce que l'on dit...
Je crois, je croa...
Un peu sage, un peu savant
sans orgueil ni mépris,
Il sait et il voit
et porte de la voix
le chant et le récit...
De toi à moi
et pour celui qui partage ses écrits,
il fait de son mieux, je crois, je croa !...
….........