LES DITS DU CORBEAU SUITE 2 BARDIS BRAN DU 2000/2017 13 06 JUIN
«Les Dits du Corbeau » SUITE 2 13 06 2017 Bran du
« Merlin, Merlin, où allez-vous si tôt matin avec votre chien noir ?
Je viens de chercher le moyen de trouver, par ici, l’œuf rouge ; l’œuf rouge de serpent marin, au bord du rivage, dans le creux du rocher...
Merlin, Merlin, convertissez-vous, laissez là le gui du chêne et le cresson dans la prairie, comme l'herbe d'or, comme aussi l’œuf de serpent marin parmi l'écume dans le creux du rocher... »
Barzaz Breizh H de la Villemarqué (Extrait)
Toi qui porte mitre et chasuble d'or parmi le désarroi des gueux, toi dont on baise l'anneau pour des noces de craintes et de servitudes, toi encore qui sèmes le pardon parmi la mort triomphante et la cendre des bûchers de l'intolérance, toi qui enfle tes joues et ta panse de cette nature dont tu brûles les landes, taillis et forêts, toi encore, qui fais de la femme l'ombre impure au soleil de la vie, toi enfin, vendeur de paradis sous les chaumes coupables, gardien de ce livre où la parole d'Amour s'estompe sous la châsse du mensonge, tu me veux voir épouser la pierre lépreuse d'un temple désertée par l'Esprit...
Es-tu sot à ce point ou cousu de ces fils perfides qui ourlent le suaire des justes et païennes espérances ?
Ne sais-tu lire toi-même dans la feuille et le sable, sous le feu ou la colombe, dans l'eau et le calice de ce qui s'en vient de l'homme étranger à son Verbe ?
Ministre zélé au champ des alouettes brandissant le mortuaire miroir des humaines existences, ne sais-tu pas de la lumière, le réel reflet, du flambeau, la dansante lueur, de la source la bondissante et limpide réponse à tes homélies où diable et dieu se partagent un même territoire, où tremblent le sang et le songe d'un troupeau captif d'une crosse papale ?
Le loup m'est compagnon qui voit dans le noir et l'oursin des grands fonds me dit l'Etoile de quintessence et l'herbe que je cueille à la lune nouvelle, mon cœur la distille pour vaincre la sainte et romaine homélie de ton pernicieux poison...
L'oursin marin, je le cherche et le chercherai encore ; je le cherche comme la soif se porte vers l'eau limpide et courante, comme le printemps fait éclater l'écorce de froidure et de gel, comme la semence appelle la moisson et la femme l'homme qui d'amour la recouvre...
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Chant de mort d'Urien...
L'ombre s'est étendue sur la plaine ô Urien
Le corbeau a percé le sang de ta poitrine.
Brisé est ton épée et rouge ton long sommeil...
Qui est celui-ci qui parade,
ta tête accrochée à la selle de son cheval ?
Qui s'est approprié ton chef ô noble Urien ;
qui foudre et tonnerre, qui fougueux en la bataille ?
Du blanc festin, ton âme est privée, captive d'une nuit plus longue que tes années...
La barque du Ponant ne connaîtra le poids aussi léger soit-il
de ton passage vers la grande Île, ô noble fils d'Irlande...
Sept sont les pleureuses au chevet de ta Pierre ô Urien...
Les doigts sacrés ont gravé les encoches ;
Lune et soleil revisiteront ta mémoire, ô Urien
La colline porte ton nom maintenant et ton souvenir porte loin...
La tête de Bran protège Alba.
Elle se tient sur le tertre face à la mer et les ennemis devant elle ferment leurs paupières...
Mais où se tient ton chef ô Urien, en quel séjour, en quelle demeure, ton âme fait encore battre, du pays, le cœur ?...
Je pleure pour ton âme, ô roi des cinq terres...
Veuve est la compagne de tes nuits ;
Veuve et enveloppée de froideur...
Nul ne sait où s'en est allé l'oiseau de ton voyage ; cygne ou corneille, qui sait ton âme devenue ?...
La harpe saigne sous mes doigts ô roi des terres brunes et le chapelet des songes hante le cristal de la chambre des mémoires...
Je chante ton âme vagabonde, ô Urien...
Puisses-tu avoir trouvé le bon repos, puisses-tu poser ton fardeau aux portes de Samain et boire parmi tes compagnons à la corne du renouveau...
L'hydromel de l'année aura un goût amer ; ô Urien
L'acier de mes cordes sera dur à l'oreille ; le matin sera sans envolée d'oiseaux...
Plus ne sera sur ton sein le blanc sein de l'Amour...
Le vent bataille sur la lande.
Les corneilles crient au sommet de la tour...
Tes chiens sont sans appétit ô Urien
A la fontaine plus rien ne sourd
La forge elle-même cette nuit est éteinte...
Il n'est d'épée à briller sous la lune...
Ta lance trône au cœur de la Maison Rouge...
Mais, ton nom, ô Urien, roule sur les lèvres des jouteurs de Parole comme la vague qui déferle sur la grève rappelle au rivage ceux-là qui lancèrent sur les flots leur peur et leur courage...
Je chante ton nom, ô Urien ;
J'en dis l'écume et l'étincelle,
J'en dis le Nord et l'Etoile
et cette voile qui transperce l'horizon...
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