LES LITTERATURES CELTIQUES PIERRE YVES LAMBERT EXTRAITS 2022 BRAN DU 14 03 MARS
Tout ce tient en abondance dans le chaudron :
La vie, la mort, le renouveau, le souffle, la source, la racine, l'origine des êtres et des choses.... BD
Les littératures celtiques de Pierre Yves Lambert (extraits)
P U F éditeur
"Quel royaume m'offriras-tu, o Souveraine des souveraines, quelle terre, qui ne soit pas de sang et de cendre, qui ne soit pas sans fruit après la floraison des branches ?"
"Inaugure cela, o barde,
Inaugure l'aube qui se lève,
Donne parole au feu qui couve
sous la voûte de l'Univers."... Bran du
Note Bran du :
Ce précieux ouvrage condense toute une érudition consacrée à ce patrimoine et héritage celtique dont on perçoit mieux l'extrême richesse culturelle et traditionnelle...
Il ressort que nous avons là une plus précise idée de ces littératures foisonnantes qui constituent une « poétique du monde » plus que remarquable et qui démontre le fort attachement de ces peuples à leurs sources et racines ancestrales...
Des sources et racines qui n'ont jamais cessé de prodiguer à leur «Arbre de vie » la sève nécessaire et printanière ainsi qu'un breuvage vital et salutaire pour des lèvres assoiffées de vérité, de beauté, de merveille et de justice...
Un grand merci à Pierre Yves Lambert pour nous avoir offert toutes ces études et compilations au travers lesquelles nous pouvons percevoir et entendre le « souffle de l'Awen » qui anima les peuples Celtes...
L'auteur de cet ouvrage est bien au fait de l'esprit de cette littérature qui a pris souche dans une oralité aux vastes et profonds territoires, située aux confins de la mémoire et de la vision du devenir...
Nous avons rappel que "de la conduite du roi dépend le bonheur se son royaume ; roi et poètes ont des obligations réciproques" soit, d'être les garants des vecteurs et facteurs d'équilibre et d'harmonie...
Ceci, ramené aux événements tragiques actuels, démontre la pertinence et l'actualité cruelle de ce propos éthique et des conséquences funestes pour la terre et tout ce qu'elle porte ou couve en gestation, quand règnent la duperie, le mensonge institutionnalisé, le mépris des engagements donnés et affirmés sous serment...
« L'avenir, je le vois pourpre, je le vois rouge. »...
(« Aichiu forderg, aichiu ruad. »)
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Eléments communs aux littératures celtiques :
On constate la possibilité d'un héritage commun, la similitude de leur histoire...
Il n'y a pas d'unité politique sérieuse et durable...
Les poètes traditionnels irlandais et gallois étaient formés selon des méthodes très strictes. Pendant de longues années, ils devaient mémoriser un grand nombre de contes ou de poèmes.
Ils étaient ainsi les témoins et les gardiens de la tradition littéraire...
La tradition orale coexistait avec la transmission manuscrite...
Les poètes pratiquaient les mêmes procédés de mémorisation que les conteurs populaires modernes que l'on rencontre encore en Irlande, Ecosse et en Bretagne...
Il y a dans les pays celtiques deux niveaux de littérature : celle du peuple et celle des lettrés...
Les littératures insulaires ont entre elles des relations d'emprunts évidentes...
Ce sont les emprunts de la littérature galloise à l'Irlande qui sont les plus connus...
Thèmes fréquemment décrits :
Les métamorphoses animales
La quête d'objets merveilleux
l'enquête auprès des plus vieux animaux du monde...
L'origine celtique de la littérature arthurienne ne doit pas être mise en doute.
Mais on ne reconnaît guère dans le Graal le chaudron magique des légendes celtiques (chaudron d'abondance ou de résurrection)...
IL y a altération sous l'influence de la pensée médiévale chrétienne, chevaleresque ou courtoise...
Ce qui reste de celtique dans les romans arthuriens ce sont les noms des personnages ou de lieux et certaines idées de développement des récits, comme l'entrée dans un monde merveilleux, au cours d'une mission terrestre...
Les deux littératures attachent une grande importance aux descriptions épiques, employant des épithètes stéréotypées...
Le vocabulaire poétique comporte des éléments communs...
Les épopées ne sont plus en vers comme dans la Grèce homérique ou l'Inde védique...
Les littératures celtiques ne nous apparaissent archaïques que dans la mesure où elles témoignent d'une culture antérieure à l'introduction de la civilisation romaine...
C'est seulement par la comparaison des mythes ou des divinités celtiques que nous pouvons retracer plus loin l'origine d'un héritage commun...
Ces mythes avaient à la fois un sens religieux, sacré et une fonction sociale...
(Toutefois, les « Mabinogion » gallois, sont de simples contes n'ayant plus rien de sacré.)...
Ce qui nous semble miraculeux, à nous modernes, c'est que des mythes aussi clairement païens, aient dû leur survie, au travail des moines chrétiens !...
Cependant un de ces moines, scribe du manuscrit de Leinster (la Tàin Bo Cuailnge) déclare qu'il trouve dans ce récit :
« Des prestiges démoniaques, des inventions poétiques, des éléments invraisemblables et (surtout) des choses propres à plaire aux idiots. » ce qui ne l'empêchera pas de mettre par écrit une des plus importantes épopées celtiques...
Il reste encore des païens en Irlande au VI iè siècle. Ceux-ci sont toutefois considéré comme des hors la loi, des brigands...
Les rites païens liés à l'inauguration du roi ont persisté très longtemps.
La fête de Tara (Feis Temra) ou mariage sacré entre le roi et sa terre, célébrée le jour du 1er mai, a été maintenue jusqu'en 560...
Les assemblées sur le site où étaient enterrés les rois (comme l'Oenach Tailten soit l'Assemblée de Tailtiu) ont été maintenues jusqu'au XI iè siècle...
L'assimilation entre le paganisme et le christianisme est réciproque...
Il y a un esprit de tolérance remarquable...
De nombreux poèmes ou récits font dialoguer les clercs et les rois, les clercs et les païens ou même les saints et les divinités païennes...
Les poètes utilisent 3 sortes de magie :
L'Imbas Forosnai (la science qui éclaire) pratiquée par les mains dans une certaine position
Le Tein Laeda (le rongement de la moelle) pratiquée en suçant le pouce !
Et le Dichetal di Chennaib «(l'Incantation impromptue)...
La louange du poète est bénéfique mais sa satire provoque de sinistres effets...
La malédiction du poète peut aussi frapper une région de stérilité...
Les poèmes produits par le poète ont des noms révélateurs de leur nature...
Le poème est tantôt appelé :
Dàn : don gratuit, offrande...
Duan : poème d'échange, poème devant être payé par un cadeau somptueux...
En 575, à l'Assemblée de Druimm Cet, on décida de bannir une partie des poètes parce qu'ils étaient trop nombreux !
Les poètes, avec leurs troupes de musiciens, de récitants et d'étudiants forment « l'Aes Dàna » « le peuple du don poétique ». Elle comporte à l'origine un grand nombre de divisions hiérarchiques qui marquent les différentes étapes de la formation du file...
La Tradition bardique s'est maintenue jusqu'au bout...
Les anglais considéraient les poètes irlandais comme des « agitateurs » ; ils feront tout pour les calomnier puis les proscrire...
L'apprenti poète devait œuvrer dans l'obscurité ( une hutte sans fenêtre)...
Le plus ancien des manuscrits irlandais est le livre de la vache brune. Il comprend une partie du récit de la Tàin Bo Cuailnge...
Il ne faut pas mésestimer la force et la valeur de la tradition orale en Irlande...
Elle est nommée « Seanchas » (les Antiquités) ou encore « Beal-Oidens » (Enseignement oral)... Ainsi est désignée toute la tradition ancienne...
Le conteur populaire moderne, le « Scéalaidhe », est en même temps un Seanchaidhe, soit un sage détenteur de tous les dictons, proverbes et récits anciens... Il parle avec autorité lorsqu'il invoque le « Seanchas », aucune de ses paroles ne doit être modifiées sans quoi la tradition est « déviée »...
Ainsi sont encore transmises de nos jours les histoires de Cuchulainn ou de Finn Mac Cumail...
La récitation orale des contes est pratiquée depuis toujours dans les pays celtiques....
La place du poète dans la société ancienne :
Le poète bardique dans la société médiévale est en partie, l'héritier des druides des sociétés archaïques...
Comme le druide, le poète jouit d'une certaine immunité et d'un grand prestige...
Le poète se distinguait aussi par sa chevelure et son costume et par le montant du « prix de l'honneur » qui est due en compensation des injures prononcées à son égard...
Les « ollam » (prononcé ollav) ou poète de premier plan recevait un prix de l'honneur égal à celui d'un roi ou d'un évêque...
Le poète joue un rôle politique important car il est le principal conseiller du roi auquel il est attaché...
Comme le druide, le poète est censé détenir des pouvoirs magiques...
Son nom de « file » le désigne comme un voyant. Il est aussi prophète (fàith), c'est lui qui prédit l'heure et l'endroit de la mort...
Les lois anciennes font références à une organisation sociale très archaïque. L'Irlande était divisée en Tuath-s (tribus)...
Les irlandais ont pensé mythiquement leurs histoires, sans établir de frontières entre le fait et le mythe...
Il y a quatre cycles de mythes et de légendes :
Le cycle mythologique comprenant le récit des origines mythiques de l'Irlande et différentes aventures survenues à des personnages divins...
Le cycle historique ou cycle des rois, ensemble de légendes concernant les grands rois irlandais comme Conn aux cent batailles par exemple....
Le cycle d'Ulster ou de la Branche Rouge autour du roi Conchobar et du héros Cuchulainn...
Le cycle ossianique autour du guerrier Finn Mac Cumaill et de son fils Oisin (Ossian)... Ce dernier cycle est appelé Fiannaigecht du nom des Fianna, mercenaires commandés par Finn...
Les Irlandais ont inventé une chronologie légendaire pour intégrer les mythes d'origine à l'histoire de leur pays...
Liste des contes que doivent apprendre les apprentis poètes :
Ce sont des légendes regroupées par thèmes :
Les destructions...
Les massacres...
L'enlèvement de bétail...
Les festins...
Les demandes en mariage...
Les aventures merveilleuses (Echtra)
Les visions (Fis)...
A ceci s'ajoutent :
Les conceptions...
Les folies...
Les voyages maritimes (Immram)...
Les morts violentes...
Ces contes s'appliquent pour certains à un public spécifique...
Les différents types de contes étaient censés avoir des bienfaits pour leur auditeur. Ils nécessitaient une récitation correcte...
Le Dindsenchas :
« Tradition relative aux lieux éminents »...
Chaque montagne, chaque rivière à un nom (ou plusieurs) qui s'explique pour une certaine légende qui fait intervenir un roi, un héros ou même un dieu...
Les origines mythiques :
Il ne faut pas chercher dans les textes le souvenir d'invasions historiques... Il s'agit de différents peuplements qui doivent rendre compte des antagonismes présents...
Le Livre des Conquêtes (Lebor Gabàla) l'Histoire des Invasions :
1 : Un premier peuplement détruit par le déluge (Fintan seul survivant en relate l'histoire)
2 : La race de Partholon. Ils disparaissent le jour du 1er mai (Beltaine) terrassés par une épidémie... Seul en réchappe Tuan Mac Cairill qui en sera le témoin... Ils seront affrontés aux « Fomoire ». (Des géants monstrueux)...
3 : La race de Nemed. Ils quittent l'Irlande car ils sont devenus les esclaves des Fomoire...
4 : Les Fir Bolg : Arrivés le 1er août (Lugnasad). Leur roi est Eochaid Mac Eirc. C'est un roi juste qui assure la prospérité du pays et qui incarne la véracité...
5 : Ils seront vaincus par de nouveaux conquérants lors de la bataille de Moytura ( Mag Tuired) menée par les Tuatha De Danann (Les tribus de la déesse Danu.) Ce sont des « Dieux » dont certains semblent avoir protégé une corporation...
La deuxième bataille opposera les Dieux aux Géants Fomoire lesquels seront vaincus...
6 : Les fils de Mil (ancêtre des Gaels d'Irlande). A leur arrivée, ils donnent au pays conquis le nom des trois déesses qui sont les trois premiers êtres rencontrés sur le sol irlandais :
Eire, Bamba et Fodla...
Ils combattent les Tuatha de Danann qui sont obligés de se réfugier sous terre (dans les tertres magiques appelés « Sid ».) …
C'est aussi le nom donné aujourd'hui au monde des fées (Ban-shide ou femme du Sid.)...
Parmi eux se trouve le premier poète : Amairgin...
C'est grâce aux incantations de celui-ci que les fils de Mil réussirent à s'installer en Irlande... Il arbitrera les querelles de succession...
« Je suis le vent sur la mer,
Je suis la vague de l'océan,
Je suis le grondement de la mer,
(…///...)
Je suis faucon de la falaise,
Je suis une larme du soleil,
Je suis la beauté,
Je suis le sanglier en fureur,
Je suis saumon dans l'eau,
Je suis un lac dans la plaine,
Je suis un songe... » Amairgin
Fintan, Tuan Mac Cairill sont des « hommes primordiaux » qui assistent au déclin de peuples conquérants de l'Irlande et à leurs combats et ce sous diverses formes animales (un thème fréquent).
Il ne fait pas voir en cela une croyance celtique en la métempsycose...
Oeuvre de Carmelo de la Pinta
Altrom Tige Da Medar ( la pension ou la nourriture dans la maison des deux bols ou gobelets )...
Ce conte tardif (XII iè siècle) et remarquable présente un dialogue entre le dieu Oengus et Saint patrice où ils se disputent Etain (Eithne). La victoire reste au christianisme, mais tout le conte respire une certaine nostalgie de l'ancienne religion...
Ce conte mêle les thèmes païens aux thèmes chrétiens sur l'antagonisme des deux systèmes religieux. C'est la honte du péché qui distingue le christianisme, mais ce sont des pouvoirs magiques associés à la possession d'objets merveilleux qui protègent le païen et lui assurent le bonheur...
Eithne est transformée au sein du monde païen en un témoin du christianisme, mais, du même coup, elle perd son caractère divin...
(Elle meurt deux semaines après son baptême!)...
L'histoire de Suibne Geilt (le fou). C'est une sorte d'ermite laïque qui tombe fou au milieu d'une bataille et qui se réfugie dans les bois (comme Merlin)...
C'est un poète inspiré par la beauté de la nature...
Il évoque ici son petit oratoire de Glenn m Bolcain :
« Glenn m Bolcain est mon séjour ; j'en ai pris possession, en vérité, maintes fois, la nuit, j'ai couru vaillamment jusqu'au sommet...
Si je pouvais errer, solitaire, dans les montagnes du monde entier, je préférerais m'installer dans une petite hutte à Glenn M Bolcain...
J'aime son eau pure et bleue, son vent propre et farouche, son cresson aux vertes pousses et plus encore sa grande « hellébore » ?...
J'aime ses beaux arbres habillés de lierre, ses saules clairs et gais, son if vif, et plus encore ses bouleaux mélodieux... »
De l'Englyn ou Englyn-ion :
C'est une strophe de 3 vers courts, lapidaires avec beaucoup de concision et d'intensité... (Une sorte d'Haiku irlandais ! NDR)
« Le chant du vieillard :
Petit bâton de bois, c'est l'automne ;
la fougère est rouge, le chaume est jaune,
j'ai refusé ce que j'aime...
Petit bâton de bois, c'est l'hiver ;
les hommes se font bavards après boire,
personne ne vient à mon chevet...
Petit bâton de bois, c'est le printemps ;
les coucous sont cachés mais leur plainte est claire,
Je ne suis plus aimé des jeunes filles... »
Dans les poèmes archaïques irlandais le rythme et l'accent des mots sont essentiels...
Bran (fils d'une druidesse) et sa navigation merveilleuse :
Le voyage de Bran évoque des thèmes chrétiens et païens très mélangés si bien que l'on ne sait pas trop de qui ils ressortent et on discute encore de son attribution...
Bran entend une musique qui l'endort...
A son réveil, une femme lui offre une branche d'argent et l'invite à venir au pays d'où vient cette branche ; un pays qu'elle chante dans un long poème de cinquante strophes...
Bran part le lendemain avec 27 compagnons. En mer, ils rencontrent Manannàn fils de Lir qui va les guider...
Bran et ses compagnons découvrent des pays étranges...
L'île où l'on rit puis l'Île des fées/ Bran et tous ses compagnons trouvent leurs délices dans cette île, chacun auprès d'une fée...
Mais les compagnons de Bran veulent revenir dans leur pays.
On les prévient qu'ils ne doivent pas toucher terre sous peine de retrouver les lois du temps. Or, l'un des compagnons de Bran enfreint cette recommandation : sitôt qu'il a touché la terre, il tombe en poussière...
Bran reste dans son navire, raconte son histoire aux hommes du rivage et reprend la mer...
Les « Echtra » sont des thèmes païens qui relatent des séjours merveilleux, l'abolition du temps, un monde sans péché...
Dans tous les cas un être surnaturel vient requérir l'être humain, soit par amour, soir pour conclure une alliance. L'homme est invité dans le séjour merveilleux, soit pour y goûter le bonheur éternel soit pour en rapporter un objet extraordinaire...
Le cycle ossianique :
Finn Mac Cumail était le héros favori des petites gens et des paysans...
Selon la légende, c'est un chef de bande qui commande des mercenaires...
Il est présenté comme poète et magicien...
Il aurait inventé lui-même la magie poétique appelée Teinm Laeda...
Finn et Ossian ont supplanté les récits de la Branche Rouge
(cycle royal) dans la faveur du public...
Les ballades ossianiques sont le trésor commun de l'Irlande et de l'Ecosse Médiévales...
Dans les traditions, les auteurs ont eu tendance à rapprocher l'Histoire sainte et l'Histoire irlandaise (ou la légende irlandaise), tout comme les romanciers médiévaux ont rattaché le Graal à l'histoire sacrée chrétienne...
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« Salut à toi, colline là bas, depuis qu'il a été abattu, nous sommes tristes ; c'est un sujet de chagrin que ton buisson d'épine noire ; en voyant autrefois un tronc courbé sur ton sommet. »
Poème sur la disparition d'un arbre...
Les principaux thèmes poétiques :
La Religion, la Nature et l'Amour...
Le premier devoir du poète est de faire et de déclamer un poème de circonstance (poème d'inauguration, de louange, de lamentation...)...
La pensée monastique est simple et enjouée...
La poésie de la nature se recoupe en partie avec la poésie religieuse car les ermites défendent la beauté du monde inhabité...
…///...
« La bruit du vent dans le bois branchu, sous les nuages sombres ; les cascades de la rivière, le rugissement des roches, belle est cette musique... »
« J'ai une nouvelle pour vous ; le cerf mugit, l'hiver se déverse, l'été est parti, le vent est haut et froid ; le soleil est bas, son circuit est court, la mer à une course bruyante... »
Poème attribué à Finn Mac Cumail le héros ossianique...
« Je suis Liadan, j'ai aimé Curithir aussi vrai que je le dis. Je suis restée en sa compagnie. Il aimait bien me fréquenter.
Les bois ont chanté pour moi et pour Cuirithir, et de même le bruit de la mer farouche. J'aurais dû le savoir, aucune de mes décisions ne pouvait m'attirer son ressentiment. Ne te le cache pas, c'était lui l'amour de mon cœur m^me si j'en aimais d'autre à côté. Un éclair de feu a fendu mon cœur, il ne pourra pas survivre sans lui. »
…///...
La littérature galloise, ancienne et moderne, reflète avec l'influence latine, un attachement puissant aux traditions les plus authentiques. La littérature et la vie culturelle du pays de Galles ont toujours été florissantes et autonomes. C'est particulièrement dans la poésie que le caractère gallois s'est épanoui...
Les Cynfeirdd soit les premiers bardes...
Les quatre premiers manuscrits gallois sont :
Le livre noir de Carmarthen ( XII / XIII iè siècle)
Le Livre d'Aneirin (1250)
Le Livre de Taliésin (vers 1275)
Le Livre Rouge d'Hergest fin XIV siècle...
Taliésin chante les hauts faits d'Urien, roi de Rheged (un royaume breton du Nord)...
Le fameux poème de Taliésin est comparé parfois à celui du poète Amairgin... « Je suis le vent sur la mer... »
« J'ai été un saumon bleu, un chien, un cerf, un bouquetin sur la montagne...» Taliésin
C'est simplement ici l'expression poétique des métamorphoses légendaires de Gwion Bach (Avant qu'il ne devienne Taliésin : le Front brillant. NDR)... Il est inutile d'y chercher un sens mystique ou religieux...
Des poèmes associent des réflexions morales à l'observation du monde naturel... Ce sont des notations brèves, souvent hachées et conduisant à l'énoncé d'une vérité...
« Vif est le vent, et nue la colline. Il est bien dur de s'abriter ; le gué est gâté, l'étang est gelé. Un homme peut se tenir droit sur une seule tige. » Livre noir de Carmarthen
Concision et discrétion donc...
…///...
Tristan et Yseult
Diaporama Montage B Boisson, M Jourdain, Bran Du
avec Eric et Noëlle
Tristan et Yseult :
Arthur est amené à prononcer la justice entre le roi Marc'h et Tristan. Il décide de partager Eithne (Etain) entre son mari et son amant et propose à ceux-ci de choisir entre la présence d'Eithne auprès d'eux pendant six mois dans l'année... A chacun de choisir entre le semestre avec des feuilles ou le semestre sans feuille...
Mais Yseult répond :
« Trois arbres, le houx, le lierre et l'if poussent des feuilles tout au long de l'année : de même Tristan me gardera tant qu'il vivra...»
Chacune des littératures celtiques nous paraît avoir son esprit et ses tendances propres.
Certaines sont uniquement l'expression du peuple, d'autres connaissent aussi le message ouvragé des lettrés...
L'histoire des littératures celtiques témoigne d'une vie culturelle ancienne complexe et abondante...
Les poètes aristocratiques irlandais et gallois comme les conteurs populaires modernes, sont les dépositaires d'une culture tout à fait particulière....
Il est difficile de définir formellement les traits communs de cette tradition, et les mots de « sensibilité », « ouverture à l'échange », « imagination », « sincérité » donnent une idée trop approximative de ce fonds communs...
Mais un autre trait commun apparaît de plus en plus dans les littératures celtiques modernes : c'est l'attachement au passé et à la langue ancestrale qu'incarne pour chacun de ces peuples sa différence et son identité.
Dessin Bran du
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