LES MONDES CELTES : UNE SOURCE INCROYABLE ET INEPUISABLE D'INSPIRATION... COMPILATION BRAN DU 2017 16 01 JANV
Ce qui Suit est extrait du livre de Donatien Laurent et de Michel Treguer La Nuit Celtique ( Terre de brume éditeur)
« ...Après le carnage de l'île de Mona (Anglesey ou Mon en gallois moderne) où périrent, sous le glaive romain, une part importante de l'élite druidique et nombre de femmes consacrées, la civilisation celtique survivra à la perte de son centre spirituel le plus important et ce à travers d'autres filiations comme : les tournures linguistiques, des sensations et des conceptions esthétiques, des rituels sociaux et aussi sans doute des habitudes de pensée...
Les manuscrits irlandais et gallois qui content pourtant une part essentielle de notre histoire culturelle, qui renferment, peut-être, les secrets de nos goûts artistiques les plus modernes, n'ont pas encore fini de voyager vers la lumière. Ils n'ont pas encore eu le droit de s'ouvrir totalement à nos yeux et à nos cerveaux d'européens...
C'est tout juste si nos élites en connaissent l'existence et le contenu...
Dans quel lycée les enseigne-t-on au même titre que l'Iliade, l'Enéïde ou la Bible ? »
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« L'élaboration physique de chacun de nous, de chaque bébé humain, est un processus individuel qui rejoue en somme, à chaque fois, toute la formidable saga collective de la vie, longue de cinq milliards d'années...
A la vérité nos corps sont plus intelligents que nous ; c'est normal, ils ont cinq milliards d'années, tandis que chacun de nous en a quelques dizaines !
Nous sommes dans notre chair même des poissons, des reptiles...
Comment ne saurions-nous pas des gaulois, des dresseurs de mégalithes ?
Les Celtes sont à peu près absent de nos manuels scolaires mais très présents souterrainement dans la culture ou peut-être la « contre-culture » des jeunes du monde entier....
Le Celte, son secret : Celui de son rapport à l'espace, celui de la sensation du lieu où l'on est et du présent où l'on vit. »
M Treguer « Une autre Histoire » in
La Nuit celtique de Donatien Laurent et Michel Treguer
(Terre de Brume éditeur)
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Georges Sand extrait d'un article de l'Illustration de 1852...
Du Génie breton...
« Une seule province de France est à la hauteur, dans sa poésie, de ce que le génie des plus grands poètes et celui des nations les plus poétiques ont jamais produit ; nous oserons dire qu'elle la surpasse.
Nous voulons parler de la Bretagne, mais la Bretagne, il n'y a pas longtemps que c'est la France.
Quiconque a lu le Barzaz-Breiz , recueilli et traduit par Monsieur de la Villemarqué, doit être persuadé avec moi, c'est-à-dire intimement pénétré de ce que j'avance.
Le Tribut de Nominoé est un poème de cent quarante vers, plus grand que l'Illiade, plus beau et plus parfait qu'aucun chef d'oeuvre sorti de l'esprit humain.
La peste d'Elliant, Leiz-Breiz et vingt autre diamants de cerecueil breton attestent la richesse la plus complète à laquelle puisse prétendre une littérature lyrique.
Il est même fort étrange que cette littérature, révélée à la nôtre par une publication qui est dans toutes les mains depuis plusieurs années, n'y ai pas fait une révolution.
Macpherson a rempli l'Europe du nom d'Ossian, avant Walter Scott il avait mis l'Ecosse à la mode.
Vraiment nous n'avons pas assez fêté notre Bretagne , et il y a encore des lettrés qui n'ont pas lu les chants sublimes devant lesquels, convenons-en, nous sommes comme des nains avec des géants.
Singulières vicissitudes que subissent le beau et le vrai dans l'histoire de l'art !
Qu'est-ce donc que cette race armoricaine qui s'est nourrie, depuis le druidisme jusqu'à la chouannerie, d'une telle moelle ?
Nous la savions bine forte et fière, mais pas grande à ce point avant qu'elle n'eut chanté à nos oreilles.
Génie épique, dramatique, amoureux, guerrier, tendre, triste, sombre, moqueur, naïf, tout est là.
Et au-dessus de ce monde de l'action et de la pensée plane le rêve ; les sylphes, les gnomes, les djinns de l'Orient, tous les fantômes, tous les géants de la mythologie païenne et chrétienne voltigent dans ces têtes exaltées et puissantes ; en vérité, aucun de ceux qui tiennent une plume ne devrait rencontrer un Breton sans lui ôter son chapeau. »
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LECOMTE DE LISLE Poèmes barbares : (Le Barde de Temrah) 1862 (extrait)
Le chanteur de Temrah aux long cheveux (…)
Sa barbe et ses cheveux couvrent sa face austère(...)
Sur ses genoux velus étincelle un long glaive ;
Une harpe de pierre est debout à l'écart
d'où le vent, par instants, tire une plainte brève. (…)
Ô palais de Temrah, séjour des Finns célèbres,
Dit-il, où flamboyaient les feux hospitaliers,
Maintenant lieu désert hanté d'oiseaux funèbres !
Salles où s'agitait la foule des guerriers,
Que de fois j'ai versé dans leurs cœurs héroïques
Les chants même du barde à vos murs familiers ! (…)
Viens ! Les âmes de Finns, à l’opprobre échappées,
Dans la salle aux piliers de nuages brûlants
Siège, la coupe au poing, de pourpre et d'or drapées.
Les glaives qui les fit illustres bat à leurs flancs ;
Elles rêvent de gloire aux fiers accents du Bardes (…)
Ô chefs ! J'ai trop vécu. Quand l'aube renaîtra,
Je vous aurai rejoint dans la nue éternelle,
Et, comme en mes beaux jours, ma harpe chantera. »
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René de CHATEAUBRIAND
« Ossian n'est-il pas la grande fontaine du Nord où tous les bardes se sont enivrés de mélancolie ? »
« ...Les sons qui rendent les passions dans le vide d'un cœur solitaire ressemblent aux murmures que les vents et les eaux sont entendre dans le silence d'un désert (…)
Tantôt j'aurai voulu être un de ces guerriers errants au milieu des vents, des nuages et des fantômes...
Sur les monts de Calédonie, le dernier Barde qu'on ait ouïe dans ces déserts me chanta les poèmes dont un héros consolait jadis sa vieillesse.
Nous étions assis sur quatre pierres rongées de mousse, un torrent coulait à mes pieds, le chevreuil passait à quelques distances parmi les débris d'une tour, et le vent des mers soufflait sur les bruyères de Cona. »
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GOETHE (Le roman du jeune Werther (extraits)
« Ossian a supplanté Homère en mon cœur. Quel monde où me transporte ce poème sublime ! Errer par la lande, entouré du grandement de la tempête, qui parmi des brumes vaporeuses emporte les esprits des ancêtres à la clarté crépusculaire de la lune !
Entendre, venant de la montagne parmi les rugissements des torrents de la forêt, les gémissements des esprits des cavernes, que le vent a demi emporte, et les accents plaintifs de la vierge qui se lamente à mort sur les quatre pierres moussues recouvertes d'herbe, sous lesquelles gît un noble guerrier, son bien-aimé !
Quand ensuite je le trouve, le barde aux cheveux gris qui, errant à travers la vaste lande, où il cherche les traces des pas de ses pères, n'y trouve hélas que leurs tombeaux et alors élève en gémissant ses regards vers la chère étoile du soir, bientôt cachée dans la mer mouvante, tandis que dans l'âme du héros revivent ces époques passées, où un rayon de lumière amie révélait aux vaillants les dangers menaçants, où la lune illuminait le retour de leur nef victorieuse et ornée de couronnes.
Quand je lis sur son front son chagrin profond, quand je vois ce dernier survivant d'une race glorieuse s'avancer vers la tombe en chancelant d'épuisement, puiser dans la présence inerte des ombres de ses morts des joies toujours nouvelles et douloureusement ardentes, abaisser ses regards vers la froide terre, vers les hautes herbes ondulantes s'écriant :
« Il viendra, il viendra le voyageur qui m'a connu dans ma beauté et il demandera : « Où est le barde, le fils excellent de Fingal ? »
« Son pied foulera ma tombe et c'est en vain qu'il me cherchera sur la terre. »
Alors mon ami, je voudrais tel un noble écuyer, tirer l'épée, délivrer d'un seul coup mon prince des convulsions torturantes d'une vie trop lente à s'éteindre et laisser mon âme suivre le demi-dieu délivré. »
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DIDEROT dira à propos de l'ouvrage de Macpherson « Ossian » :
« Une simplicité, une force et une pathétique incroyable. »...
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LAMARTINE (Extrait de Jocelyn)
« ...Ossian ! Ossian ! Lorsque plus jeune encore
Je rêvais de brouillards et de monts d'Inistore ;
Quand, tes vers dans le cœur et ta harpe à la main,
Je m'enfonçais l'hiver dans les bois sans chemin,
Que j'écoutais siffler dans la bruyère grise,
Comme l'âme des morts, le souffle de la bise,
Que mes cheveux fouettaient mon front, que les torrents,
Hurlant d'horreur aux bords des gouffres dévorants,
Précipités du ciel sur le rocher qui fume,
Jetaient jusqu'à mon front leurs cris et leur écume ;
Quand les troncs des sapins tremblaient comme un roseau,
Et secouaient leur neige où planait le corbeau,
Et qu'un brouillard glacé, rasant ses pics sauvages,
comme un fils de Morven me vêtissait d'orages. »
(Lamartine avait prévu d'accompagner une délégation invitée par la Gorsedd du Pays de Galles.
Empêche au dernier moment de se rendre à cette invitation, il composera un poème qui sera lu lors de la cérémonie d’accueil ; poème relatif à un glaive brisé en deux qui est enfin réuni comme sont réuni les frères Celtes des deux côtés de la Manche... N.D.R)
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NOTES
Innombrables sont les poètes, les écrivains, les créateurs, les artisans, les chanteurs, musiciens, conteurs et autres artistes à avoir puisé, en tous les siècles, dans la fontaine celtique, l'eau précieuse de leur inspiration et de la consécration de leurs œuvres...
La liste serait fastidieuse et étonnerait par la profusion et la diversité des œuvres nées au contact des mondes Celtes ; source inépuisable par laquelle l'Awen dispense de façon prodigue et généreuse ses bienfaits pour ceux et celles qui viennent y boire, avec respect et gratitude, et font de leurs lèvres la margelle de leur reconnaissance et de l'expression flamboyante de ce qui
Fût, Est et Sera... Bran du Jan 2017