Les dits du corbeau noir

 IRLANDE PHOTOS BRAN DU

Les Territoires sacrés de la Celtie

Bardi... Bran du le 29 novembre 2020

« Quel sera le signe et le présage du jour ? »

Poussières sont les anales disséminées, dispersées dans les ornières fongueuses des chemins perdus...

Trois corneilles les survolent dans l'ombre du soleil...

Depuis fort longtemps la pierre n'a plus crié...

Il n'est plus de souverain à régenter le royaume, les vents se sont emparés des sceptres et des couronnes...

La pomme ne vient plus au pommier...

Tari est le lait des brebis...

La fontaine est sèche sous le bois mort des forêts...

Il est venu trois furoncles sur la face de la honte...

Le filet est vide qui remonte du fond de la rivière...

Et, étendus sur tout cela, le froid et le gel et leur manteau de famines...

Et il y a celui-là dont les mots sont comme des braises sous la cendre...

Jadis les paroles ont été dites mais les actes n'ont pas suivis...

Lors l'hiver s'est installé jusqu'aux calendes d'été....

Les oies ne sont pas revenues et le lac ne connaît plus les frémissements de plumes ni les envols criards...

Celui-la à franchit le pertuis du Sid, assez fou comme peut l'être un sage...

Il s'est frayé passage entre les épais brouillards des marais et les brumes de ses songes...

Il a vu de près la gueule ouverte des chiens aux oreilles rouges...

Mais la peur suivait l'ombre de son courage sans que ne tremble sa lance...

Il est revenu, vainqueur des effluves nocives qui font perdre le chemin...

Il a déposé, sur l'autel du tertre, les fruits de l'été, les noix et noisettes de connaissances, la saie fleurie du printemps...

Alors la joie est revenue comme est revenue la flamme dansante des foyers...

Les bras se sont serrés sous la couronne de gui...

La joie a retrouvé ses convives, la joie s'est attablée, de la bière dans sa moustache...

Il suffisait d'un signe, il suffisait de si peu qui soit plus grand que tout !...

Il n'y a pas que le blanc et le noir sur l'échiquier du monde....

La Parole, c'est elle le pilier et la Vérité lui fait voûte...

Celui-là marche au cœur des nuits les plus noires...

Il a une torche à la main et des flammèches dans les yeux...

Un feu magique brûle dans sa tête...

L'obscurité se retire sur son passage...

C'est une lueur en marche, une aurore qui a rendez-vous avec la rosée matinale...

Ce sont territoires de l'Esprit que ceux qu'il arpente...

Ce sont territoires de l'Âme où les eaux ruissellent du ciel sur la terre, où les sources se portent au devant des lèvres assoiffées...

Des chemins apparaissent que méconnaissent les hommes...

Des chemins d'herbes et de feuilles...

L'herbe y connaît le cycle des saisons, y dépose ses fleurs et semences...

Ce sont là les territoires sacrés de la Celtie...