LITTORALITE (CONJUGUER ECRITURE ET ORALITE) et DU RIVAGE... BRAN DU 2016 20 07 JUILLET
Littoralité... / Rivage : Etude, parcours et réflexions Bran du Juillet 2016
Nous sommes tous et toutes le rivage d'un continent qui s'appelle l'existence. Celui-ci est bordé par les forts courants qui ceinturent notre planète et par le chant d'une mère qui nous accompagne de la naissance jusqu'à notre échéance mortuaire...
Les eaux rompues au ventre fécondé et maturé de la Mère nous projettent ou nous déposent sur ce rivage appelé la Vie ; elles viendront nous reprendre, notre temps de cheminement effectué, et nous ne laisserons lors sur la grève de notre pérégrination humaine que quelques coquillages ; des coquillages confiés à la mémoire des êtres pour lesquels notre présence au monde aura eu signification et sens....
Ne restera de notre souvenir que cette nacre vermeille déposée sur l'enroulé des jours et des nuits rappelant les quelques instants de splendeur, de beauté, de vérité, de tendresse et de bonté dont nous aurons été graines et semeurs...
Il nous aura fallu, aux saisons de l'Homme, printemps, hiver et automne, pour avoir « été » !...
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Du Lieu et du paysage :
Faites élection et vous serez « choisis » !
Nous ne pénétrons rien (d'authentiquement « vibrant » ou « pervibrant ») si nous ne sommes pas de même, simultanément, « pénétrés »...
La joie résulte de cette « interpénétration » sensible et intelligente, charnelle et voluptueuse entre des atomes et des molécules qui entendent se conjoindre d'amour...
Ces noces, amoureusement actées au sein de microcosme que nous sommes, font écho et justes résonances aux alliances du macrocosme pour maintenir la Vie en vie et en concélébrer les rituels d'union....
Aller au rivage, c'est retourner, revenir, vers des contrées plus ou moins « sauvages », encore vierges, pour partie, de nos emprises et de nos conquêtes d'appropriations orgueilleuses... c'est retrouver des territoires de recouvrance, de restitution qui bordent, qui frangent, le continent humain que nous sommes et nos cités d'abandon et d'engourdissement, nos habitats éphémères et illusoires, nos demeures mensongères et outrancières...
Ce sont la les royaumes de l'enfance du monde ; de ce monde que nous formons et déformons, oppressons et défigurons, communautairement et planétairement...
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Savoir perdre son temps sur la plage horaire de l'instant....
Etre sable de l'immense sablier et en être heureux, conscient et content...
En cette bordure d'océan appelée le rivage (où chaque vague ourle de sa dentelle une nappe posée sur la table d'un continent) immergeons-nous dans « l'ensauvagement » et plus spécifiquement dans « l'ensauvaguement »... (quand la vague abonde à notre rivage rendu disponible par une humeur vagabonde !)...
Entre le transat et le transistor, il y a place et plage pour une transition, pour un passage entre le superflu et le dérisoire, entre le conditionné et le consommé, entre l'illusion et l'artifice, entre le paraître et le formaté....
Il y a une échappée, une faille, une piste, un autre mystérieux tracé, une laie forestière, un millénaire sentier.... Une sente débouchant sur une neuve lumière....
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Un lieu d'élection qui nous fasse respirer de consort, en tacite accord, avec l'espace et le temps se concentrant dans une commune respiration...
Un lieu de haute et profonde inspiration qui redonne souffle, énergie, force et lumière à cette respiration qui s'appelle la Vie...
Lors reprendre souffle en activant, densément, intensément, le soufflet de notre cœur,et ce, fondamentalement, afin de fondre notre mental et le couler jubilatoirement et savamment dans le temps et l'espace et leurs écoulements propres et spécifiques avec lequel nous formons, en l'instant, alliance et alliage en tant que, homme ou femme, homme et femme conjointement, « Forgerons de l'Âme »...
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Le simple fait de me dire en cinq mots : « - je vais à la mer », traduit vibratoirement, sur et au-dedans de ma peau, une vibrante et frémissante jubilation... une ébauche d'un contentement qui devenu oiseau déploiera dans le large du ciel, toute la riante jouvence de ses ailes...
C'est le réveil estival d'un jeune garçon de huit ans levé avant le chant du merle qui, son chocolat bu, la gaule en main, la hôte pendant à l'épaule, passant grappiller quels pommes encore acides dans le jardin, s'en va d'un bon pas, vers le lieu des grèves...
C'est ce juvénile et innocent ravissement qui passe entre le sommeil des estivants, traverse le bourg endormi, et dévale sur la plage déserte que quelques mouettes arpentent en quête d'estivale pitance... Et la plage lors lui sourit de son sourire immense...
L'itinéraire est le même qui l'amène joyeusement aux rives de plaisance...
Il a tout l'océan pour lui, ses chants, ses clameurs, ses bruits...
Il se nourrit sans trop le savoir, sans en avoir même conscience, de subtiles substances et essences, qui le prédisposent à être un jour : un « Être de Poésie » !...
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Des rives pour cesser la dérive...
La cohérence pour sustenter l'errance...
Qu'est-ce qui peut bien nous arriver dans notre rapport à la rive
si ce n'est de lever l'écrou de nos emprisonnements conditionnels et conventionnels ; de déboulonner ce rivet qui nous attache à de servitudes, à des asservissements, à des concessions arbitraires, à nos illusions, au factice et au superficiel de l'existence... ?
Le temps à rive où nous serons rives du temps !
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Faire grève :
Faire grève ; c'est cesser ce labeur qui nous écartèle entre l'avoir et l'être, entre l'être et le paraître...
Faire grève ; c'est ne plus s'approprier quoi ou qui que ce soit, mais retrouver ses véritables et humaines valeurs et propriétés...
Faire grève : c'est se rebeller, s'insurger, refuser de valider, de cautionner, d'élire tout ce qui entend apposer son diktat à l'humanité...
Faire grève ; c'est dire non, au nom du oui qui ne veut être soumis, nom de nom !
Faire grève ; c'est cesser le travail laborieux(écartelant) et rémunérateur pour devenir ou redevenir oeuvrier, artisan, acteur, ou simple, mais heureux jardinier, de sa propre Vie...
Faire grève ; c'est se reconnecter aux flux vitaux, mêler son sang et toute sa circulation aux rythmes des marées, aux quartiers de lune, au quatrain des saisons, aux rites essentiels, élémentaires et fondamentaux qui font battre le cœur intime et profond de l'univers...
Lors nous sommes un battement de ce cœur immense, nous en sommes le chant et nous en sommes la danse...
C'est offrir à notre ombre de connaître enfin sa lumière !...
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Depuis que des hommes ont élu dans le ciel une étoile, il y a autant si ce n'est davantage de rêves à naviguer sur les flots de l'existence que de navires à sillonner les étendues marines...
Nous sommes tous et tous la rive ou le rivage de quelque chose ; les courants du monde viennent battre nos flancs de sable ou de granit...
Nous sommes riverains du ciel et de la terre...
La riveraineté comporte des droits et fait naître des devoirs....
Certes, Nous avons obligation « d'entretenir » nos « rives », mais tout autant de nous entretenir avec elles...
« Rivus » à donné rive via rival qui a donné rivalité...
S'il nous appartient bien de « rivaliser » ; c'est d'élégance, de noblesse, de dignité, d'intelligence, de talent, de générosité, d’agilité d'esprit, d'ingéniosité, d'enchantement, d'harmonie, d'équilibre et d'enchantements poétiques...
Le rivage borde les terres et les continents...
Il offre un espace mouvant et émouvant entre la terre et les eaux (plage, grève, estran...)
C'est un formidable lieu d'échanges, de partages, de rencontres...
Flux et reflux brassent les éléments et en célèbrent les noces...
Nous sommes invités à celles-ci...
La vie, vague après vague, vient à notre rencontre puis se retire....
« Poétiquement, follement...Je divague, je divague... et c'est la mer... »
Arpenter la grève est un art en soi qui requière une totale disponibilité, un libre regard et une pensée « désencombrée »...
Arpenter à l'aube ce qui fut l'aube de l'humanité....
Voir des plumes blanches sortir peu à peu du noir encrier...
Et n'avoir de mots pour cela, que de sable et de silence....
C'est alors que l'absence révèle les présences...
C'est alors que se fait la clarté et que celle-ci s'épanche, se met à ruisseler...
Etre là face à l'offertoire de la beauté...
Devant un ciel où chaque couleur communie à l'inédit...
Lors seul importe ce que le ciel et la vague apportent et ce qu'ils emportent, leur cargaisons déchargées, de nos rêves enclins à voyager...
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