MARCHER EN BROCELIANDE (SUITE° 2019 BRAN DU 10 06 JUIN
En Brocéliande (Vers la fontaine des "Initiés") Photo Bran du
Marcher en Brocéliande
Bran du le 09 Juin 2019
On ne « découvre » pas « Brocéliande » ; on se « découvre » devant Elle, comme devant une Reine ; comme devant la Souveraine du Royaume de Féérie ; une Féérie bien dissimulée en notre « royaume intérieur », dans la profonde forêt de notre subconscient, enfouie dans l'épais terreaux de nos gênes, dans cet athanor de sang, dans ce creuset alchimique et magique de chair et de songe, que nous sommes et dont nous ignorons la force de transmutation corporelle, psychique et spirituelle !...
Non pas vraiment « la découverte », mais bien davantage la « restitution », la « recouvrance » et même la « re-membranche » de ce qui, en nous, fait résonance avec une essentialité première, primordiale et fondamentale dont nous avons grande ignorance...
Ici, tout « Arbre de Vie » retrouve sa sève originelle, lors recircule le flux de mémoire et de souvenance, lors le bourgeon, la feuille, la fleur, le fruit, la graine ou la semence s'en viennent sur la Branche d'Homme reconnectée à l'humus des commencements et des renaissances...
La sylve légendaire et féminine opère en « révélatrice » des fondements les plus anciens, en « initiatrice » consacrée officiant au sein des polarités accouplées dans une « cosmunion » plénière, toute dualité transcendées...
Tous se passe au-delà et par-delà le regard, au-delà et par-delà la vision, tout s'échange subtilement au sein des sens convoqués à plus grande « perception », à plus sensible entendement, à plus vive intelligence...
Que voulez-vous « trouver » en la Mère-Forêt , qui ne soit pas déjà lové en vous, en latence d'éclosion ou d'implosion luni-solaire ?...
Sous les halliers de Brocéliande, en suivant les laies millénaires parcourues par la cohorte colorée et sonore des saisons, se tient le mythe ancestral, se manifestent les archétypes ancestraux, les lignes de force et les axes majeurs de ce qui Fût, Est et Sera en tout Energie et Lumière...
Vous ne pénétrez que ce qui au préalable vous aura pénétré...
Point de « rencontre », point de célébration, point d'offrande, si la terre, le soleil, la lune, les feux du ciel ne sont pas déjà en vous et dans les reflets du lac ou de l'étang que vous êtes lors devenu...
Point de correspondances, d'affinité, d'osmose si votre « Chaudron » ne bouillonne pas dans l'or changeant et étincelant des cieux dansant parmi les ondes charnelles et les flux sensoriels de votre Être...
Rien, absolument rien, si vous n'êtes « Tout Amour » !...
Sans dénuement, sans nudité de corps, de cœur et d'esprit, point de revêtement, point de recouvrance, point de « cosmunion » !...
Aux forges des saisons résonne l'enclume du temps et de l'espace...
Le Grand Serpent déroule et enroule sa spirale mouvante et émouvante...
Ce qui fait Cercle est un anneau d'alliances qui nous invite, qui nous convoque, qui nous conduit, aux noces élémentaires...
Que dire de plus que ce que le Silence chante à votre cœur ?...
« Marcher » en terre de Brocéliande peut s'apparenter à une remontée à la Source-Mère (l'Initiation véritable impliquait jadis de remonter réellement et les pieds nus, le ruisseau qui conduit à Barenton!)...
C'est lors « épouser » les méandres, les circonvolutions serpentines que l'Eau-Mère a creusés au cours des siècles dans le schiste pourpre armoricain avant que de rejoindre l'estuaire océanique et la vasque marine...
Les récits bardiques anciens font état de la remontée des saumons à la Source de Sapience, de Poésie, de Santé et d'Abondance....
Il s'agit donc de transposer cela en nos propres pas, et de bondir, de cœur et d'esprit, à contre courant du fleuve du temps afin de retrouver le berceau natif des enfantements premiers, l’alcôve fluidique et ruisselantes des étreintes aimantes, des offertoires d'Amour...
Nous sommes lors bien loin des « apparences », fort éloignés des pérégrinations touristiques de « l'ordinaire », à mille lieux du catalogue des images d'Epinal et des illusions programmées par les offices et syndicats ainsi que par les spécialistes des contes et légendes locales (nonobstant le fait qu'il y a parfois, parmi eux, des conteurs et conteuses dignes de ce nom et qui ont le Verbe indéniablement « bardique » !)...
Brocéliande doit bien souvent porter comme elle le peux les oripeaux vestimentaires dont on l'a grossièrement affublés quand, de façon arbitraire, des érudits ont décidé de transposer, après moultes querelles littéraires, le mythe dit Arthurien au cœur même du massif forestier de l'antique Brocéliande et ce, en associant les personnages majeurs de la Table Ronde à une localisation impliquant des sites mégalithiques dont nous savons qu'ils sont bien « antérieurs » au monde Celte !.......
Duperie et supercherie que ces transpositions sujettes à beaucoup de confusions préjudiciables, mais qui font cependant et par ailleurs « marcher l'économie et le commerce » de bien des communes de l'illustre territoire !...
Merlin ou Viviane ne risquent pas heureusement de se retourner dans leur tombeau pour la bonne et simple raison qu'il ne saurait y en avoir un pour eux (au sens « matériel » et même « historique » du terme !)...
Il n'y a, que je sache, pour les « mythes » aucun fossoyeur !...
Si résidence éternelle il y a pour ceux-ci, ce ne peut être que dans le jardin, le verger, la « pommeraie » ou l'enclos de joie dont notre cœur et notre esprit sont enceints...
Toute feuille sait, connaît, l'ardeur ou les douceurs de la « Farine de l'Air », toute branche, toute tige, est séduite ou envoûtée par le brassage des Vents chargés parfois de sel ou de sable et tout empreints encore des rémiges qui les parcourent et les sillonnent...
Ainsi « Souffle l'Esprit », se répand, se dispense, l'Awen (L'Inspiration en Gallois)....
Marcher en Brocéliande, c'est être « comme une feuille au vent » ; c'est retrouver le sens et l'Essence même de toute respiration !...
La fougère est plus que fougère, la mousse, les lichens sont plus que mousses et lichens, ils sont de la lignée de la lente et longue conquête du végétal sur les terres immergées d'un monde en formation...
Avoir connaissance de cela fortifie les valeurs et les fondements de l'Être et offre à Celui-ci une vision « cosmique » de l'Univers, des Lois et des Cycles qui animent celui-ci...
Une telle conception fait fi de l'appareillage qui parasite les vibrations premières, fi des interférences illusoires et factices qui drainent le flux estival de la naïveté, de l'ignorance, de l'artificiel, du consumérisme ambiant, qui s'abat sur une contrée dont la véritable magie réside dans le secret et mystérieux creuset alchimique de chacun et de chacune quand « un paysage intérieur rencontre enfin un paysage extérieur avec lequel se concélèbre la véritable et émouvante rencontre »... (Pour paraphraser Gaston Bachelard)...
Qui pour nous servir de guide ? Nulle autre étoile que celle que nous avons au cœur !...
Sortir du flot canalisé, des parcours banalisés et prendre tout chemin de traverse...
Se perdre sans hésiter si, se perdre, c'est enfin se retrouver dans l'empreinte de ceux et de celles qui ont fait, de leur marche, une « Sente de Lumière. »...
Il y a, ici et là, tout ce que l'on ne voit pas, tout le caché, tout le dissimulé, qui ne saurait se donner à voir à cela qui n'a regard que pour la surface des choses, que pour la matérialité apparente des choses, mais non pour leur profondeur, pour leur « transparence » ou pour leur élévation ou pour ce qui en émane d'irradiations mystérieuses et interpellatrices, mais non pour ce qui « sourd », de leur structure et de leur forme, car toute structure, toute forme est « vibration » et donc onde, flux et fluide, invisibles certes, mais irriguant le temps et l'espace comme le sang en nos artères anime le Vivant charnel, corporel, que nous sommes...
Le visible n'est peut-être bien que la partie immergée de l'invisible lequel pourrait être en correspondance vibratoire avec tout atome, avec toute cellule, avec les Lois mouvantes de la Nature, avec les forces telluriques et célestes, avec les Lois cosmiques, avec les Lois même de l'Univers !...
En dehors de ceux et de celles qui veulent « faire Brocéliande » comme ils feront Carnac ou le Mont St Michel, il y des « quêteurs de Lumière », en recherche d'émerveillement, d'enchantement, de révélation, « d'illumination » ; lesquels seraient les « moteurs » acheminant ces pérégrins dans les lisières et dans les clairières de l'océan mémoriel des feuilles, des landes, des roches et des brandes...
Mais qu'est-ce que ce sentiment qui donne rendez-vous en soi, à travers soi, autour de soi, au ravissement ?...
Il n'y a « bonheur », nous disent toutes les sagesses et philosophies du monde, quand il y a rencontre, échange, partage, découverte mutuelle, entendement réciproque, complicité tacite, jubilation silencieuse, rires collectifs, fantaisie bienvenue... cela implique donc au moins deux éléments : un récepteur de joies et un émetteur de joies...
(La joie est une braise enfouie sous le dépôt de ces cendres que sont les chagrins, les soucis, les souffrances et les peines... Qu'un événement heureux s'en vienne souffler sur cet amas de cendre et rejaillissent les flammes dansantes du Haut Foyer de Vie !)...
Qu'est-ce qui fait par ailleurs « silex entrechoqué » et donc « étincelle » entre ce qui semblait « mort » et ce qui, de nouveau anime et mène la ronde flamboyante du Vivant, sinon la joie ?...
En Brocéliande, comme en tout lieu empreint du sacré et donc du « plus qu'humain » et dépositaire autant qu'héritier du « transcendant de l'Être », le rendez-vous donné et offert est rendez-vous de joie...
Tout, absolument tout, va dépendre, pour que l'âtre du cœur et de la pensée se fasse « feu de joies », de la façon dont on abordera Brocéliande, de la nature de ce qui portera le pas et le cœur au-devant des correspondances intimes et profondes ; sources de l'émerveillement attendu, espéré, recherché, rencontré et partagé...
Si je suis une corbeille emplie des dons et l'offrande ultime que je suis moi-même, alors sera la « cosmunion » véritable, l'entendement serein, lumineux, voluptueux même entre ce qui Fût, Est et Sera dans sa plénitude de Force, d'Energie et de Lumière...
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Diversion vers les aspects économiques et écologiques :
Comment ne pas être déçu quand la démarche, quand la quête, quand le cheminement spirituel et philosophique est sincère et authentique et qu'il se trouve confronté à un « Val-Disney land » en très grande partie fabriqué et à un couvert forestier dont la majorité des propriétaires tolère à peine la déferlante des estivants, ne voyant dans le « foncier » qui leur appartient qu'une réserve de chasse ou un capital à venir en terme de « filière bois » ?...
Quelle vitrine européenne voire internationale est ici offerte aux visiteurs ? Ceux-ci sont venus parfois de fort loin pour découvrir une exploitation landa, (si commune aux directives de l'ONF qui transforme les forestiers en « commerciaux » et occasionne de surcroît le suicide de certains d'entre eux qui ont perdu le sens même de leur vocation. ) (Ces directives commerciales ont d'ailleurs amené les dits forestiers à faire grève l'année dernière pour la premier fois dans cette corporation fortement mise à mal)?...
900 000 et sans doute davantage de « visiteurs » par an aurait mérité autre chose qu'un investissement ne voyant dans la sylve forestière qu'une source de revenus (si possible à moyen terme d'où la plantation massive de Douglas à pousse et rendement rapides), pratiquant l'accroissement massif de « coupes à blanc » et entretenant farouchement une closerie de chasses gardées incompatible avec les tribulations touristiques (d'où, à partir de l'automne, des interdictions de fréquentation sur certains sentiers de randonnée et l'interdiction toute l'année de sortir des circuits battus, réglementés, délimités et encadrés !...
On aurait pu imaginer, vu le nombre grandissant de visiteurs annuels en provenance du monde entier, faire de ce massif de Brocéliande un exemple de sylviculture intelligente, de « forêts jardinées », un terrain d'expérimentation pour de nouvelles formes de gestion forestière, pouvant répondre à la fois au cahier des charges du Ministère concerné et impliquant de satisfaire équitablement les trois fonctions économiques, culturelles et sociales allouées et imparties à l'ONF (l'Office National des Forêts)!...