Michel Capmal l'hyperboréen
MICHEL CAPMAL L’Hyberboréen Bran du mars 2012
« L’homme est destiné à vivre poétiquement sur terre.» Hölderlin
Revue Chiendents Sur le chemin brûlé Cahier d’Art et de Littérature N° 5 Janvier 2012
Edition du Petit Véhicule 20 rue du Coudray 44000 Nantes (5 euros port compris) editions.petits.vehicule@gmail.com
Je suis fort heureux qu’une jeune revue littéraire alliant exigence et qualité consacre l’un de ses numéros à mon ami Michel Capmal… Cela est amplement mérité car celui-ci n’est pas de ceux qui recherchent la publicité ou l’emballage médiatique…. C’est une écriture rare et précieuse qui ne s’expose pas dans les arènes de l’adulation et de la compromission.. Ce sont là quelques fragments d’éclairs d’un orage qui gronde dans l’inconscience active et pensante d’un véritable auteur dont la foudre salutaire enflamme ce qui est en mesure et en volonté de l’être….
L’entretien mené par Jean Luc Pouliguen retrace un rapide parcours des jalons et itinéraires de ce nomade de l’Esprit, de cet autre « passager des vents », de ce « montreur d’ours » issu, claniquement, de l’Etoile Polaire… Cet écrivain ne se découvre pas devant le cortège d’outrecuidance de notre siècle, il reste à l’aplomb d’une verticalité qui défie toutes les courbettes d’une société inféodées à ses asservissements… Il est cette libre, volontaire et consciente« dignité » dont nous sommes tant orphelins….
Originaire du Languedoc (dans l’arrière pays de Montpellier), Michel transhume régulièrement vers Paris et emmène, à la période souhaitée, son troupeau de songes arpenter les pentes montmartroises… Là, en son refuge livresque et en compagnie de ses chats autant sauvages que domestiques, plus ou moins réels ou irréels, il se livre tout entier à ses livres, à ceux des autres dont il héberge parfois les mots sur le haut parvis de ses lèvres et aux siens, ceux qu’il cicèle sans cesse de sa gouge exigeante comme ce n’est plus possible aujourd’hui….
Voici un homme de sens et de parole…. Une exception culturelle à lui tout seul ! C’est une manière d’être, un état de disponibilité, d’ouverture d’esprit dans une confrontation féconde et permanente avec une « réalité » mobile et immobile à la fois…
Que nous dit le poète ?
Qu’il nous faut : « Vivre au plus près du désir, vivre la « magie quotidienne » … Cultiver la recherche d’un espace de liberté et du « temps intense » selon l’esprit surréaliste…Obéir à ses exigences intérieures…. Partager librement une certaine façon de voir et de sentir… Approcher un langage à la fois primitif et très raffiné pour le plaisir de l’esthétisme mais aussi pour celui de connaître une certitude, même fugitive, d’être relié avec le dedans et le dehors selon une ligne lisière qui serait dès lors la seule piste à suivre sur le chemin brûlé… Un langage provenant du murmure de l’intime, du plus secret, de ce continent si mystérieux et si redoutable qu’on appelle l’inconscient ; un langage non étranger à une certaine forme de sacré… Dire tout du Réel, toute la substance et la fluidité du vivant, tenter l’appréhension, la compréhension du monde… Propager l’émancipation, l’indignation, la résistance… Dire cette vie vivante partout menacée… Prôner la connaissance de soi ( et du Soi) et l’ouverture sur tout l’univers… Etre inspiré par ces moments d’intensité qui sont ceux de l’amour, de l’amitié, du contact avec la Nature… Clamer que la poésie est la meilleure antidote contre toutes les idéologies… le désir, les mythes, le langage, voici les territoires vitaux à explorer… Retrouver pour cela l’impulsion primordiale… Faire dialoguer le cerveau droit et le cerveau gauche au sein d’un échange harmonieux tout en revisitant le mythe de l’unité perdue… »
La nuit des Hyperboréens (extraits) …
Ni prédicateur, ni imprécateur ! Je suis devant vous seulement au service d’une parole arborescente, effervescente… Une énergie tellurique, un flux qui me traverse, s’enroule et sort de moi. Mais tout cela aux antipodes des idéologies religieuses et politiques…
…/… « Le contact était établi, l’errance pouvait continuer. L’aimantation et les signes de reconnaissance se précisaient. J’avais ainsi la certitude que le territoire provenant d’un mythe obscur s’était déplacé vers les profondeurs cellulaires de mes organes, avivant mon sang pour mieux en entendre l’appel. » …/…
…/… « Une nuit printanière et parisienne parmi tant d’autres, et cependant exceptionnelle. Je marchais un peu au hasard, comme souvent, et cependant à la recherche d’un tel lieu. Un lieu qui devait se trouver à l’exacte pliure entre, disons le ciel du dedans et l’espace du dehors. Le passage existe encore, celui d’vant la grande dislocation. Il ne peut en être autrement. »
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Ce sont là quelques éléments volontairement fragmentés comme autant de messages échoués sur la grève d’entendement dont il nous appartient de déchiffrer à la fois l’origine et le devenir…
Cher Michel, je suis gratifié de cette amitié hyperboréenne et fidèle qui illustre dignement ce que poésie veut faire, dire, témoigner, signifier…. Errance… Quête… résistance… territoire… Nous partageons cela depuis notre première rencontre et je te sais, à la proue de tes rêves, tenir ferme la barre reprenant sans cesse tes cartes, modifiant les trajectoires, retraçant fiévreusement les portulans du cœur, de l’âme et de l’’esprit…
Bon vent « capitaine » de ce bateau « ivre » appelé Poésie. Bran du 12 03 2012