MICHEL CAPMAL LES SOURCES REPONDENT 2018 PREFACE BRAN DU 04 12 DECEMBRE + AJOUT 07 01 2019
Flux, onde et lumière en Corse photos Bran du
Présentation succinte : 2018 Bran du
Michel Capmal est (non en tant que « définition », mais en « approche » ou « esquisse » seulement du personnage autant singulier que pluriel d'ailleurs) un « hyperboréen » ; un barde, poète, diseur, comédien et écrivain, quelque peu voyant et prophète comme il se doit en tant qu'héritier d'une fonction traditionnelle, qui incarne fidèlement, avec constance, pertinence et talents une fonction devenue rare et précieuse qui consiste à porter un Verbe, confiné sous la cendre de la modernité, à incandescence et à illumination... (Un porteur et apporteur de chaleur et de clarté donc...)
Il nous entretient « poétiquement», philosophiquement, spirituellement, culturellement et socialement ce jour de la notion de « Source » ; sujet et thème qu'il développe selon la pensée qui est la sienne et dont il incarne et met en œuvre « l'Anima »...
Ce ne sont, ici, des leçons qui nous sont données, mais des réflexions proposées à un conjonction de recherches, d'études, d'entendements complémentaires agrandissant et élargissant les questionnements induits et les pistes défrichées...
Ce sont, ces « pistes » hautement méditées, des « orientations possibles » (Orientation et direction ne se révéleront nulle part ailleurs qu'en soi-même. M.C.) dans l'éventail des décisions et des choix qui s'offrent encore à nous et à cet être en nous qui aspire à d'autres champs de perceptions et de compréhensions afin d'accroître la connaissance de lui-même et à travers celle-ci, peut-être aussi, celle « de l'Univers et des Dieux »... (Selon l'invitation Grecque faite en ce sens, il y a quelques milliers d'années!)...
Ce sont, en cette corbeille d'offrandes méditatives, les fruits d'un Arbre de Vie, consacré à mettre et à remettre au(x) monde(s) des graines et des semences qu'il appartient à tous et à chacun (ou non) d'enfouir en son propre humus, en son propre terreau, en ses propres labours et sillons, afin que les dits germes portent à « moisson » ; une moisson toute « personnelle » au demeurant, mais qui aura vocation d'échanges et de partages des « expériences » menées à partir de ces ensemencements premiers...
La source est « communément » comprise comme étant une « eau souterraine se déversant à la surface du sol »...
La dite source peut-être aussi « entendue » comme étant « principe et origine » ; le « lieu, le point, d'où celle-ci rayonne et se propage »...
A ceci s'ajoute l'idée complémentaire qu'une source peut également, en tant que « système ou substance », "fournir de la chaleur, de la lumière et de l'énergie" et ce, en tant que "foyer" dispensateur de...
L'analogie poétique et interpellatrice transposera ces diverses représentations et approches, (les fonctions, les usages qui en résultent et les applications induites) sur le plan de l'humain et ce, à partir du postulat qui serait le suivant :
« la source ; c'est vous-mêmes et plus que vous-mêmes ! M.C. »...
Je vous laisse donc aller puiser de vos deux paumes à cette source de réflexion afin de désaltérer votre pensée et rassasier votre soif légitime de con/naître...
Quelques phrases « clefs » pour amorcer cette lecture :
Que « faire » ?
Habiter poétiquement le monde ?
Revisiter les hauts-lieux (C'est en de tels endroits de haute conscience que se prépare un renversement de perspectives d'une ampleur inédite.)...
Invoquer des Dieux qui ne reviendront jamais ?
Ou bien se raccorder avec les énergies qu'ils ont représentées et dont ils furent les passeurs ?
Retrouver le sens du sacré et de la terre et celui de notre finitude, le chemin des sources tel un flux d'énergies océaniques ?
Approfondir la respiration du corps et de l'esprit ?
Pratiquer un « gai savoir » ?
Transmettre l'intuition poétique par le meilleur usage d'un savoir refoulé revenu palpitant sur les rivages du monde ?...
Se considérer comme un « primitif » qui a vaincu sa peur primitive et qui ne vit que dans l'instant, mais en profondeur ?...
Vivre sa vie comme étant le moment d'une expérience unique ?
Opérer un retour vers l'état primordial au-delà de l'être et du non-être, vers une clarté originelle, vers des invariants et vers l'élémentTerre ! ?...
Passer en revue et dénoncer les causes des multiples dysfonctionnements ?
Ne se préoccuper que du vivant en ses multiples vibrations ?
Entendre l'appel des sources et y répondre ?
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Ce texte a été publié dans la Revue VOCATIF N° 31 :
Michel Capmal
LES SOURCES REPONDENT
Vous les entendez ? Elles sont là-bas. De l’autre côté. Oui, un murmure au loin.
Au cœur de la forêt. Mais comment les atteindre ? Il fait soudain si froid et si sombre.
Un vent mauvais balaye toutes les traces des anciens chemins et voudrait nous contraindre à tourner en rond jusqu’à épuisement. La terre est gâtée.
Le château périlleux n’est plus accessible. Pourtant, et à travers combien de filtres et miroirs déformants, nous l’entendons encore, l’appel des sources. Nous irons ainsi de la dévastation à la reconstruction. Vers la source de vie. Quelque chose d’abyssal où se rejoignent Zénith et Nadir. Là, ici, maintenant.
Il conviendra, pour un tel sujet, de tenir la juste distance afin de ne pas trahir ce qui voudra bien se dévoiler en venant à notre rencontre. Et par conséquent, il sera inutile de se disperser en digressions plus ou moins érudites. Seul le vivant m’intéresse.
Le vivant en ses multiples vibrations, formes et aspects. Je me présenterai ainsi :
un survivant qui a survécu par insatiable curiosité pour l’imperceptible.
Les sources ? Mais où sont-elles ? Que sont-elles devenues ? Perdues, oubliées, empoisonnées, dénaturées, interdites, maudites ? Les sources vives se sont enfuies si profond sous la terre, ou bien ont remonté si loin, si haut en amont vers un Nord métaphysique qu’on pourrait les croire définitivement hors d’atteinte.
Peut-être est-ce peine perdue de vouloir aller au hasard dans l’espoir inavouable de retrouver les sources ?
Il ne s’agit pas de se lamenter sur « un passé à jamais révolu ».
Qu’en savons-nous dans le fond ? On pourra toujours s’équiper d’un pendule ou d’une baguette de sourcier, la bonne direction ne se révélera nulle part ailleurs qu’en soi-même.
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Prononcer ce mot : Source. Nous voici Ailleurs. Au pays de l’analogie balisé de symboles. Et quelques échos parviennent aux oreilles averties par une mémoire ancestrale. La fontaine d’immortalité, le jardin clos, l’Arbre de vie, l’Or du temps,
le Centre du Monde, le lien primordial, le feu secret. La clef qui donne accès au pays du réel. Mais la source guérisseuse et sacrée, comment la retrouver ?
Retour à la materia prima par réajustement progressif vers une réconciliation.
Pour un renouveau et une renaissance. Une réconciliation avec la Terre. Pour réapprendre à parler avec les animaux, les plantes, les arbres, les ruisseaux et les montagnes. Avec la Nature et tous ses éléments en synergie vivante.
Retour ? Retour vers une « clarté originelle » et un mythe fondateur dissipant ainsi le malentendu du « péché originel » ? Retour à Marx, à Lacan, à Héraclite, aux « fondamentaux », aux invariants et à l’élémenTerre ? A la Grande Tradition et aux archétypes ? Y-aurait-il eu une source du langage, une langue première ?
Et l’origine source de l’univers ? L’univers-multivers. Le trop fameux Big-Bang ? !
Mais avant ? Avant le Temps et l’Espace. Qu’était-ce donc ?
Le terme tibétain : Shos dbying désignerait l’état primordial, au-delà de l’être et du non-être. Et cette aveuglante lumière blanche dont nous parlent celles et ceux revenus in-extremis des portes de la Mort ? Passé, présent, futur.
Et si tout cela était une sorte de point d’intersection de toutes les figures d’un inconcevable Mandala ? Un Trou Noir à « l’intérieur » de chacun de nous.
Une sensation et signification premières ?
Primordialité et recherche d’une certitude qui soit aussi vérité intime. Mais à certains moments de lassitude, inévitables, on pourrait se dire que l’écart est devenu infranchissable devant l’ampleur du nihilisme ambiant et de son « principe de réalité » qui nous impose la copie avec l’oublie définitif de l’original.
Dans un tel labyrinthe saturé de signes vidés de leur sens, l’idée même de source a été pervertie. Les uns ricanent derrière les barreaux de leur propre prison mentale,
les autres dissimulent leur couardise sous le masque du moraliste et du censeur.
Chez un bon nombre de contemporains « connectés » et approuvant comme allant de soi l’asservissement des ressources naturelles, le mot source accouplé avec retour,
sous-entend aussitôt : origine ethnique, appartenance nationale, ou enracinement borné, et provoque le réflexe verbal : « Passéiste ! Mystique ! Réac ! ». Ou bien encore, la forme plus policée et sérieuse : « Quelles sont vos sources ? Avez-vous une source de financement ? De source sûre… Prélèvement à la source, etc. »
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Etat des lieux, brièvement et malgré tout. Donc, nous voici en 2018 de l’ère chrétienne, selon la perspective temporelle linéaire prédominante. Celle-ci a eu pour fonction et mission de « surmonter » les anciennes conceptions cycliques du temps, tout en prédisant son achèvement ultime appelé Jugement Dernier. Vieille, vénérable et infernale tradition monothéiste de la fin des temps. Mais cette dimension spatio-temporelle est elle-même un cycle qui, refusant de laisser place à celui qui est déjà là, se survit avec une violente et ténébreuse lenteur.
L’Histoire des humains se perpétue dans le bruit et la fureur et quelques éclairs de génie.
Et proclamer que nous serions au bord du désastre n’aura rien de bien original.
Nous le savons tous et toutes. Mais à quoi bon se flageller chaque matin étant donné « qu’il n’y a rien à faire, que c’est trop tard, que c’est ainsi » ? Alors qu’un titanesque maelström est en train de se mettre en place. Il a déjà amorcé la première accélération de son mouvement qui, s’amplifiant inexorablement, balayera à peu près tout du monde connu. Un monde connu qui a toujours plus de difficultés à se reconnaître si bien que c’est à partir de l’impensé de sa propre béance que pourrait survenir son effondrement.
Passer en revue et dénoncer les causes des multiples dysfonctionnements ?
On est saturés de comptes rendus, de rapports, et d’enquêtes ; même si nombre de témoignages sont respectables par leur courage et leur lucidité.
Du centre à la périphérie de nos très contemporaines métropoles, retentit cette injonction : Ressourcez-vous ! Déclinée en : lâchez-prise ! Soyez Zen ! Décompressez ! Redécouvrez le goût du vrai et la sérénité à crédit. Et ainsi de suite.
C’est l’actuel, fort rentable, et très tendance marché du « bien-être » et du « développement personnel ». Avec psys, gourous, pour les ados, les séniors, les animaux domestiques, et bientôt « les machines intelligentes ». Obsolescence de l’humain, perfectibilité et pérennité des androïdes. Soyons donc réalistes !
Et en marche vers l’horizon virtuel salvateur, nouveau rocher de Sisyphe d’un futur sans avenir.
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On ne va plus à Katmandou, mais on réserve sa place pour un circuit touristique à la Sylicon Valley afin de se prosterner devant les prodiges du transhumanisme.
La mémoire collective est captive d’un emboîtement idéologique. Nous voici comme emprisonnés dans une sorte de présent perpétuel tel un espace mental préfabriqué.
Et voilà la petite bulle individualiste se démultipliant à l’infini grâce au virus du réflexe conditionné. Le tout transgénique et le formatage high-tech pour tous et toutes !
Et sans le moindre sérieux soupçon pour la fantastique infrastructure planétaire rendue nécessaire par et pour tout cela. Tout cela étant le nouveau totalitarisme qui a tout intérêt à continuer à braquer les projecteurs sur ses formes passées : nazisme et stalinisme.
Quant à « L’objet livre » ? Obsolète ! Au musée ! Et à la poubelle. Tout ce que la technoscience rend possible ne rencontre ni obstacle ni interdit éthique ou métaphysique. Démesure de la guerre contre l’humain et contre le vivant par désertification et falsification.
Le Tibet est sous contrôle, son territoire, son peuple et ses splendeurs livrés au tourisme de masse chinois et international.
Le Pôle Nord disparaît laissant bientôt place à une très prometteuse navigation circumpolaire. Fleuves, rivières et océans sont pillés et pollués. Les forêts primaires détruites et les autres domestiquées pour l’industrie. La nucléarisation et l’empire du béton, du câblage et des objets connectés progressent à peu près au même rythme hallucinatoire que celui du divertissement de masse.
Chaque jour des millions de personnes vont et viennent pour, le plus souvent,
un pseudo-travail et un salaire de misère. Offrande de l’énergie vitale des multitudes au Moloch de l’économie marchande et de la finance.
D’autres, toujours plus nombreux, errent et meurent dans les rues.
Tout le monde sait tout cela. Ce serait inutile litanie d’en dire plus ici. Juste encore cette remarque. Afin que cette énergie considérable cesse enfin d’être engloutie par
le productivisme, il est grand temps de réactiver et affiner un certain dispositif théorico-pratique. Tout en priant les dieux que celui-ci n’aboutisse pas, une fois de plus, à l’impasse redoutable de l’idéologie révolutionnaire.
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Autrement dit et en quelque sorte, construire un paradigme porteur d’une véritable et efficiente complexité. Un Gai Savoir comme mouvement créateur et nouvel enracinement du cœur de la Terre aux forces gravitationnelles des étoiles.
« Habiter poétiquement le Monde ! » Nous dit encore Hölderlin du haut de sa tour d’exil sur le Neckar. Habiter poétiquement le Monde ? Mais oui, absolument d’accord. Mais ni celui-là, ni un autre encore plus artificiel et qui se prétendrait le meilleur de tous !
Cependant, sur la Terre, les Hauts Lieux existent encore. Vous ne les trouverez sur aucun dépliant touristique mais dans un espace-temps quelque peu décalé avec les calendriers et les horloges officielles. C’est en de tels endroits de haute conscience que se prépare un renversement de perspectives d’une ampleur inédite.
Pour nous, c’est d’abord le dépoussiérage, le décrassage, le désencombrement,
la désaliénation. (Oui, ces mots sont encore légitimement utilisables). Le seuil, le lieu, le centre, la source. A la faveur d’épreuves et coups durs, on fait appel à ses propres réserves de résistance, en évitant de courir, si on a suffisamment d’estime de soi, chez un psy, le pharmacien ou bien encore de se réfugier dans une secte quelle qu’elle soit. Alors les forces vraies, dites intérieures, répondent. Elles sont en attente et prête à survenir si nous voulons vraiment passer outre la bêtise universelle qui est le principal auxiliaire d’un système nous réduisant à l’abstraction d’un numéro de code bancaire et de sécurité sociale, ou d’un « pseudo » pour réseaux sociaux. Avoir la force de dire Non ! Et de chercher la bonne direction. Un écho lointain et familier répondra.
Nous ne sommes pas seuls. Nous voici en relation avec la source de guérison. Approfondir la respiration du corps et de l’esprit. Il s’agit de quelque chose qu’aucun marchand ou bonimenteur ne pourra vous vendre. Et vivre sa vie comme moment d’une expérience unique.
Invoquer les anciens dieux qui ne reviendront jamais ? Ou bien se réaccorder avec les énergies qu’ils ont représentées et dont ils furent les passeurs dans le contexte humain de l’ancienne Grèce, de la Celtie, et du nord de l’Europe, et de partout ailleurs.
C’est retrouver le sens du sacré en même temps que le sens de la Terre, et celui de notre finitude. Le chemin des sources tel un flux d’énergie océanique.
Un chemin qui parfois peut nous apparaître comme le fil du rasoir mais qui est celui de la forêt profonde où nous devons séjourner dans une solitude peuplée.
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En cette époque présente dont la nouveauté réside dans une transition incommensurable (et qui ne se limite donc pas à un programme gouvernemental)
une bifurcation majeure s’impose à tous les terriens. Accepter le maelström dévastateur dans la soumission hystérique et le désemparement collectif, telle une fatalité nullement écrite, ou bien accéder au niveau de conscience qui permettra d’accueillir
un nouveau cycle cosmique ?
Germination et ardente simplicité.
Le Tao, le Christ cosmique, la Structure absolu, le Point suprême ?
C’est Cela.
Là. La source.
C’est vous.
Vous-mêmes.
Le plus que « vous-mêmes »…
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Je viens d’écrire ces dernières lignes sous la véranda d’une brasserie parisienne.
Un « lieu flagrant et nul » pour évoquer un vrai grand poète du siècle dernier.
Un lieu surchargé d’électricité, de bavardages et de stress.
Et pourtant tout est là, en cet instant même. Regarder autour de soi. On se réaccorde. On accueille la présence et le silence à travers le vacarme. La bonne décision est prise. Le mot source prononcé pour l’oreille intérieure, on redevient un « primitif ».
Un primitif qui a vaincu la peur dite primitive, mais plus que jamais actuelle.
Un primitif qui ne vit que dans l’instant mais en profondeur. Celui qui connaît toutes les résonances de l’Analogie. Et qui peut transmettre l’intuition poétique pour le meilleur usage d’un savoir refoulé revenu palpitant sur les rivages de monde.
Un savoir qui remonte du puits de l’ermite qui a su préserver les sagesses de tous les continents et de toutes les époques. Peut-être est-il un des visages de mon « guide intérieur » ?
Il me dit, en un souffle, une de ces choses que l’on sait depuis toujours mais qu’en demi civilisé on préfère ignorer : que le chemin des sources est une longue initiation.
Pour cela, on prendra tout son temps car il y faudra toute une vie, et même plus.
Alors, partir. Aller vers et se relier avec. En compagnie de quelques clochards célestes. Des messagers qu’on ne manquera pas de rencontrer.
On se ressouvient. On retourne chez soi. Et l’on reconstruira et réinventera.
En faisant un pas de côté. C’est un espace ramifié.
C’est par là, plus loin, entre chaque respiration et battement de cœur.
Dans les replis de l’âme insurgée qui, chemin faisant, retrouve le sens de son incarnation.
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Les sources ont répondu. Leur appel était déjà une réponse. Une réponse à notre désir éperdu de vivre.
Un désir qui est recherche de sens. Dans le sentier réunificateur où l’on peut enfin marcher à nouveau à son rythme. En ignorant la démesure destructrice, et sans presser le pas, mais en repartant de ce qui est là, de l’élémentaire, et oubliant toutes les peurs. Faire halte à l’ombre de ces arbres près de la source qui nous attendait. La source noire, la source blanche, la source ardente et secrète. Le secret, comme on l’a toujours dit, c’est qu’il n’y a pas de secret, mais une ardeur ignorée.
Il importe de se tenir prêt, en étant présent au point d’intersection entre nous-mêmes et l’univers-multivers, de l'immanence et de la transcendance.
De se tenir à l’écoute du murmure de la source. Tout a été détruit.
Le cataclysme est derrière nous. Les catastrophes à venir - imminentes ? – ne seront que le ressac de cet effondrement lointain mais toujours agissant dans notre présent commun.
Messager ou clochard céleste, dissident et porteur de feu, cet homme-là est toujours sur le départ. Il s’en va.
Il est en route, vers son propre nord. Il est comme aimanté vers une source d’énergie vitale. Il doit marcher encore longtemps. Il le sait. Pour oublier, s’alléger, se libérer de la pesanteur. Il traversera le pays dans son entier par villes, villages routes et chemins.
Il oubliera son nom, son âge, son passé. Et puis, un jour, à l’improviste, il surgira parmi nous. Ce sera une de ses étapes.
Il entrera dans cette librairie et viendra, silencieusement, s’asseoir ici, près de nous. Là, à cet endroit, voici sa place.
Il nous écoute, celui qui a retrouvé le Chemin des Sources.
Maintenant, pour l’accueillir, accueillons le silence.