MORRIGAN / MURGEN ETUDE 2023 BRAN DU 21 10 OCTOBRE
Photos Bran Du
MORRIGAN / MORGEN
Etude Bran Du Octobre 2023
Sources Philippe JOUET (Dictionnaire de la Religion et de la Mythologie Celtique Embanner éditeur.)
La « Morrigan »
Il lui est donné divers « qualificatifs » ou « dénominations » :
« Grande Reine » ou « Corneille du combat » ou « oiseau noir doté de parole » ou encore « Femme du Sid », « Reine des fantômes nocturnes » ou « Faux Démons « …
Elle est indirectement une « Déesse guerrière » (elle ne participe pas aux combats mais incite les guerriers à se battre.)...
C'est une déesse irlandaise ayant deux sœurs (Bodb ou Anand soit Ana et Macha, dépositaires des mêmes fonctions.)
Elle est liée au destin des héros (ex : Cùchulainn) et des dieux (ex : le Dagda)...
Douée de « savoirs », elle exerce un art divinatoire et annonce par prédictions des événements conséquents à venir et donne à connaître le destin de certains...
Sous la forme de l'Aurore, elle à rendez-vous avec le Dagda (Dagodevos) le jour de la Samain, en veille de la victoire décisive des Tuatha Dé Danann sur les Fomoire...
Il ressort qu'elle est une intermédiaire entre les « mondes », entre le jour et la nuit mais aussi entre les dieux et les « démons »...
Les récits qui la concerne montrent deux faces : une face complaisante et guérisseuse, portant aide et assistance à la personne qui lui complaît et une face assez terrifiante, furieuse et violente dans le cas inverse...
C'est un personnage doté d'une très forte ambiguïté...
C'est particulièrement le cas lors de ses aventures avec Cùchulainn qui repousse ses « avances » ; ( les avances de la « Femme Rouge »)...
Contrariée dans ses desseins amoureux, elle se transformera pour porter atteinte au héros en anguille, en louve, en vache blanche aux oreilles rouges... (Le rouge indique sa provenance de l'Autre-Monde.) lequel héros répliquera avec de semblables menaces.
Le paradoxe voulant que les protagonistes mettant en œuvre leurs menaces seront amenés à soigner et guérir les blessures occasionnées par eux à leur adversaire !...
Elle est une image parfois très redoutable de l'Aurore conçue originellement dans le Monde Indo—européen...
Voir le « développé" de tout cela dans la note qui suit cette présentation sommaire...
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Morgen (Née de la Mer) / Morigena
Déesse ou reine des fées liée avec ses 8 sœurs au Roi Arhur Arturus) sur lequel elles veillent en son sommeil sur l'Île aux pommes.
Elle est en lien avec le monde diurne de l'Autre-Monde...
Elle soigne par sa connaissance des plantes et de l'art de guérison...
Elle peut voler dans les airs car dotée de plumes...
Elle peut aussi avoir divers visages et aspects...
Elle accompagne les « fins dernières » (fin de règne par exemple.)
Notes :
C'est là un collège de 9 Femmes (9 est un signe de plénitude et d'accomplissement, de totalité réunie) ; Femmes à priori consacrées comme l'étaient les Sénes sur l'île de Sena (L'Île de Sein)...
Femmes dont la fonction essentielle est de veiller sur le divin et le sacré et sur le « Feu perpétuellement entretenu de la Mémoire »... (Une Mémoire en attente de « réveil »...)
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MORGEN ET MORRIGAN
Source Philippe JOUET Dictionnaire de la religion et de la mythologie celtique Anbanner Editeur
MORGEN : Née de la Mer (Morigena) :
La première parmi ses sœurs :
Moronoe, Mazoe, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronoe, Thiten et Thiton...
Elle règne sur l'Insula Pomorum de la Vira Merlini...
Elle connaît les plantes et l'art de guérir...
Elle sait changer de visage...comme la mer dont elle tire son nom...
Elle sait voler dans les airs à l'aide de plumes....
Elle soigne Arthur (Arturus) confié à ses soins par Taliésin et ses compagnons après la bataille de Cam(b)lan...
Elle est dite «Reine des Fées ou « Déesse »
Elle est associée à la partie claire de l'Autre-Monde, elle est proche d'une aurore marine dont la fonction guérisseuse s'explique par l'eschatologie arthurienne (Fin du règne d'Arthur)...
MORRIGAN :
Déesse irlandaise
associée à ses sœurs plus particulièrement Bodb et Macha dont elle partage les fonctions...
On considère Bodb comme un aspect de la Morrigan quand elle intervient dans l'eschatologie sous forme de corneille.
Morrigan est donnée comme fille d'Ernmas, sœur de Macha et d'Anand (Ana)...
On en rapproche Ceithleann... l'épouse de Balor un texte mentionne les trois sorcières, à savoir : Badb, Macha et Morrigan (Be Chuille et Danann, leurs mères nourricières.)
L'interprétation du nom Mor- ou Morrigan, fait difficultés
Les anciens le comprenaient comme « Grande Reine » d'autres avis parlent de « reine des fantômes nocturnes »...
CH J Guyonvarc'h estime que Morrigan équivaut à « in rigan mhor » (La Grande Reine)...
Le glossaire de Cormac indique Gudemain.i.ùatha 7 morrigane... « Spectres » c'est-à-dire apparitions et morignae une glose indique Gudomain.i.fennoga no bansigaidhe (Faux-démons, corneilles ou femmes du sid.)
Le glossaire d'O'Mulconry mentionne trois Morrigna « Machae, c'est-à-dire Badb, ou c'est elle la troisième Morrigan, unde les glands de Macha, « les têtes des hommes après le massacre. »...
Dans les textes mythologiques et épiques Morrigan apparaît étroitement associée au destin des dieux et des héros. Ses démêlés avec le Dagda et Cùchulainn permettent de préciser ses fonctions...
Une Déesse entre les puissances...
A Glenn Etin lors de la fête de Samain, à la veille de la bataille décisive contre les Fomoire, le Dagda à « rendez-vous de Femme », bandàl avec la Morrigan près de la rivière Unius en un lieu qui sera nommé « le Lit du Couple »...
C'est l'hiérogamie par laquelle l'Aurore rejoint le Dieu issu de l'ancien Ciel-diurne indo-européen, Représentant les puissances diurnes (C'est un « jour de l'an » celtique.
Cette alliance est une trace du statut instable de la déesse, intermédiaire entre les dieux et les démons, entre le jour et la nuit.
La Rivale et l'auxiliaire du héros :
Les récits épiques font ressortir l’ambiguïté de la déesse.
Incitatrice à l'action, elle est une furie guerrière, mère de Mèche, le monstre aux trois cœurs dont le type indo-européen incarne l'un des adversaires du héros...
Le Tàin Bo Cùalnge et les récits connexes témoignent des rapports paradoxaux de la déesse avec Cùchulainn.
On lit dans TB Regamna que le héros d'Ulster fut réveillé dans son sommeil par un cri affreux venu du Nord. A Ath Dà Fherta, il vit un char attelé d'un cheval rouge à une seule patte. Le timon du char passait à travers le cheval, si bien qu'un morceau de bois lui sortait par la base du front. « une femme rouge (bean derg) aux deux sourcils rouges était dans le char, et son manteau et son vêtement étaient rouges. Son manteau traînait entre les deux roues du char... Il y avait un grand homme à côté du char. »
Il portait une fourche de coudrier avec laquelle il poussait une vache devant lui et avait lui aussi un manteau rouge...
La femme (la Morrigan) est une « satiriste » et chante un poème. Puis tout disparaît et il ne reste que la femme changée en oiseau sur une branche (la Bodb).
Elle déclare qu'elle protégera Cùchulainn et qu'il restera en vie aussi longtemps que le veau de sa vache.
Elle prédit le Tàin Bo Cùalnge et Cùchumainn s'en réjouit. Mais la satiriste annonce qu'elle l'attaquera sous forme d'anguille pour le désavantager dans le combat. Le héros répond qu'il la brisera...
Elle sera louve grise, lui crèvera un œil sans lui accorder de guérison, l'attaquera dans le gué sous la forme d'une vache blanche aux oreilles rouges accompagnées de cent génisses. Le héros réplique sur le même ton et la Bodb s'en va...
Dans une autre version, l'entrevue s'engage mieux : une belle jeune femme ; fille du roi Buan, déclare à Cùchulainn qu'elle l'aime à cause de sa réputation et qu'elle lui apporte ses trésors et ses troupeaux (don identique à celui de la fée du Sid à Nera dans les Echtra Nerai).
Mais le héros la repousse car le moment n'est pas favorable, même lorsqu'elle lui promet son assistance dans le combat. Alors elle le menace : elle le fera tomber, sera anguille et louve, lancera le bétail dans le gué contre lui.
Cùchulainn rétorque qu'il lui crèvera l'oeil d'une pierre de fronde, lui cassera la jambe, et qu'elle ne guérira pas sans une parole de bénédiction (venue de lui).
Plus loin le héros guérit la Morrigan, qui a pris l'apparence d'une vieille femme, des blessures qu'il lui a infligées.
La coopération n'exclut pas les tentatives réciproques de domination.
Dans une version les génisses de la Morrigan sont liées par couple avec des chaînes (il en est ainsi pour les cygnes du Sid. NDR)...
Cùchulainn lui crève un œil. Elle se fait anguille noire ; puis louve grise et rouge, (Aurore et crépuscule NDR) , et distrait suffisament Cùchulainn pour que Loch le blesse à la poitrine.
Le héros est encore blessé une deuxième fois. Le héros qui ne blessait personne qui en soit revenu sans qu'il dût prendre part lui-même à la guérison » rencontre la déesse sous la forme d'une vieille femme occupée à traire une vache à trois pis. Le héros boit trois traites de lait et par trois bénédictions guérit les blessures de la Morrigan...
Le motif de l’œil guérit vient de l'imagerie annuelle.
C'est la Morrigan aussi qui a disloqué le char du héros pour le protéger la nuit précédant ses derniers combats, ce qui rappelle avec un effet inverse l'épisode d'Indra brisant le char de la mauvaise Aurore pour permettre la venue du jour et le triomphe du bon ordre...
A la mort du héros ce sont les trois Bodb, assimilées pour la circonstance à des filles de Calatin, qui viennent comme des « sorcières haïssables » se poser près de lui : après la gloire, la mort constitue l'autre face de sa destinée.
Les rapports du héros avec la déesse qui surveille les activités guerrières sont polémiques et sans concessions ; le héros force son destin...
Si agressive soit-elle, la Morrigan ne se bat pas, ses attaques sont des prises magiques et figurativement animales, aussi n'est-elle qu'indirectement une « déesse guerrière », malgré la faveur dont jouit cette désignation...
L'instance de la prédiction :
On a reconnu dans ce qui précède une fonction de détentrice des savoirs qui donne lieu à prédiction. Elles sont aussi celles de la Bodb , sa forme animale de corneille (Dans le TBC Morrigan annonce le « malheur des Ulates ». De même elle apparaît au Brun de Cualnge sous la forme d'une corneille et avertit le taureau des intentions des Irlandais ; « Après la mort des gens, ra propre mort ! » lui annonce-t-elle.
Dans l'eschatologie. (Fin d'un règne, fin d'un roi NDR)
Comme Bodb et Macha, Morrigan provoque les troubles atmosphériques (pluies de feu et de sang, images du ciel crépusculaire rouge) qui inaugurent.
La nuit qui précède la bataille finale de la Ràin, la Morrigu vient exiter les deux camps au combat et prédit le succès des Ulates.
Dans cette fonction, la Morrigan est douée d'une grande instabilité formelle. Elle combat Cùchulainn comme une « cruelle louve grise », une anguille, une génisse blance aux oreilles rouges qui agissent aux limites de l'humanité (et de la divinité).
Il semble que la Bodb, la corneille ou « l'oiseau noir » doué de parole, est la forme privilégiée de la Morrigan en tant qu'annonciatrice des destins...
Un long poème consacré au Brug na Boinne évoque une vengeance des tribus « là où fut frappé la grande Morrigan » mais ne livre pas de détail sur cette action violente.
Son aspect :
La Morrigan est à la fois belle et terrifiante, c'est une jeune femme, avec un vêtement de toutes les couleurs et une très grande beauté.
Mais, dans un poème de la Bataille de Mag Ràth, elle est « une vieille femme mince, rapide et agile (…) la Morrigu aux cheveux gris. »
ET dans le MDS « l'horrible Morrigan, sortie de la caverne de Ceuachu ». Elle est « la fille aux multiples aspects »...
Ce paradoxe se comprend : Morrigan est bienveillante à ceux qui peuvent se la concilier, malveillante aux autres, ce qui recoupe l'antithèse vie / mort.
Le souvenir d'une aurore démoniaque, dont témoignent les Védas et le folklore baltique, survit dans la divinité celtique.
L'apparence uniformément rouge de la déesse en char la rapproche du visage védique d'Usas « qui voyage avec son attelage rouge ». Son association aux troupeaux rappelle qu'Usas est aussi « mère des vaches ».
Morigan et l'aurore indo-européenne :
Ces fonction d'annonciatrice, mais non de fixatrice, du destin, son antagonisme avec le héros et ses rapports ombrageux avec le Dagda, ancien Ciel-diurne, son association avec le crépuscule et l’eschatologie, la couleur rouge qui la caractérise, permettent de reconnaître en Morrigan « un type particulièrement archaïque d'Aurore Indo-européenne. » (J Haudry)
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Note Bran Du :
La Morrigan est une figure d’ambiguïté et d'alternance entre ombre et lumière ; ceci, car elle appartient de par sa lignée aux filiations diurnes et nocturnes tout en s'apparentant aux déesses de l'Aurore lesquelles sont le passage obligé et la transition entre le jour et la nuit, la nuit et le jour et donc entre la vie et le mort, la mort et la vie...
Ainsi elle est lisière et frontière entre les Mondes, entre le monde faste et le monde néfaste, entre le nôtre et « l'Autre », entre les forces et puissances constructives et les forces et puissances destructrices qu'elle peut soit transcender soit exciter...
C'est la dualité d'un féminin qui a capacité de concilier les contraires mais aussi de les dresser l'un contre l'autre...
Le fait que l'amour de la Morrigan et sa corbeille de dons soient rejetés par l'élu de son cœur, lequel la repousse assez vertement, est susceptible d'expliquer son comportement belliqueux, son courroux, vis-à-vis des hommes et les traits de vengeance lancés à leur encontre...
Les rapports très tumultueux entre la Morrigan et Cùchulainn témoignent et incarnent à leurs façons, à leurs niveaux et à leur échelle une sorte de bataille de Mag Tured où Fomoire et Tuatha De Danann s'affrontent pour imposer à l'autre leur emprise et domination...
Cela ressemble aussi à « je t'aime moi non plus ! » car la Morrigan apporte dans un premier temps au héros son amour et ses protections qui repoussés font que le rapport tourne en pugilat où la déesse est gravement blessée mais aussi guérit par la suite par son assaillant !
Le rapport, la relation entre le héros et la Morrigan à peut être également une dimension « initiatique » car il éprouve celui-ci l'obligeant à faire un choix dans un cadre confusionnel et polémique...
On ne saurait devenir en quelque sorte un héros et gagner ainsi une forme d'immortalité sans passer par des phases initiatiques qui impliquent de mourir à certaines choses pour renaître en d'autres ?
C'est donc une navigation qui tangue entre la mort et la vie et qui ne saurait avoir pour passeur que les deux rames de l'équilibre et de l'harmonie et pour pavillon celui du discernement !....
C'est un Féminin qui apparaît bien instable, bien fluctuant, bien oscillant ou souvent « déesse varie »...
L'Aurore doit sa genèse et son berceau à la nuit tout en étant redevable de la naissance du jour issu des ténèbres......
Sans la nuit et sans le jour il n'est plus de fonctions à l'Aurore tributaire du monde diurne et nocturne...
Cette position « médiane de l'aurore et du crépuscule » n'est pas sans difficulté de choix et de gérance...
« L'enfant » naît de la sombre caverne de l'utérus mais c'est le jour qui l'habille de son manteau solaire...
L'Oiseau noir (un corbeau, une corneille voir un cormoran) est très présent dans les récits celtiques peut-être parce qu'il permet, par fort contraste, de mieux percevoir ce qu'est la Lumière et ses rayonnants, irradiants et brillants éclats ?
On peut se demander si ce n'est pas parce qu'un héros, un roi ou tout simplement un homme à profondément blessé ce Féminin que celui-ci exerce alors une vengeance en réparation de cette blessure ?...
Le sentiment de « rejet » est sans doute l'un des plus percutants au niveau des ressentis humains... Être repoussé par cela même vers qui on tend est sans doute la chose la plus difficile à gérer surtout quand il n'y a aucune explication donnée à cette fin de non recevoir...
Le « Féminin blessé » plus que le masculin soumis à un même sort me semble-t-il, est de nature à réagir d'une façon plutôt violente ; c'est une forte réactivité qui anime alors la personne objet de ce rejet...
Il semble bien que le mythe est incorporé une telle réaction à travers le rapport conflictuel instauré entre la morrigan, les dieux, le héros, le roi etc...
Et cela demeure encore d'actualité de nos jours et sans doute pour longtemps encore en absence de recherche sincère et efficace de toute conciliation/réconciliation...
La relation établie aujourd'hui entre Femme et Homme est toujours pleinement concernée par un antagonisme rédhibitoire consécutif à l'absence au sein des liens mis en œuvre d'un équilibre et d'une harmonie...
Plus que jamais la transcendance s'impose !
Le noir, le blanc et le rouge sont les couleurs prédominantes du monde Indo-européen issues de la nuit, du jour et de l'aurore/crépuscule qui sont les points médians des circulations Terre/Ciel et Ciel/Terre placés entre les régions diurnes et nocturnes du monde, voir entre ce monde et l'Autre-Monde.... mais aussi entre les dieux et les démons...
Bien fraternellement Bran Du
