NAITRE ET RENAITRE EN PAIX EN BROCELIANDE REFLEXION 2022 BRAN DU 16 10 OCTOBRE
En Brocéliande Photos Bran Du
Naître et renaître en paix en Brocéliande
N'être que ce que l'on est (naît) mais pleinement cela...
Réflexion Bran Du Octobre 2022
Pourquoi cette partie du domaine armoricain draine-t-elle chaque année environ un million de « visiteurs » ?.
En une seule semaine, entre le 15 juillet et le 15 août, on pourra voir défiler dans le bourg de Tréhorenteuc ou de Paimpont toute la France, toute l'Europe et au-delà !...
En 1981, ces deux villages vivaient on ne peut plus paisiblement et sans fréquentation touristique. Il était difficile de se frayer un chemin vers des sites « perdus » dans la nature et l'on se perdait soi-même à les trouver !
Il fallait un « guide » pour « monter à Barenton » qui avait lors l'aspect d'un petit marécage ou bien encore et de façon initiatique remonter pieds nus le cours du ruisseau en provenance de la fontaine... (Afin de « remonter à la « Source » des mythes et des légendes.)
Le déclenchement des premières vagues « touristiques » est le fait d'un événement médiatique soit d'une émission télévisée de grande audience animée par Roger Gicquel, consacrée à Brocéliande et en compagnie de divers « acteurs culturels » (historiens, conteurs, spécialistes artistes etc)...
Cet engouement ne s'est plus arrêté depuis et s'est considérablement amplifié...
Comment expliquez un tel phénomène ?
Les mouvements dits de « mode » n'expliquent pas tout...
Il faut des raisons bien plus profondes pour susciter soudain un intérêt grandissant et exponentiel pour un lieu, un territoire circonscrit, tombé dans l'oubli depuis longtemps....
Quelles peuvent être ces raisons ?
A quels besoins importants peut répondre ce royaume légendaire et son lointain passé mythologique, mythique ?
Un besoin prégnant sans aucun doute, dans un monde assez désenchanté de « réenchantement », d'émerveillement et qui d'autres que des fées et un enchanteur par excellence (Merlin) pour satisfaire pleinement ce besoin ?
Face aux besoins générés, instrumentalisés, par l'illusion, le factice et l'artificialité de nos sociétés modernes, face à l'absence et à la carence « d'imaginaire », nos contemporains se tournent en partie vers une recherche d'authenticité, de « vérité » animée par une conscience éveillée ou réveillée en quête d'équilibre, d'harmonie, de cohérence, de pensée et d'acte « symbiotiques », par une démarche tournée vers le « vrai », le « beau » et le « bon »...
Et la « Nature » se présente alors comme le berceau et la matrice de reconnexion avec la notion redécouverte et réinvestie « d'essentialité. »...
Elle devient ou redevient le lieu privilégié d'enseignement majeurs sur le sens de l'existence, sur le sens même de la Vie...
C'est aussi, en ces hauts lieux de « mémoire », un reconnexion avec le sens du sanctuaire, du sacré, trop longtemps absent de nos fréquentations humaines, spirituelles, philosophiques et traditionnelles...
L'absence « d'essentialité » se fait tellement ressentir qu'on aspire à un recouvrement de notre être par une présence chérie et retrouvée qui a fait jusque là cruellement défaut...
La forêt « légendaire » de Brocéliande à fait l'objet d'une « mystification » par des érudits qui ont arbitrairement attribué à diverses localisations « (dotées très souvent d'un patrimoine « mégalithique ») le patronage des personnages les plus célèbres, les plus emblématiques du Mythe Arthurien (élément conséquent de la Matière dite de Bretagne.)
Cette transposition du mythe ne repose pas sur une historicité attestée mais sur une transposition volontaire et fallacieuse...
Mais qu'importe « on veut croire en Brocéliande» !... qui est et demeure en notre monde contemporain quelque peu asséché la source par excellence de l'enchantement et de l'émerveillement !....
Domaine, royaume, qui ne manque pas par ailleurs de « mystères » et qui détient un riche passé hérité du Néolithique et d'une présence celtique ainsi que d'une historicité bretonne et souveraine certifiée... (Avec le Roi Judikaël par exemple)....
Gaston Bachelard le « poète philosophe » ou encore Marie Madeleine Davy ou bien Sylvain Tesson ou encore Jacques Lacarrière et de même Jean Pierre Otte nous ont fait rappel avec bien d'autres chercheurs, penseurs, romanciers et poètes de l'importance du rapport, de la relation primordiale, fondamentale, élémentaire, originelle aux « lieux »....
L'idée développée est que avons en nous un « paysage intérieur » singulier, spécifique à chacun ou à chacune, lequel un jour entre en contact, en correspondance, en affinité avec un paysage extérieur, une contrée qui lui ressemble comme une « âme-sœur »...
Lors se concélèbrent des noces de mises en convergence et d'entendements secrets, intimes, complices, tacites et majeurs...
Il s'agit bien en effet dans les engouements touristiques constatés d'une « reconnexion » plus ou moins consciente d'ailleurs avec un milieu forestier dépositaire d'un humus dont étymologiquement l'homme est dérivé !!!
Il y aurait donc dans cet élan vers la sylve forestière de Brocéliande ou d'autres univers de semblable nature une quête d'essentialité, une démarche sensitive, émotionnelle voir charnelle vers la source et les racines de notre « humanité » !....
Une quête non « passéiste » ou « nostalgique » mais la recherche sincère, exigeante, authentique si possible dans le passé d'éventuels tremplins ou promontoires pour mieux et différemment appréhender et visualiser le devenir individuel et communautaire...
Le retour à « l'Etat d'origine » étant aussi une façon heureuse, efficace et pertinente de se débarrasser de tout un ensemble de conditionnements et de « formatages » accumulés qui n'ont cessé de s'interposer négativement et volontairement au cours des siècle d'idéologies dominantes et castratrices entre nous et cette Nature particulièrement apte à nous révéler la nôtre, la « vraie » !...
Tous les visiteurs du « sanctuaire » de Brocéliande ne sont pas animés d'une telle pensée et démarche, loin de là, la majorité d'entre eux viennent en forêt de Paimpont comme ils vont à Carnac ou au Mont-St Michel, ils sont de passage dans l'itinéraire des vacances et font leurs « cartes postales » photographiques de souvenirs conventionnels...
Mais d'autres s'acheminent en Argoat (le Pays des Bois en breton) et parfois de fort loin vers un rendez-vous pour eux espéré, attendu, fiévreusement souhaité afin de vivre et d'animer un « espace/temps » bien différent de l'ordinaire...
Ce n'est pas nous qui pénétrons dans une forêt mais la forêt qui nous pénètre ou pas selon la nature de notre porosité sensible , sensuelle, consciente et intelligente... Et ceci fait la différence dans le rapport et la relation recherchée et instaurée...
Quand la forêt, (l'essence, l'effluve forestière) me « pénètre », je nais et renais en paix avec moi-même, l'autre, les autres, toute la Nature, toute la Création et tout l'Univers visible ou non !....
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