Panier d'Eté Bran du août 2012
PANIER D’ÉTÉ Bran du Août 2012
A la recherche du Nord Profond… (Source : Les Iles du Nord du Monde éd Siloé Marc Nagels)
« Le moteur de toute exploration est assurément dans un halo de légendes et de récits, l’imaginaire inspiré par le blanc des cartes, le vide qui aspire… » Jean Malaurie (Ultima Thulé)
« La mer a cette faculté d’aspirer la vie et les songes ! L’idée de Dieu ne se rapporte-t-elle pas à une sphère dont le centre est partout et la périphérie nulle part ? »
« Comme si pour atteindre le Nord, il était indispensable de sacrifier aux rêves et aux mythes… »
« …/… Peut être les âmes partent-elles
Vers le Nord, lors du dernier voyage,
Pour se fondre à cette blancheur
Qui semble avoir instauré un règne
Sans limite de temps et d’espace.
Peut être vont-elles se mêler
A la grande source et rejoindre,
Comme une matière initiale
Et indéterminée, les forges neigeuses
Avant d’être reformulées,
Libérées à une nouvelle vie
Avant d’être livrées
A une nouvelle errance.
Ainsi le Nord est-il le lieu où se noue
La redite des temps, celle des âmes
Et des choses. Ici est le monde blanc,
Toujours à réinventer, à peupler
D’êtres soustraits au néant
Et au désenchantement,
A combler d’images aussi fugaces
Et indéfectibles que l’envol
D’une oie ou d’un cygne
Dans le contre-jour
Des contes et des songes. » Marc Nagels Les Iles du Nord du Monde (Extraits)
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Commentaire Bran du… Je vous laisse apprécier, savourer et méditer ce très beau texte… Celui-ci nous renvoie à l’origine de la Tradition dite primordiale (voir René Guenon) et aux origines mêmes de notre pensée philosophique, géo-poétique et spirituelle…
Pour nos frères et sœurs qui se préparent à leur initiation c’est un rendez-vous en « blanc » qui leur est donné en ce « Nord Profond » …. C’est là où se tiennent les frayères du Verbe pour le Saumon en quête de Co-naissance…. C’est le lieu par excellence des initiations (soit des recommencements de cycles)…. C’est de là que part la Sente de Lumière et c’est là encore qu’elle revient après une ronde de sang, de sève et de songe… Aussi notre Tradition nous enseigne la « Porte du Nord » et nous convoque en cette Assemblée du Nord afin de méditer, de déposer les anciennes écailles, les anciennes écorces et ramures…. Nous serons alors en terre de recouvrance, dans les forges de l’essentialité existentielle propice à nos transformations et évolutions… Quatre Sages nous attendent avec leur Force, leur Energie et leur Lumière spécifique et complémentaire… Quatre Ile, quatre vertus et quatre talismans pour la servir Elle ; la Dame, la Déesse, la Matrice, la Grande Druidesse…. Celle qui posera le diadème de glace et de feu sur notre tête souveraine et couronnée si nous savons être digne et fidèle envers notre Serment d’Initié…
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La Branche de Pommier (Nouvelle géo-poétique) Bran du 21 08 2012
« Voici une branche du pommier d’Emain que je t’apporte… Une branche du pommier d’Emain, semblable aux autres. Des rameaux d’argent blanc sont sur elle, des sourcils de cristal avec des fleurs… » la Navigation de Bran (In les Iles du Nord du Monde)
Tu me disais l’Ile
Le coupant de ses glaces
La nudité de ses roches
La permanence de ses nuits
L’obstination de ses vents et de sa verte lumière…
Tu me disais l’Ile, au-delà de mes peurs, au-delà de mes doutes et comment il me faudrait marcher, avancer, sur le glissé de ta banquise…
…/…
Lors, j’effleure ta surface, m’écorche à tes arrêtes, glisse sur le relief neigeux de tes seins…
Ton île, j’en ai fais le tour et le tour pendant des jours et des jours, un rempart d’interdits se dressant devant moi montrant griffes et becs, me saoulant de cris stridents et coléreux…
J’ai tenu bon, j’ai progressé sous les huées, fouetté au visage par des ailes hostiles… J’ai cherché l’échancrure, l’interstice que tu me disais avoir aménagé pour moi quand j’aurai été vainqueur de mes oiseaux de proie, de mes serres d’incertitudes…
J’ai arpenté, d’un pas fiévreux et obstinés, portant sang dans la tête et rêve dans le cœur, ta robe de pierres acérées, de crevasses vertigineuses, de falaises abruptes… J’ai fendu l’air glacé de ma proue volontaire et je suis arrivé en tes plaines herbeuses et rases, j’ai traversé l’étendue de lichens et de parmélies, enjambé la rondeur des blocs polis par le printemps et j’ai enfin trouvée la faille verte et bleue par laquelle ta voix me guidait parmi les couloirs nacrés du silence…
…/…
Cette voix venait en fait de mes propres entrailles, sourdait de mes profondeurs, sinuait en mes veines pour ruisseler sur mes lèvres et délaver mes yeux….
…/…
Je t’ai vu enfin, ta chape de brume ayant glissée le long de tes hanches perlant de rosée et d’écume…
Je me suis laissé roulé dans tes vagues, dans la marée impétueuse de ton rouge désir….
Ta lave sillonnait la rivière de mon sang… Lame après lame, nos rouleaux d’âmes et de chair fracassaient le temps sur l’échine du jouir…
Je reposais maintenant sur un tapis de mousses, la tête encore enveloppée de sternes et de mouettes planant sous un soleil d’émeraude…
Une oie blanche prit son envol sur l’argenté des eaux….
A mon réveil, dans l’ordinaire du monde, je trouvais près de ma tempe, une branche de pommier à trois fleurs écloses !
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« Un Monde Blanc… Une vie se forme. Elle se forme dans la mesure et la rareté, mais c’est ainsi qu’elle gagne toute l’intensité de son élan. » Marc Nagels (les Iles du Nord du Monde)
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LE CHEMIN DE L’INITIATION ( suite ) Bran du (Réflexion, méditation et préparation)
Gérer le « feu » en soi… Non pas celui de l’étreinte amoureuse mais, hors de cette étreinte même, car celui-ci peut s’avérer destructeur en des flammes s’échappant du foyer de la sagesse, de l’équilibre, de l’harmonie, de la concorde et de la belle mesure…
L’eau aussi peut « submerger » quand elle se gonfle de vanité et d’orgueil, de cruauté et de mensonge. Quand elle charrie la colère et la rancœur, quand elle se veut mordre les terres tendres du rivage qui limitent son emprise, son vouloir, son désir de conquérir et de s’approprier….
L’air aussi peut se gonfler d’arrogance et d’emphase, de mots acérés comme des lances, quand il conjugue les verbes inféodés au paraître et à toutes les formes de possession et d’assouvissement…
Si l’argile consent aux mains qui la lissent, la pétrissent, la modèlent, c’est pour donner formes aux multiples visages, de la vie, de la beauté et de l’amour… Si elle consent à s’épurer sous le doigté savant de l’eau, à durcir dans le tendre four des offrandes d’amour, c’est encore et toujours pour et par cet amour qui aime, qui, dans le creuset alchimique du corps concélèbre à l’unisson, le don…
Le feu, l’eau, l’air et la terre sont mes compagnes et compagnons sur le chemin de l’Initiation !
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Petite méditation du jour Bran du
Nous amassons quantité de chose qui ne nous sont pas essentielles et dont il s’avère, que le temps écoulé nous montrera la parfaite inutilité… Pourquoi cette faim à vouloir tant conserver de biens matériels, pourquoi si tant remplir, à déborder, cave, box, appartement, maison et grenier ?
Nous pensons que cela resservira, mais d’un déménagement à l’autre, nous constatons le non emploi !… Nous conservons beaucoup, nous nous attachons, il est vrai à une accumulation d’objets qui ne nous sont pas de première nécessité et nous consommons de même dans la superficialité…
Ce sont des peurs nous-dit-on, des peurs masqués, un sentiment d’éventuelle insécurité… et le fait de posséder !
Tout cela amasser pour quelle vie réellement sustentée ?
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Petite méditation du soir Bran du
Quelle place réelle, tangible, palpable, vibrante et frémissante, donnons-nous à la Spiritualité au sein de notre vie de chaque jour, de chaque nuit ? Très peu de place, trop peu de place… En fait la matérialité est omniprésente dans notre environnement quotidien, elle pèse sur toutes nos décisions, incline nos choix et nos orientations… Il ne reste que très peu d’espace, de disponibilité, pour se donner aux choses de l’Esprit… Et pourtant la vie nous est « sacrée » et chaque chose en elle et par elle nous invite à Co-célébrer… L’emprise de l’avoir est telle qu’il ne reste que peu de territoire humain à se vouloir visiter par l’essentialité… Nous Tradition nous invite à faire le choix, entre liberté et sécurité, à concéder ou non des terres intérieures pour être ensemencées par l’Esprit, par un « Germe de Lumière »…. Dans la forêt existentielle, dans l’océan de nos tribulations, peuvent exister une clairière ou une île où nous donnons préséance à l’Esprit sur toute matière et sur toute chair… Il nous appartient d’appartenir ou non à ce concept, à cette « dimension », de nous relier en toute forme à ce « Fond »…. Si nous avons fait vœux et souhait de servir le Verbe en ses conjugaisons alors nous savons la Souche et la Source de toute réalisation…
Dans le désaccord des corps et des pensées quel accord vais-je réaliser pour donner à la spiritualité son chant, son poème et sa danse ?
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Place aux trouvères et troubadours :
« A toute joie, il me prend d’aimer, une joie dont je veux être comblé. » Guillaume d’Aquitaine
« Par sa joie, ma Dame peut guérir. »
« Je n’ai jamais de plaisir plus grand qu’avec mon cœur vivant, en attente. » Bernard de Ventadour
« A mon avis, une personne ne vaut rien si elle ne veut ni amour, ni joie, alors que tout ce qui existe se réjouit et ressuscite. » Chansonnier Provençal XIII siècle
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De L’Essentialité : réflexion - songerie… Bran du Août 2012
« La méditation consiste juste à avoir une conscience quiète, sans commentaire à propos de tout ce qui arrive ici et maintenant. » Alan Watts
Je ne peux ajouter de l’eau à l’eau comme j’alimente le foyer des flammes, branche après branches, bûches après bûches…
Que puis-je ajouter à l’amour qui n’en retranche une part ?
Ainsi de mes pensées, ainsi de mes poèmes ,
Une grève, une plage, les reçoivent, des vagues, des marées les effacent…
D’où vient lors ce désir d’en garder tracer , d’en partager l’éphémère empreinte ?…
Peut-être que l’Essentiel se partage et lui seul, véritablement, fondamentalement…
La vie est l’Essentialité même, mais qu’en vivons-nous… Nous appelons « vie » un contenant encombré de contenus… Nous en avons les lèvres, mais sans le chant !…
Il en est de même avec la Poésie qui rime chez nous avec oubli !…
Comme si nous avions vidé l’océan existentiel de son écume et de son sel !…
Peut-on imaginer le ciel sans le ballet émouvant de milliers d’ailes ? Non, et pourtant, nos ailes sont bien là, collées contre nos bras mais, privées de leurs ébats, orphelines de ce ciel !… Ne savons-nous plus, ne savons-nous pas, qu’en « fêtes », nous sommes un merveilleux corbeaux de mer ?
Paradoxes et contradictions, nous marchandons les deux revers d’une bien triste médaille !…
Comment lors formuler, avec de la sève et du sang, de la hanche et des seins, du sperme et des cris, de la caresse et de la tendresse, de l’eau et du feu, du cuir et de la plume, cette « essentialité » de l’arbre, de la pierre, de la source, de l’oiseau, du ciel, des cycles, des saisons, du Livre de la Nature, de l’amant et de l’amante, de l’orant et de l’offrant ? (Car ceux-là savent incarner le mot et sa vibration majeure !)…
Tant de choses encore qui nous invite à la « Merveille » !…
Si je te donne la main, c’est le monde que tu presses en la tienne, dit le barde, tout ce qu’une paume humaine contient, de sentiers, de chemins !…
J’aimerai vous offrir, dit-il encore dans la nuitée de vos corps, dans l’obscurité de vos errances, cette étoile qui en votre sein appellera le matin… de douces, de vives, d’essentielles recouvrances….
Si tu vis, si tu aimes, tout cela donne sens qui à l’Essence te mène et te conduit !
…/…
Le poète ne peut ajouter de l’eau à l’eau sans ternir la transparence….
Il alimente son âme de douces flammes qui célèbrent l’entente…
Il dit encore : Que soit la rosée enceinte de lumière sur la feuille de votre être, en cet été, par cela revisité…
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Un petit tour vers le Haïku et son Esprit via Basho l’heureux habitant de « l’Ermitage de l’irréelle demeure » :
« Sans sincérité il n’y a pas de haïkaï. » Bushô
« Dans ces beaux paysages de montagne, de plaine, de mer et de rivages, je contemple l’œuvre de la nature créatrice. Je suis les traces d’hommes libérés de toutes attaches, en quête des sentiments poétiques qu’ils éprouvent. Plus je suis loin de mon nid, moins j’ai besoin d’objets. Comme j’ai les mains vides, sur la route je n’ai rien à craindre… …/… Chaque jour, je ne souhaite que deux choses : un bon gîte pour le soir et des sandales en paille convenant à mes pieds… De jour en jour mon sentiment se renouvelle. » Bashô (A Kyoto rêvant de Kyoto)
« Y a-t-il une source de richesse plus réelle que la nature ? La nature comme l’essence même de l’existence, l’unique source à laquelle on peut toujours s’abreuver… L’homme s’y contemple et y apprend les rythmes justes, l’acceptation et l’humilité… »
« Il faut retourner à la nature créatrice, s’accorder à la nature créatrice. » Bashô
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