PASSAGE DU NORD L'ANCIEN (DECEMBRE 2013)
(Passage du Nord) L'Ancien Bran du 18 12 2013
Il y eu d'abord ce silence identique à celui du passage de l'ombre à la lumière quand les oiseaux se taisent dans leur nid de mousse et de plumes...
Tout semble suspendu alors sur la branche de l'air...
Puis monte un battement sourd dont on ne sait s'il vient du ciel ou de la terre....
Il sinue entre les monts et collines, chevauche les chevaux de la mer...
Il brasille comme un feu qui couve puis prend force comme éclatent les éclairs...
Yé ya Yé ya Yé ya Hé... O......................
Le jour s'engouffre dans la nuit, la nuit avale la chair rouge du jour....
L'espace se renverse comme une nuque de femme sous le doigté d'amour...
Yé ya Yé ya Yé ya Hé... O....................
J'ai écorché ta vie, O phoque...
J'ai raclé ton cuir avec mon couteau...
J'ai fait séché ta peau sous le soleil et sous la lune...
J'ai offert, au Père de la Grande Baie et à la Mère de tous les animaux,
quelques carrés de ta chair coupée en morceaux...
Devant eux j'ai ployé mes os afin qu'ils soient sans rancune et qu'ils ne se vengent sur nos troupeaux...
J'ai fait coulé un peu de mon sang pour remercier la bonne fortune
afin que tout demeure en place ici bas et là-haut !...
Hééééééééééééééééééééééééé O ! Hééééééééééééééééééééééééé O !
Bleue la voûte, bleu l'océan et bleu le miroir des eaux...
Blanche ma pensée parmi le blanc étendu sur les glaces et les nues...
Yé ya Yé ya Yé ya Hé... O....................
Ce sont ici les territoires du Souffle
dont mon frère ours parcoure les mille étendues...
Je sais le suivre dans sa course
avec, contre mon coeur brûlant, le froid de mon fusil...
Yé ya Yé ya Yé ya Hé... O....................
Dans le ciel sombre de l'attente, les oies sont revenues ;
la joie fait cercle sous la tente, la joie est bienvenue...
Yé ya Yé ya Yé ya Hé... O....................
Une flamme brille dans les yeux des hommes et des femmes...
Le rire fuse sous la lame des couteaux
quand le chasseur conte sa longue traque,
raconte les frissons qui parcouraient sa peau...
Yé ya Yé ya Yé ya Hé... O....................
L'Ancien - sa flamme à lui se tient à l'intérieur de son corps -
L'Ancien a les yeux fermés sur le monde...
Sa vie se tient concentrée sous ses paupières ;
il voit autant que les étoiles qui nous observent dans le ciel...
Il transperce la matière comme l'été fait fondre les glaces...
Il voit la chair sur l'os et le sang qui agite l'univers...
Il voit en l'homme, de la peur ou du désir, la brassée d'étincelles...
Yé ya Yé ya Yé ya Hé... O....................
L'Ancien au coeur du coeur se place ;
IL coud et recoud les fils de la vie et de la mort...
Il glisse sur le temps et file dans l'espace ;
plus vite que le bois des traîneaux...
Il tourne et danse, frappe et chante, et sait de toute chose le sort...
Son corps en tout lieu se déplace ;
Sa langue vole et nage, bondit et fait des sauts
Hééééééééééééééééééééééééé O ! Hééééééééééééééééééééééééé O !