pensées et haikus au temps de Samain Bran du Nov 2013
Du Haiku (suite) Novembre 2013 Bran du
Extraits (et rappels)
Murmures ouvrage regroupant et associant haiku et photographie de Joëlle Ginoux-Duvivier et Pascal Lys... Edition du bout de la rue
Le haiku est une forme classique de la poésie japonaise composé de trois vers non rimés de 5,7,5 syllabes dont la paternité est attribué au poète Bashô (1644-1694)...
Sorte d'instantané qui incite à la réflexion, il ne décrit pas, mais évoque et doit pouvoir se lire en une seule respiration...
Arrêt sur image... Il est en même temps l'expression du permanent et de l'éphémère et, dans la règle de l'art, contient une référence à une saison...
Derrière la serrure
Aucun oeil ne s'est risqué
La vie est ailleurs
Le premier baiser
Promesse d'un temps figé
Sur l'éternité
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Henri Brunel (Les haikus) Edition Librio extraits
Le haiku associe poésie et concision. Quelques mots justes et simples pour fixer l'éphémère. Humour, dérision, miracle de l'instant, et cette part de liberté en nous qui chante l'infini. Tout convient à cette forme brève...
Le haiku suggère plus qu'il n'impose des sonorités et des images saisonnières...
Quand l'expérience existentielle repose un instant au creux de la main ; un instant cueilli au vol, en face à face avec le réel qui nous prend au col et nous change...
Modestie du texte, détail insolite, humour, mot de saison, cocasserie, mélancolie ou silence... Tout a pour dessein d'éveiller à l'existence la réalité la plus humble “telle qu'elle est” et de nous éveiller à notre tour à la tolérance, au respect, à la compassion, à l'amour universel...
Le haiku nous convie à la liberté, la liberté des justes ; ces feux allumés dans la nuit, il nous apporte la paix, la sagesse ; c'est un message de sérénité...
Le haiku nous propose d'adopter une attitude d'accueil...
Parce que j'ai longtemps regardé
Toute la mer
Est entrée dans ma chambre
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Extrait de l'anthologie du haiku francophones (Dominique Chapot)
Seulement l'écho, la part commune...
Tout doucement
il fane
l'homme de ma vie Maryse Chaday
Matin amoureux
mais mains sur ts mains en coeur
autour de ton bol Catherine Rigutto
Je vois par instant
le visage du bonheur
comme je le vois sur ton visage André Cayrel
Retournant la terre
il nomme ce que pour elle
il fera pousser Martine Brugière
Mais je ne sais pas
me dit l'eau qui se ride
devant le flot des questions Hélène Duc
Vivre sa vie
c'est la supporter
et l'embellir Françoise Lentz
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Pensées et Haikus Bran du
Attentif comme le héron
qui, dans le fleuve, guette une nourriture
pour ses songes...
Sans imagination, nous ne ferons que nourrir un oiseau enfermé dans une cage...
Sous le ciel de cendre de novembre
tout est planté en terre
des ors de l'été...
Entre chiens et loups
l'instant avait laissé échapper
un bâillement de chat...
L'horizon se charge de nuages
alors que, sans blague,
se roule, dans la pénombre, un coup de tabac...
Nous sommes les mauvais sujets d'un Verbe royal auquel on ne paye plus l'attribut !
Une fois la nuit tombée
une question est soulevé
qui veut remettre à jour...
Pâtre nonchalant
sur son bâton appuyè...
Le héron parmi les vaches...
Pourquoi les lumières artificielles
se voient-elles plus que les lumières naturelles ?
Qu'importe, l'important n'est-il pas que la nuit révèle ?
Maïs récemment coupés – implacable tonte...
Les oiseaux glanent les derniers grains, mangent à leur faim...
Le cultivateur lui, évalue ses gains et, dans ses mains, jadis pleine de semences,
à ses revenus, il pense et repense... Et cela seul compte...
Le pommier à fait ses pommes
Et se repose au verger..
Buveur de cidre, je bois à sa santé !
Ici et là, seul ou groupé
le dôme blanc et rond des coprins
perce parmi le vert des prés...
La pluie sans cesse depuis quatre jours...
Le soleil ce matin...
Toute la prairie de s'en réjouir...
En Champagne crayeuse :
Verdun
Quand l'histoire à tranché
A vif dans la chair de l'humanité !
Rivières mortes
Engrais et pesticides
voyagent vers la mer...
Sous les lierres
la pierre aussitôt...
Les collines se délitent...
Pas de champignons au pré
l'hiver
déjà là
De vallon en vallon
le vent
fait du toboggan...
Pyramides de betteraves...
Il y a de quoi
tremper un sucre...
Vol de grues...
Une flèche noire et cendre pointée
vers le lac du Der... (Vers St Dizier)