PENSEES ET HAIKUS DE SEPTEMBRE 2018 BRAN DU 20 09 SEPTEMBRE
Lumière et eau de roche Photos Bran du
En traversant la Beauce entre Paris et La Bretagne...
Puis en longeant les Côtes d'Armor...
Haïkus et pensées
Bran du
Septembre 2018
Départ de Paris :
Elle court après le bus
le cabas à bout de bras
Dimanche matin à la Courneuve...
En train :
Le vent dans les nuages
la rosée s'évaporant sur la feuille
le galet roulé dans les vagues
ceux-la savent ce que le mot « passage » signifie !...
Ce qui reste des récoltes ; c'est le maïs
sec, les épis la tête en bas...
Tous les oiseaux en attente...
Septembre 2018, l'été indien...
Pas un rosé, pas un mousseron dans les prés
le bleu, enkysté dans le ciel...
Un arbre isolé, mais non seul
sous son ombrage
les bêtes au repos...
Tout est calme
quiétude des pâturages
l'heure aussi mâche son herbe...
Aux premières rousseurs
s'arrête le conte
de l'herbe verte...
La Beauce, morne, étendue, nivelée, sans haies ni talus...
Vision horizontale... Si peu d'arbres...
Seuls les pylônes et les éoliennes pour singer la verticalité...
Si grande la vitesse de déplacement
que seule la pensée est encore capable
de cueillir un fruit sur la branche...
Un champ d'éoliennes
Toutes font cercles,
mais on ne sait autour de quoi...
Les terres n'ont pas le temps de se reposer
Délivrées de leurs fruits les voici de nouveau engrossées...
La faim démesurée et arrogante de l'homme ne signe-t-elle pas aussi sa fin ?...
La sente ancienne remonte à la blanche source, là où je n'avais pas encore de nom....
Là, le berceau de tout ce qui s'en vient au monde ; tout être, toute forme, toute chose...
Cela est aussi clair, lumineux et transparent qu'une goutte de rosée sur la feuille printanière...
Il existe une poésie de la reliance dont la filiation stellaire passe par transfert mythique dans les songes et dans le sang de ceux et de celles qui se révèlent « poète » au sein de chaque nouvelle génération...
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Paimpol – Pontrieux – Guingamp -St Brieuc...
Trajet SNCF Bran du 20 09 2018
Le vapeur du Trieux
transporte une mémoire
qui s'effiloche dans le temps...
Plus de calèche, plus de carriole
à la sortie de la gare,
mais ici encore, le cheval à ses vapeurs !...
......
C'est par cars entiers
que le matin
ramasse la jeunesse du pays...
Au comptoir des bars
les buveurs réinventent
la figure mythique du héros...
Blanc est l'entonnoir
des liserons
buveurs de ciel...
C'est le pays des hortensias
une fleur surannée
qui fait un présent de ses plus délicates couleurs...
Le train n'attend pas
les passagers du temps
qui s'attardent dans leurs rêves...
Voir ; c'est se tenir vivant
Ne plus voir, c'est déjà faire le mort
indifférent aux signes de la Vie...
La renouée du japon ou les buddleias
font du stop
tout le long de la ligne ferroviaire...
Comme une pâte à tarte
l'urbain s'est étendu
aplatissant le paysage rural...
Un clocher effilé
autour la danse des corneilles
dedans, dieu à s'ennuyer dans l'odeur des habitudes...
On commence à récolter le maïs
au bord d'une haie, des cartouches vides
S'en vient l'automne des fusils...
Châtaignes et pommes
déjà tombées sans être mûres
le vent en est coupable...
L'estuaire du Trieux ; ici et là,
des vieux moulins à marées
et sur ses bords, du bois d'épaves...
La récolte se termine
les buses vont manger
du pigeon aux maïs...
Pont sur le Trieux ;
une échelle à poissons
Mais si peu à remonter le cours...
La gare avait mit sa robe à fleurs,
mais pas d'amoureux
à descendre du train...
Le petit-marron au verger
comme un moine en prière
dans la rondeur safranée du jour...
Je dirais : « - C'est fini.»
Quand plus une aile
ventilera le ciel...
Automne précoce, quinze jours d'avance
mais, les mûres ratatinées ;
plus de baies au sureau
pas encore de champignons...
Pour l'heure, cueillir des mots,
les mettre dans le panier aux poèmes...
Les épouvantails ont déserté les cultures
ils se dressent maintenant
dans la pensée et dans le coeur des gens !...
Le T.E.R corne aux approches
des passages à niveau
Un son qui rappelle l'enfance...
Le lisier en tas fume sur la terre,
mais quel engrais, quel « entrant naturel »
pour fertiliser nos actes et nos pensées ?...
Du maïs
encore du maïs, toujours du maïs...
Du rendement, du rendement... épis voilà !
Des ruchers à flanc de coteaux
un rideau de châtaigniers pour les protégés des vents du Nord...
Notre attitude à l'égard des abeilles relève du frelon asiatique !
La buse
là, sur l'arrondie d'une meule de paille
le mulot sort à ses risques et périls...
Le matin avait posé sa nappe rose sur la table du jour
puis le soleil
dans sa carafe de cristal...
C'est la saison des baies
le rouge envahit les haies et talus
le rouge de la vie et celui de la mort...
Le « fait » humain
par son absence même de « poésie »
intensifie la désespérance qu'on a de lui...
Ni bois, ni landiers
un sol nu à perte de vue
tout ici a été remembré
y compris l'ancienne pensée des hommes...
Il y a tant et tant
dans un seul regard,
mais surtout la vie et son contraire...
A contempler, de nos jours,
la souple et ondulatoire beauté d'une jeune fille
on passe pour un vieillard ludique...
Les vieux poulaillers à tôles et dalles d'amiante
trop cher pour les « éradiquer »
La pollution s’accroît sous les ronciers...
Les ardoises, ainsi
parce que le ciel, ainsi
ainsi la toiture de Bretagne...
Nous sommes tous quelque peu devins
devins du devenir de l'avenir
nous en sommes les oeuvriers ou les fossoyeurs !...
Quelques agapanthes
suspendent un bleu couleur d'été
aux premières rousseurs des fougères...
Tant de questions
auxquelles je ne sais répondre
Résoudre au moins celles qui dépendent de moi...
Etre transporté, passer d'un point à un autre
se vouloir "passager du vent"
se mettre en mouvement, incarner son « anima »
faire chanter et danser la Vie...
Tant de mobiles pour l'immobile....