PETIT COMPTE RENDU COLLOQUE L AUTRE MONDE CELTE 2022 BRAN DU 15 11 NOVEMBRE
Fabien REGNIER et Françoise LE GOAZIOU
Philippe JOUET
Bernard SERGENT
Gérard POITRENAUD
Sylvain FERRIEU
Marike VAN DER HORST
L'Autre-Monde dans la Tradition Celtique....
Fabien Régnier archéologue et responsable de la revue Keltia organisatrice de ce 7iè colloque dédié à la religion celtique et aux études druidiques ouvre ce colloque sur la base des « conceptions de l'Autre-Monde. »...
Il sera suivi de Françoise le Goaziou qui nous entretiendra sur « Les Bretons et l'Au-delà celtique » et de Philippe Jouet explorant le thème central du colloque puis Bernard Sergent « les deux Autre-Mondes des Celtes »...
Gérard Poitrenaud fera un exposé sur les Tombes Princières du Hallsatt...
Sylvain Perrieu sur l'Autre-Monde et la Légende Arthurienne et
Marike Van Der Horst L'Arbre du Monde qui prend ses racines dans l'Au-Delà...
Fabien Régnier changeant de sujet clôturera ce colloque en faisant Etat des menaces qui pèsent sur la Culture celtique faisant l'objet de « déni d'existence.»...
Globalement et malgré les diverses compétences réunies une impression de « confusion générale » a régné sur l'ensemble de ce colloque abordant un thème parmi les plus complexes et les plus diffus...
Tout cela a grandement manqué de « clarté » mais il faut dire aussi que bien des ombres entourent un tel sujet et que nous ne disposons que d'éléments « extérieurs » à la pensée directe des druides qui n'ont pas souhaité fixer leurs conceptions...
Le recours à des observateurs non Celtes et aux études comparatives avec les sociétés issues elles aussi du Monde Indo-Européen apportent des éclaircissements mais non des certitudes avérées seulement des faisceaux de probabilités parfois....
(On fera une exception pour l'affirmation qui veut que « l'âme celtique est immortelle. »)...
Si je devais de la façon la plus claire qui soit et la plus compréhensible pour le « commun des mortels » faire une présentation des concepts celtiques à propos de l'Autre-Monde ce ne serait pas, "en l'état actuel des connaissances » un exercice évident à réaliser du fait de la grande diversité des approches possibles et des paradoxes relevés...
Nous resterons alors dans le domaine des propositions relevant d'hypothèses, d'interprétations, de supputations ou de suppositions...
Il me semble cependant que pour satisfaire au temps des Celtes à une croyance dans l'idée que chacun et chacune peuvent se faire de « la vie après la mort », cette idée se devait d'être « assimilable » par tous et par toutes donc clairement énoncée...
(Et peut-être adaptée en fonction des « classes fonctionnelles concernées ».)
Pour ce qui est de ceux et de celles aptes à se hisser à des niveaux « métaphysiques » des Initiations spécifiques devaient exister dans le cadre de doctrines secrètes réservées aux "initiés"...
Il s'agissait d'abord de faire un inventaire des « localisations » de cet Autre-Monde selon les « Pays Celtiques » puis d'aborder les diverses « propositions » relatives à leur « constitution », forme, habitat, description, nature, relation avec notre monde etc...
Ce qui a été fait, chaque orateur exposant une diversité souvent confuse et quelque peu paradoxale parfois et reconnaissant les difficultés inhérentes à un clair discernement....
Les éléments « secondaires » concernant la localisation (terre / monde souterrain / tumulus / cairn / grotte / caverne...) ou océan / lac / étang / rivière / monde sous-marin (le pays sous la vague) ou encore constellation ou astres célestes ou « parties du ciel »... posent moins de problèmes que les Conceptions spirituelles et religieuses lors en usage dont l'abord demeure bien plus difficile....
Il nous reste donc à « revisiter » les diverses « propositions » issues de ce colloque...
En ce qui concerne l'intervention de Philippe Jouet, celui-ci nous a fait lecture pour plus de 90 % de ses études publiées dans divers ouvrages.... (Et dont ce blog relate en de nombreux articles les lignes de force et axes majeurs.)
Il aurait été utile de développer ses analyses sur le Barddas et les 46 premières Triades du Livre des Bardes collectées et mises ou remises en forme (de façon géniale au demeurant) par Edouard Williams (Iolo Morganwg) œuvre issue de données contenues dans des manuscrits anciens (des sources remontant à priori au XV ième siècle)...
En effet ce document original et très cohérent propose, « ici en résumé » un cheminement existentiel qui va d'un monde de « potentialités » au passage terrestre et à l'accès à un monde blanc (de pleine lumière) réservé en quelque sorte à ceux qui ont été « victorieux » sur « l'emprise des ténèbres. »...
C'est là un schéma non simpliste mais accessible à la compréhension de tous et de chacun... Et, qui plus est, il demeure en grande partie détaché de toute influence chrétienne...
Nous avons, après son intervention, échangé tous les deux sur un aspect non abordé et plus qu’intéressant mais audacieux à propos du « champ morphique » de cet Autre-Monde évoqué par lui dans l'un de ses ouvrages lequel « champ morphique » pourrait relever de la physique quantique supposant un univers détenant la « mémoire du passé » et toutes informations relatives aux souvenirs de l'humanité, soit un immense héritage « stocké » dans l'Univers et pouvant via l'Awen nous être pour partie restitué !...
Observer cet univers qui nous « observe », c'est puiser dans une source de mémoire et d'informations...
Notre expérience humaine peut dans ce contexte nourrir l'Univers de l'Information spécifique et singulière que nous sommes offerte ou non, en conscience, au monde....
(Le champ morphique définit un champ hypothétique qui contiendrait de l'énergie ou de l'information sans être constitué de matière. ) Wikipédia ( Tout événement, pensée, acte ou émotion s'enregistre dans l'univers et alimente un vaste champ d'informations. )
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Des Princes et princesses Celtes : G Poitrenaud...
Notes et réflexions : Bran Du
Les tombes Celtes sont des « mises en scènes », des « scénarios » qui ont pour objet de livrer un « message » aux divinités.... et de favoriser l'accueil du défunt par celles-ci....
Tout y est « signifiant »...
Toutefois il s'agit dans ce sanctuaire de bien séparer le territoire du défunt et celui des vivants...
La mort a deux effets contraires... Elle provoque la crainte ou l'espérance... Il s'agit alors de concevoir une architecture sacrée qui impose des limites aux rapports et aux relations entre vie et mort. On se « protège » de celle-ci et d'éventuelles influences néfastes...
C'est une architecture qui fait juste part à l'ombre et à la lumière... Avec un « chaudron » de mort dont on sait qu'il est aussi pourvoyeur de Vie...
Le prince ou la princesse sont la résultante d'une lignée d'ancêtres dont on fait souvenance. Ils répondent tous deux à la question « d'où venons-nous ? ». Ils fournissent une « origine » à l'existence individuelle et communautaire...
(Ce n'est pas un « culte des morts » mais l'entretien d'un sanctuaire dédiée aux « ancêtres ».)...
Le tumulus ou cairn symboliquement circulaire est un tremplin vers le monde des Dieux, un promontoire divin et sacré pour « l'envol de l'Âme », un embarquement pour le voyage vers l'Autre-Monde... Une traversée ténébreuse voire périlleuse mais « éclairée » toutefois....
Mais ceci concerne une classe fonctionnelle privilégiée et non le commun des mortels et le devenir individuel de celui-ci !...
La voie « solaire » semble bien ne pas être la destinée de tous et de toutes !?
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Françoise le Goaziou Les Bretons et l'Au-Delà Celtique...
Il y a des rapprochements certains, avérés, entre les conceptions bretonnes liées à la mort, à l'Au-Delà et l'héritage pré-chrétien lequel n'a pas été entièrement détruit lors des processus de « christianisation »...
La conférencière nous entretiendra à cet effet...
Du « culte du chef, de la tête » dans les ossuaires bretons soit les « boîtes à crane », de l'arbre à pommes, du « Mel Beniget » (le Marteau béni et du lien avec Sucellos, le « Dieu au Maillet », des « croix de Proëlla » de l'île d'Ouessant...
(On l'appelait la proëlla, terme désignant à la fois la croix qui remplaçait le disparu péri en mer et la cérémonie funèbre elle-même.)
Il serait aussi sujet de l'Ankou lequel n'est pas la mort elle-même mais le conducteur qui mène à celle-ci dans sa charrette aux roues grinçantes...
Il est de façon récente représenté avec une faux, mais jadis, il était doté d'un marteau ou d'un maillet (présence d'une lance ou de flèches...)
Il y a entre les bretons et la mort une singulière proximité, une sorte de « dialogue », une cohabitation familière...
On ne craint pas celle-ci mais plutôt l'angoisse que provoque son annonce par des « intersignes » inhabituels et souvent assez violents dans leur manifestation...
Ce qui est davantage redouté, c'est l'oubli (c'est la même chose dans le monde Celte insulaire.)...
(Yvan Guehennec trace dans l'un de ses ouvrages un cheminement très sombre de la fin de vie placée entre la peine, le chagrin, la mort et l'oubli... Et pour les chrétiens la damnation éternelle. NDR)...
Le culte du « chef », de la tête par décollation du mort fait une forte référence aux notions celtiques qui veulent que la « tête » soit le dépôt de la « Lumière du héros » (comme celle de Bran ou de Cuchulainn)...
C'est le siège de l'Âme/Esprit.... Elle est censée continuer de veiller sur les vivants ou de les guider....
Ainsi la tête passée avec le corps dans l'ossuaire conjoint à l'église sera au bout d'un certain temps placée dans une « boîte à crane »...
L'arbre aux pommes en Bretagne :
Autrefois, chaque breuriez (fraternité, assemblée communautaire) réalisait la cérémonie de l’arbre à pomms, pour célébrer l'entraide, mais aussi l’âme des morts.
En effet, cette tradition est un héritage des Celtes. L’arbre à pommes est un arbre artificiel en houx ou en if qui a une symbolique ancienne, sur lequel sont disposées des pommes.
Il représente les âmes de tous les morts de la petite communauté, mais il est aussi chargé d’accorder la fertilité aux familles, aux champs et aux bétails de ceux qui le possèdent pendant l’année.
Lors de la cérémonie, l’arbre est mis aux enchères (souvent fictives) et va pendant un an dans une maison appartenant au breuriez. Une fois l’arbre « vendu », l’assemblée assistant à la cérémonie peut acheter des pains bénis et/ou des pommes.
Les sommes recueillies sont remises au clergé de la paroisse pour organiser les messes à l’intention des défunts du breuriez ou pour contribuer à une action caritative. L’acquéreur de l’arbre se doit de préparer la cérémonie l’année suivante.
Cette cérémonie daterait du IVe siècle de notre ère. Elle se déroule encore aujourd’hui. Néanmoins, tous les breuriez ne font plus cette cérémonie.
Les croix de Proëlla :
Littéralement en breton "retour au pays" (bro-ella)... Dans le cimetière attenant l'église de Lampaul se trouve le petit monument de la proëlla qui rappelle le lourd tribut payé à la mer par les Ouessantins. Le marin ayant péri en mer ne pouvant être inhumé en terre chrétienne, une petite croix de cire symbolisait son corps.
On l'appelait la proëlla, terme désignant à la fois la croix qui remplaçait le disparu et la cérémonie funèbre elle-même.
On veillait la croix avant de la porter en procession à l'église. Après l'office du défunt, on plaçait la proëlla dans une urne de bois située derrière l'autel. On ne la (les) portait au cimetière qu'à l'occasion d'une visite de l'évêque ou d'une mission.
Le Mell Benniget ou marteau béni :
Selon la légende il aidait en Bretagne le futur défunt à trépasser en soulageant ses souffrances... En fait on ne lui fracassait pas le crâne mais on posait la pierre sur son front ou sur sa tête...
Il y a là un parallèle avec le maillet du dieu celtique Sucellos voir avec le Dagda irlandais doté d'une massue effectuant le passage de la vie vers la mort ou inversement et ce, selon le bout de la « massue » utilisée...
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Conclusions de Fabien Régnier
Les conclusions apportées par Fabien Régnier se sont en fait portées sur l'état de la situation de la Tradition Celtique menacée dans son existence même...
Le Monde Celte est, pour certains détracteurs, une « invention »
Cette menace est concrétisée par le fait que pour certains le Monde Celte est une « abberation » ! On conteste même le fait qu'il ait existé!
Ainsi en Angleterre un groupe de chercheurs affirme qu'il n'y a pas eu de peuplement celtique !
A noter que l'on ne parle plus de période celtique mais d'un « Âge du Fer » !
Pour la France, l'Education Nationale a supprimé des cours d'Histoire la dite période celtique. Ainsi les écoliers étudient la fin du Néolithique puis passent directement à la période Gallo-romaine qui ouvre les temps dits barbares à l'arrivée (enfin) de la civilisation !!!
C'est là, l'amputation volontaire, arbitraire et absurde donc de plus de mille ans d'une période fondamentale préparant à la pré-Europe ? !»
On notera aussi que les sénateurs et députés ont refusé de signer la charte de défense des langues minoritaires (dont le breton) au prétexte que ces langues nuisent à l'unité nationale ? !... (Nous sommes le seul pays sur 27 à refuser cette signature !)...
Il semble de même que ce que véhicule de "sagesses" le monde Celte nuise aussi à la dite "unité nationale" ? !
On voit ainsi où peut mener cette idée d'Unité Nationale ; c'est-à-dire à une totale éradication des patrimoines traditionnels et à une pensée elle aussi « unique » imposée à tous et à toutes !!!
Fabien Régnier nous invite à faire bloc face à de telles menaces, à faire preuve de l'exercice vigilant d'une liberté consciente, solidaire et responsable...
On comprend d'autant mieux ses appels répétitifs à soutenir le seul magazine consacré à notre Tradition : Keltia Magazine....
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A SUIVRE........