PETITE CHRONIQUE D'UN OBSERVATEUR DE LA NATURE TEXTE/PHOTOS BRAN DU 2020 / 11 05 MAI
Marguerite
Photos Bran Du
Petite chronique d'un observateur et « praticien »de la Nature...
Bran du le 13 04 2020
Elles ne sont plus que quatre les hirondelles qui viennent en séjour dans la grange d'à côté, j'ai connu il y a six ans une population d'une vingtaine d'individus !...
Les mulets, comme chaque année, on profité de la grande marée d'équinoxe pour venir frayer dans l'étang...
Les plus jeunes s'exposent à la chasse des cormorans (les « corbeaux de mer » ou « morvran » comme ils sont appelés en breton.)...
C'est d'ailleurs un spectacle assez hilarant de voir la gymnastique à laquelle se livre les dits cormorans pour avaler le fruit de leur pêche surtout quand il s'agit d'une anguille ou, plus désopilant encore, une sole ou une jeune plie dont la configuration anatomique est très peu adaptée au cou de ces oiseaux marins !...
Deux de mes fenêtres donnent directement sur l'étang de Dahouet. En fait j'habite l'ancien moulin à marées, ce qui m'offre un environnement assez exceptionnel et un poste d'observations de premier choix...
Hérons, aigrettes, grèbes, poules d'eau, foulques, canards, mouettes, cormorans et goélands, martin pêcheurs, bergeronnettes des rivages, oies sauvages (en fait des bernaches migratrices), cohabitent plus ou moins pacifiquement dans cet écosystème où se brassent périodiquement les eaux salées et les eaux douces...
C'est un poste privilégié pour suivre la ronde des saisons et les cycles animaliers et autres qui animent cet espace...
La période des accouplements, des rivalités agressives entre mâles séducteurs ; celle des nidifications suivies de celle des naissances, l'élevage des jeunes, les prédateurs dont ils sont bien souvent les victimes, les relations et cohabitations de ces populations, la façon dont elles gèrent les intempéries, les fréquentations humaines et les chiens qui les accompagnent... etc... Soit autant de leçons de choses au naturel...
Le printemps s'annonce de plus en plus tôt depuis ces dix dernières années lesquelles ne connaissent pour ainsi dire plus d'hivers tant les températures sont de plus en plus au-dessus des « normes saisonnières »... Je compte en moyenne entre un mois et un mois et demi d'avance par rapport au cycle habituel d'arrivée du printemps...
Pissenlit
Mes cueillettes d'herbes sauvages (ortie, pissenlit, doucette, cresson de terre, ciboulette, roquettes...) débutent en janvier. Ces plantes montent en graines plus vite et ne sont plus aussi savoureuses fin mars...
La floraison est hâtive et intervient à un moment où les insectes dits pollinisateurs ne sont pas encore au rendez-vous, ce qui a, bien entendu, des conséquences négatives à divers niveaux......
L'absence d'hiver rigoureux facilitent la prolifération des insectes en été...
Les arbres ne savent plus trop à quels signes climatiques se confier pour « débourrer » sans risque et très prématurément !..
J'observe un nombre de forts coups de vent et de tempêtes supérieur aux années précédentes... (accroissement de « chocs » thermiques.)
Tout observateur régulier de la Nature ne peut que constater ces micros-bouleversements qui inaugurent de fortes perturbations climatiques à venir et aux plus lourdes conséquences dommageables et préjudiciables...
La « crise climatique » s'ajoute aux autres crises qui secouent notre société et l'ébranle sur ses assises et ses fondements défaillants... (crises sociales, économiques, sanitaires, culturelles, spirituelles, humanitaires et planétaires....)...
Nous sommes amplement alertés et prévenus par autant de signes manifestes de chamboulement et de déséquilibres observés dans la Nature laquelle nous adresse ainsi de très sérieux avertissements dont il devient de plus en plus urgent de prendre et tenir compte !..
Notre propre nature est entièrement dépendante de cette Nature qui nous entoure et nous enveloppe et nous souffrirons à notre tour de tout ce qui lui porte atteinte y compris nous-mêmes en tant que super prédateur de notre environnement et des ressources planétaires « naturelles » que nous pillons et détruisons sans cesse !...
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Fleurs d'aubépine ( parfume un entremet)
Mai 2020....
Très confiné depuis des semaines et pour faire fonctionner des genoux très endoloris et ankylosés, j'ai décidé de me faire un « bain de nature»... Je longe la rivière qui a creusé son lit dans un fond de vallée à l'abri de l'activité humaine de par sa configuration et ses difficultés d'exploitation... (Jadis, elle avait connu des moulins et des barrages le long de son cours.)
La vie « sauvage » a pu conserver ainsi un milieu naturel peu impacté et qui y déploie ses fastes... Du fait des bassins versants et des ruissellements en provenance de la vie agricole des plateaux, la rivière est « morte » lessivée et décapée par les pesticides et les nitrates... L'eau s'écoule sur un fond de sable et de pierre sans la moindre présence végétale. Pas de poissons ni d'écrevisses...
Nonobstant ce triste état, les berges sont abondamment couvertes d'une grande diversités de plantes et le chemin qui longe celle-ci est un vrai paradis végétal et floral (d'où le nom de cette rivière appelée la Flora.)
Je fréquente assidûment ces lieux depuis bientôt neuf années maintenant et ce saison après saison. Je connais par cœur les méandres, les courbes, les dénivelés d'un ruissellement qui épouse et façonne un territoire préservé en partie de nos prédations coutumières... La chasse, hélas, y est autorisée !....
J'ai fait choix de m'immerger dans l'océan végétal à l'heure du repas de midi afin d'être seul dans cette thébaïde verte...
Je me rends compte que cette année je n'ai pas vécu le début du « printemps » et ses signes avant coureur... Me voici soudain en mai avec l'explosion florale qui caractérise ce « joli mois »...
Une belle et chaude lumière festonne le sous-bois... Ce qui me frappe également, c'est la symphonie des chants d'oiseaux qui emplit l'espace d'un déferlement sonore particulièrement vif et varié...
Il est vrai que le confinement a fortement limité la fréquentation humaine des lieux et cela s'entend par ce florilège de sons plus ou moins mélodieux, mais non altérés part les pétarades de moteurs et autres engins bruyants......
Beaucoup de moustiques cette année (il n'y a pas eu d'hiver donc les larves se sont bien portées). Ce n'est que le début de l'après-midi, cela va piquer sec ce soir.)...
Les sureaux avec les aubépines, commencent leur floraison odorante laquelle sera suivie par celle de la reine des prés ….
C'est l'abondance du vert sous toutes formes et toutes nuances de couleur... Papillons, bourdons, abeilles tout cela batifole d'une prairie à l'autre...
Inventaire matinal :
Chaque matin je partage mon petit déjeuner avec les habitants ailés de l'étang qui viennent régulièrement sous ma fenêtre... A ce jour, j'ai compté sept colverts dont deux femelles, trois corbeaux, un choucas, un canard mandarin, deux poules d'eau, une aigrette garzette, des moineaux et un rouge-gorge...
Tout ce petit monde occupe un même territoire non sans que des plumes volent parfois au vent quand les rivalités sont en présence... (Surtout quand il s'agit de nourritures!)...
J'ai trouvé sans les chercher de magnifiques plantains appelés « corne de cerf » (le meilleur des plantains gustativement parlant) mais toujours pas d’ail aux ours sur le secteur...
Les fleurs de tilleul sont vraiment en avance, la récolte se fait vers la fin juin ou début juillet...(Il ne faut pas tarder alors à les cueillir et à les faire sécher)...
Des abeilles sont à l’œuvre sur les ombelles de la berce et quelques bourdons s'activent par ci par là... Comparé aux années passées, il y a manifestement une forte diminutions d'insectes et ce ne sera pas sans conséquences néfastes pour le processus de pollinisation !...
Les jacinthes ont fait leurs graines, les compagnons blancs et rouges, l'herbe à Robert teintent le sous-bois de nouvelles couleurs... Sous le couvert ombré des aulnes et des coudriers poussent les lamiers jaunes et la pulmonaire... De la bardane aussi, du tussilage en nappe... Et puis la reine des roses aux délicats pétales blancs et roses...
De la beauté à toutes les fenêtres du cœur....
Alors que le monde s'agite ou se confine dans la turbulence anxiogène des événements, je goûte à une paix, à une sérénité sans égale qui ne manque, pour plénitude, que d'être partagée...
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Mes rencontres en partage :
Le Gaillet Graterron (comestible jeune)
La Berce (comestible)
La consoude (feuille comestible en beignet, mais ne pas en abuser)
La stellaire
La Véronique petit chêne
Le Lamier jaune (comestible)
L'ombelle de la berce
Cétoine sur une fleur de Berce
Alliaire comestible
Orchis non comestible
Houblon
Berce
Le Lierre Terrestre parfume des entremets
Lierre Terrestre
Pâquerettes ( les fleurs servent à faire une soupe)
Compagnons Rouges
Reine des prés
Iris d'eau
Bardane
Tussilage
Cirse des champs
Roquette
Chèvrefeuille
Sureau