PETITE EMBARDEE EN BROCELIANDE (SUITE) MICHEL CAPMAL ET BRAN DU (2019) 04 02 JANVIER
1 / MICHEL CAPMAL NAVIGATION EN BROCELIANDE, FORET OCEANE.
2 / NI EXODE, NI EXIL... BRAN DU
PETITE EMBARDEE EN BROCELIANDE (SUITE)
Bran du 2019
Le 05 02 2019
Michel Capmal 27 janvier 1995
Navigation en Brocéliande, forêt océane.
Brocéliande est forêt lumineuse.
Brocéliande est territoire intangible.
Brocéliande est espace ouvert sur le Monde Blanc.
Brocéliande est immensité.
Territoire spirituel dont les racines se prolongent jusqu'au centre de la Terre, jusqu'au cœur de chacun de ses fils. Espace propice au secret passage, à la préservation des pistes multi-millénaires, et des braises primordiales. Et à la résurgence des sources vives. Sources d'images fondamentales, et que nous voulons jaillissantes et fortement chargées de sens.
Sources, racines, passages que chacun de nous porte en lui.
Nous naviguons en cet espace : forêt, clairière, cercle, océan, cosmos !
Brocéliande est aussi le beau nom d'une Immortelle. Une Dame blanche, assurément.
Elle vieille, et nous guide parfois, ou bien, furtivement, nous fait signe.
Alors, nous allons, nous naviguons et nous rêvons, car, résolument, nous passons d'une rive à l'autre.
Le temps, soudain, devient fluide, volatil et pur courant.
Nous devenons ce courant. Nous sommes ce vent salubre, désormais ! Nous allons toujours en avant ! Oui, O amis, O frères, O bardes ! Le Pays de l'Ombre est derrière nous et voici l'étrave de notre navire pointée vers l'inaccessible étoile.
Etoile dont nous portons un fragment sur le front ; car de toute évidence, et nous le savons mieux que quiconque, nous sommes poussières d'étoiles ! Mais poussières solaires toujours vivantes. Poussière d'un soleil à jamais invaincu, comme braises ardentes ! Ici est le chemin de notre Gnose. De cette très ancienne, très lointaine Connaissance que, déjà, nous détenons en nous, et peut-être de toute éternité, comme étincelle divine, réminiscences du supra-humain.
Nous sommes cosmos, chaos, étendue, vide et plein, tourbillon, espace infini aux innombrables ramifications, connexions, arborescences. Survivants d'une civilisation disparue. Inventeurs d'un monde à venir.
C'est ainsi qu'avec tous ses trésors, ses sortilèges, sa magie, ses enchantements, nous sommes d'abord un fragment de Brocéliande..
Fragments d'un grand rêve. Un grand rêve animant toujours, toujours, cette vaste forêt à demi engloutie, et plus réelle que jamais ! Cette forêt de jadis dont la chevelure de feu épouse le rythme de grande amplitude des hauts-fonds. Cette forêt tumultueuse, citadelle affective de l'extrême Occident, en lutte contre les maléfices et la barbarie de l'époque présente; mauvais rêve intempestif.
Notre navire, ce superbe trois-mâts, peut-être, s'appelle-t-il aussi : le Brocéliande ? Oui, un trois-mâts puisque, de toute évidence il y a trilogue. Chacun de ses « poteaux de couleur » étant un arbre totémique à l'image de notre destin. Un grand chêne à notre ressemblance, un peu comme notre vrai visage indiquant les parcours précédents, la trajectoire individuelle majeure , notre chiffre intérieur. Figures peintes, matériaux divers, travail de la glace et du feu, signes évidents et secrets. Configuration transpersonnelle dès lors, condition première pour l'heureuse réalisation de ce navire spirituel et unitaire.
Nef aérienne se reconstruisant elle-même à chaque embarquement.
Trois unités distinctes, disons trois navigateurs plus ou moins solitaires, entrant en cohérence ou tout au moins en résonance.
Le chantier se perpétue dans la navigation même. Pouvoir d'identification, de diversification et de métamorphose. Puissance et liberté de l'imaginaire. Plaisir intense de renouer, de se réaccorder avec les grands courants telluriques et océaniques.
Navire terraqué. Navires de flammes lucides et inextinguibles. Navire surréel. Nef baroque et extra-terrestre pour âmes insurgées. Objet navigant non-identifiable selon les critères du réalisme ou plutôt du crétinisme ambiant.
Nous naviguons dans le temps. Et hors du temps.
Ou, plus exactement peut-être, nous avançons entre les mailles du temps, entre certains interstices de cette très mystérieuse dimension que nous appelons le Temps.
Et nous voici soudain parmi les grands courants de l'esprit et de la mémoire. Par-delà les mers. C'est ainsi qu'à partir d'un certain état des choses, quand le point peut être fait au moment juste et selon une conception juste, et que tout coïncide, alors tout est possible !
Le pôle recherché au-delà de l'horizon est déjà là. Et son aimantation au centre de nous-mêmes. Il n'y a plus de vrai et de faux, il n'y a que du réel.
Forts de notre propre astrolabe, nous pourrons dresser de nouveaux portulans.
Et chaque traversée devrait donc nous apporter vigueur nouvelle, de retour sur les sombres grèves du monde de la confusion, afin de procéder à l'immense tâche de réévaluation dont l'urgence n'est même plus à démontrer, et qui est un des aspects essentiels de la grande Résistance, résistance active, qui, ici et là, commence à prendre forme.
Alors, chers compagnons, avançons sur les chemins périlleux de l'Analogie.
Vers notre Nord, véridiquement.
Michel Capmal 27 janvier 1995
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Ni Exode, ni Exil
Bran du Février 2019
En écho et résonance
En fratrie d'Hyperborée... A Michel Capmal
Ni exode, ni exil, pour les Rimbaldiens que nous sommes, portant peau de poésie à même le rêve qui nous achemine en l'Île secrète des plus folles, des plus fauves et douces des métamorphoses ; Île que ne déflore que le rêve lui-même animé de ses braises et de son écume...
Ni exode, ni exil, mais le territoire de la permanence, du jaillissement continu ; celui, ininterrompu, des flots d'inspiration spiralant sans cesse dans la déferlante du « vivre »...
Notre front est front d'océan et nos lèvres butoir d'insoumission rongé de sel et d'abysses...
Ni exode, ni exil, mais l'éternité de l'instant, là, présent et offert au carrefour d'une rose des vents que ne fanent ni lunes, ni soleils...
Au trois mats de Force, d'Energie et de Lumière, nous avons levé les voiles rouges, noires et blanches comme en l'humus de nos chairs se dressent les neuf pierres de fièvre et de sang ; neuf pour le devenir, neuf pour la souvenance, neuf pour la Musique, le Poème et le Chant...
Ni exode, ni exil, mais Cela qui Fût, qui Est et Sera en la contrée de nos songes, au Pays sous la Vague, en l'obscure continent qui secrète l'igné message ; les sons magiques du Flamboyant...
Ni exode, ni exil, nous sommes là où nous avons place et racines,
l'Univers est la sève qui abreuve notre croissance... La lumière qui éclaire chaque pas arpenté de cœur et de corps nous vient de ces très lointaines années où nous fûmes poussière dans l'immense alchimie de l'espace et du temps...
Ni exode, non, ni exil, nous sommes au plus juste des emplacements,...
Avec l'eau qui sourd et féconde les berges, nous sommes...
Avec les bourgeonnements et « l'enfeuillement » de mars, nous sommes...
Avec les becs, les griffes et les plumes, nous sommes...
Avec les miroirs changeants des étangs, nous sommes...
Avec l'écorce des origines, nous sommes...
Avec les saules et les roseaux pensants, nous sommes...
Avec tout « enfantement », nous sommes, avec tout pourrissement, nous sommes, avec dans le ciel, le printemps revenant, nous sommes...
Nous sommes le tout et la somme et, tout autant, la parcelle et le fragment...
Nous sommes en couvaison de lunes, le soleil renaissant !...
Point d'exode et point d'exil donc...
Nous sommes l'Initié, nous fûmes jadis l'impétrant...
Et nous voici traversés d'ondes et de flux, sur les flots de résine et d'humus naviguant, allant de saison en saison, nos poèmes débarquant aux ports de l'horizon avec les épices de nos chants...
Au plus près, toujours au plus près, la membrane du cœur épousant le pouls de la terre et, avec lui, de chœur, faisant tambour sonnant... La seconde, lors, comme la pointe d'un diamant aux facettes d'arc-en-ciel, le monde s'y miroitant...
Nous sommes en ce lieu où vivre à lieu ; où se tient, frémissant, tout le vivant...
Brocéliande est son nom, au blason d'or et d'argent frappé d'hermine en ses flancs et portant épée, de Lumière et de Sang, sur l'enclume du Possible ! »...