Les dits du corbeau noir

PHILEAS LEBESGUE DE l'AWEN, DU DRUIDISME ET AUTRES PENSEES (SUITE) BRAN DU 2017 16 09 SEPTEMBRE

Philéas Lebesgue « Mes Semailles » extraits (Suite)

 

 

 

Introduction Bran du 16 09 2017

 

Les textes publiés furent écrits entre 1906 et 1925 et sont fonction des documents, connaissances et informations disponibles pendant cette période.

Cela n'enlève rien aux qualités visionnaires et intuitives, à l'intelligence sensible du Druide, barde et penseur que fût Philéas Lebesgue lequel s'est inspiré du Barddas tel qu'il fut traduit à cette époque...

 

Cet homme, qui toute sa vie, fut « paysan » maîtrisait de très nombreuses langues et traduisait pour la Nouvelle Revue Française des poètes étrangers méconnus qu'il révélait au Monde...

 

Parlant aussi le Breton, il fut intronisé Druide à la Gorsedd de Bretagne et créa le premier collège druidique « gaulois » lequel fût suspendu au début de la seconde guerre mondiale et ne sera pas réactivé depuis... Il inspira le druide Bod Koad (Paul Bouchet) et l'invita à créer son propre collège : le Collège des Druides, Bardes et Ovates des gaules...

 

Ses sages propos sont riches d'enseignements, de pertinences, d'humanisme et d'essentialité et continuent de parler autant au cœur, dans sa dimension sensible et émotionnelle, qu'à l'intelligence du cœur....

 

 

 

"...Art, Science et Religion, à l'origine, se confondent dans cet élan vital qui peut aller jusqu'à l'extase ; car l'Essence est Une du Vrai, du Beau et du Juste...

L'extase procure la notion du sacré et elle est irrationnelle au premier chef, puisqu'elle entraîne l'individu hors de ses limites ordinaires de conscience, pour le faire vibrer à l'unisson des forces vives du Cosmos... Par la même le sacré devient le social ; c'est par lui que se forme de groupe, c'est en lui qu'il évolue, c'est de lui que s'alimente l'égrégore ou esprit du groupe...

 

Or l'extase n'est pas autre chose que de l'Amour spiritualisé ;

elle ne peut naître que de l'exaltation pour ainsi dire dyonisiaque du sens de la Beauté.

Il n'est rien de plus beau dans l'âme humaine, car le sens esthétique n'est pas autre chose que l'efflorescence sublime de ce vœu d'immortalité qui divinise le Sexe lui-même et le dépasse...

 

Sentir la Beauté ; c'est comprendre du même coup la génération indéfinie des manifestations vivantes du Cosmos ; c'est confronter l'Âme et la Vie avec leurs propres fins...

 

Oui, Religion et Poésie sont sœurs jumelles...

L'art, à l'origine avait caractère sacré...

 

Mais...

« ...L'homme songea à se diviniser lui-même en s'emparant des forces en action dans la Nature et voici qu'il est en train d'être asservi par Elles...

 

(Ne pas se séparer de l'Unité Cosmique, de la Pensée divine et

créatrice.)...

 

Les contraires sont des degrés d'une mêpme substance. Ils n'existent que dans les rapports qu'ils unissent. C'est à dire dans le nombre...

 

Un, Deux et Trois...

 

Un est l'Esprit....

Deux est la Matière (la féminité de la manifestation).

L'Un se ramène à la cause efficiente et éternelle, l'autre à la cause passive et matérielle. Trois naît de leur union...

Trois, c'est le Médiateur, le Fils, le Verbe, l'Effet, l'Effort ; c'est l'Essence de l'Univers, c'est la Création...

(C'est le « Nous » dans un couple NDR.)

 

La Beauté est non seulement la Cause exemplaire et finale de l'Etre, elle en est l'Essence et la Substance...

 

L'homme perçut de bonne heure que la Force animatrice venait du Soleil, et la Terre féminine devint le Vase de la Vie qui reçoit le sperme de Lumière et s'en féconde périodiquement...

 

Le primitif (les hommes premiers) se sent pénétré d'instinct par la Nature entière...

Le Monde lui-même, dans son unité, est constitué par le nombre, et il n'y a pas de nombre en dehors de celui qui constitue le monde, ce qui signifie que tout est rythmique et que la pluralité n'est qu'une vibration de l'unité...

 

A l'origine, il n'y avait dans l'âme humaine que le sentiment de la conscience cosmique. L'individu ne se sentait pas séparé du Tout, un Amour l'y tenait attaché d'instinct...

Mais le Tout n'est que l'une des faces de l'absolu ; l'autre est le Néant.

Et comment concevoir Dieu, sinon comme le rapport virtuel unissant ces deux notions contradictoires quoique solubles dans l'évidente Unité, dont l'homme est déjà le symbole vivant ?...

 

C'est du Néant que le Tout a été tiré par une sorte de transmutation de la pensée divine engendrant la Lumière incorporelle, Mère de la Lumière physique, le « sang du monde»...

 

L'orgueil est sans Amour...

 

La Mémoire participe de la nature de la Lumière...

 

///... «  Il suffit de contempler passionnément le ciel dans un profond recueillement d'âmes pour retrouver seul le point de départ de la Métaphysique...

 

A l'image de Dieu, notre âme est une trinité. Le pôle créateur est occupé par la Sensibilité (Imagination) ; le pôle révélateur et illuminateur part la Raison (Réflexion, Jugement).

Entre les deux jaillit l'étincelle de la Volonté active.

Les premiers penseurs, sacerdotes et poètes imaginèrent que ces mêmes facultés étaient des puissances en action dans tout l'Univers, à travers les éléments et les êtres vivants...

 

Le rationnel ne doit pas cesses de collaborer avec l'irrationnel...

 

En fait l'homme est disposé sur trois plans comme le Cosmos lui-même...

 

Les forces animatrices et conservatrices de l'Univers sont de trois ordres, selon les parties de notre être auxquelles elles s'adressent.

(l'Instinct pour le corps, l'Inspiration pour l'Âme, la Révélation pour l'Esprit.)...

 

(L'analyse, la raison discursive, a pour fonction propre d'ordonner et non de créer. La Raison est à même de faire disparaître l'Amour.)

 

Le retour aux grands principes initiaux s'impose en première ligne et ils ne sauraient s'improviser... Rien de profond ou de vital ne peut être créé, si la sensibilité, dans toute sa fraîcheur d'instinct, n'entre en jeu pour livrer passage au sein de la méditation

désintéressée à l'intuition spirituelle, à l'écart de toute idéologie purement logique...

 

La Raison pratique tue ce qu'elle touche parce qu'elle divise. Le mystère sacré de la Vie la dépasse. Elle nous enferme dans l'humain et ne nous laisse plus apercevoir Dieu.

Toutes les révélations primitives, au contraire, ont eu la Poésie pour messagère. C'est que l'art vrai est fait d'Amour et que dans l'Amour réside le secret de comprendre...

 

La pensée doit précéder et diriger l'action...

 

Notre Tradition séculaire fut l'une des plus riches du monde, et il faut sans doute la fin d'un cycle historique, pour que nous l'ayons abandonné si délibérément...

 

Au sein des sociétés à base traditionnelle, les institutions sociales sont organisés en fonction de la doctrine métaphysique... Et il n'y a qu'une Métaphysique comme il n'y a qu'une Vérité...

 

Nulle stabilité ni sécurité ne sont plus possibles parce qu'il n'y a plus de centre à nos gravitations humaines....

 

Ce Centre, ce Coeur, doit être à tout prix recréé...

 

L'Orient rêve d'absorption dans la Grande Âme, nous voulons en occident l'exaltation de l'Etre et de sa personnalité.
Nous plaçons le Mérite dans le Choix...

Retournons donc vers les symboles de l'Occident...

 

A de pareilles sources, pour le cycle à venir, n'est-il personne d'entre nous qui puisse aller puiser le rajeunissement nécessaire ?...

 

Entre la Religion et la Science aujourd'hui en lutte ouverte, la Poésie (et sous ce vocable, j'englobe l'art tout entier) ne se présente-t-elle pas comme une médiatrice idéale ?...

 

Tagore à dit : « La Poésie et les Arts entretiennent la foi profonde de l'homme dans l'union de son être avec tout ce qui existe et dont la vérité finale est la vérité de la personnalité. »...

 

Le Mystère de l'Unité nous met en contact immédiat avec l'Infini...

 

C'est le mystère que le poète doit comprendre et révéler...


La Beauté n'est pas une faiblesse : elle possède le sens éternel de la réalité or la Vérité est l'Unité...

 

L'humanité ne peut pas plus se passer de Poésie que de Religion...

 

 

Celtes, Druidisme et Awen :

 

Les Celtes n'ont jamais donné à la Sagesse d'autres définition que la Voyance. De sévères épreuves devaient, chez les Druides, acheminer le néophyte vers la conquête de l'AWEN qui permet, disent les Triades, la restitution de la Mémoire primitive, de l'Amour primitif et du Génie primitif...

 

L'idéal celto-romantique qui donne la suprématie à la notion de beauté, et qui considère l'Intuition comme la faculté créatrice par excellence, laissant à la Raison purement logique le soin d'ordonner et d'assembler, relève des idées vraiment cardinales de l'Humanité...

 

Les Celtes ont formé notre Âme (Ce qu'il y a de plus noble dans l'Humanité.)...

 

 

Du Druidisme :

Certaines conceptions religieuses bourgeonnent toujours sur les mêmes sols...

 

Le secret de la Vie est dans l'Amour...

 

Trois conditions é »taient reconnues pour recevoir l'Awen : un œil qui sache voir la Nature, un cœur capable de la sentir, un esprit qui ose la suivre...

 

Par l'Awen furent découverts le chant et la musique, par l'Awen furent révélés les Trois Rayons de Lumière qui étaient également sonores et qui résument toute la sagesse accessible à l'Homme...

 

Par l'Awen on apprit que les Âmes descendent dans les ténèbres d'Announ (Annwn) (Abîmes) transmigrent dans Abred et accèdent enfin purifiées au Gwenved ou cercle de la Blancheur...

L'Awen permet l'accès au Gwenved...

 

L'irrationnel des Anciens est en rapport secrets avec la Vie cosmique...

 

Le Mérite par le Choix fut la pierre angulaire de la doctrine morale des druides.

Chez ces derniers, la Sagesse dérivait de la visitation spirituelle, c'est à dire de la Voyance, et ce n'est qu'après avoir subi victorieusement les épreuves les plus sévères que le néophyte pouvait obtenir « l'Awen » ; c'est-à-dire l'accès irrationnel divin, l'union avec les plus pures énergies cosmiques...

 

 

Sous le Chêne des Druides (Extraits)

 

Des Triades :

 

 

Dès la première Triade nous apprenons que la Sagesse druidique repose sur la conception d'un « Point de Liberté » se font équilibre toutes les oppositions et qu'elle place le Mérite dans le Choix...

Les Triades s'efforcent de définir les modalités de l'Être, le Secret de la Vie dans son ascension cosmique...

 

Le Druidisme enseigne l'Epreuve par l'Amour...

 

La Triade ou Loi du ternaire est pour les Druides (comme pour les Pythagoriciens) la véritable « Clef de la Vie », elle se retrouve à tous les degrés des êtres et des choses...

C'est le fluide cosmique originel, la Lumière astrale ou Âme du Monde...

 

Les Triades du pays de Galles contiennent tout ce qu'il faut « interpréter » le mythe de Taliésin.

Il s'agit de l'âme humaine, de sa chute et de sa « rédemption » à travers l’échelle infinie des transmigrations.

 

Il y a trois cercles de Vie disent les Triades...
Toute Vie commence dans Announ (Annwn) (L'abîme, la profondeur obscure) où éclosent les fermentations primordiales, acquiert science dans le cercle de la nécessité d'Abred et conquiert la plénitude dans le Cercle de la Blancheurle ciel du Gwenved, l'Âme retrouve là son Awen ou Génie primitif, Amour primitif et Mémoire primitive...

 

Mais l'Homme ne peut triompher des nécessités qui s'attachent à sa nature mortelle que par le sacrifice (art de rendre sacré) et le libre choix...

 

Toute la Sagesse Druidique repose sur la conception d'un « Point de Liberté », sur l'alternative entre le Bien et le Mal (le Vrai ou le Faux, le Juste ou l'Inique, l'Accordé ou le Dissonant etc... NDR)

 

Les Druides étaient des dépositaires de la révélation primitive.
Cette doctrine permet de comprendre l'involution de l'Esprit dans la Matière par la Création universelle et sa remontée vers l'Unité par cette création individuelle qui s'appelle le développement de la Conscience...

 

Les Druides considéraient a Lumière comme étant l'origine de la Matière et les Âmes comme une pluie d'étincelles émanées du corps divin...

 

Trois choses ne sauraient disparaître : la forme de l'être, sa substance et sa valeur...

 

L'idée de liberté est la base de la doctrine druidique...

 

Un renouvellement spirituel gît sans doute dans le Druidisme. »...


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Nous avons là une vision, une perception, une intelligence, une cohérence, une lucidité, une compréhension, une pertinence, une sagesse qui abreuvent et sustentent notre réflexion contemporaine et dont nous ne saurions nous passer...

Toute notre gratitude et reconnaissance va à ce Druide, Penseur et Barde qui demeure comme un phare puissant (mais humble et modeste tout autant) qui éclaire et éclairera encore, de la Lumière de son Awen, les ténèbres de l'océan existentiel et sociétal dans lesquels nous tentons de nous frayer passage vers l'Île de la Blancheur suprême... NDR



16/09/2017
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